Un verre de plus ou de moins, ça ne change plus grand chose [Feat. Keyah Bridgestone]

Comme les trois quarts du temps après son boulot, le jeune homme avait tendance à côtoyer des bars pour se relaxer, pour se détendre. Bien souvent il prenait un verre, puis un autre, et ainsi jusqu'à ce qu'il ne sache presque plus aligner un pied devant l'autre, qu'un homme le regarde de travers et voilà comme une bagarre éclate. Ce n'est pas pour rien qu'il avait été banni de certains bars de la ville après avoir cassé le mobilier de celui-ci et envoyé quelques uns des clients à l'hôpital.

Sandro était réputé pour être un homme violent, pas avec les femmes bien sûr, il les protégeait comme les prunelles de ses yeux, jamais il ne leverait la main sur elles. Mais il était de nature impulsive alors forcément, il partait très rapidement au quart de tour.

Ce soir il s'était promis qu'il ne prendrait qu'un seul et unique verre. Comme tous les soirs en fait.. Mais son addiction à l'alcool et à la drogue ne l'aidait pas, il avait déjà essayé d'arrêter, mais en vain. Et puis, il n'avait jamais trouvé de réelles motivations pour aller jusqu'en cure de désintoxication. D'autant plus maintenant qu'il avait un emploi stable, il ne comptait pas tout gâcher. Parce que même si le soir il se saoulait jusqu'à ne plus se souvenir de sa soirée, il ne buvait jamais pendant son service. Il avait toujours été sombre.

Une fois de plus, c'est accoudé au bar qu'il prit son premier verre. Il n'avait même pas pris la peine de rentrer chez lui afin de se changer, il avait gardé son costume ainsi que sa cravate, qu'il avait légèrement dénouée. Il attendait que le temps passe, que les cicatrices s'estompent et qu'il puisse reprendre sa vie comme avant. S'il était devenu comme ça c'était à cause de sa soif de vengeance vis-à-vis du meurtre de ses parents auquel il avait assisté. Il s'était juré de retrouver le salopard qui en était responsable, malgré toutes ces années de recherche, il en était toujours au point mort.

Sandro aimait venir dans les bars après sa journée de travail, c'était un moyen pour lui de décompresser et de relâcher toute cette pression qu'il devait supporter au quotidien. Quoique certaines personnes puissent en dire, ce n'était pas facile tous les jours que de devoir assurer la sécurité du président, surtout quand on ne l'apprécie pas, mais surtout la sécurité de toutes les personnes hautement placé dans d'autres pays. Le risque zéro n'existait pas et l'italien comme ses collègues le savaient pertinemment. Peut-être même qu'un jour, Sandro partirait de chez lui le matin pour aller travailler mais ne rentrera jamais, il en avait conscience et c'est aussi pour ça qu'il aimait profiter de ses soirées comme il l'entendait.

Ce soir ne dérogeait pas à la règle, il s'était rendu après son travail au bar afin de se relaxer et pourquoi, profiter de la compagnie de quelques femmes qu'il pourrait charmer pour ne pas passer la nuit seul. C'était ainsi depuis plusieurs années, officiellement oui il était marié mais sa femme le considérait comme mort, et vu leur dernière discussion, elle ne comptait sans doute pas le revoir. Alors pour noyer son chagrin, rien de mieux que l'alcool et les femmes. Même si son coeur lui appartenait, il aimait s'amuser sans jamais s'attacher. Toutes ces conquêtes qu'il enchaînait étaient surtout pour combler ses envies d'homme rien de plus.

Soudain, alors qu'il entamait son énième verre, une jeune femme, plutôt séduisante s'assit non loin de lui au bar. Elle commanda un Martini. Durant quelques instants, l'italien l'observa avant de finalement dire au serveur de mettre ses consommations sur son compte. Il avait de l'argent à ne plus savoir quoi en faire, autant qu'il le dépense astucieusement, et puis, il commençait déjà à être un peu alcoolisé alors ses pensées n'étaient pas forcément très claires.

" - Jolie chemise." fit-il à l'attention de la brune non sans lui adresser un regard espiègle.

Sandro ne cherchait pas nécessairement une femme avec qui terminer la soirée, s'il en trouvait une, il ne crachera dessus bien évidemment. C'était un grand séducteur et il aimait la compagnie féminine il ne pouvait pas le nier. Alors, il lui arrivait plus d'une fois de payer un verre à une jolie jeune femme, à rapprochait toujours les individus et c'était pas forcément plus mal, bien que pour flirter avec les demoiselles il n'avait jamais eu de problème.

" - Je paye toujours les verres des jolies demoiselles." fit-il avec un sourire séducteur comme à son habitude.

Il avala d'une traite son verre en cours et en commanda un nouveau auprès du barman. Il savait pourtant qu'il ne fallait pas qu'il enchaîne les verres parce qu'il savait déjà l'issue de la soirée. Et pourtant, dès que ses lèvres trempaient dans le liquide alcoolisé, il ne pouvait s'empêcher de continuer et d'en prendre un autre et encore un autre.

Le bel italien sourit en entendant le compliment de la jeune femme. Il avait, depuis plusieurs années, pris cette habitude de mettre une cravate par-dessus sa chemise blanche, ainsi qu'une veste de costume et le pantalon allant avec. Il se plaisait dans cette tenue, en dehors de ses entraînements sportifs, il était quasiment toujours habillé de la sorte.

" - Effectivement, je suis venu directement après le travail sans repasser chez moi. Mais dans tous les cas, boulot ou pas boulot, je suis très souvent habillé de cette manière."

Sandro savait se mettre en valeur ainsi que son corps, et il est vrai que le costume avait toujours ce petit effet sur les demoiselles. Et puis, sur un plan plus professionnel, il avait une allure imposante et chic. Étant dans le personnel de la maison Blanche, il ne fallait pas non plus négliger l'apparence, au risque de se faire remonter les bretelles. Le plus ironique, c'est que ce costume était en quelque sorte son habit de travail, tout comme un cuisinier avec son tablier et sa toque, lui c'était son costume.

" - Vous aussi ? Vous travaillez dans quoi ? Je parle je parle mais peut-être que vous attendez quelqu'un."

Il avait toujours sa technique d'approche et certaines phrases presque déjà toute construite. La belle métisse finit par se présenter, c'est avec un sourire ravi et une pointe séducteur qu'il se présenta à son tour.

" - Sandro."

Il se rappelait l'époque où il était agent secret en infiltration, où il devait vivre sous une identité qui n'était pas la sienne. Les premiers jours ça a été compliqué, et puis finalement, il s'y était habitué et il mentait à toutes les personnes qu'il pouvait côtoyé, par obligation. Alors qu'aujourd'hui, il était enfin libre de vivre sous son vrai jour.

Sandro était un charmeur invétéré, pour beaucoup ce n'était plus un secret, ce qui l'était plus en revanche, c'est le fait qu'officiellement, il était marié à une jeune femme qui avait capturé son coeur il y a de ça des années en arrière. Et pourtant, il passait les trois quarts de son temps, dans des bars, à séduire des demoiselles pour profiter d'elles ensuite. Attention, il n'avait jamais été incorrect avec ces dernières, il tenait à mettre les choses au clair avant d'aller plus loin. Pas de mineures, pas de femmes mariées, et encore moins des femmes qui ne seraient pas consentantes. Malgré son apparence, il reste un homme respectueux de la gente féminine, même si on peut en douter fortement.

En entendant la jeune femme lui dire que ce n'était pas son quotidien de recevoir des compliments de ce genre sauf à son travail, il sourit légèrement pensant alors qu'elle était bonne à faire telle ou telle chose, pour lui, elle était sans doute bonne à beaucoup d'autres choses.

" - C'est dommage de cacher de si jolies jambes sous un jean.." fit-il en détaillant un peu plus longuement qu'il aurait dû les jambes de la demoiselle.

Le jeune homme desserra légèrement son noeud de cravate avant de reporter son regard sur Keyah qui lui annonça être architecte. Il n'aurait jamais pensé que les gens de ce milieu soit obligé d'avoir une tenue aussi stricte et professionnelle comme celle qu'elle portait. Comme pour s'assurer qu'il ne risquait pas à un quelconque moment d'être dérangé, il avait préféré s'assurer qu'elle n'attendait personne. Un sourire en coin se dessina alors sur ses lèvres.

" - Moi attendre quelqu'un ? Non, je vous attendais vous." répondit-il avec une assurance certaine avant de reprendre " - Je suis garde de la sécurité à la maison Blanche. Tout ce qui est sécurité du président et des personnalités qui y viennent et bien c'est mon travail."

Après lui avoir expliqué ce qu'il faisait dans la vie, il se présenta à son tour en lui donnant son prénom, ce qui plaisait visiblement à la métisse qui le complimenta à son tour. Il aimait les femmes de ce genre, pas le genre femme facile, mais plutôt celles avec de la répartie c'était ce qu'il préférait, surtout quand elle avait du répondant comme Keyah et qu'elle se livrait à ce petit jeu avec lui.

" - Si vous avez besoin, je fais aussi occasionnellement des contrats de protection rapprochée, si jamais vous avez besoin d'un garde du corps n'hésitez pas." déclara-t-il fier de sa phrase à double sens.

Ce soir Sandro avait vraiment envie de jouer et il faut croire qu'il venait de dénicher la partenaire idéale.

Sandro n'en était pas à son coup d'essai avec la belle Keyah. Depuis quelques années, depuis qu'il était en ville en fait, il agissait comme un parfait célibataire, alors que sur le papier, il était bel et bien célibataire. Seulement, on lui avait mis des bâtons dans les roues lorsqu'il avait voulu retrouver sa femme, et il apprend maintenant qu'il est papa. C'est l'apothéose ! L'italien avait une règle avec les femmes, jamais deux fois la même, ou alors, il fallait qu'il y ai un certain feeling entre eux, mais ça lui évitait tous les problèmes d'attachement ou autre de la part de ses conquêtes, car lui, il ne s'attachait jamais. La seule femme à qui il s'était attaché était Charlotte, et encore aujourd'hui, malgré ses agissements, il l'aimait. Mais au vu de son passé il n'avait aucune chance de se faire pardonner et même d'avoir une éventuelle place dans sa vie. Alors, s'amuser était pour lui le meilleur moyen de profiter de sa vie, jusqu'au jour où il se rendra compte qu'il a agit en parfait connard alors qu'il avait la femme de sa vie entre les mains.

L'italien accordait beaucoup d'importance à son physique, notamment parce qu'il savait qu'il plaisait aux femmes, mais surtout pour son travail qui demandait d'être toujours impeccable sur soi. Ce n'était pas un problème pour lui qui avait toujours pris soin de son corps, avec le sport notamment.

" - J'espère bien parce qu'elles sont très jolies.." dit-il avec son petit sourire en coin.

Il laissa ses yeux dériver sur les jambes de la belle métisse, tout en passant un ou deux doigts frôler son genou tout en se mordant la lèvre inférieure. Cette femme intéressait beaucoup Sandro, et il n'était pas prêt de la laisser repartir c'était certain.

" - Comment peut-on être déçu quand on a la plus belle femme du bar à ses côtés ? Ça n'a pas de sens ! Et non c'est vrai que ce n'est pas tous les jours faciles, c'est même assez rude, mais on apprend à supporter la pression et à devoir mettre notre vie en danger pour quelqu'un que l'on ne porte pas forcément dans notre coeur. Mais c'est notre travail, on a signé pour ça."

Sandro ne portait pas du tout le nouveau président dans son coeur, mais en devenant garde de sa sécurité, il avait signé pour le protéger et ce, peu importe la situation, et peu importe ses affinités personnelles avec l'homme politique.

" - Pas besoin d'être célèbre, il suffit juste que vous me demandiez si vous avez besoin de compagnie, je serai là." fit-il en sortant un morceau de papier avec un stylo pour donner son numéro à la jeune femme.

C'était audacieux, c'était certain, mais il n'est pas le genre d'homme à reculer devant des obstacles tant qu'ils ne sont pas insurmontables.

" - Je vous paie un second verre ?" demanda-t-il en remarquant qu'elle venait de le terminer.

De son côté, il en prit en énième, ne sachant même plus à combien il en était depuis qu'il s'était installé au bar. Mais pour le moment, il était encore en forme, pas saoul, du moins, il ne se sentait pas comme tel.