Oiseau nocturne ♠ Mika

Je venais de raccrocher avec Simon et je regardais l’heure. Il était tard et pourtant je devais finir mon dossier pour demain, je passais à l’audience pour défendre un jeune adulte coupable –selon les dires de la victime- pour violence conjugales. Je défendais l’homme, il me paraissait tellement sincère, pourquoi faut-il toujours penser que les hommes sont les coupables dans ce genre d’histoire et pas les femmes. Bien que je sois féministe au fond de moi, il m’était impossible de laisser cet homme de seulement vingt et un ans finir sa vie en prison pour quelque chose qu’il n’avait pas commis. J’avais déjà fait la plupart des recherches et j’étais prête mais il me fallait un remontant. Je quittais mon lit évitant soigneusement les papiers qui traînaient dans ma chambre pour aller voir dans la cuisine ce qu’il me restait à boire. Rien, rien du tout. Je pestais contre moi-même, enfilant mes chaussures pour descendre dans la rue principale pour acheter de quoi me désaltérer. Je n’aimais pas traîner dans les rues à cette heure là mais je n’avais pas le choix si je voulais clôturer le dossier et être au taquet demain matin. Je marchais assez vite, baissant le regard quand je croisais un homme peu fiable. Je prenais des cours mais bon, je n’étais qu’au début puis autant dire que je préférais la fuite à l’attaque. Et comme une gourde j’avais oublié mon portable. Mais je voyais la lumière de la superette qui restait ouverte la nuit devant, c’est donc avec un grand sourire que je m’activais à arriver à sa hauteur, ralentissant le pas une fois qu’il ne me restait seulement quelques mètres à parcourir. Quand je passais les portes, je saluais l’homme qui gardait le magasin avant de me diriger vers l’allée qui m’intéressait. Les alcools. J’hésitais entre prendre un gros alcool et ne pas tenir demain matin aux risques d’avoir une gueule de bois ou bien opter pour une boisson énergisante. Après réflexion, je penchais pour la deuxième option, je fis quelques pas sur la droite pour m’arrêter sur le peu de choix que présentait cette épicerie. Super. Je soupirais avant de me passer une main dans les cheveux et de tourner la tête vers l’entrée où j’entendais quelqu’un parler avec le dirigeant de l’épicerie. Je haussais les épaules et fis mon choix en prenant un pack de six canettes. Avec ça, j’avais sûrement de quoi tenir une nuit entière. En tout cas je l’espérais car c’était le seul choix qui me restait. Ca m’apprendrait à rester des heures et des heures au téléphone avec le jeune homme. Je ne savais pas ce qui me prenait avec lui mais je me sentais vraiment bien quand j’étais à ses côtés, j’arrivais à oublier mon stupide ex qui me restait dans le coin de la tête à chaque fois. Et même dans mon cœur, quand il m’arrivait de penser à lui je sentais mes battements s’accélérer mais ça me faisait aussi la même chose quand je voyais Simon, c’était peut être bon signe après tout. Je secouais la tête, souriant avant de buter contre une personne. « Oh, excusez-moi ! » Je relevais la tête avant de regarder celle qui se trouvait devant moi. « Mika ! » Mon ton était joyeux et heureux. J’étais tellement heureuse de la voir, ça faisait un moment que je ne l’avais pas vu et une compagnie féminine me manquait bien. Je la pris dans mes bras avant de me reculer pour la regarder de bas en haut. « Qu’est-ce que tu fais ici en plein milieu de la nuit ? » Bon elle pouvait me demander la même chose car c’était anodin de me voir ici à cette heure-ci. Voir la brunette me rassurait dans un sens où je me dis que je n’allais peut être pas faire le trajet du retour seule. « Comment tu vas ? » Je souriais, laissais mes boissons retomber à mes pieds. Autant en profiter pour discuter un peu, après-tout, je n’étais plus à quelques heures près. Puis, j’étais confiante donc je pouvais bien prendre quelques instants pour discuter avec une amie. Amie que je n’avais pas vu depuis un moment, du coup j’étais bien curieuse de savoir ce qu’elle faisait en ce moment dans sa vie. Bien que je sois informée par les réseaux sociaux, je préférais le contact humain et en ce moment, il m’en fallait.