ghost in the shell. + (sandro)

InvitéInvité MY BOOK COVER

Sandro & Charlotte

ghost in the shell.

La journée commence à peine et j'ai déjà l'impression d'être épuisée par une nuit trop courte. Comme souvent, je n'ai pas passé la nuit seule. Puisque mon lit parental s'est transformé en lit familial depuis maintenant six ans, et cette nuit n'a pas dérogé à la règle puisque sur les coups de minuit, j'ai entendu ma porte s'ouvrir et une petite tête blonde a décidé de me rejoindre en prétextant un cauchemar.
Autant dire que cette nuit n'a pas été très reposante alors lorsque mon réveil s'allume sur "i ain't your mama", je ne peux réprimer un rire ironique et me tourne pour réveiller lentement Chiara après l'avoir admiré un bref instant. Au-delà des traits de son visage, elle a hérité de beaucoup des mimiques et du caractère de son père sans jamais l'avoir rencontré et malgré le vide qu'il m'a laissé, je m'émerveille chaque jour devant elle malgré le manque de sommeil qu'elle me cause.
Et comme souvent, au lieu de se réveiller quand je caresse ses cheveux, elle s'enroule autour de moi comme si j'étais sa liane. Alors je me recouche un instant, pour profiter de ce moment de tendresse, l'espace de dix minutes.

Malheureusement, le sommeil me gagne et ce qui était sensé être un moment câlin se transforme en une sieste de presque trente minutes. Encore une journée qui commence bien.
Je balance mes draps, réveille ma fille en catastrophe et je descends en trombe les escaliers pour rejoindre la cuisine.
L'opération petit déjeuner étant bouclée, la course reprend de plus belle et je monte choisir ma tenue du jour, ainsi que celle de Chiara. Le temps de me maquiller, coiffer et nous voilà devant la porte avec dix minutes de retard sur l'horaire habituelle.
Un coup d'œil sur ma montre après avoir déposé la petite chez une voisine qui s'occupe d'elle le matin et j'accélère autant que mes talons peuvent me le permettre. Quelle sale journée.
Un texto envoyé à une collègue lorsque j'arrive à ma voiture pour la prévenir de mon retard et je démarre en trombe, déjà épuisée par mon début de matinée.

Ce n'est que lorsqu'on m'alpague à la sécurité de l'entrée de la Maison Blanche que je prends le temps de souffler. Je ne suis pas si en retard que ça quand même. "Ils ont besoin de toi là-haut." Mes sourcils se froncent à l'annonce d'Andy et j'accélère à nouveau le pas en direction de la salle de presse. Mais c'est vide et alors que je fais demi-tour, un homme m'interpelle par mon nom de famille en me demandant de le suivre.
À mesure qu'on s'approche du bureau présidentiel, je sens la moiteur de mes mains s'intensifier et le stress commence à grimper en flèche, attendant le moment où on va s'arrêter mais au lieu de ça, l'homme en costume passe devant la secrétaire du président que je salue poliment et ouvre les portes du bureau ovale en m'annonçant par mon nom. L'angoisse monte davantage alors que tous les regards se posent sur moi et on m'explique ce qui est en train de se passer mais je ne retiens que le mot traduction. Je jette un regard circulaire dans la pièce pour apprécier le nombre d'interlocuteurs présents, histoire de reprendre un peu de contenance mais ça a l'effet inverse. Mon regard s'arrête sur un homme derrière le canapé où est installé le président et je me sens défaillir à mesure que je le détaille. Mon mari porté disparu et présumé mort est face à moi. Un hoquet de surprise m'échappe et le contenu de mon sac s'éparpille au sol alors que je n'avais même pas senti que je l'avais lâché. Mes jambes tremblent et alors que je me sens tomber, l'homme qui m'avait escorté jusque là se saisit de mon bras et m'accompagne jusqu'à un fauteuil tandis que mon regard est resté fixé sur Chad, mon sourire s'est évanoui puis je reprends d'une voix blanche. "Excusez-moi, c'est l'émotion." Le président doit prendre ça pour lui puisqu'il gonfle la poitrine de fierté. Et l'entretien débute alors que mon regard est désormais perdu dans le vide, mon cerveau a activé le pilotage automatique et je traduis les paroles du président ainsi que les réponses du premier ministre italien sans même comprendre ce que je dis. Alors que lui est debout face à moi, imperturbable identique à celui qui m'a abandonné. Quelle sale journée.

InvitéInvité MY BOOK COVER

Depuis que Sandro a tout plaqué pour venir vivre ici, sa vie lui semble presque insignifiante, bien qu'il aime son nouveau métier. Il a tout abandonné en Italie pour venir ici, laisser sa femme pour qu'elle puisse refaire sa vie. Au fond de lui, malgré tout ce qu'il peut laisser paraître, l'italien est beaucoup plus touché par la situation qu'il n'y paraît. Il aurait voulu pouvoir dire toute la vérité à Charlotte concernant sa véritable identité, mais faire ça, c'était mettre en danger les gens pour qui il travaillait mais également, se mettre en danger lui-même. Tout ces secrets étaient beaucoup trop lourds à porter et, sa femme méritait d'avoir un homme capable de ne pas lui mentir sur tout ce qu'il pouvait dire. Alors oui, il avait jugé que la meilleure des solutions était de disparaître sans laisser de traces comme il savait si bien le faire. Pourtant au fond de lui, il ressent de profonds regrets, Charlotte lui manque tous les soirs et elle est la seule femme à avoir occupée son coeur de cette manière.

Et même si officiellement il est marié, tous les soirs, il y a une nouvelle femme dans son lit, ou plutôt dans la chambre d'hôtel qu'il a l'habitude de réserver pour ses conquêtes nocturnes. Mais il ne ressent rien pour aucune d'entre elle, il essaye simplement de combler le vide qu'il a causé lui-même dans son coeur, et probablement dans celui de son épouse. Les seuls moments où il se permet de penser à elle, c'est après sa journée de travail, parce que tout est toujours calculé à la minute prêt, et il n'a pas le temps de souffler avec ses compères pour assurer la sécurité du président.

Une nouvelle journée commence et la routine de Sandro recommence. Il se lave, prend une rapide douche, enfile son costume, prend un fruit et enfourche sa moto pour se rendre sur son lieu de travail qui n'est autre que la maison Blanche. Le président le demande dans son bureau, ainsi que ses collègues. Il leur annonce que le traducteur qui devait se présenter ne peut être là. Comme on lui avait appris, aucun d'entre eux ne posa de questions sur le pourquoi du comment, c'est aussi ça être garde de la sécurité du président. Sandro et ses semblables se penchent alors sur l'organisation pour s'assurer que tout est sécurisé. Une fois tout cela fait, on les prévient dans l'oreillette que la personne chargée de la traduction vient d'arriver. Se tenant droit, les mains croisées devant lui, Sandro attend et ne cesse de regarder autour de lui pour prévenir du moindre trouble fête.

Mais au moment où il sortit de sa bulle de concentration, il entendit un nom qu'il ne connaissait que trop bien. C'était le sien, enfin celui de son ancienne vie, et la femme se tenant sur le pas de la porte n'était autre que sa femme, celle qu'il avait abandonné. Les émotions se mélangeaient en lui. Bien évidemment qu'il était plus qu'heureux de la revoir, mais il savait pertinnement que sa chance était passée et qu'elle ne lui pardonnerait jamais ce qu'il lui avait fait subir, et il ne pouvait qie la comprendre. Elle entra dans la pièce tout en le fixant. Elle avait elle aussi reconnu son mari. Elle en lâcha même son sac, et manqua de tomber, heureusement rattraper par un des gardes. Sandro aurait aimé se précipiter vers elle pour l'aider, s'excuser, mais il devait rester impassible, ce qui pour une fois, lui demandait beaucoup d'efforts. Il ne pouvait enlever ses yeux de cette beauté divine. Comment avait-il pour la laisser alors que c'était la femme de sa vie ? Il le savait depuis le début, mais il avait agit égoïstement il y a sept ans, et pour essayer de recoller les morceaux, il allait devoir être patient, même si l'issue était incertaine.

InvitéInvité MY BOOK COVER

Sandro & Charlotte

ghost in the shell.

Les yeux rivés sur l'agent de sécurité, sur l'homme qui m'était désormais inconnu alors que je lui vouais une adoration sans limites il y a sept ans à peine. Je peinais à me concentrer sur la traduction de la discussion formelle. J'avais l'impression de regarder cette scène de plus haut, d'être une simple spectatrice alors qu'en temps normal, si professionnelle, j'aurais prêté attention au moindre détail en espérant dénicher une nuance à rapporter à mon rédacteur en Italie mais rien, j'étais plus préoccupée par l'homme impassible face à moi que par le président des Etats-Unis, qui se trouvait à quelques mètres à peine. Et puis comment avait-il pu même se retrouver dans ce bureau sans jamais croiser mon chemin depuis presque un an que j'avais intégré le service de presse de la maison blanche. Le coeur serré pendant toute la durée de l'entretien, je fixe un point derrière le premier ministre italien et ne le quitte plus pour être certaine de ne pas avoir à croiser le regard de celui qui m'a forcé à faire son deuil alors même qu'il avait le choix de rester avec moi. Celui qui m'a donné un nom qui n'est finalement même pas le sien. Celui qui m'a abandonné seule avec sa fille et sans aucun espoir.
Les souvenirs de notre ancienne vie commune me reviennent en mémoire, notre mariage et alors que je devrais traduire une réponse de l'officiel italien, je me perds dans mes pensées, à tel point que l'homme qui m'a escorté me presse l'épaule pour me rappeler de répondre alors que les regards se tournent vers moi. Je me sens rougir de honte, reprends le cours de l'échange entre les deux hommes après mes excuses et tourne nerveusement mon alliance autour de mon doigt par vieux réflexe.

J'ai eu le temps de me remémorer chaque détail de notre vie commune, des espoirs qu'il m'a donné jusqu'aux galères qu'il m'a laissé. La petite fille qu'il a abandonné sans même savoir que je n'étais plus seule. Finalement, l'entretien se termine et je me lève à la suite de la délégation italienne, ayant repris un peu de contenance. J'ai réfléchi à chaque issue possible et la meilleure m'a semblé être celle qu'il a pris il y a sept ans maintenant, quitter la pièce et reprendre ma vie comme avant, comme si il était véritablement mort puisque finalement, mon mari est vraiment mort quand il m'a quitté même si cet homme est face à moi aujourd'hui. Alors j'avance droit devant moi en lissant ma jupe et je sors du bureau en remerciant le président et en évitant bien sûr le regard de Sandro au passage, ne laissant rien paraître de mon malais que je cache derrière un sourire de façade mais à peine suis-je arrivée dans le couloir que je me laisse tomber sur un siège réservé aux visiteurs, j'ai surtout besoin de prendre l'air pour me remettre de mes émotions mais je m'arrête au plus proche parce que je sens que mes jambes ne seraient pas capables de me mener jusqu'au jardin. Et je perds ma tête entre mes mains comme si ça allait me permettre d'oublier les deux heures passées dans ce bureau face à mon fantôme.

InvitéInvité MY BOOK COVER

Silencieux et impassible, le regard froid, Sandro scrute tous les coins et pour prévenir d'une éventuelle menace. Il avait appris avec le temps que même une simple entrevue avec une personne haut placée était potentiellement la cible de plusieurs personnes mal intentionnées, alors il prenait très au sérieux ses tâches. L'entretien débute et le bel italien se rend compte que si on a fait appel à sa femme c'est tout simplement pour qu'elle traduise. Était-elle donc traductrice officielle à la maison Blanche ? Comment se faisait-il que Sandro ne l'ai jamais croisé au détour d'un couloir ? Après tout, la maison Blanche est un véritable labyrinthe, mais de là à ne jamais l'avoir croisé, cela semblait presque irréel. La seule explication est qu'elle venait d'arriver les semaines précédentes, mais il n'obtiendrait probablement jamais de réponse à cette question.

En contact permanent avec ses collègues via l'oreillette qu'il portait, un de ces derniers semblait remarquer son manque d'attention puisqu'il le rappela à l'ordre, sans que personne ne s'en rend compte dans la pièce. Fort heureusement pour lui, sinon, il risquait fort de perdre sa place, et de se retrouver sans emploi, ce qu'il ne souhaitait évidemment pas. Il essaya alors tant bien que mal de se reprendre et c'est à cet instant qu'il remarqua que sa femme, ou du moins la femme qu'il avait laissé seul comme un lâche était tout aussi désorientée que lui de cette rencontre.

Alors que l'entrevue entre les deux hommes politiques prenait fin, Sandro observait Charlotte dans l'espoir qu'elle vienne lui parler, ou du moins, lui adresse un léger regard, mais rien. Elle prit l'option qu'il avait pris lui-même sept ans auparavant, c'est-à-dire la fuite sans même se retourner. Après s'être assuré que tout allait bien, Sandro prétexta une excuse bidon afin de quitter la pièce et rejoindre sa belle dans l'espoir qu'elle ne le rejette pas, et qu'il puisse enfin s'expliquer.

Après quelques pas seulement, au détour d'un couloir où se trouvait les sièges pour faire attendre les visiteurs avant qu'ils ne rentrent dans la pièce, il la trouva assise, la tête entre ses mains. Il hésita à s'approcher, lui parler. Un combat débuta dans sa tête, contre lui-même pour savoir quelle était la meilleure solution, et surtout, éviter de reproduire les mêmes erreurs qu'il avait déjà fait. Il s'approcha lentement d'elle, s'installa sur le siège à côté d'elle tout en posant sa main sur son épaule.

" - Charlotte.. Est-ce que ça va ?"

Il se rendait bien compte que sa question était inutile parce qu'il savait très bien qu'elle n'allait pas bien, mais c'est tout ce qu'il avait trouvé sur l'instant.

InvitéInvité MY BOOK COVER

Sandro & Charlotte

ghost in the shell.

L'entretien avait été long et éprouvant pour mes nerfs. J'avais pris l'habitude de naviguer entre mes deux langues parentales mais mon manque d'attention m'avait contraint à réfléchir un peu plus qu'à l'accoutumée pour trouver les mots exacts pour traduire exactement les paroles des deux hommes politiques. D'autant que j'étais plus concentrée sur mes souvenirs que sur l'instant présent. Plus occupée à me rappeler nos moments à deux. Me poser des millions de questions sur ce qui avait pu le pousser à m'abandonner alors qu'on était amoureux. Et puis il est temps pour moi de sortir et j'accélère le pas pour sortir de son champ de vision et qu'il sorte du mien. Je marche aussi vite que mes hauts talons et mes jambes tremblantes me le permettent et je termine par m'échouer sur des sièges au milieu d'un couloir. Je me surprends à tenter de me remémorer chacun de ses traits, il n'a pas changé en sept ans et c'est d'autant plus perturbant que je sens sa présence à mes côtés par ces papillons que j'ai déjà eu lors de notre première rencontre et si nous n'avions pas déjà été mariés, je suis persuadée que j'aurais à nouveau craqué sur lui aujourd'hui. "Excusez-moi mais on ne se connaît pas." Le cœur un peu plus brisé en prononçant ces mots, je tentais de ne rien laisser paraître pour garder mon sérieux habituel sur mon lieu de travail et je mets un coup d'épaule pour mettre fin au contact établi par sa main, oublier qu'il était l'homme de ma vie jusqu'à il y a sept ans. Pour oublier qu'il n'est plus mon italien. Mais mes gestes ne sont pas naturels, moi la douceur incarnée et la tempérée, je perds le contrôle alors que je sens les sanglots encombrer ma gorge et je n'ai qu'une envie, le cogner jusqu'à me sentir enfin soulagée comme si ça pouvait suffire à m'apaiser. Partagée entre la douleur qu'il m'a infligé et l'envie de me blottir contre lui afin d'oublier tout ce que j'ai subi ces sept dernières années. Mais au lieu de ça, mon regard se pose sur lui pour le détailler et je me sens encore plus minable de ne pas juste pouvoir le gifler et partir aussi loin que possible.

InvitéInvité MY BOOK COVER

Le beau brun s'attendait à beaucoup de choses, et il avait bien souvent redouté ce moment où il se retrouverai face à sa femme, alors qu'il l'a lâchement abandonné. Il s'est répété des dizaines et des dizaines de fois le scénario dans sa tête, et pourtant, aujourd'hui il était incapable d'aligner le moindre mot devant elle. Sa beauté le rendait toujours aussi vulnérable et sa culpabilité de l'avoir laissé seule pendant toutes ces années ne fit que grandir.

Alors qu'il s'approcha de sa belle pour essayer d'établir un contact entre eux, il s'installa sur le siège et demanda alors à Charlotte si tout allait bien, il s'attendait à se prendre des coups, subir sa colère et sa rage, mais contrairement à ça, elle fit quelque chose qui le blessa encore plus. Elle lui dit qu'ils ne se connaissaient. Et il savait que c'était faux, elle l'avait reconnu, et lui aussi. Il ne pourrait jamais oublier son visage, et parmi des centaines de femmes, il arrivera sans problème à la trouver. Parce que c'est celle qui possède son coeur malgré tout le mal qu'il a pu lui faire, malgré toutes les erreurs qu'il a pu commettre dans le passé. Mais aujourd'hui, c'est un homme différent.

" - C'est vraiment ce que tu souhaites ? Qu'on reste deux étrangers ? Laisse moi au moins t'expliquer, à l'époque je n'ai pas pu, pas par gaieté de coeur, mais parce que je n'en avais pas le droit."

Suite au coup d'épaule pour rompre le contrat, le brun retira alors sa main et remit sa cravate en place. Il se sentait presque mal d'insister autant auprès d'elle, mais il lui laissait la décision finale. Il voulait simplement lui expliquer les raisons qui l'avait pousser à faire ce qu'il avait fait, histoire qu'elle comprenne, bien évidemment, il ne s'attendait pas à ce qu'elle lui pardonne ou lui saute au coup pour qu'ils puissent recommencer comme avant. Sandro voulait simplement qu'elle est toutes les clés en main avant de prendre sa décision.

InvitéInvité MY BOOK COVER

Sandro & Charlotte

ghost in the shell.

J'aurais pu être bien plus faible, me mettre à pleurer ou me blottir dans ses bras mais le contexte ne s'y prêtait clairement pas et je voulais lui montrer que je n'avais plus grand chose à voir avec la jeune femme qu'il avait laissé en Italie il y a sept ans, j'étais devenue une vraie femme. Les critiques sur le fait d'être mère célibataire, aussi jeune alors que je n'avais même pas de situation. Le cœur brisé qu'il avait laissé derrière lui. Tout ça m'avait forgé et je voulais tout simplement lui montrer que je n'étais pas prête à me laisser piétiner à nouveau aujourd'hui. "On a toujours le choix, je vais pas te l'apprendre. J'ai pas pris la décision pour toi. Je t'ai attendu pendant sept ans, tu n'as pas la moindre idée de ce que ça fait." Peut-être qu'il n'avait même pas pensé à moi un seul instant pendant toutes ces années. Peut-être qu'il s'était marié à nouveau. Peut-être qu'il avait eu d'autres enfants qu'il assumait. Peut-être même qu'il avait été amoureux de quelqu'un d'autre et qu'il m'avait quitté pour elle. Je me posais toutes ces questions depuis sept ans maintenant, et j'avais perdu l'espoir d'avoir des réponses en même temps que j'avais perdu l'espoir de le revoir.

Pendant un an après son départ, j'avais conservé chaque souvenir de notre histoire, j'avais gardé un de ses t-shirts sous mon oreiller pour me rappeler sa présence en espérant qu'il reviendrait et puis du jour au lendemain, la colère avait pris le pas sur le déni. J'avais tout balancé, brûlé sauf mon alliance dont je n'avais pas réussi à me départir pendant tout ce temps. Et finalement, ma mère s'était occupée de moi pour m'aider à remonter la pente, pour me soutenir dans l'éducation de Chiara. Mon père avait pris le rôle de Sandro dans la vie de ma fillette alors que je pleurais encore la disparition de mon mari, de mon âme sœur. Le revoir aujourd'hui avait ravivé toutes ces vieilles blessures presque cicatrisées mais c'était finalement la colère de le voir aussi impassible devant moi qui avait pris le pas sur ma tristesse, sur mon amour pour lui. "Est-ce que tu as la moindre idée de ce que j'ai subi à cause de toi ? J'ai dû faire le deuil de l'amour de ma vie et là, tu es en face de moi et tu veux t'expliquer sur les circonstances qui t'ont amené là ? Tu n'aurais jamais essayé de me retrouver si on ne s'étaient pas vus aujourd'hui. Tu ne peux même pas comprendre de toute façon." D'ordinaire si douce, je peinais à me reconnaître alors que je lui crachais toute la rancœur qui polluait mon cœur à ce moment. J'avais haussé le ton sans vraiment m'en rendre compte, et j'avais planté mon index contre son torse pour le faire reculer comme si ça suffisait mais j'avais besoin de lui dire tellement de choses, j'avais envie de faire tellement de choses, lui raconter ma vie depuis le jour de son départ mais au lieu de ça, je faisais demi-tour pour rejoindre l'extérieur de la Maison Blanche histoire de ne pas attirer davantage l'attention sur notre échange houleux.

InvitéInvité MY BOOK COVER

Comme l'italien s'y attendait, leur discussion n'était pas celle d'un couple heureux de se retrouver après tant d'années de séparation. Et jamais il ne la blâmerait parce que tout ce qui arrive aujourd'hui est entièrement de sa faute. Il aimerait au moins qu'elle lui laisse le temps de lui expliquer pourquoi il a dû en arriver là. Ce qu'il avait réellement fait, car elle n'en avait aucune idée de l'homme qu'elle fréquentait à l'époque. Un agent secret qui était prêt à tuer n'importe qui pour ne pas rompre sa couverture d'infiltré, mais aussi tout simplement parce qu'il ne faisait qu'obéir aux ordres de ses supérieurs. Il avait les mains plein de sang, voilà ce qui l'avait notamment poussé à partir. Et c'est ses supérieurs qui l'avait mis à la porte, envoyé loin pour ne pas qu'il divulgue quoique qui risque de compromettre la sécurité des agents sur le terrain.

" - Si je me doute de ce que ça fait. J'aurai aimé de ne pas partir, mais je n'avais pas mon mot à dire à l'époque Charlotte. Laisse moi juste t'expliquer pour que tu puisses comprendre pourquoi j'ai fais ça, et après si tu décides de ne plus me revoir, alors je disparaîtrait pour que tu sois heureuse à nouveau.."

Ça lui faisait tellement mal de reconnaître que sa propre femme pouvait être heureuse au bras d'un autre homme et pourtant, c'était bel et bien la vérité.

" - Non je n'ai pas la moindre idée de ce que je t'ai laissé, et je sais que c'est lâche de ma part. Ça n'a pas été simple pour moi non Charlotte. Tu es, et restera la femme de ma vie. Il n'y a jamais eu que toi dans mon coeur et ça ne changera jamais."

Il allait abandonner, la laisser repartir sans même lui avoir expliquer ce qui l'avait poussé à être ainsi. Il ne se reconnaissait plus. Lui qui était tenace, qui se battait tous les jours, aujourd'hui, il avait envie d'abandonner au premier obstacle qui se dressait sur son chemin.

" - Détrompe toi en arrivant ici, j'ai voulu te retrouver, seulement mon ancien employeur n'était pas du même avis. Je n'ai jamais eu la possibilité de te rechercher et te retrouver pour t'expliquer ce que j'aurai dû t'expliquer il y a bien longtemps."

C'est alors qu'il vit la belle femme s'éloigner de lui, se diriger en direction de la sortie. Il la laissa partir, les questions affluaient dans son esprit, et ce n'est que quelques secondes après, qu'il se mit à faire de grandes enjambées pour la retrouver à l'extérieur de la maison Blanche.

" - Charlotte attends !" fit-il en la rattrapant par le bras " - Charlotte, je ne te demande pas de me croire ni quoique ce soit, mais laisse moi parler s'il te plait."

Il attendit quelques instants comme pour voir sa réaction. Se rendant compte qu'il la maintenait toujours, il retira sa main et plongea son regard profond dans celui de celle qui était sa femme, ou du moins, qui l'avait été.

" - À 20 ans, j'ai passé le concours pour devenir policier, mais je me suis rapidement rendu compte que ce n'était pas fait pour moi. Quelques jours seulement après avoir abandonné le concours, une personne m'a contacté, elle se disait faire partie d'une agence secrète formant des agents pour le terrain. Ils ont donc décidé de me recruter. J'ai accepté parce que j'avais quelque chose à régler personnellement depuis des années, et je comptais bien y arriver sous couverture. Seulement, à ce moment là ils m'ont donné une nouvelle identité, Chad Lazzio, celle que tu connais. Mais en vérité je m'appelle Sandro Righetti."

Il s'arrêta pour jauger la réaction de sa femme. Elle n'était pas encore au bout de ses surprises.

" - Quand je suis rentré dans cette agence, je n'avais plus aucun contrôle sur ma vie. J'étais obligé de mentir à tout le monde sur tout ce que je faisais. Puis je t'ai rencontré, le coup de foudre. J'ai voulu te dire la vérité des dizaines et des dizaines de fois, mais je n'en avais pas le droit et je ne voulais pas risquer de te mettre en danger.. Ces personnes sont sans pitié et ont des yeux partout. Durant mes missions, j'ai dû faire plusieurs choses dont je ne suis pas réellement fier aujourd'hui, mais une fois de plus, je n'avais pas le choix, sinon je grillais ma couverture et celles de mes collègues, je n'avais plus ma vie en main. Quand j'ai décidé de tout lâcher pour toi, pour pouvoir enfin avoir une vie correcte, ils m'ont menacé et m'ont envoyé à l'autre bout du monde. Je n'ai jamais pu revenir en Italie pour te retrouver."

Sandro s'éloigna lentement, s'appuya contre le mur et se laissa descendre contre celui-ci, jusqu'à finir par terre.

" - Je suis sincèrement désolé Charlotte, ce n'est pas la vie que j'aurai voulu pour nous deux.."

InvitéInvité MY BOOK COVER

Sandro & Charlotte

ghost in the shell.

La gorge nouée, je tente d'écouter et me concentrer sur ses paroles pour comprendre la gravité de ce qu'il m'avoue mais au lieu de ça, je me perds dans son regard. Et puis il me parle de ses supérieurs et de son identité véritable. "J'ai épousé Chad, pas Sandro. Je ne me suis pas mariée avec un tueur." Et mes yeux s'écarquillent sur mon dernier mot. Je le pensais mort il y a encore une heure et il m'avoue finalement qu'il n'a pas eu le choix de disparaître, qu'il s'agissait de sa sécurité et de celle de ses collègues.

"Tu ne t'es jamais inquiété pour moi, tu n'as même jamais essayé de me contacter Chad, enfin Sandro. Je sais plus." Je me laisse tomber sur un banc un peu plus loin après avoir arraché délicatement mon bras à sa poigne. Et puis je pense à Chiara qui a dû grandir sans son père, que j'ai dû élever toute seule, les nuits blanches que j'ai passé, les regards que j'ai dû affronter alors qu'il avait fui et puis je prends la décision de ne pas lui en parler dans l'immédiat, je ne pense pas que ce soit nécessaire alors qu'il vient de m'avouer que son boulot pendant toute notre relation consistait à me cacher qui il était vraiment. "Je ne te connais même pas réellement. Et on s'est mariés alors que j'ai même pas ton vrai nom. Je porte le nom de quelqu'un qui n'existe pas." Et soudain mes yeux s'écarquillent, Chiara porte également ce nom et elle ne pourra jamais en changer. La colère reprend le dessus. "Mais tu ne te rends pas compte de tout ce que ton mensonge implique. Tu es un lâche." Et cette fois, je ne retiens pas ma main qui va s'abattre sur sa joue. "J'étais enceinte quand tu es parti, j'attendais un bébé et tu m'as abandonné." Les mauvais souvenirs reviennent en rafale alors que je pose une main sur mon cœur, au bord des larmes. "Tu m'as caché la vérité pendant tellement de temps, et finalement tu m'as abandonné alors que j'étais enceinte de toi. Et ton boulot, c'était quoi exactement ? Tuer des gens sous une fausse identité ?"

Mon portable sonne dans mon sac à main et je décroche rapidement sans regarder l'identité de la personne qui m'appelle. Finalement, je suis surprise d'entendre ma voisine qui me prévient que ma fille est restée chez elle parce qu'elle est fiévreuse. Je m'éloigne de Sandro pour continuer la conversation et lui promets que j'arrive dés que possible, un peu gêné puis je raccroche et reviens sur le banc. "Un souci personnel, je dois m'en aller."

InvitéInvité MY BOOK COVER

Sandro est bien conscient que lui annoncer tout ça maintenant n'est pas facile, ni pour lui, qui n'a jamais révélé la vérité à quiconque, ni pour sa femme qui doit tomber des nu en apprenant que toute leur histoire est au final, basée sur un mensonge qui le dépasse. Il est vrai que tout cela n'était vraiment pas aisé, et il allait devoir faire énormément d'efforts pour essayer de la récupérer ou du moins, qu'elle comprenne que tout cela n'est pas uniquement de son propre chef, sinon, il aurait agit différemment.

" - Je ne suis pas un tueur Charlotte.. J'ai simplement dû faire certaines pas très légales, c'est vrai. Mais au final, à force de traîner dans ce milieu, j'ai fini par perdre pieds. J'ai menti à tout le monde et je m'en veux, mais aujourd'hui, j'ai tiré un trait sur mon passé.."

Enfin au final pas totalement. Il a encore beaucoup de séquelles de son passage en tant qu'agent secret. À force de traîner dans les gangs, avec des armes et tout ce qui est drogue et alcool, il a finit par sombrer dedans. Et aujourd'hui, il en est totalement dépendant, et jusqu'à présent il n'avait fait aucun effort pour s'en sortir, parce que sa seule raison de vivre venait de réapparaître sous ses yeux aujourd'hui même.

" - C'est ce que tu penses, j'ai encore toutes les lettres que je t'ai écris, et qui me sont revenues parce qu'ils ont tout fait pour que je ne puisse plus être en contact avec toi. Je te jure que je ne t'aurai pas laissé toute seule si j'avais eu une autre possibilité."

Il n'était pas en colère contre elle, il comprenait que tout cela était compliqué à comprendre et surtout, à accepter. Il allait falloir du temps, mais il préférait ne pas se faire de faux espoirs. Puis soudain, la main de Charlotte vient se coller contre la joue de l'italien avec un claquement digne des films, sauf que cette fois, c'était bel et bien réel. Elle avait raison, c'était un lâche. Mais, parmi tout ces reproches, il entendit quand même le principal. Il était papa sans même le savoir. Pendant sept ans, Charlotte avait dû élever seule leur enfant, et maintenant, il doutait qu'il est de nouveau une place auprès d'elle et de leur enfant, qu'il n'aura probablement jamais la chance de connaître. La colère et la rage montait en lui, il aurait voulu frapper dans un mur ou quelque chose mais, rien n'était à disposition, alors, il enfouit sa colère en lui et tâcha de garder la face sous tout ce qui lui tombait dessus.

" - Tu.. Je ne savais pas que tu étais enceinte Charlotte.. Tu ne m'avais jamais rien dit dessus.. Est-ce que c'est une fille ou un garçon ?"

Il aurait pu se réjouir d'avoir enfin un enfant, c'est ce qu'il avait toujours voulu, mais il aurait aimé d'autres conditions pour être père.

" - Non mon boulot n'était pas de tuer des gens.. J'étais un agent sous couverture, je devais m'infiltrer dans différents réseaux de criminels, trafic d'armes, d'enfants, d'organes ou autre et je devais les démanteler.. Je n'ai jamais tué par plaisir Charlotte, et aujourd'hui, je n'ai plus cette vie."

Il l'a vit alors s'éloigner pour répondre au téléphone, puis quelques minutes après, elle revient vers lui en prétextant un soucis personnel.

" - Charlotte.. Laisse moi au moins un moyen de te joindre s'il te plait.. Je ne veux pas te perdre une seconde fois.. Je sais que tu ne me crois plus et que tu aurais probablement que je sois réellement mort, mais je m'en veux et je voudrais me racheter, même si je sais que tu ne pardonnera jamais.."

Contenu sponsorisé MY BOOK COVER