Lost & Found. Ft. Derrick

Enfoncée dans le siège de cuir du taxi, Lisbeth regardait le paysage familier s’effacer à travers la vitre sale. Ce trajet, depuis le temps, elle le connaissait par coeur. Ce voyage avait été décidé en coup de tête si elle devait être totalement honnête avec elle-même. La jeune femme n’avait pas prévue de partir pour quelques mois parcourir l’Asie. En réalité, elle ne s’était seulement rendue compte qu’elle devait prendre le large une fois son large sac à dos rempli d’un tas d’affaire pêle-mêle. Sac de voyage qu’elle emportait à chacune de ses excursions. Un large sac à dos délavé, usé mais orné d’un souvenir de chaque pays qu’elle avait visité. C’est un dire, des tas. Son sac à motif mosaïque gisait dans le coffre du taxi. La belle brune n’avait pas prévu d’informer qui que ce soit, pas avant qu’elle soit déjà à des milliers de kilomètres. Elle avait laissé à Maxine, une enveloppe rempli de cash, un carte bleu, un frigo, pour une fois plein et lui avait laissé quelques instructions pour prendre soin de Nagini. Rien de bien affolant en soit. La bête n’avait seulement besoin d’une souris par mois et d’un peu d’eau pour vivre. Lisbeth admirait la simplicité de la vie de son serpent domestique. Mais voilà, elle avait claqué la porte de son appartement pour se retrouver nez à nez avec Derrick. C’est la raison pour laquelle son sac n’est pas sur le siège à côté d’elle. Le brun y est, semble-t-il, bien installé. « J’allais vous appeler Jared et toi. », elle tient à lui dire parce qu’elle est une saloperie, une personne sur qui l’ont ne peut jamais compté, certes. Mais elle ne veut pas partir sur une mauvaise note avec lui aussi. Le fait est qu’elle ne peut plus rester ici, pas quand tout devient si intense autour d’elle. Pas quand les gens commencent à établir une routine avec elle, à s’attendre qu’elle soit toujours là. Pas quand elle commence à se complaire dans cette vie qui sera pour elle si éphémère. Le taxi fait halte et la belle brune sort de la poche de son mini short en jeans quelques billets en boule. Elle en déroule un et lui tend. « Garde la monnaie, chef. », il y avait bien au dessus du compte. L’homme la remercie et va pour sortir du véhicule mais elle le devance. « Le jeune homme a commencé la musculation, il va s’en occuper. », elle lui fait un clin d’œil et sort de la voiture pour aller ouvrir le coffre mais elle n’attend pas l’aide de Derrick pour s’armer de son sac à dos. L’effort est certain mais la force de l’habitude empêche à son dos une plainte. Lisbeth lève finalement ses prunelles bleu ciel vers ceux plus sombre de son plus vieil ami. Ses lèvres s’élargissent d’un sourire, masquant une fois de plus tout ce qui la tourmente avec aisance. Un tas de choses se sont passées. Trop de choses ont été dites. Ce voyage se présente pour elle comme cette vague qui vient balayer des lettres informes sur le sable chaud. « Tu me dis pas au revoir? », ils sont encore à l’extérieur et ils ne se sont encore pas dis grands choses mais elle n’a pas envie de rendre ce départ plus difficile que ça ne devrait l’être.

Rongeant la peau bordant l’ongle de son pouce, Derrick vient de lire le dernier sms de sa copine, celle qu’il doit embobiner pour lui faire croire qu’il est amoureux. Est-ce qu’il l’est ? Si oui, il n’en a aucunement conscience, son cerveau lui dit que non, car tôt ou tard s’il tombe amoureux il n’y aura pas un cœur brisé mais deux et pour lui, aussi égoïstement que soit cette réflexion, il est hors de question qu’il fasse face à une nouvelle peine d’amour. Isobel l’a assez détruit comme ça, il ne veut pas l’être davantage. Toutefois, il ne peut nier trouver l’actrice belle, attachante et excitante. Cette pureté, il aimerait ne pas la souillé, mais son corps il ne le contrôle pas. Il ne l’a jamais vraiment contrôlé en trente ans. Passant son pouce sur ses lèvres après avoir délaissé la chair qu’il mordillait, il pose son regard sur une porte. Sa porte. Celle d’une femme avec qui il arrive à être lui-même. S’il vient la voir c’est justement pour ça, parce qu’il a besoin de se changer les idées et être lui. Pas le faux petit ami. Pas le pote. Pas l’acteur. Mais l’animal. Sa main se hisse pour venir toquer, mais la porte s’ouvre avant. Stoïque, il regarde la brune un pack sac sur le dos. Et voilà qu’avant même qu’il ne dise pourquoi il était là, pourquoi il avait besoin d’elle, il est assis sur la banquette arrière d’un taxi en direction de l’aéroport. La conversation n’est pas des plus animées, Derrick est tout simplement perdu dans ses pensées. Il débarque une fois que Lisbeth ait payé sa course et se dirige vers l’arrière où elle récupère son sac. « Hum... » En fait son cerveau n’est autre qu’une bitch. « C’est drôle la dernière fois qu’on a été ensemble à l’aéroport c’est quand je suis parti » Il n’a pas pris le temps de retenir ses mots et voilà qu’il réalise l’entendu de ses paroles, cette nostalgie présente au fond de sa voix. Mais ça ne s’arrête pas là, si ça avait pu... « Tu es certaine de vouloir partir ? » Il n’a plus quatorze ans et pourtant, il récent ce même sentiment que cette fois tous les deux se sont embrassés pour la première fois.

La brunette laisse Derrick prendre son sac à dos des mains, la soulageant ainsi d’un point qu’elle peinait tout de même à porter. Elle ne sait plus ce qu’elle y a fourré à l’intérieur mais elle s’est tant de fois préparée pour ce genre d’occasion qu’elle pouvait se faire confiance d’avoir emporté le strict minimum de survie. De toute manière, ce n’est pas comme si elle ne pouvait pas monnayer quelques dollars américains contre ce qu’elle vient à manquer. Le fait est qu’elle est à ce point décidée à quitter la ville. Lisbeth n’a pas envie de penser à chaque jour qui passe en croisant le regard de Maxine, à Scott, qui n’était plus là. Elle n’a pas envie de penser à cet ami si proche qui s’enfonce également vers sa tombe. Pas envie de penser à Lennon qui est bien trop pure pour se risquer à orbiter autour d’elle. Pas envie de penser à Spencer qui malgré tout, lui reste indifférent. Pas envie de penser à Jared, qui sait à présent qu’elle n’est qu’une abominable menteuse. Et pas envie de penser à cet homme en face d’elle, pas envie qu’il lui rappelle que les choses auraient peut-être pu être différente. Mais elle n’a pas envie non plus d’avoir ce cœur défaillant, pas envie non plus de renoncer à tout ce qu’elle aurait pu avoir et qu’elle touche presque du doigt, aujourd’hui. Mais dans la vie, certain n’ont pas le luxe d’avoir ce qu’ils désirent. Et fuir, c’est bien tout ce qu’il lui reste à faire, tout ce qu’elle sait faire. Les mots de Derrick lui font dévier le regard, sortir de la poche arrière de son jeans son paquet de clopes ratatiné. Elle se sert et tend le paquet vers lui. « Ouais... », elle range le paquet et laisse la flamme de son briquet venir lécher sa cigarette et lui tend également. « Je me souviens. », difficile d’oublier. Ces yeux larmoyants, ces faux sourires et ce baiser. Elle avait été inconsolable. La norvégienne se souvient également lui avoir dit entre autres qu’elle aurait aimé le retenir. Quinze ans plus tard, c’était quinze ans trop tard. Elle lui sourit et hausse les épaules, fumant doucement sa cigarette. « C’est pas tant que je le veux, je le dois. », elle ne trouve pas d’intérêt à mentir sur ce point. « Cette vie devient trop... compliqué. », elle parle en faisant de grands gestes avec les mains, envoyant sa cendre polluer les airs. « Fais pas cette tête, y’a d’autres bonnes meufs en ville. », le serieux, avec elle n’est jamais de longue durée.

Le sac de la brune dans une main, il pose son regard sur elle. Les mots qu’il lui dit, il sait qu’il aurait mieux fait de les garder pour lui. Les enfouirent comme il l’avait fait autrefois pour ses sentiments. Il prend le paquet de clope qu’elle lui tend et porte le bâtonnet cancérigène à ses lèvres avant de l’embraser à l’aide du briquet qu’elle lui a aussi tendu. Son regard se porte sur la fumée qui s’échappe de sa clope, sillonnant dans l’air pour s’évaporer dans celle-ci. « Tu le dois ? » demande-t-il en haussant un sourcil. Il ne comprend pas. Personne ne la menace, alors pourquoi prendre une telle décision ? Il balance le sac de la brune sur son épaule comme si celui-ci ne pèse rien. « Tu crois que la vie est facile pour les autres ? On peut pas fuir notre propre vie Lis. » dit-il en plongeant son regard dans ses prunelles océaniques. « On a tous des vies compliquées, moi le premier. Et pourtant, je fuis pas devant tout ça. Et je cherche pas non plus juste à baiser une bonne meuf » rajoute-t-il en en lui faisant un sourire en coin. Il sait que Lisbeth n’est pas n’importe quelle meuf, elle est beaucoup plus que la plupart des filles à qui il accorde un intérêt particulier. Pour lui, elle est bien plus qu’une simple « bonne meuf », il la laisse faire ce dont elle a envie et souvent leur jeu prend une tournure assez hardcore.

Elle ne se donne pas la peine de masquer son ennuie quand elle lève les yeux au ciel. Lisbeth n’a certainement pas besoin qu’on vienne lui faire la morale ou lui dire ce qu’elle avait le de croire et penser ou faire. Elle n’a jamais été fichue d’écouter de toute manière, toujours à n’en faire qu’à sa tête. Ce, même quand elle n’avait pas les idées les plus lumineuses. Mais oui, elle sait que la vie n’est pas facile pour tout le monde. Elle n’était pas nombriliste au point de ne pas le voir mais s’en soucier relevait d’une autre paire de manches. Malgré la visière de sa casquette, les prunelles tempétueuses de Derrick emprisonnent les siennes et cette fois, elle se perd dans leur profondeur. Plissant toutefois les yeux pour échapper à la volute toxique de sa clope. Elle choisit d’être honnête encore une fois, si ce n’est pas avec son plus vieil ami, et bien avec qui? « La dernière fois qu’on était ici, c’était sûrement la seule fois où je n’ai pas envisagé de fuir. », elle chasse une fois encore le sérieux de cette conversation avec un léger rire. Elle lève les sourcils de manière suggestive, s’approchant pour donner un petit coup de hanche à son ami. « Hmm, les bonnes bites t’intéressent finalement ? », un enfant passe les yeux en soucoupe et le père la foudroie du regard. Bien loin de se sentir gênée, ça ne renforce qu’un peu plus son hilarité.

Derrick connait bien Lisbeth, il sait que même s’il dit quelque chose, ça ne changera rien. Elle fait à sa tête et elle fera sans doute toujours à sa tête, mais il lui dit. Il ne ressent pas de gêne à lui dire ce genre de chose, les contenances très peu pour lui. Il trouve que fuir sa vie n’est pas une solution, après tout, elle finit toujours par nous rattraper. Il fronce les sourcils. « Et pourquoi tu aurais pu fuir ? C’est moi qui partait et non toi. » Il dit cela, alors qu’il sait bien que si elle lui avait demandé de rester, il l’aurait sans doute fait. Il aurait pu rester pour elle, mais personne ne l’a retenu ce jour où il a choisi une carrière à la vie. Mais il est tout simplement impossible d’avoir une conversation sérieuse avec la brune, Derrick le sait et pourtant, il essaie encore, mais lorsqu’elle plaisante, il jette l’éponge. Une grimace s’affiche sur son visage. « J’aime que la tienne, tu le sais bien. » Son regard se porte sur le père de l’enfant qui passe près d’eux. « Vous pourriez surveiller votre langage ! » dit l’homme, ce qui fait éclater de rire le brun. « Hmm, je crois bien qu’on a choqué le pauvre monsieur. » plaisante-t-il une fausse moue sur ses lèvres, sa clope au bord des lèvres. « Si tu pars avec qui j’aurai des conversations choquantes comme ça ? » demande-t-il en passant son bras libre autour des épaules de la brune.

Elle hausse une nouvelle fois les épaules. Comme si, jamais rien ne pouvait l’atteindre. Comme si elle était insensible à ce genre de choses alors qu’elle aurait juste aimé l’être. Mais elle est toujours parvenue à le faire croire et ça, c’était le but premier. « Il n’y a pas seulement la fuite physique. Je veux dire que tu partais mais j’avais pas prévue de te laisser faire aussi facilement avant d’arriver à l’aéroport. Mais je me suis dis que ta vie t’attendais que je ne pouvais pas te retenir. Je me suis dis que j’avais sûrement pas le droit de t’empêcher de le faire juste parce que j’avais eu envie de vivre la mienne. », elle reste honnête, bien que cryptique. Bien trop fière pour admettre certaine chose même si aujourd’hui, ça n’a sûrement plus aucune importance. Un sourire étire le coin de ses lèvres. « Tu admets donc que tu l’aimes ma queue. », elle ne sait pas pourquoi est-ce qu’il la laisse s’amuser autant de son corps mais elle sait qu’elle le laisse jouir librement du sien parce qu’elle a en lui une confiance aveugle. Parce qu’elle ne ressent pas forcément le besoin de prendre les reines de leurs ébats. Il est lui et elle est elle, ils sont eux. Et ensemble, ils sont sur un pied d’égalité. Lisbeth l’estime et l’aime bien trop pour ne penser qu’à elle quand elle est avec lui. Pendant tout l’échange avec l’étranger offusqué, elle avait rit. La brunette balance d’une pichenette sa clope et lève le regard vers son ami, se laissant aller contre lui. « Jared? », elle rigole et baisse le regard vers le  poignet de Derrick, la montre indiquant que les banques d’enregistrement devaient à présent être ouverte depuis une bonne heure. « Je vais revenir, Rick. Soit pas aussi dramatique. », elle a reprit un semblant de sérieux pour lui offrir un sourire sincère, rassurant.

Derrick ne sait pas quoi dire, il la regarde haussant les sourcils. Il n’est pas certain si ce qu’elle dit c’est réellement ce qu’elle sous-entend. En fait, il en sait foutrement rien et il n’aime pas cette sensation de ne pas savoir. Il se gratte le front, songeur, avant de dire des mots qu’il ne pensait jamais évoquer. Trop longtemps enfoui en lui, oublié ou simplement caché sous cet amoncellement de crasse. « Je ne pense pas que j’étais prêt à partir… Mais personne ne m’a retenu, alors au final, je n’ai pas vu l’intérêt de rester, alors que mon meilleur ami partait et que la fille que j’aimais ne m’a pas retenue. Pourquoi, je serais resté… » Il dirige son regard vers le ciel, encore plus songeur. « Cette vie, je n’en ai jamais vraiment voulu, mais voilà, c’est celle que j’ai et je suis pas prêt à la changer. De toute façon, je ne saurais rien faire d’autre que ce que je fais en ce moment. » Il fini par hausser ses épaules, chassant cette mélancolie qui a refait surface. Sa vie, il ne l’a jamais vu ainsi. Plus jeune, il voulait concevoir des jeux vidéo, il ne souhaitait pas être acteur, ni chanteur. Et pourtant, tout c’était placé de sorte qu’il soit une célébrité de plus en plus connue. « Tu crois que si ça me déplaisait, j’te laisserais me la mettre ? » Il ne sait pas trop pourquoi il la laisse faire, mais avec elle il se sent libre d’être une part de lui, cette part qu’il cache bien souvent et celle-ci, il ne lui connait pas de limite. S’il n’est pas prêt à baiser avec un mec, il n’a rien contre que ce soit elle qui le fasse, simplement parce que c’est Lisbeth. Une autre tenterait sa chance, elle n’aurait pas le même résultat que la brune. Il ne faut pas croire qu’il permet ça à tout le monde. Bras autour du cou de la brune, il pose son regard sur elle, un sourire en coin. « Hum… Je me vois mal dire à Jared que j’aime bien me faire enculer par toi. Déjà qu’il doit pas être trop chaud de savoir que je baise sa meilleure amie ! » plaisante-t-il, il sait qu’elle ne parle pas de ce sujet de conversation en particulier, mais il se plait à le souligner. Il la presse un peu plus contre lui. « J’espère ! Sinon j’irai te chercher pour te ramener par la peau de ton joli p’tit cul ! » Il lui sourit, même si au fond de lui, il n’est pas certain si elle dit vrai. Après tout, que fuit-elle ainsi ? Il jette à son tour son mégot avant de passer les portes d’entrer dans l’aéroport. « Tu sais où tu vas au moins ? »

La fille qu’il aimait. C’était une chose de se dire qu’elle avait manqué sa chance, une autre de comprendre qu’elle n’avait eu aucune chance, dès le départ. Et cette sempiternelle voix, qui pourrait aimer une personne comme toi? Personne, pas même Derrick. Malgré toutes ces années qui la séparait de cet instant où elle lui avait volé ce baiser, se rendre compte une quinzaine d’année plus tard qu’il n’y avait sans doute répondu que par pitié ne la laisse pas de marbre. Lisbeth masque toutefois sa déception derrière un de ces sourires dont elle-seule semblait avoir le secret. Ce qu’il lui dit ensuite ne l’étonne guère. Derrick n’est plus celui qu’il était. Il en est même à des années lumière. Et si elle n’a jamais demandé concrètement ce qui lui était arrivé, elle n’était pas suffisamment dupe pour croire que ce changement drastique n’avait pas une cause particulière. La brunette avait attendu qu’il lui en parle et comme il n’avait jamais choisi de le faire, elle avait l’accepté. Mieux que quiconque, c’est le comprenait que parfois, il y avait certaines choses qu’on préférerait garder intime. « Tu n’as qu’une seule vie. Si tu ne l’aimes pas comme tel, il ne tient qu’à toi d’en faire autre chose. T’es un garçon débrouillard, tu saurais rebondir si tu en avais vraiment envie. », il avait la vie devant lui et sa résignation à se complaire dans celle-ci alors qu’il n’est visiblement pas épanoui, elle ne le comprend pas. « Si tu n’avais pas envie de partir. Tu aurais dû rester. Levi était là-bas mais moi, j’étais ici. », elle choisit de ne pas relever le sujet de cette mystérieuse fille dont il était amoureux. Même si la curiosité la gagne à mesure que les secondes passent. Elle passe sa main en travers de son dos et agrippe son t-shirt pour maintenir cette proximité entre leurs deux corps. Elle garde ce petit sourire au coin de ses lèvres, rictus qui ne fait que s’élargir par ses propos. « Je ne sais pas comment déplaire. », elle laisse glisser sa main vers son cul, dans la poche de son jeans et lui agrippe fermement la fesse. Ça l’excite, il suffit d’un rien avec lui. Elle éclate de rire et secoue la tête. « Je baise qui je veux et toi aussi. Puis, je l’adore mais je sais pas s’il pourrait comprendre pourquoi tu me laisse te défoncer le cul. », Elle continue de rire alors qu’Ils pénètrent l’enceinte de l’aéroport et elle l’entraîne vers des écrans d’affichage pour voir où son vol s’enregistre. « Je suis presque tentée d’attendre que tu viennes me chercher. », elle ne sait pas encore quand elle rentre mais elle finira par revenir, elle le sait. Sauf s’il lui arrive malheur à l’autre bout de la planète. Elle lève le doigt pour pointer sur l’écran son vol. « Kuala Lumpur. », elle lui dit comme s’il n’avait pas juste pu lire l’écran. « Banque 320 à 330. », elle lève les yeux pour regarder la direction à suivre et ouvre simplement la marche. Mais à ce point, la curiosité a eu le meilleur d’elle-même. « C’était Carson? La fille que t’aimais. », après tout, il avait perdu sa virginité dans les bras de la brune et il devait y tenir d’une certaine manière s’il vit aujourd’hui avec elle.

« Je m’en plains, mais au fond ça ne me déplait pas totalement. Il a des choses que je ne peux changer, mais pour une fois je fais des choix que j’apprécie. Ma carrière n’est pas si nulle, même si ce n’est pas d’elle que j’ai rêvé pendant si longtemps. Et je suis pas si débrouillard, tu me vois arrêter ma carrière d’acteur ! Je serais réduit à faire quoi ? Acteur de porno ? Mannequin pour playgirl ? Faut pas exagérer, sans diplôme je risque pas de pouvoir faire grand-chose. » Son lycée loin d’être fini, ce contrat qui le lie à Terrence, Derrick n’est pas con, il se sait en cage, mais bientôt il pourra être libre. Bientôt il pourra faire ses propres choix. « À quinze ans, on ne réfléchi pas toujours ! J’ai préféré un mec à une meuf, j’te jure je devais pas avoir toute ma tête. » Un sourire plane sur ses lèvres, il s’élargit même lorsqu’il sent sa main glisser sur son cul et l’empoigner fermement. Elle le chauffe et il fait tout en son pouvoir pour ne pas régir. Il suffit d’une étincelle avec lui pour qu’il s’embrase en entier. Lui non plus pense pas que Jared pourrait comprendre toute l’étendu de ce qu’ils peuvent faire et bien qu’il soit son meilleur ami, il y a bien des choses qu’il ne lui dit pas. En fait, qu’il ne dit à personne. Peut-être que ça vaut mieux ainsi. Il n’est pas prêt à ce qu’on sache qui est le véritable Derrick, lui qui a fini par être souillé au point qu’il n’a pratiquement plus de morale. Tout n’est pas lié qu’au sexe et si son entourage apprenait tout ce qu’il faisait ou avait fait, il perdrait tout. Et ça, il ne peut pas, il a besoin de ces personnes autour de lui pour ne pas se noyer. Il a besoin de Lisbeth, même s’il ne le dit pas aussi clairement qu’il peut le penser à cet instant alors que son regard se pose sur elle. La chercher… Il braverait vent et marré pour la retrouver s’il le faut. « Tu sais bien que je le ferais. Tu l’as dit toi-même, je suis débrouillard. » Il regarde l’écran, décidément elle va bien loin pour fuir. Elle ne lui donne pratiquement pas de chance pour la retrouver. Il la suit, s’arrêtant net pour éclater de rire. « T’es sérieuse, Carson ? Eh oh c’est pas parce qu’elle m’a pris ma virginité qu’elle m’a pris mon cœur. » Il hausse un sourcil. « God, je pourrais devenir poète, écrivain à l’eau de rose avec un baratin comme celui-là. » Il rit. « Carson c’était juste une meuf comme une autre.  Je pensais jamais la revoir de ma vie. Et puis c’est comme si on disait que tu aimes Jared parce qu’il a pris ta virginité… C’est complètement absurde. » Il s’arrête tout de même, reprenant son sérieux. Il ne l’a jamais dit, à personne. Pas même à la concerner et même s’il ne sait pas s’il éprouve la même chose qu’il y a quinze ans, cette fois, il se dit que peut-être qu’il serait temps de laisser un secret se retirer de ses épaules. « J’aurais voulu que ce soit une autre. Je pensais que se serait une autre, mais elle a été voir ailleurs. Tu as été voir ailleurs. » dit-il en détournant le regard, un peu mal à l’aise de dire ça ainsi en plein milieu d’un aéroport. « J’ai longtemps cru que y’avait quelque chose entre nous. Quand tu m’as embrassé ce jour-là, je pensais que… en fait, j’ignore ce à quoi je pensais, mais rien ne s’est passé comme je croyais que ça arriverait. » Il se passe une main sur sa nuque, avant de chercher du regard les indications à suivre, reprenant son chemin.