"L'amitié double les joies et réduit de moitié les peines."

Fermant le dossier, je posais mes mains de chaque côté en secouant la tête. Je commençai déjà à avoir mal à la tête. Ces derniers jours c’était affreux et surtout insupportable mais je ne disais rien pour ne pas que ça affecte ma vie de couple ou encore fasse peur à ma famille. Ils avaient déjà eu pas mal de soucis par rapport à l’accident donc je n’avais pas besoin de leur faire plus peur. Soupirant, je me levais de mon siège et mis le dossier dans mon sac, j’éteignis la lumière de mon bureau et je sortis du cabinet d’avocat pour retrouver la ville bruyante qu’était Washington. C’était l’heure de pointe et j’allais encore passer une bonne heure dans les bouchons. Rien que d’y penser j’en avais mal au crâne mais je n’avais pas le choix, j’étais venue en voiture ce matin, refusant l’accompagnement de mon père qui était en congé. Je savais qu’ils étaient inquiets mais je ne supportais pas d’être couvée comme un bébé. Je montai dans ma voiture et rejoignis les bouchons de ma ville avant de pouvoir enfin rentrer chez moi. Ca faisait bizarre de se retrouver toute seule. Depuis l’accident, j’avais décidé de me retrouver toute seule, sans Rhett même s’il passait souvent. Il avait aussi son boulot puis bon, je préférais aussi avoir mon petit chez moi. Ma sœur passait de moins en moins et ça à cause de son mari qui faisait comme une dépression depuis la mort de son frère. Ce fameux Kyle. J’essayais de m’en souvenir mais rien ne me venait à l’esprit. Même que je ne savais pas que ma sœur avait un mari et qu’elle était enceinte. Je soupirais en me prenant la tête entre les mains puis partis me doucher immédiatement avant que cette dernière n’explose. J’allumai l’eau froide et entrai à l’intérieur sans même réfléchir, ce qui m’arracha un cri d’ailleurs tellement c’était glacé mais c’était le seul moyen pour ne pas que je souffre, pour ne pas sentir ma tête cogner contre les parois de mon crâne. Je serrais les poings et me laissais glisser sous la douche en pleurant, pleurant de rage et de déception de ne pas me souvenir. J’avais certain flash, par rapport à des moments de ma vie, mais je n’arrivais pas à m’en souvenir ou bien à les replacer et c’était tellement décevant et rageant. Puis je me relevais, finissant de me laver puis je sortis me mettant en peignoir et une serviette dans les cheveux. J’en profitais pour envoyer un message à Anastasia, je me souvenais d’elle, je me souvenais d’avoir vécu de bons moments avec elle mais rien de plus. Je savais qu’on était au lycée ensemble et que je l’avais aidé à faire face à cette peste de Lindsay mais voilà. Cependant, je savais que je pouvais compter sur elle pour m’aider ou du moins à me faire sentir mieux pour aujourd’hui. Une fois fait, je retournai dans ma chambre pour enfiler un jean et un t-shirt noir très simple, je mis mes chaussons et ramenai mes cheveux en une queue de cheval. Voilà, j’allais ensuite prendre mon médicament quasi quotidien en ce moment. Je m’assis dans mon canapé et allumai la télé en me repassant le mariage de ma sœur en boucle et en boucle, il avait été filmé et j’étais tombée dessus chez mes parents. Je l’avais pris pour le regarder, je me voyais, mais je ne pouvais pas dire que c’était moi… Ca ne pouvait pas être moi… Ce n’était tout bonnement pas possible car je ne m’en souvenais pas. Je fermai les yeux pour éviter de voir ma famille sourire et très heureuse alors que depuis peu, je l’avais brisée. Enfin c’est ce que je pensais. Puis j’entendis la sonnette de l’entrée de mon appartement, Ana venait à ma rescousse au bon moment. Ouvrant la porte avec un sourire, je l’accueillis en la tenant brièvement dans mes bras puis je fermai derrière elle. « Salut, comment tu vas ? » Je continuai de parler tout en me dirigeant vers la cuisine afin de sortir de quoi se s’hydrater. « Tu veux quoi ? Un jus de fruit ? Un café ? Quelque chose de plus fort ? » Pour ma part, je me servis un jus de fruit, pas question de boire quelque chose avec de l’alcool, ça ne ferait pas bon ménage avec le médicament que j’avais pris. « Je suis contente que tu aies pu venir. » Je me relâchai enfin, laissant mes traits tirés par la fatigue et la tristesse apparaître. Tous les jours depuis maintenant deux mois je mettais un masque afin qu’on ne voit pas à quel point j’étais touchée par ce qui m’était arrivé. Heureusement que Rhett passait de temps à autre et qu’on se voyait assez longtemps pour que je ne sombre pas. Bref, j’étais contente de voir un visage si connu et si angélique pour que je passe une fin de journée plus joyeuse que la journée que j’avais pu passer. « Alors, raconte, quoi de neuf ? Les petits se tiennent bien à l’école ? » Ca non plus je m’en étais pas souvenue directement, je savais qu’elle faisait des études pour devenir professeur des écoles mais je ne me souvenais pas qu’elle ait obtenu son diplôme et qu’elle soit maintenant, professeur. Mais ça me reviendrait… Enfin, je l’espère.