A bad mood and an drink ~ ft. Taylor

Cela faisait quelque temps déjà que Taylor et toi vous réjouissiez à l'idée de ce nouveau contrat pour une nouvelle téléréalité. Mais à choisir, Taylor était sûrement le plus enthousiaste de vous deux. Tu avais apprécié ton expérience à Big Brother, pas de doute là dessus, et ton élimination au bout de seulement huit semaines avait été salée. Cependant si ton colocataire n'était pas aussi à fond là dedans, et que tu n'étais pas assuré de pouvoir participer avec lui, t'y retournerais sûrement pas tout seul. Mais là, c'était ensemble que vous deviez y aller, c'était une aubaine. Le blondinet, il en parlait pas mal ces derniers jours, s'imaginant déjà comment ça pourrait bien se passer, et son discours te faisait sourire, peut-être un peu niaisement d'ailleurs. Toute façon, peu importe ce qu'il pouvait bien te raconter, t'aimais tout autant l'écouter te parler.

Alors forcément, face à tout cet enthousiasme, la dure vérité qui vous retombe soudain dessus, ça fait un peu mal. Finalement, le contrat avait été annulé. T'étais le premier à avoir vu la nouvelle. Et sincèrement t'avais pas trop su comment l'annoncer en douceur au plus jeune. Ils avaient trouvé un "meilleur casting" selon les producteurs. Bien évidement, t'étais dégoutté. Et en grande partie parce que tu étais déçu pour Taylor, à qui ça tenait tout particulièrement à cœur. Ce n’était pourtant pas compliqué à dire, mais t'avais galéré. Et sans surprise, ton coloc avait été tellement déçu.
Et puis bien vite, toi et ton petit caractère... Tu t'es mis à pester, comme à chaque fois que t'es contrarié, ou bien en colère, et que tu deviens un petit peu moins politiquement correct que d'habitude. Quand ton ancien coté provocateur refait surface, tes propos son tout de suite un petit peu moins glamour. "Non, mais je comprends pas ! Bon moi, à la limite, je veux bien, ça je comprends ! Mais toi ! T'as gagné ta saison de Big Brother, tu le méritais, ils veulent quoi de plus ? Un gros con bodybuildé qu'à jamais été à l'école de sa vie, qui sait pas compter jusqu'à dix et épeler son nom de famille ? Un meilleur casting, un meilleur casting... Mon cul oui ! Franchement, ils ont bien fait d'envoyer un mail, parce que je te jure que si je les avais eus en face de moi, ils auraient entendu ma façon de penser ! Ça aurait pas été si simple ! C'est n’importe quoi, ça m'énerve !" Que tu finis en précisant. Comme si ce n'était pas évident, que tu étais agacé. Tu avais dit ça en parlant fort, faisant de grands gestes pour illustrer ton indignation, et ton mécontentement.

Oui, oui, tu sais bien que tu devrais rester un peu plus calme, dans ce genre de situation, c'est pas non plus la mort, vous alliez vous en remettre. Mais depuis le lycée, t'as trop tendance à tout prendre à cœur, et partir facilement au quart de tour. Et puis là, c'était ridicule, s'il y en avait un plus que l'autre qui devrait râler, c'était Taylor, pas toi. Et pourtant... T'avais besoin de te calmer un bon coup, de relâcher un peu les nerfs, parce que plus tu parlais, plus t'y pensais, plus tu t'agaçais tout seul. Et te voilà, à te diriger vers là cuisine, là où les alcools sont rangés, ceux qui ne servent quasiment qu'à toi, hormis les invités. T'optes pour du whisky. Voilà, un truc fort histoire de te détendre un bon coup. Tu prends un verre, tu te serres, et commences à boire en soupirant. L'alcool qui coule dans ta gorge, fort, que tu ne peux que le sentir. T'as jamais été alcoolique Dylan, mais disons que durant ta dépression au lycée, t'as chopé cette fâcheuse manie de picoler presque systématiquement lorsque quelque chose t’énerve. Le reste du temps, tu ne touches pour ainsi dire jamais à la boisson. Pas franchement une bonne habitude, mais bon, t'y peux pas grand-chose. Et t'es certainement pas Mister Perfect.
T'aurais pu paraître impoli, de ne pas proposer à ton "ami" -que tu illustres avec des guillemets aussi gros qu'une baleine à bosse, dans ta tête, tant c'est devenu pour toi plus compliqué que ça- si lui aussi voulait boire. Mais non, rien à voir. T'es pas sans savoir, que les hormones de Taylor, et l'alcool, ça fait pas bon ménage, alors tu ne prends pas la peine de lui demander. Et sincèrement, tu te sentirais terriblement con de lui proposer de boire du jus d'orange pour se consoler, alors que toi t'étais là avec ta bouteille de whisky.

C'est pas grave, qu'il t'assure. Si c'est grave ! Enfin non pas tant que ça. Enfin tu ne devrais pas trouver ça si grave. Mais t'es si déçu pour Taylor, que t'en fais tout une montagne. Rien qu'à voir la tête du jeune homme, complètement dépité, tu savais qu'il ne pensait pas un traitre mot de son: "Ce n'est pas grave". En fait, certainement que le fond du problème c'est que t'étais davantage scandalisé par le fait que ces foutus producteurs aient osé ruiner le moral de ton blond préféré, plutôt que de ne tout simplement pas avoir été prit. Voilà, c'était surtout ça. Taylor, la téléréalité, ça lui manquait, et Taylor avait à présent le moral dans les chaussettes, donc t'étais énervé.

Mais bon, un peu d'alcool dans le sang, ça allait te faire redescendre. T'as préféré rester dans la cuisine, parce qu'au fond, t'aurais préféré que Taylor ne te voie pas boire. Même si la plupart du temps il ne dit pas grand-chose, tu sais qu'il désapprouve la boisson quand t'as les nerfs. Tu fixais, pensif, tout en continuant de boire, la fenêtre de la pièce. Puis, ton ami décide de venir te tenir compagnie. T'y fais pas trop attention, jusqu'à ce qu'il te sorte de tes songes en parlant, bien que tu fixais toujours intensément ce qu'il y avait de l'autre côté de la fenêtre. Ce qu'il dit te déplaît pas mal, parce que toi t'es pas du tout de cet avis. Tu finis ton verre cul sec, par réflexe, et le reposes un peu brutalement contre la table avant de tourner la tête vers le jeune homme. "Taylor, ne dis pas n'importe quoi... C'est pas à cause de toi qu'on n’a pas été pris. Et puis ils prennent bien des gays, alors bon. Y'a même une émission avec des nains ! Alors une personne trans, où est le problème ? Puis, t'es un garçon, si tu ne le dis pas, que t'es trans, on en sait rien, c'est pas écrit sur ton front. Retire-toi cette idée de la tête. Non, non, c'est que moi j'ai fait une saison à chier, on n’a pas été pris parce que le public m'aimait pas assez. Comme quoi on en revient toujours au même..."

Cette dernière phrase, tu l'avais marmonnée, plus pour toi-même qu'autre chose. T'as lâché un gros soupir, avant de prendre la bouteille pour te resservir un verre, avant de tiquer. C'était de l'alcool que le blondinet avait mis dans son verre, et qu'il était en train de boire. Ohhh, mauvais délire... "Hey, ne commence pas à prendre exemple sur moi. Laisse-moi noyer ma frustration dans le whisky, mais pose-moi ce verre, tu veux ? Tu sais que t'es pas supposé boire." Bon, on ne pouvait pas dire que t'avais beaucoup d'autorité sur ce coup-là, ce n’est pas comme si t’allais l'engueuler non plus.

C'était quand même terriblement, la façon que vous aviez tout les deux de penser que vous étiez le fond du problème. Et vous ne pouviez pas vous empêcher de vous rassurer mutuellement. Mais Taylor avait un véritable problème de confiance en lui, même à l'heure actuelle, où sa transition était achevé. Même lorsqu'il avait la preuve sous les yeux, qu'il était génial, il ne se trouvait pas assez bien. Ça te faisait un peu de peine. Tu voudrais qu'il sache s'aimer comme toi tu l'aimes. Parce que toi tu le trouve incroyable. "Moi je sais comment tu as fait. T'es resté toi moi, et ça a suffit. Parce que le public a vu à quel point t'es génial, bien plus que Frank. Moi aussi, je l'ai tout de suite vu. Tu dois pas douter de toi et de tes capacité, t'es quelqu'un de fantastique ! Et cette victoire tu l'as amplement mérité." Que tu lui réponds, un large sourire aux lèvres et un regard admirateur.

Mais voilà, le fameux sujet de l'alcool qui revient et te chiffonne. Tel un gosse qui préfère imiter, il te dit vouloir boire parce que c'est ce que t'es entrain de faire, et tu t'en veux. Déjà, il ne devrait même pas y avoir d'alcool dans cet apparemment, et s'il y en a, t'en est le seul responsable. "Tu sais bien que c'est pas une solution, et c'est pas parce que j'arrive pas à me débarrasser de cette mauvaise habitude que tu dois t'y mettre aussi. Tu sais qu'avec les hormones que tu prends c'est pas bon. Et je m'en voudrais si tu foutais ça en l'air à cause de moi. Allez, me force pas à boire ton verre à ta place." Ça sonnait comme une phrase de désespéré. Tu comptais sincèrement sur le fait que Taylor puisse s’arrêter. Tu te sentirais coupable, parce que ce serait ta faute. Et puis il n'est pas habitué à boire de l'alcool, tu ne voulais pas qu'il réagisse mal ou quoi que ce soit.

À nouveau, Taylor essaie de te rassurer. Il est vraiment adorable, ce genre de petites attentions te font toujours craquer, et tu peux pas t'empêcher de sourire face au petit surnom qu'il te donne. Tu plonge ton regard dans le sien, tu te noie dans ses beaux yeux bleus. Puis tu hoches doucement la tête. "Oui, tu as raison. T'es le meilleur Titi, tu le sais ça ?" Tu lui dis ça avant de poser ta tête contre son épaule. Dans les moments comme ça, t'avais juste envie de craquer, de tout déballer. Mais comme à chaque fois, t'avais cette foutue boule au ventre qui te prenait, te rappelant de cette peur viscérale qu'il te rejette, de le choquer. Et tout ces moments là te semblaient si précieux pour ne pas être gâches par tes états d'âmes. Pourtant tu mourrais d'envie de lui dire.