Non mais de quoi je me mêle ? feat. Camryn

   

Cette journée bien ensoleillée touchait à sa fin. N'ayant toujours pas trouvé un boulot, j'avais choisi de profiter de mon lit ce matin jusqu'à ce que mon réveil n'affiche treize heures. J'avais mangé rapidement et j'étais parti courir. Courir sous le soleil brulant de ce mois de juin. Beaucoup m'aurait conseillé de rester chez moi pour ne pas attraper d'insolation ou de coup de soleil mais je me fichais de leur conseil. J’avais envie de courir alors j’était parti courir, rien de plus simple que cela. Après une douche froide de vingt minutes, j’étais ressorti. Je n’aimais pas rester chez moi à ne rien faire alors je sortais, je trainais et je découvrais toujours des coins de rue que personne ne connaissait. Même avec quatre ans, la capitale me surprenait toujours. Aujourd’hui, je finis dans un parc. Enorme par la taille mais pas par la fréquentation alors que dix-neuf heures sonnaient, je m’assis sur un banc, observant le trafic très peu discret qui se jouait devant moi. Les jeunes devant moi ne semblait pas remarquer ma présence, ils ne devaient pas être très expérimentés pour échanger de la poudre et de l’argent sans prêté attention à ce qui les entouraient et surtout aux gens qui gravitaient autour d’eux… Aucun risque avec moi, j’étais plus du genre à aller leur en acheter plutôt que de les balancer aux flics mais la grand-mère qui les avaient également cramés n’était peut-être pas du même avis… Choquée, elle partit d’un pas précipité vers chez elle ce qui m’arracha un sourire. Cette grand-mère vivait dans un monde où la drogue était taboue alors qu’il n’y avait aucune raison que ce le soit, après tout, la plus grande des drogues qu’était les médicaments prescrits pas les médecins étaient eux non tabou alors pourquoi le cannabis et la marijuana le serait ? Mon regard se posa sur le banc qui supportait mon poids depuis quelques minutes déjà. Je remarquais un dessin extrêmement moche et mal fait, je levais les yeux au ciel. Heureusement pour moi, j’avais un crayon Bic dans la poche. Pourquoi était-il là ? Aucune idée mais je m’en emparais et commençait à gratter sur le banc afin de couvrir cette espèce d’horreur avec ce que je jugeais un peu plus potable. Je ne mettais jamais vraiment pencher sur le dessin, j’avais pris quelques cours et avait fait quelques trucs quand j’étais beaucoup plus jeune mais mon seul public avait été ma mère qui trouvait cela beau mais n’était pas objective du tout. Ainsi, pour moi, je n’étais pas bon, mes dessins ne ressemblaient pas à des chefs d’œuvres et puis de toute façon, je n’avais pas la patience de m’y mettre alors il était inutile de me poser des questions sur ce domaine…
   

   

Pour dessiner, il fallait de la patience et du travail. Je n’avais aucun des deux. Je n’étais jamais allé dans une exposition de peinture ou de photos, je n’avais probablement aucun esprit critique si ce n’est quand ce que je voyais était vraiment moche comme ce dessin gravé sur un banc. On se fichait que la personne qui est fait ça soit complètement amoureux de cette Fiona, avec cette preuve d’amour, elle avait toutes les raisons du monde de le quitter de toute façon. En revanche, ce dessin me piquait les yeux tellement il était laid, je ne pouvais pas laisser les choses comme ça. J’attrapais donc mon BIC et commençait à gratter sur le bois dur de ce banc. Mes frères m’auraient vu à cet instant, ils auraient probablement mis un moment à me reconnaitre, pour eux j’étais plutôt du genre à exploser ce banc en me battant avec le premier venu qu’en train de le redécorer. Le pire dans tout ça, c’est qu’ils avaient raison, j’étais plus le type qui explose une toile de peinture en envoyant son poing à travers plutôt que quelqu’un qui passez plusieurs heures à la peindre…

Mais j’avais envie de travailler sur ce banc, j’étais donc concentré sur mon « œuvre » lorsqu’une voix féminine me fit sursauter. Je me retournais, je détestais être pris sur le fait comme c’était le cas en ce moment. Surtout que la jeune femme à la crinière de feu n’hésita pas à me faire partager ce qu’elle pensait et ce n’était pas nécessairement un compliment… Je lui jetais un regard peu amical. Mais de quoi je me mêle ? Elle m’annonçait carrément que je n’étais pas très appliquée et que ce n’était pas spécialement bien réussi…Essaye de rattraper une horreur comme celle qu’il y avait avant et on en reparle de l’application… Mon attitude était agressive et peu ouverte mais elle m’avait surpris dans un moment où j’aurais préféré que personne ne me voit. Je vous l’accorde, faire ça au milieu d’un parc augmente les chances d’être vue mais j’étais quand même en colère face à cette inconnue qui m’accostait sans gêne. Je ne pris même pas la peine de lui expliquer que je tentais de dessiner une tortue pour cacher ce cœur raté avec un je t’aime Fiona mal orthographié à l’intérieur.

Elle ajouta qu’elle m’avait tout de même un compliment et elle m’appela monsieur, rien de mieux pour m’énerver. Monsieur ? Tu me donnes quel âge au juste ? Hazel ça suffira… Elle faisait de l’art plastique et de ce fait, elle se croyait en droit de critiquer le travail d’un amateur ? Je regardais la jeune femme, qui était d’une de ces beautés à la crinière rouge que l’on ne voit pas souvent et qui fait tourner la tête de plus d’un homme. Je n’étais pas contre qu’elle me fasse tourner la tête pour un soir ou plusieurs mais pour le moment, la seule chose qu’elle faisait, c’était me prendre la tête…  Pour info, je dessine une tortue mais j’arrive pas à faire des pattes comme je le voudrais à cause de ce putain de cœur que je veux cacher… Pourquoi je lui avouais ce que je faisais ? Aucune idée !

   

   

Lorsque je rencontrais quelqu’un pour la première fois, il y avait trois choses que je détestais, qu’il me dérange dans ce que je faisais, peu importe la nature de mes actions, qu’il me pose des questions sur la cicatrice ornant mon bras ou qu’il ne se présente pas. La jolie rousse avait déjà réussi à faire deux de ces choses. Autant vous dire que plus les minutes avançaient et moins j’étais enclin à me montrer social. En revanche, je ne pouvais nier qu’elle avait un calme assez remarquable au vu de mon caractère que je lui exposais en pleine face depuis qu’elle avait osé ouvrir la bouche pour me parler. Elle finit par complimenter ma tortue et s’en alla. C’est cela au revoir ! Je repris mon œuvre alors que la jeune femme s’en allait. Je fus surpris de voir son chien repassé tout de suite après. Elle s’était en fait assise sur le banc à 10 mètres de là ou j’étais. Je levais les yeux au ciel, elle n’était en fait pas partie pour de bon. Mais c’est alors que je pensais avoir fini mon œuvre que le chien de la demoiselle se ramène devant moi pour poser sa balle à mes pieds. Je regardais le chien et un sourire accrocha mon visage. L’avantage avec les chiens, c’est qu’on comprend très bien ce qu’ils veulent sans pour autant qu’ils soient dotés de la parole. J’attrapais donc la balle et la renvoyais de mon bras non blessé au loin pour le faire courir. J’avais beau avoir eu une mauvaise première rencontre avec sa maitresse, ce chien n’y était pour rien. Je me lèvais pour voir le résultat de mon œuvre. A vrai dire, je n'étais pas contre un avis extérieur mais ce n’était pas vraiment dans mon tempérament de m’excuser. Oui mais voilà, c’était quasiment ma seule chance de savoir si j’avais quand même un peu de talent ou si ma mère me racontait vraiment des salades lorsque j’étais enfant. Je me levais donc et m’avançais vers la jeune fille. Excuse-moi pour ma réaction violente… Est-ce que tu pourrais juste jeter un coup d’œil à ma tortue et me dire honnêtement ce que tu en penses ? Je détestais venir quémander ainsi et malgré la beauté manifeste de la jeune femme et sa gentillesse, j’étais sûr que mon caractère ne serait jamais compatible avec le sien. Elle était un peu trop gentille, un peu trop belle, un peu trop tout en fait, elle était du genre miss parfaite alors que j’étais du genre arrogant et je vis ma vie comme je l’entends et si ça ne vous plait pas, tant pis pour vous…
   

   

Les excuses avaient été prononcés des deux côtés. Je m’étais excusé pour mon comportement brusque et peu sociable, la jolie rousse l’avait fait pour m’avoir surpris et critiquer mon travail. Je tentais un sourire mais cette jeune femme ne semblait pas vouloir me le rendre, qu’importe, ce n’était pas pour ça que j’étais revenu vers elle. Un avis sur mon dessin, c’est tout ce que je désirais, me faire une amie ne m’intéressait pas, surtout que nos caractères se semblaient vraiment pas collés. Trop impulsif pour la douceur dont la jeune femme semblait faire preuve avec son chien et qui reflétait une douceur avec les humains incontestable.

Elle finit par accepter de me donner son avis sur le dessin que je venais de terminer sur le banc d’à côté. Nous changions donc d’assise pour observer les traits de mon dessin. Au bout de quelques instant, la jolie jeune femme me donna son avis. Simple, efficace, tranchant et plutôt positif, j’étais content de son commentaire. Finalement, ma mère ne devait pas être aussi subjective que ce que j’avais toujours cru, j’étais peut-être vraiment doté d’un petit peu de talent en dessin. Bon ce n’était peut-être qu’un tout petit talent voire même juste une prédisposition mais j’étais quand même content que quelqu’un d’autre que celle qui avait engendré ma vie me dise que mon dessin était potable. Tu penses que si je trace un petit trait juste ici… Je montrais un endroit avec mon crayon puis fis le dit trait. Comme ça ? Je m’écartais ensuite pour que la jeune femme puisse observer le nouveau résultat.

Bon par contre, la jeune femme partageait un de mes défauts, la modestie. En effet, sa réflexion sur le fait que tout le monde n’aurait pas vu ce détail montrait que comme elle, elle l’avait vu, elle n’était pas madame tout le monde. Je ne relevais pas, les défauts de chacun étaient leur problème, pas le mien et sur le coup, la seule chose qui m’intéressait, c’était ce dessin. Bon bah j’ai fini donc je vais y aller… Sauf que le chien de la demoiselle en décida autrement et me posa la balle au pied à nouveau. Je regardais le chien. Il me préfère parce que je lances la balle plus loin ou c’est une impression ?