kara&baby ▬ On n'est pas à Poudlard, la magie n'existe pas.

Les rencontres avec la direction d’établissement étaient inévitables quand on était enseignant, mais cela ne voulait pas dire que cela me mettait à l’aise pour autant. Après maintenant plusieurs années d’enseignement, j’étais connue de mes supérieurs, je supposais qu’ils étaient satisfaits de mon travail, mais malgré ça, je gardais en tête l’idée que si je pouvais faire profil bas, être convoquée le moins souvent possible, alors c’était tant mieux. Sauf que là, aujourd’hui, je ne pouvais pas faire autrement que d’être présente, puisque la situation me concernait directement. En effet, il était prévu que je m’assied avec le principal et une de mes élèves, Kara, pour discuter de son retour prochain en classe suite à sa suspension, suspension qui avait été mise en application suite à un incident qui s’était produit pendant mon cours, sur ma personne qui plus est. Des accrocs, j’en avais connu précédemment, comme tous les enseignants, mais celui-ci me rendait encore plus mal à l’aise. Était-ce parce que jamais personne n’avait été aussi directe qu’elle ? Ou bien était-ce parce qu’elle était la soeur d’Andy, mon ex-fiancé ? De mon côté, j’avais toujours fait mon possible pour ne pas laisser ce détail affecter mon enseignement et le traitement que je lui réservais en classe, mais de son côté, faisait-elle la même chose ? Tristement, j’avais l’impression que ce n’était pas le cas, et cela me mettait, je le pensais, dans une situation délicate, cette situation où je ne savais pas ce que je pourrais dire au directeur pendant cette rencontre, comment le tout allait se passer, rien de tout cela. Plutôt nerveuse, je me levai malgré tout à la même heure que d’habitude, tentant de profiter du bref moment que je passai avec mon fils pendant le petit-déjeuner, puis pour aller le déposer à l’école, pour me changer les idées. Inutile que je fasse part à Sydney de mes tourments, celui-ci ne ferait certainement que me répondre qMais bien rapidement, quand je garai mon véhicule, le stress vint m’envahir de nouveau, si bien que je n’eus pas d’autre choix que de prendre un bref instant pour inspirer profondément, fermer les yeux, me convaincre que ce n’était qu’une rencontre routinière, rien qui changeait à d’habitude, que les questions seraient probablement les mêmes que lorsque n’importe quel élève était sur le point de revenir à l’école après une suspension. Marchant avec cette idée, essayant de le faire en tout cas, je quittai ma voiture, puis je me rendis à l’entrée du lycée, choisissant de ne pas faire de détour par mon bureau et tout de suite signifier à la réceptionniste, que je connaissais plus que bien, que j’avais rendez-vous avec son patron. Elle me signifia que celui-ci n’était pas encore arrivé, mais que cela ne saurait tarder, puis m’invita à prendre place sur une des chaises non loin de son bureau, ce que je fis sans me faire prier, tentant tant bien que mal de ne pas faire paraître mon stress qui était soudainement revenu pendant cette attente.

Quelques minutes après mon arrivée, Kara fit également son entrée dans la supposée salle d’attente du bureau du directeur. Je l’avais vue, vu l’espace restreint, il était difficile de rater quelconque aller ou venue dans cette pièce, mais j’avais décidé de ne pas lui adresser la parole pour le moment. Pourquoi ? Non pas parce que j’étais malpolie, mais au vu de notre historique, de notre relation déjà délicate à la base, je ne voulais pas envenimer les choses alors qu’il n’y avait personne pour arbitrer la conversation. Non pas que je craignais de m’emporter, ou que je craignais pour ma propre sécurité devant elle, mais parce que je me disais que c’était la chose la plus professionnelle à faire. Et puis, si jamais j’en étais venue à lui adresser la parole, qu’est-ce que je lui aurais dit ? Rien d’utile à détendre l’atmosphère à trancher au couteau, ça, j’en étais certaine. Me disant que le silence était la meilleure option dans le cas présent, je me rendis rapidement compte que la demoiselle ne partageait pas mon opinion. En effet, elle préféra engager la discussion, sur un ton froid et particulièrement haineux, à croire que sa suspension ne lui avait rien appris. Tristement, je n’en fus pas trop étonnée; Kara me gardait une rancune vieille de plus de dix ans, deux semaines de suspension n’allaient pas estomper tout ça. Malgré tout, il me fallut inspirer pour faire fi de son ton irrespectueux pour une conversation entre un enseignant et un élève, sachant très bien que si jamais je perdais mon calme, c’était susceptible de se retourner contre moi et franchement, je n’en avais pas envie. Au final, je parvins à lui répondre, d’un ton relativement neutre:  « La suspension, ce n’était pas ma décision. C’est la conséquence réservée à tout élève qui manque de respect à un enseignant. » Bon d’accord, il était vrai que j’aurais pu ne rien dire, régler ça qu’avec elle, mais la vérité était qu’elle avait dépassé les bornes. Normalement, je n’aimais pas impliquer la direction dans mes soucis de gestion de classe, sauf que si jamais je n’avais rien fait, ma crédibilité aurait été profondément touchée, et ce n’était pas quelque chose que je pouvais me permettre, pas alors que sa haine envers ma personne n’avait rien à voir avec son cours de littérature. De mon côté, j’avais tenté de faire avec et ce, depuis le début de l’année, mais avec le retour d’Andy en ville et tout ce qui venait avec, si jamais Kara ne faisait pas sa part, je n’étais pas sûre que je serais en mesure de faire comme si de rien n’était suite à son retour en classe. Peut-être devrais-je en tenir mot au principal pendant notre rencontre ? Si jamais le sujet venait à tourner de ce côté, c’était une éventualité que je pourrais sérieusement considérer.