Perdu de vue ➤ Ethel

Le bruit, le bruit des sabres lasers, des bombes qui explosent, les enfants criant, tel était ton quotidien, c'était le bruit de fond là ou tu travaillais, tu aimais ça en quelque sorte, toute cette agitation délicieuse, ça te permettait de moins réfléchir, de ne plus t'enfermer dans ta bulle de solitude, de ne plus penser à elle ... Le soir, dans ton silence, tu avais beaucoup trop loisir à laisser la tristesse te pénétrer, là entre les sourires, les conseils que tu devais donner et le sérieux que tu devais laisser paraître malgré tout, le jeu vidéo était dans toutes tes pensées. Peut être était ce une des raisons pour que tu aimes tellement ce monde totalement déconnecté de la réalité, les pixels, les images crées de toute pièce te rassurait tout simplement. Tu travaillais déjà depuis trois bonnes heures, tu n'étais pas prête d'avoir fini et tu t'en fichais, surement une des seules personnes triste à l'idée de rentrer chez soi, chez toi, chez toi seule avec ta télé, ton chocolat chaud et tes photos se trouvant sur chaque surface plane gorgées de souvenirs qui te sert la gorge à chaque coup de regard. Tu irais peut être chez Julian ou tu lui proposerais une partie en ligne, Julian ... Surement devenue la personne la plus importante pour toi, ta bouée de sauvetage, ton petit atome d'oxygène. Briseur de ta bulle de solitude. Tu ne finissais qu'a la fermeture, vingt et une heure aujourd'hui. Tu te ferais peut être des pâtes en rentrant, oui des pâtes, simple vite fait et tu ne risquais en aucun cas de faire bruler la maison, toi la cuisine ce n'est vraiment pas ton endroit préféré ... A part pour explorer chaque plan de travail ... « Bonjour ! ». . Boum, tu sors de tes pensées, les gens le savaient, les gens aimaient ce coté déconnecté chez toi, ce coté bizarre ou tu regardes dans le vide mais là ce n'était pas vraiment une personne qui venait souvent, tu avais tes habituées, ceux qui venaient ici comme toi, tout les jours ... De ceux qui avaient aussi besoin de fuir la réalité, comme si la porte du magasin bloquait chaque mauvaise pensée qui attendaient bien sagement devant la vitre mais là, celui là il n'était jamais venu, il avait un air familier. Tu ne savais plus vraiment d'où mais tu étais sure d'avoir déjà vu ce sourire poli quelque part, surement dans un songe ou un déjà vu. Il était vraiment beau, à ton gout ... Bel homme grand, musclé comme tu les aime, tu pourrais lui proposer un verre, après tout les filles qui n'ont pas froid aux yeux ça plait toujours aux hommes et essuyer un refus ne te fait pas vraiment peur, après tout qu'est ce que tu as vraiment à perdre à l'inviter boire un verre, tu pourrais même trouver un prétexte pour qu'il ne se doute pas vraiment qu'il te plait énormément, juste une rencontre ... amicale. « Ethel ? C'est toi ? ça fait un bail merde ! ». Choc. Eclat de lumière. Ces mimiques, ce regard, ce sourire. Tu savais enfin d'où ça ne te venait, foutu deja vu de rien du tout. C'était Gareth. Ca faisait longtemps en effet ... C'était comme un frère, petit frère, un enfant la dernière fois que tu la vu et là ce n'est plus du tout un enfant, tu n'aurais jamais pu penser avoir des vues sur Gareth, rien que cette idée te fait lâcher un sourire. Tu te rends compte que y a bien longtemps, le fait qu'il ai un an de moins t'a fait oublier qu'il était déjà un homme, quand on est adolescent chaque année compte. Tu devais ressembler à un merlan frit à le regarder comme ça ... Salut Gareth ... Ca fait vr...vraiment longtemps en effet ... Qu'est ce que tu as changé, ça fait combien de temps dis moi ... cinq ans ? Plus même je pense ... On s'est plus vraiment parler depuis ... On était si jeune à l'époque c'est bizarre ...
Grand sourire et pourtant tout se bouscule dans ta tête, tu ne voulais pas vraiment parlé de son accident, tu avais été mise au courant ... même pas par lui, tout ces rêves avaient été brisé comme toi tu as été brisée par la mort de Côme, tout avait tellement changé depuis ce temps là, ce temps ou tu lui sautait dessus par derrière pour qu'il te porte, ce temps ou tu lui pinçais les joues comme un enfant, ce temps ou tu venais le voir à chaque match car ça te permettait de le voir et de l'encourager comme un petit frère pour lui payer une glace après chaque déception.

Tu ne savais pas vraiment comment réagir, ton passé venait te briser en un coup. Tout, tout te revenait en mémoire. L'odeur cannelle de Côme, sa manière d'applaudir quand elle venait voir les matchs avec toi. Tu avais toujours essayé de l'intégrer, Côme. Tu n'avais jamais eu facile à ça, Côme, elle était comme toi, solitaire. Elle aimait le silence, la solitude et puis elle avait peur, ta sœur, peur d'être trop différente, peur d'être regarder d'une manière qu'elle ne supporterait pas. On la regarderait comme une handicapée bizarre elle disait. Elle portait toujours un masque Côme, elle souriait sans sourire, caractéristique des Barrow. En ce moment, elle te manqua plus que tout au monde. Boule dans la gorge, sanglots retenus. Non, tu ne pouvais pas pleurer, pas ici pas maintenant, tantôt quand tu te retrouveras dans ta bulle de solitude. Dans ta bulle bercée de Mozart et de Beethoven. La tu n'étais pas à ta place, dans ce monde rempli de gens, rempli de bruits, rempli de tellement de menaces mais tu joues car toi aussi, tu le portes ce masque. Tu fais semblant d'être heureuse, d'être là ou tu veux être alors que tu ne veux qu'être six pieds sous terre. . « Cinq ans, au moins, oui... Je ne pensais pas te voir travailler ici ! T'as pas mal changé toi aussi, comment tu vas depuis tout ce temps ? ». Cinq ans, ça te parait pourtant être hier et son physique tellement changeant te fait rendre compte à quel point la terre tourne beaucoup trop vite sur son axe. Tu te sens tellement vieille en un coup, tellement ... seule pour ton âge. Toi, tu as perdu ta jeunesse, ta jeunesse on te la bouffer, jeter aux cochons. Il te demandait comment tu allais ... Comment tu vas Ethel ? Bien, mal. Tu ne sais même pas quoi répondre, tu es heureuse à ta manière ... Tu es comme sur un fil, te déambulant dans certains préludes de moments de bonheur pour ensuite succomber dans les bas fond. Tu n'en parle que peu, toi tu ne te plains pas, tu informes des choses mais te plaindre ne changera rien, tu le sais. Ca ne la fera pas revenir, elle ne reviendra jamais. Elle est très bien là haut, bien au chaud, sous un plaid avec une tasse de chocolat et des biscuits au beurre. Oh tu sais c'est un travail comme un autre mais bon j'aime beaucoup travailler ici, j'aime l'ambiance. Et puis ça paie bien, je compte reprendre la boutique dans quelques années, quand le propriétaire me la laissera et là je ferais quelque chose de vraiment sensationnel ici ! Ho moi tu sais il faut bien que ça aille, depuis la mort de Côme, j'essaie de remonter la pente, c'est dur mais bon je n'ai pas vraiment le choix, la vie continue. Esquisse de sourire, ne pas flancher, il faut que tu montres que tu es une combattante, tu peux y arriver, tu le sais. Et toi Gareth quoi de neuf tu étais passé où pour que je ne te vois pas pendant si longtemps ? Tu as réussi ta vie ? Surement mieux que toi en tout cas.