are we still a family ? ✻ eleanor

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are we still a family ?
eleanor & roman

Cela faisait maintenant plusieurs mois que Roman vivait à Washington et qu'il travaillait pour son père. Enfin, son père … Son géniteur. Il n'arrivait toujours pas à le considérer comme son père, quand bien même cet homme était un bien meilleur homme que l'enfoiré qui lui avait servit de père toute son enfance. Enfin passons. Plusieurs mois que le jeune homme était là, qu'il savait qu'il vivait dans la même ville que sa sœur. Et qu'il savait où la trouver, puisqu'ils travaillaient dans le même bâtiment. D'ailleurs, trois jours plus tôt, le brun avait aperçu sa jeune sœur au détour d'un couloir. Il avait sourit. Il aurait pu aller lui parler. Mais il n'en avait pas eu le courage. A vrai dire, il était fier de ce qu'elle était devenue, fière de savoir qu'elle était quelqu'un et que même si elle partait de loin, elle avait réussi dans la vie, contrairement à lui. Mais lorsqu'ils s'étaient quittés, c'était supposé être pour toujours. Lui avait une peine de vingt-cinq ans à faire, essentiellement parce qu'il n'éprouvait aucun regret pour ce qu'il avait fait. Et elle, elle avait une vie brillante à vivre. Il ne lui en voulait pas d'avoir choisi de réussir dans la vie, plutôt que de perdre son temps à lui rendre visite en prison toutes les semaines. Elle avait eu raison. Mais les choses avaient changées, puisqu'il avait obtenu une réduction de peine et qu'il était dehors. Mais il ne savait pas si elle avait envie de le voir ni même si elle serait contente de le savoir dehors. Elle avait toujours voulu défendre la veuve et l'orphelin et de ce qu'il en savait, elle pouvait très bien penser que sa place était en prison. Mais l'éviter sans la voir était une chose. Parce que maintenant qu'il l'avait vu, il n'arrivait plus à se sortir de la tête le visage souriant de celle qui avait été sa petite princesse. Le jeune homme avait besoin de lui parler. Il avait besoin de la voir. Dans le pire des cas, il allait être malheureux parce qu'elle n'avait pas envie de lui parler. Le jeune homme s'était donc rendu à l'étage où elle travaillait et avait salué sa secrétaire. « Bonjour, je voudrais voir maître Hollister », déclara-t-il avec un sourire. C'était comme arraché un pansement. Il fallait le faire sans réfléchir, pour que ce soit moins douloureux. « Vous avez rendez-vous ? », demanda-t-elle, très professionnelle. Non, il n'avait pas de rendez-vous. Il voulait juste parler à sa sœur. Mais est-ce que quelqu'un ici savait qu'elle avait un frère ? Il en doutait un peu. « Je suis son frère », répondit-il simplement. La secrétaire le dévisagea des pieds à la tête. Soit parce qu'elle avait l'impression qu'il mentait, soit parce qu'elle était au courant qu'il aurait dû se trouver quelque part en train de croupir dans une prison de l'état de New-York. A cet instant, la porte du bureau s'ouvrit et la secrétaire cessa de le dévisager. « Madame Hollister, ce jeune homme dit être votre frère », souffla-t-elle, visiblement méfiante. Mais Roman ne faisait plus attention à elle. Son regard fixait avec insistance celui de sa sœur. Elle avait changé. Ses traits s'étaient affinés et il avait maintenant face à lui une femme forte, qui n'avait plus rien à voir avec la poupée fragile avec laquelle il avait grandi. Le cœur du jeune homme battait la chamade et il se rendit compte qu'il avait peur. Peur de sa réaction. « Lenny … », finit-il par articuler. Ce surnom qu'il avait été le seul à lui donner. Parce qu'elle avait toujours été son trésor le plus précieux.

are we still a family?

Roman&Eleanor

La vie d’Eleanor était réglée comme du papier à musique. Le matin, elle se réveillait à six heures, filait directement à la salle de bain où elle allumait la radio, afin de se réveiller autant qu’elle le pouvait. Mais le moment où elle se réveillait réellement, c’était quand son liquide chaud, brulant même et noir passait la limite de ses lèvres. Le café, c’était le péché mignon de la jeune femme. Elle en prenait sous toutes ses formes possibles, que ça soit en biscuit, en glace, en bonbons ou en boisson, elle adorait ce gout.
Alors que la radio fonctionnait toujours, elle attachait généralement ses cheveux en un chignon ou simplement en une longue queue de cheval, ce qui lui permettait de pouvoir courir dans tous les sens comme elle le souhait quand elle se trouvait au bureau. Eleanor était une femme forte, indépendante, et quand elle éteignait la radio, c’était pour prendre ses clés, sa pile de dossiers, sa petite mallette en cuir camel pour laquelle elle avait économisé pendant de longs mois, et elle filait au travail, vêtue d’un tailleur noir.

Son premier réflexe quand elle arrivait au bureau, c’était de demander à sa secrétaire si elle avait des messages. Elle recevait souvent une pile de petites fiches sur lesquelles elle trouvait bien souvent des noms, des numéros de téléphone et parfois des messages afin de savoir de quoi il s’agissait. Cela faisait maintenant quelques temps qu’elle travaillait dans le cabinet de Spencer Wright, et elle en était plus que ravie. Elle commençait à se faire une véritable réputation dans le métier, tellement que Spencer avait décidé de lui confier son propre bureau et sa secrétaire, ce qui était pour elle absolument parfait. Elle commençait à avoir tout ce dont elle avait toujours rêvé, et même si certaines fois, à certains instants, des choses lui manquaient, elle ignorait ces soucis et se concentrait sur son travail. Quand son fiancé, Miles, l’avait quittée, Elie avait eu l’impression que tout son univers allait s’écrouler, encore une fois, comme lorsque Roman avait été arrêté et jeté en prison. A l’époque elle n’avait rien pu faire, aujourd’hui elle se serait battue comme une lionne pour qu’il y passe moins de temps. Aujourd’hui elle était seule, et elle devait s’en contenter.
Mais alors qu’elle sortait de son bureau pour aller faire quelques copies afin de préparer son prochain rendez-vous, elle fut interpellée par la voix de sa secrétaire qui lui annonçait que « ce » jeune garçon disait être son frère. Distraite, occupée à d’autres choses, Elie lui répondit sans lever les yeux :

Vous savez que c’est impossible Jennifer, mon frère est en…

Mais alors qu’elle levait enfin les yeux de son dossier, elle tomba nez-à-nez avec Roman. Avec son grand frère, qui devait aujourd’hui avoir trente-deux ans, et qui visiblement était sorti de prison sans qu’on la prévienne. Les jambes chancelantes, elle ne savait pas ce qu’elle devait faire.
Elle savait que de longues explications allaient avoir lieu entre eux, ils allaient devoir discuter de beaucoup de choses mais pour le moment, la seule chose dont elle avait envie, c’était de lui courir dans les bras. Et c’est ce qu’elle fit. Ni une ni deux, du haut de ses dix centimètres de talons, elle courut vers Roman et lui sauta au cou, avant de se mettre à le taper gentiment avec son dossier :

Tu… Merde pourquoi je suis pas au courant de ta sortie ! Depuis combien de temps ?

Elie était en colère, sans le moindre doute, de tout ce que son frère avait fait pour se retrouver en prison, mais il n’empêche qu’il restait son frère, et pour le moment, c’était ce qui primait.