Le temps des soldes (Winnie)

L’homme qu’Amaya m’avait décrit ne me semblait pas être le type de personne qui serait susceptible de me plaire. Enfin, je savais bien que je n’étais pas la mieux placée pour me prononcer sur la question, mais au vu des avances que mon amie m’avait reportées, je n’étais pas persuadée que j’aurais apprécié et pour sûr, ce genre d’homme m’aurait quelque peu dégoûtée. Non pas que j’étais prude ou quoi que ce soit du genre, mais disons que je préférais quand les hommes faisaient davantage preuve de respect. C’était une qualité importante pour moi, que mes parents m’avaient inculquée et que j’avais estimé essentiel de prôner dans ma vie. Après, il était vrai que dans ma propre maisonnée, ce n’était pas trop ça au niveau du respect, surtout en ce qui concernait le comportement de mon mari, et même si je n’en étais pas trop fière, il n’en demeurait pas moins que cela ne changerait pas ma vision des choses. Mais pourtant, malgré ce comportement quelque peu désagréable, mon amie semblait plutôt… subjuguée par cet individu. Enfin, elle le semblait au point de ne pas paraître exaspérée de quelconque façon, et quand elle me fit part du fait qu’elle tentait de l’oublier, je compris bien que pour elle, ce ne serait peut-être pas chose facile. Pour être franche, à cette réaction, je ne sus pas trop comment réagir. Pourquoi ? Parce que c’était difficile de le faire, tout simplement. D’un côté, puisque c’était sa vie, c’était ses réactions, ses sentiments, je pouvais difficilement lui dire que ce n’était pas une bonne chose, qu’elle allait l’oublier rapidement, quoi que ce soit du genre. Mais de l’autre, pouvais-je vraiment l’encourager à le voir de nouveau, alors qu’ils s’étaient rencontrés dans l’avion et qu’à moins d’avis contraire, ils allaient difficilement se revoir, parce que qui sait où il était allé après ? Quoiqu’il en soit, je me dis qu’au bout du compte, le mieux n’était peut-être pas de s’étaler sur le sujet, et comme si la situation voulait bien être de notre côté, nous arrivâmes à la boutique à ce moment-là, faisant en sorte que pendant un instant, je pus demeurer silencieuse, considérer les articles qui s’offraient à nous sans que cela ne créé un malaise, à mon avis en tout cas. Recherchant rapidement du regard pour le coup, je me dirigeai lentement mais sûrement vers le rayon des vêtements pour femmes - normales, pas enceintes - et voyant un premier haut très mignon, je le montrai à mon amie, et je dis:  « Ça t’irait bien, je crois ! Il est mignon ! » Mon but n’était pas de la forcer à quoi que ce soit pour le coup, seulement de commencer notre petit séance shopping quelque peu, puisqu’après tout, c’était pour ça que nous étions venues dans un premier temps.

Je ne prétendais pas être une experte en mode ou avoir des compétences de styliste, bien loin de là. Certains pourraient croire le contraire, au vu de comment je peux parler des dernières tendances et conseiller certaines choses niveau vêtements sur mon blog et dans mes vidéos Youtube, mais j’avais toujours clairement stipulé que ce n’était pas mon métier, que ce n’était là que mes avis et que les gens qui consultaient mes pages pouvaient en faire ce qu’ils voulaient, de ces dits avis. Pourquoi est-ce que là, tout de suite, je tentais de trouver une tenue pour mon amie ? En toute franchise, parce que j’étais aussi d’avis que le shopping, ce n’était pas seulement trouver des trucs pour soi, mais aussi partager des avis, des conseils. Bien des fois, il m’était arrivé de faire les boutiques, passer outre sur un haut, une robe ou quoi que ce soit qui n’avait pas capté mon attention dans un premier temps, mais finir par l’acheter parce que quelqu’un d’autre me l’avait suggéré, comme je venais juste de le faire avec mon amie. Après, si jamais elle ne voulait pas l’essayer ou un truc du genre, je n’allais pas la forcer non plus, mais quand elle en vint à me demander si j’étais certaine que cela pourrait être joli sur elle, je me dis que le moment n’était pas propice à me rétracter, alors j’ajoutai:  « Je crois en tout cas ! La couleur est très jolie, et il est fait pour être porté amplement ! » Évidemment, ce n’était là que mon avis, mais si cela pouvait prouver à Amaya que je ne lui proposais pas une telle chose parce que je voulais choisir un truc pour elle à tout hasard, alors c’était tant mieux. Cependant, pour ne pas lui montrer non plus que j’allais insister pendant des heures et provoquer limite une dispute à propos de cela, j’ajoutai, dans un haussement d’épaules:  « Après, c’est comme tu veux, je ne te force pas ! Mais ça ne coûte rien de l’essayer, non ? » Cependant, je m’arrêtai là par la suite, bien décidée à ne pas lui mettre davantage de pression pour le coup, me disant que j’étais allée au bout de mes idées et que maintenant, c’était à elle de voir si elle souhaitait l’essayer ou pas. Si oui, c’était tant mieux, si non, nous pourrions toujours continuer notre tournée de la boutique sans trop de problème.

Tout était juste parfait concernant ce haut à mon avis. Premièrement, il était indéniable que depuis que je l’avais aperçu, je le trouvais très mignon, parfaitement approprié pour le style vestimentaire de mon amie. Et plus encore, celui-ci semblait plaire énormément à Amaya, qui ne se gêna pas, après que je l’eus rassurée que celui-ci pourrait bien lui faire, pour passer un commentaire positif à l’égard du vêtement. Et pour avoir fait les boutiques à quelques reprises en sa compagnie dans le passé, je savais très bien que trouver des vêtements pour elle, ce n’était pas ce qu’elle préférait. De ce fait, je me doutais bien que si elle en venait à tenir un tel propos, c’était parce qu’au fond, elle devait ressentir un certain enthousiasme à l’idée de ce promener avec une telle tenue, et en mon sens, elle aurait raison de le faire. Malheureusement, la perfection s’arrêta au moment où tristement et avec une certaine frustration tout à fait légitime, Amaya en vint à m’annoncer qu’il n’y avait pas sa taille pour ce haut. Embêtée, je ne sus faire mieux que de lâcher un  « Quoi !? » pas trop réfléchi, avant d’attraper la taille au-dessus dans l’espoir que celui-ci serait fait suffisamment petit pour qu’Amaya puisse le porter. Tristement, le haut que je gardai dans mes mains était fait pour ma taille à moi en temps normal, et j’étais persuadée que je serais capable de le porter aujourd’hui, alors que clairement, je ne m’habillais plus avec des vêtements que je prenais dans les boutiques qui n’étaient pas spécialisés en vêtements de maternité. Comprenant que c’était peine perdue pour mon amie, je roulai les yeux au ciel, puis je reposai le vêtement en ajoutant:  « C’est trop nul… » Certains pourraient penser que j’étais en train de faire un drame pour un simple haut, mais compte tenu que je savais que mon amie était susceptible d’avoir de la difficulté à trouver des vêtements et que tout me semblait idéal pour elle, c’était quand même particulièrement frustrant. Mais bien décidée à ne pas laisser ce fait gâcher notre journée, je me tournai vers elle, et je dis:  « Allez, on va te trouver autre chose ! » en m’efforçant de sourire en guise d’encouragement. Évidemment, je ne souhaitais pas m’imposer par ce dire, simplement affirmer que si jamais Amaya voulait trouver quelque chose, je n’allais pas la laisser tomber pour si peu.