Roxane&Baby + We all need a shoulder to cry on

La journée à l’école avait été particulièrement longue. Normalement, je n’avais pas trop de problèmes avec mes élèves, sauf avec les plus turbulents - ce qui était parfaitement normal - mais à l’approche des vacances de printemps, il semblait que tous s’étaient donnés le mot pour être plus pénibles, ne pas travailler et surtout, râler sur ce qu’il y avait à faire. Puisque ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait, je ne m’en faisais pas trop, ou plutôt, je tentais de ne pas m’en faire, de ne pas le prendre personnel, mais je ne pouvais nier que cela rendait mes journées épuisantes, et alors que j’étais déjà fatiguée la plupart du temps à la base, c’était encore pire à mon avis. De ce fait, terminer ma journée de cours fut plus que bienvenu. Wesley n’étant pas là pour la soirée, puisqu’il allait chez un ami et dormait chez lui qui plus est, j’en profitai quand même pour aller passer une petite heure au centre de désintoxication pour payer une courte visite à Andy et suite à ce la, je rentrai chez moi, dans une maison vide et particulièrement silencieuse. Ça non plus, ce n’était pas la première fois que cela m’arrivait, mais sachant mon ex-fiancé redevenu de nouveau mon fiancé enfermé dans cette chambre, même si c’était pour son bien, alors que j’avais envie qu’il soit avec moi, qu’on commence à construire notre avenir ensemble, pour de bon cette fois-ci, cela m’affectait un peu plus, si bien que rapidement après avoir retiré mon manteau et mes bottes, j’allumai la télévision du salon, même si je n’avais pas l’intention de la regarder, histoire de me donner un peu plus de présence, même si la Miss Météo qui passait à ce moment précis n’avait aucune idée que j’existais et encore moins que là, tout de suite, elle était ma seule compagnie. N’ayant pas encore le courage de monter à l’étage pour me changer et enfiler quelque chose de plus confortable, je me dirigeai plutôt à la cuisine dans l’intention de préparer non seulement mon repas pour le soir, mais aussi un petit amuse-bouche pour satisfaire cette faim qui ne me permettrait pas d’attendre jusqu’au dîner. Tandis que je me préparais une petite assiette pour moi essentiellement - bien qu’elle soit plus généreuse qu’à la normale parce que… j’avais vraiment faim - j’entendis soudainement sonner à la porte. N’attendant personne, je ne pus m’empêcher de froncer les sourcils, mais malgré tout, je me dirigeai vers celle-ci en ne manquant pas de mettre la télévision en mode « silencieux », juste au cas. Ne sachant pas trop à quoi m’attendre, je fus tout de même surprise de voir devant moi mon amie, Roxane, que je n’avais pas vue depuis un moment, et que je ne pensais certainement pas voir ce soir. Évidemment pas déçue ou frustrée de la voir, ce fut avec un certain enthousiasme que je l’accueillis en disant:  « Hey ! Ça va ? Qu’est-ce qui t’amène ici ? » J’avais tenté de lui poser cette dernière question avec un ton relativement neutre, histoire de ne pas me montrer inquiéter, ou bien peut-être, au contraire, trop enthousiaste si quelque chose n’allait pas.

Je ne savais pas où aller, mais j’avais besoin de voir du monde, Sasha était au courant de ce que j’ai pu lui faire, de la trahison de notre amitié et je me sentais vraiment coupable. J’avais envie de prendre l’air, de bouger, d’aller vers une personne neutre, je savais qu’Ezra était occupé aujourd’hui alors je ne pouvais pas aller chez lui, puis je n’avais pas vraiment d’autres amis avec qui aller. Du coup, j’ai opté pour Baby, je ne pense pas qu’elle me juge, du moins , je l’espérais et peut-être que je ne lui raconterais pas tout en détail mais passer du temps avec elle va sûrement me faire du bien et penser à autre chose. J’en avais envie du moins. Je partais donc de mon logement pour aller vers chez elle. Marcher était une bonne chose pour moi, ça me permettait d’aérait mon esprit. Je remettais mes idées aux clairs et j’essayais de trouver une solution. Je m’en voulais beaucoup, je ne m’étais pas rendu compte de ma bêtise avant qu’elle ne l’apprenne. L’avoir trompé, avoir coucher avec son mari, c’était une grosse erreur même si l’amour a été plus fort que tout, j’avais été aveugle, mais je l’aimais comme j’aimais ma meilleure amie, c’était vraiment difficile pour moi mais je pense que ça l’est aussi. Quoi qu’il en soit, au bout de quelques minutes, je me retrouvais devant Baby, elle sera certainement surprise de me voir, ce n’était pas prévu cette visite et si ça se trouve, elle n’était même pas là. Je verrais bien. De là, je sonnais en pinçant mes lèvres, j’attendais quelques secondes avant qu’elle ne m’ouvre, je souriais un peu à ses mots, passant mes mains dans mes cheveux. « Salut toi… Désolée de passer comme ça, mais… Je ne savais pas où aller… » Je faisais une petite moue, habituellement, je ne me plaignais jamais et je ne parlais jamais de mes soucis, mais là, je pense que j’avais besoin de parler. « Je te dérange.. ? » Disais-je d’abord, je ne voudrais pas la déranger quand même, alors autant demander avant. « Je pense que j’avais besoin de me confier alors… J’ai pensé à toi.. »

Je me congratulai intérieurement de ne pas être exprimée de façon plus évidente quand je me rendis compte que Roxane me paraissait confuse, triste, bref, ne sachant pas trop quoi faire, où aller, à qui demander de l’aide. Enfin, ça n’aurait pas été le drame du siècle non plus, mais disons que j’avais bien compris que quelque chose n’allait pas et qu’en quelques sortes, il était nécessaire que je l’aide. Comment ? Je ne savais pas vraiment encore, et je me doutais bien que comme ça, plantée dans l’embrasure de la porte, ce n’était pas la meilleure des idées. Heureusement - pour les circonstances en tout cas - j’eus l’occasion de tenter d’ajuster la chose au moment où elle en vint à me demander si je dérangeais. Enfin, je ne disais pas que j’étais très fière du fait que je n’avais pas été en mesure de lui répondre quoi que ce soit avant ça, mais pour tout dire, je n’aurais pas su quoi lui dire, raison étant qu’encore une fois, discuter comme ça, debout à la porte, ce n’était pas l’idéal. Sans hésiter, je lui répondis:  « Non, non, pas du tout… » Après, il était vrai que je n’avais pas prévu de recevoir qui que ce soit et que par conséquent, je n’avais pas vraiment fait le ménage, je n’avais pas préparé à manger pour deux personnes… Sauf pour les amuse-gueule, mais bon. Cependant, je savais que pour mon amie, je saurais me débrouiller, trouver une solution, bref, m’adapter à la situation. Avec un sourire triste et attendri au lèvres suite au propos de mon amie, je lui dis, doucement:  « Tu as bien fait… » Bon d’accord, je n’étais pas une psychologue ou quoi que ce soit, mais si je pouvais aider les autres en leur offrant seulement une oreille attentive, je me disais que c’était mieux que rien. Puis, n’attendant pas plus longtemps, je me décalai de la porte, et je dis:  « Viens, entre… » Une fois qu’elle eut finalement pénétré dans la demeure, je refermai la porte derrière nous, puis je lui dis:  « Installe-toi, si tu veux… » et avant même de lui laisser dire quoi que ce soit d’autre, j’ajoutai:  « Je peux t’offrir quelque chose à boire ou à manger ? » Je savais bien qu’elle était venue pour parler, tenter de ce sentir mieux, mais de la nourriture, parfois, c’était une petite source de réconfort, alors après tout, pourquoi pas ?