Sujet: Lennon & Maddy » Did I say something wrong ? Ven 15 Sep - 23:06
Did I say something wrong ?
Lennon & Maddy
Le bar n’était pas très rempli à cette heure, et dans ces moments-là, elle aimait se placer derrière le comptoir et observer la salle. De là, elle pouvait presque tout voir, presque tout surveiller, et si elle n’était pas barmaid, c’était un métier qui l’intéressait aujourd’hui, si bien qu’elle demandait parfois à son collègue de lui enseigner quelques techniques. Sa vie avait pris un tournant bien surprenant au fil des années. Depuis la découverte de sa leucémie, elle avait tout changé. Elle qui ne se voyait autrefois qu’avec un seul homme, et un seul, voilà qu’elle profitait de la vie et de tous les hommes qu’elle pouvait lui offrir. Pas qu’elle couchait avec n’importe qui, elle avait simplement décidé de se laisser aller à ses envies. C’était en tout cas ce qu’elle répondait à quiconque lui posait la question. Elle savait, bien au fond, qu’il y avait une raison différente à ses agissements, qu’elle préférait ignorer allègrement. Elle avait changé de ville, changé d’état, elle avait laissé tomber ses études et l’avenir auquel elle se destinait et avait choisi un cadre plus simple, plus jovial, aussi, qu’elle appréciait, aussi étonnant que cela puisse paraître. Si, à seize ans, on lui avait dit qu’elle deviendrait serveuse dans un bar, loin de chez elle, qu’elle ne verrait plus sa meilleure amie, elle aurait ri, et aurait lancé un petit « c’est ça oui », comme si elle savait bien mieux que les autres. Il n’avait suffi que de deux ans pour transformer sa vie toute entière.
Elle essuyait quelques verres avec un torchon, profitant de l’accalmie, et son regard s’attarda sur un client assis au comptoir. Un médaillon pendait à son cou et, curieuse qu’elle était, elle ne pouvait pas résister à l’envie de savoir de quoi il s’agissait. En regardant avec un peu plus d’assistance, elle reconnut rapidement un tag de l’armée. Elle observa le jeune homme comme pour percevoir en un seul regard ce qu’il avait vécu, comme si elle pouvait se l’imaginer. Revenait-il de l’armée, une mission ? Une permission ? Il fallait bien l’avouer, elle ne portait pas franchement l’armée dans son cœur, ou du moins, ce principe de combattre pour apporter la paix. C’était quelque chose qu’elle ne comprenait simplement pas, même si elle comprenait l’envie de ces soldats de s’engager pour leur patrie, elle ne voyait pas comment la moindre guerre pouvait résoudre quelque problème que ce fut. Intriguée par le jeune homme, et la mine qu’il tirait, elle s’approchait de lui, son sourire pour seule arme, une bouteille à la main, prête à lui servir un autre verre, s’il l’acceptait. Ce soir, elle se la jouait barmaid, et tant pis si on lui tirait les oreilles. « Un autre verre ? » Elle approcha simplement la bouteille de lui et attendit son aval pour le servir ou non.
Elle reposa la bouteille et resta silencieuse un moment, vacant à ses occupations, faisant semblant de ne plus s’intéresser à son cas alors que la curiosité la poussait à engager à nouveau la conversation. Au bout de quelques minutes, elle posa son verre, son torchon, et, s’accouda au comptoir, juste en face de lui, toujours son sourire charmeur aux lèvres. « Vous êtes militaire ? » Elle pointa son tag du doigt sans en connaître la réelle importance.
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Sujet: Re: Lennon & Maddy » Did I say something wrong ? Lun 25 Sep - 0:17
Maddy & Lennon
Did I say something wrong ?
Généralement, les gens avaient tendance à apprécier une journée de repos, et je ne faisais pas exception à la règle. En effet, je n’étais pas celui qui rechignait lorsque la mienne arrivait, quelque part dans la semaine, lorsque cela arrangeait le plus mes supérieurs. Par contre, je n’étais pas celui qui aimait me poser dans ma demeure et ne rien faire. J’aimais prendre mes journées de repos pour me lever plus tard, prendre mon temps, bien sûr, mais après, je préférais de loin en faire une journée productive plutôt que d’avoir l’impression d’avoir été tout sauf actif. Aujourd’hui, j’avais donc décidé de prendre cette journée qui m’était offerte pour payée une visite à la fiancée de mon défunt meilleur ami, tombé au combat il y avait maintenant un an. Par la même occasion, j’avais pu rencontrer leur fils, dont elle était enceinte peu de temps avant que son fiancé décède, rendant la chose encore plus tragique. Je pris du temps pour discuter en sa compagnie, aussi bien que possible, et à la fin, j’avais même accepté de l’accompagner à Arlington, là où il avait eu le privilège d’être enterré, puisque militaire de carrière. Pendant un bon moment, nous nous étions perdus entre ces tombes alignées de façon impeccable, dans la sérénité et la tristesse que respirait cet endroit. Au final, lorsque je l’eus déposée chez elle, j’en étais venu à la conclusion que tout s’était bien passé malgré tout, mais quand je me retrouvai seul, je me rendis compte à quel point c’était encore lourd, lourd pour elle, lourd pour moi. Voilà maintenant un an que je pensais que je me remettais doucement, mais je me rendais compte que j’étais loin du progrès accompli que je laissais croire aux autres. Refusant de demander de l’aide encore une fois, mais déterminé à ne pas tomber dans la détresse, je ne rentrai pas chez moi, sachant qu’être seul, malgré la présence de Nalà, me serait insupportable. À la place, je fis quelque chose que je ne faisais jamais, sauf aux grandes occasions, c’est-à-dire que je me rendis dans un bar. À cette heure, il n’y avait pas grand-monde, mais c’était suffisant pour ne pas me donner l’impression d’être confiné pendant un temps, le temps qu’il me faudrait pour me calmer et me sentir mieux. Une fois arrivé, je commandai un verre, sans alcool, puisque je le supportais difficilement et il était hors de question que je rentre avec un mal de tête ou quelque chose dans le genre. Sirotant mon verre de soda, je ne parlai à personne, me perdant dans mes pensées, jouant avec le dog tag de Jackson que j’avais voulu remettre à sa fiancée plus tôt, histoire qu’elle puisse le donner à son fils un jour, mais elle refusa. Avait-elle vu à quel point j’y étais attaché ? Acceptait-elle que je garde ce morceau si important de l’homme de sa vie ? Je ne savais pas trop, mais une chose était certaine, c’était que je l’appréciais, puisque sans vouloir être égoïste, je n’étais pas certain que j’aurais tant voulu m’en départir. Le considérant toujours, je ne vis pas la jeune femme qui s’approcha pour me demander si je voulais avoir un autre verre. Même si ce n’était pas une boisson alcoolisée, je ne voulais pas abuser non plus, alors je lui dis, poliment, mais nerveusement: « Oh non… Merci… » Puisque je n’étais pas seul en ces lieux, je me doutais bien qu’elle irait voir d’autres gens, mais ce ne fut pas le cas. À la place, elle resta non loin, en venant à me poser une question qui me fit un peu drôle, puisqu’habillé en civil, rien ne pouvait trahir quoi que ce soit. Ou bien était-ce le collier ? Secouant la tête, je lui répondis: « Non… Je ne suis qu’infirmier. » Ce n’était pas mon habitude de me dévoiler comme ça, sans qu’on me le demande, ce qui montrait que j’étais encore quelque peu mélancolique, beaucoup même. En revanche, je n’allai pas plus loin, parce que j’aurais été bien capable de lui dire que je n’avais rien d’un héros, comme cette image qu’on se faisait des militaires, et même si je le pensais, je jugeais que ç’aurait probablement été déplacé dans le cas présent.