Soirée sous le signe de quiproquo ▬ Riawna

Ce n’est pas de gaieté de cœur que Roman a commencé la journée. Même s’il n’était pas là le jour J, il a pleinement conscience qu’il s’agit aujourd’hui de l’anniversaire de la mort de sa sœur. Anniversaire de mort… il déteste ce mot, il ne sait pas comment les gens peuvent appeler ça comme ça. Lui il ne veut même pas y penser. Il n’a pas besoin de la moindre date pour penser à sa sœur. Pendant longtemps il a ignoré qu’elle avait quitté ce monde et encore aujourd’hui il s’en veut d’avoir pu vivre avec le sourire alors qu’il venait de perdre la personne la plus importante de sa vie et qu’il n’en avait pas conscience. Il n’y pouvait rien, c’est vrai mais d’une certaine manière il se sent coupable. Il aurait dû le sentir, il aurait dû être présent et non pas loin de là sur un bateau de pêche. Mais bon, il sait très bien qu’il est inutile de penser à ça. Penser avec des « si » ne changera rien du tout. Tout ce qu’il sait aujourd’hui c’est que l’absence de sa sœur lui fait horriblement mal et que quoi qu’il fasse il ne peut rien faire pour changer tout cela. Elle est loin, il doit faire avec. Etre auprès de sa nièce l’aide mais ce n’est pas pareil malgré les ressemblances frappantes qu’elles ont toute les deux. Aujourd’hui de toute manière, sa nièce n’est pas là, tout comme l’autre enfant de Riawna dont il doit s’occuper pour le travail et dont il s’attache malgré qu’il n’avait pas vraiment d’attache avec les enfants avant cela. Qui dit absences des filles, dit congés puisqu’il n’a rien à faire aujourd’hui. Il pourrait être payé pour faire à manger, faire le ménage mais non, c’est l’un de ses rares jours de congés et c’est un jour de deuil alors il ne veut pas se tuer à la tâche. Même pour lui il n’a pas assez de force pour faire à manger. La nuit commence à tomber et il compte bien commander à manger. Lorsque Riawna est rentrée, la première chose qu’il a fait en la voyant arriver fut de lui proposer un verre. Tout ce dont il a envie et besoin ce soir c’est de l’alcool, de l’alcool fort pour oublier le temps d’une soirée la douleur. Il aurait été seul il aurait directement bu à la bouteille mais il veut bien partager avec Riawna qu’il connait depuis pratiquement toujours puisqu’ils étaient voisins auparavant et qu’il avait des sentiments pour elle auparavant, ce que , bien sûr, elle n’a jamais su. Après avoir bu un verre, puis un autre sans les compter au final, il commençait enfin à se sentir bien lorsqu’il entendit la sonnette retentir, sans doute les pizzas. « Ouh, ça tourne ! » Dit-il en tentant de se lever, assez difficilement puisqu’il n’a qu’une envie c’est de s’affaler de nouveau sur le canapé. La faim est néanmoins trop forte pour qu’il évite d’aller les chercher. Avec une grande difficulté et un temps inqualifiable, il réussit néanmoins à aller chercher le graal. Revenant avec les cartons de pizza, à peine fut-il une nouvelle fois assis qu’il ouvrit l’un des cartons pour prendre la première part qui se présentait à lui. « A la tienne ! » Dit-il alors qu’on entend bien qu’il est bourré à sa voix. « Si tu vomis ce soir, n’oublie pas que je suis en congés je ne nettoierais pas ! » Puis le voilà hilare, comme si c’était très drôle alors que non, c’est juste l’alcool qui agit sur lui.

Cette journée fût pitoyable, j’avais beau me la ressasser dans la voiture durant le trajet de retour du travail à la maison, il n’y avait rien à faire. Je n’arrivais pas à trouver la chose qui faisait qu’elle était bien ! Je n’avais même pas vu un sourire de l’une de mes filles vu que les deux n’étaient pas présentes. Autant dire que rien n’allait pour moi pour le moment. Un mauvais jour, un mauvais mois, mais aujourd’hui c’était l’une des dates. J’avais beau tenté de me dire que ce n’était qu’un jour, mais rien n’y faisait. La douleur était plus présente en cette maudite date. J’étais toujours triste de repenser à la date de mort de mon amie, mais pas seulement, je savais que celle de mon mari arrivait aussi et que cela me rendait encore plus mal. Je ne savais comment gérer cela, face aux filles, je savais très bien faire semblant, mais je savais que ces deux-là n’étaient pas là, alors comment allais-je faire ? Enfin, j’avais besoin de me détendre, je n’étais pas seule à la maison, sans doute que Roman serait là et donc je devrais le supporter. On parlait, mais c’était un peu plus froid de mon côté par sa faute. J’en démordrais pas, sa fille tout comme moi avions le droit de lire les romans biographique écrit par ma meilleure amie. Comment serais-je les choses que j’avais pu oublier de sa vie ? Et sa fille avait besoin de la connaître, même si j’étais comme sa maman, elle devait connaître cette perle qui était sa mère et mes mots, mes récits ne suffiront jamais à démontrer à quel point elle était imaginative et téméraire, ces derniers seront tout bonnement montrer que je l’aimais. Malheureusement, je ne pouvais pas proposer cela à ma seconde fille plus jeune et surtout au sujet de son père ce dernier n’écrivait pas … il aimait prendre des vidéos et des photos, cela était déjà pas mal pour le coup. Enfin à la maison, Roman était là, j’aurais pu tenter de m’échapper de sa présence, mais la proposition de l’alcool était tellement tentante que je n’en fis rien. Prenant le verre qu’il me servit à mon hochement de tête durant le temps que je virais mes talons et je m’étais plus à mon aise. Un verre, un second et ainsi de suite. Comme du petit pain, l’alcool n’aidait pas à oublier, demain l’alcool n’aura laissé qu’un mal de crâne atroce et la même peine que j’avais avant d’arriver à la maison. Mais c’était plaisant de faire semblant de se détacher des choses qui nous entourait, nous blessait comme nous étions en train de le faire. Parfois j’oubliais que roman souffrait tout autant que moi, elle était sa sœur, elle était la sœur de cœur que j’avais, elle était comme ma jumelle, nous avions une relation semblable à celle de mes sœurs. Je m’étais calée sur le canapé, alors que la sonnette venait de retentir, j’aurais pu tenter de me lever, mais j’étais comme terrassée dans mon assise, regardant les lapins crétin à la télévision … le programme allant un peu plus m’abrutir, mais peut-être pas autant que l’alcool pour le coup. Durant le temps que Roman s’était hâté à répondre à la porte, je me réservais un verre tout en buvant parfois au goulot, moi je n’avais pas de gêne, après tout, on se connaissait assez bien pour boire au même verre alors à la même bouteille c’était la même rengaine. « J’ai faim … pile à temps ! » La pizza me faisant de l’œil, mais pas pour très longtemps me saisissant d’une part très rapidement. « Ouai c’est ça ! » Que je disais tout en buvant à nouveau à la bouteille, la tête commençait à tourner, mais qu’importe cela

Comment ne pas passer sa journée à penser à sa sœur alors qu’aujourd’hui c’est la fameuse date à laquelle elle a quitté ce monde ? Si d’un premier abord, ce n’est pas une date qui touche Roman puisque lui ne l’a appris que bien après, c’est quand même une date où il ne se sent pas bien. Il n’a franchement pas envie de sortir ce soir et faire semblant d’aller bien alors que ce n’est pas le cas. On peut faire bonne figure souvent mais là ce n’est pas le jour. Il fait par exemple bonne figure face à Riawna alors qu’il a l’impression qu’une bombe va bientôt leur tomber dessus si sa nièce lui montre le journal intime de sa mère dont elle lui a parlé, ce fameux journal qui parle du mariage de Riawna. Il fait bonne figure face à la jeune femme dont il était fou amoureux, il y arrive mais là, alors que c’est l’anniversaire de la mort de sa sœur, c’est trop lui demander. Boire et tenter d’oublier, c’est peut-être puéril d’imaginer que ça va l’aider mais au moins ça le console le temps de quelques instants. Demain il aura des séquelles passagères qui lui fera souvenir la soirée de la veille mais qu’importe, il préfère prendre le risque plutôt que de passer cette soirée en restant sobre. S’il pensait passer cette triste soirée seul, il n’en était rien puisqu’il fut rejoint par la jeune femme pour qui il travaille. Heureusement qu’il n’a pas été radin sur les bouteilles en faisant les courses, ils auront de quoi faire, puis il doit bien rester des fonds de bouteilles, restant de soirées et diners quelque part. Autant dire qu’ils n’ont pas mis longtemps à être saoul même s’ils sont toujours conscients et apte à marcher pour aller chercher les pizzas. Quoi que, il a failli se casser la gueule plusieurs fois malgré que le chemin n’était en théorie pas très loin. « Non, ils ont été long ! » Toujours râler, c’est tout à fait son style. Autant dire qu’il ne tarda pas à prendre une part où il prenait déjà une grande bouchée, près à un prendre une deuxième, ne profitant pas vraiment du gout. Faut dire qu’il crève la dale. Roman attrapa une autre bouteille entamée pour boire à son tour puis la brandissant tel un trophée.  « Ah cette soirée pourri… » Merci l’alcool qui parle pour lui « Au souvenir de Noémie, la meilleure personne que cette terre a pu voir naitre. » Il est totalement mélancolique et aurait envie de pleurer s’il n’avait pas bu. S’il est pudique sur ses sentiments et émotions, quels qu’ils soient, il ne faut pas oublier que cette peine, celle causée par l’absence de sa sœur, le touche au plus profond de son âme. « A jamais dans nos cœurs et… quand je vois la petite, je la verrais toujours ! » Le regard dans le ide, il finit par tchiner contre la bouteille de son ancien fantasme, essayant de se reprendre et fini par boire une, puis deux et encore une troisième gorgée d’affilée de ce somptueux breuvage qui malgré lui arrache les boyaux. En parlant de sa nièce, il ne pouvait s’empêcher de repenser à la dernière conversation qu’il a eu avec lui, qu’il espère qu’elle restera secrète un moment, avant de penser à autre chose, à savoir à la peine d’avoir perdu sa sœur. Même si cela n’est pas récent, Roman n’est pas très certain que sa peine s’en ira un jour. Il n’a pas perdu un poisson rouge ou qu’importe d’autre, non, c’est sa sœur, la meilleure personne qu’il a connu durant sa triste vie mais aussi la personne qu’il aimait le plus au monde.

Rentrer à la maison était sans doute ce dont j’avais réellement eu besoin durant ces heures impitoyable au travail. Mais c’était bel et bien compliqué à supporter. Sa mort, elle remontait maintenant, mais le jour était toujours horrible laissant des souvenirs me happer à chaque instant, pas forcément que durant ce jour, mais tout le temps. Ce genre de chose ne frappait jamais à l’instant où on était prêt à subir ce genre de vague d’émotion. Je mordais sans cesse ma lèvre quand j’y pensais, ne sachant pas exactement comment supporter sa mort tout comme celle de celui qui avait donné à ma vie un sens en étant mon mari. Rentrer et avoir de quoi boire … était malgré tout une bonne chose, pas d’enfant dans les environs alors pas besoin de faire semblant que tout allait bien et c’était clairement l’une des meilleurs choses à vivre du coup. La nourriture n’avait pas tardé à arriver peu de temps après mon arrivée. Avachit et c’était le bon mot à utiliser sur le canapé, je m’étais rapidement jeté sur la pizza me faisant de l’œil cette dernière était une méga xxl mais à mon goût clairement pas suffisant. « Tu lui as pas donné de pourboire alors ? » Que j’interrogeais Roman tout en souriant alors que j’avais presque engloutit la première part. Manger et boire, c’était vraiment le mieux à faire pour ne plus devoir supporter la peine que j’avais subit durant toute cette journée. Mais ce n’était pas pour autant que j’avais envie d’y penser ce soir avec Roman. Mais, forcément ce dernier fit un toast pour sa sœur, mon cœur fût extrêmement lourd à cet instant précis. « A Lauren … » Je bus une gorgée de l’alcool que détenait mon verre avant d’ajouter. « La prochaine fois je trinquerais en ton nom Tate ! » Que je disais à voix haute le cœur serré et le ventre nouée. La mort de mon mari n’allait plus tarder non plus à revenir, pour fêter cette date. Fêter, c’était dérisoire d’utiliser ce mot pour cela, ça me brisait le cœur à vrai dire, je soufflais pinçant mes lèvres avant d’aller me reprendre une autre part de pizza. Mes deux filles ressemblaient soient à ma meilleure amie ou à mon mari, je ne pouvais pas faire autrement après tout que de penser à eux, je regardais Roman qui n’avait pas l’air bien. Normal, surtout que lui avait été absent durant un long temps avant de savoir que sa sœur était décédée …absent pour tous et surtout pour sa nièce, mais il était là à présent. Changer de conversation était le mieux et tout en buvant d’un coup le contenue de mon verre, je regardais Roman. « Tu sais qu’Alys m’a raconté un truc sur le journal de Lauren hier ? » Que j’ajoutais. Alors à savoir si monsieur allait se braquer comme la dernière fois au sujet des livres de sa sœur, mais cette fois , je n’irais sans doute pas par quatre chemins pour le faire taire ! J’étais alcoolisée, bon pas tant que ça, mais triste et du coup mon courage étrangement était clairement multiplié. Je le regardais et finissais par le questionner. « C’est quoi ton meilleur souvenir de Lauren ? » J’étais curieuse de revisiter son passé, même si j’étais pour la plupart du temps auprès de cette dernière …même durant son emménagement ailleurs on avait toujours été proche !