Maureen +1 202 938 0280

Saturday the 14th, 4h43
Ils étaient en désaccord ces derniers temps, Rhett et lui, mais ça ne changeait rien: si son frère appelait, il décrochait, point final. Même au beau milieu de la nuit. Mais ça n’était pas une voix masculine et assurée à l’autre bout du fil. Tout son contraire, plutôt. « Quoi.... ». L’urgence dans sa voix était palpable, sa détresse transformant ses paroles en un flot saccadé et inquiétant. Il n'en fallait pas plus pour le réveiller, soudainement alerte et tendu. « Maureen, calme-toi, respire » tenta-t-il d’interjeter entre ses prises de souffle humides, tandis qu’elle lui délivrait un récit qu’il avait anticipé. « Qui est venu le chercher ? » demanda-t-il tout de même, le ton à la fois pressant et rauque. Mais, bon dieu, il le savait. Ne l’avait-il pas prévenu? Ne l’avait-il pas mis en garde, encore et encore, pour n’être confronté qu’aux moqueries et à l’indifférence de son frère? Dans son arrogance, il s’était cru intouchable, comme si leur milieu n’était pas un milieu fait de vices et de trahison. Nash était en colère. En colère contre Rhett pour avoir été assez bête pour provoquer cette situation, et contre ceux qui l’avaient arrêté pour oser s’en prendre à son petit frère. Nash était déjà debout, rassemblant ses affaires, prêt à agir, même s'il n'avait pas encore une foutue idée de ce qu'il devait faire.

Saturday the 14th, 4h46
Tel un cauchemar récurrent qu'il connaissait déjà sans pouvoir s'en libérer, Maureen lui relatait la descente aux enfers de Rhett. Il ferma les yeux lorsqu'elle prononça le mot "fédéraux", un soupir étouffé dans la paume de sa main. C'est pas possible. Dans quelle merde s'était foutu Rhett! Dans un élan d'hystérie, Nash pensa à ses parents. Fallait-il les prévenir ou attendre d'en savoir plus? Peut-être même leur cacher la situation jusqu'à trouver un plan? Ça allait les rendre fous d'inquiétude! Ils étaient des gens modestes, à des années lumière de se voir impliqués dans des histoires de magouille et de délits fédéraux! Nash était incapable de discerner où son inquiétude commençait et où sa colère prenait le relais. C'était le milieu de la nuit bon sang. Mais il avait Maureen, désemparée au bout du fil, et il fallait qu'il prenne chaque chose une par une.  « Ok, ça va aller Maureen » mentit-il pendant que son cerveau tournait à mille à l'heure. « J'arrive tout de suite ». La rue était déserte à cette heure-ci, et le bruit de sa portière semblait assourdissant dans la pénombre. « Je vais appeler mes contacts, essayer d'en savoir plus et voir ce qu'on peut faire pour aider Rhett » promit-il, bien qu'il n'ai aucune idée de la marge de manœuvre qu'ils pouvaient avoir. « Je suis là dans 10min. Respire. » répéta-t-il, brusque mais maîtrisé, avant de mettre le contact.