tranquility base (( violet

J’étais épuisée. Depuis le début de la semaine, j’enchainais les heures sans parvenir à me reposer une nuit entière. Hier, je n’avais dormis que deux heures avant d’être rappeler en quatrième vitesse par mon chef de service. Il savait que j’étais le genre d’employée à ne pas savoir dire non, alors, il en profitait. J’étais toujours celle qu’on appelait en premier, car je n’était que la pauvre idiote de service, elle qui rapplique au pas de course, parce que c’est son devoir. J’étais au bout du rouleau, j’avais des valises sous les yeux et tellement que j’étais fatiguée, mes cheveux tombaient par poignées. Je commençais à me dire qu’à ce rythme, avant la fin du mois, j’allais devoir investir dans une perruque. Je n’en pouvais plus et pourtant, aujourd’hui encore, quand mon chef m’avait demander de remplacer quelqu’un en en pneumologie, je n’avais pas hésité, j’avais accepté. Je ne savais pas pourquoi je me tuais à la tache de la sorte, parce que bon, à la fin du mois, la paye n’était pas plus conséquente, mais je ne pouvais pas refuser. Mon cerveau me hurlait le contraire, parce que je tenais à peine debout et qu’à force de tirer sur la corde comme je le faisais, j’allais finir par faire une connerie, mais mon cœur, lui, me dictait de le faire, parce qu’il en allait de la vie des patients. Alors, pour eux, je me devais d’être disponible, pas le choix. Mais là, je n’avais pas le choix, il me fallait prendre une pause pour manger parce que je n’avais plus rien avaler depuis le petit déjeuner de la veille et que mon pauvre estomac criait famine. Il grondait tant et tant qu’une vieille dame qui rendait visite à son petit-fils, s’était retourner sur mon passage. Je m’étais sentie idiote, comme d’habitude lorsque je me retrouvais être le centre de l’attention. Je poussais donc sans tarder la porte de la cafétéria ; une soupe déshydratée du distributeur de la salle de pause ne suffirait pas à me remplir l’estomac et à calmer ma faim ; aussi j’optais pour la totale, soit une entrée, un plat et un dessert. Puis, une fois mon plateau payé, je me trouvais une place assise. Bien vite, je suis abordé par Maxence, un jeune stagiaire avec qui je m’étais liée d’amitié. « J’ai du replacé quelqu’un à la dernière minute ! » avouais-je, comme il s’étonnait de me trouver là d’aussi bonne. « Je vais, bien et toi ? » lui demandais-je alors. Je n’allais pas si bien que ça, mais m’appesantir sur mon sort n’était pas dans mes habitudes, aussi, je préférais me taire.

Sur mon plateau, on pouvait trouver un bol de muesli, une tasse de café, un crumble aux fruits, une compote, un fromage blanc, une banane et un verre de jus d’orange. Je ne mangeais jamais autant au petit déjeuner, mais je n’étais pas prête de rentrer chez moi, alors autant prendre quelque chose de consistant, car je savais que mon prochain passage dans la cafétéria ne se fera pas avant de très longues heures. Je m’installais auprès de mon ami sans être capable de masquer ma fatigue. Je savais que je marchais sur des œufs et que je ne tiendrais pas très longtemps à ce rythme. Mes dernières vacances remontaient à six mois. Ce n’était pas si loin et pourtant, j’avais l’impression que c’était il y a des siècles ! « Tu me connais bien ! » que je réponds avec un pauvre sourire quand il me dit que je n’ai pas su dire non, une fois encore. Il a raison, je ne sais pas dire non. Je suis un cas désespéré. Tout le monde à l’hôpital profite de ma gentillesse. Tout le monde, sans exception. A part les internes, mais on est dans le même bateau, eux aussi sont exploités. Ici, il est interdit de craqué et pourtant, je suis à deux doigts de le faire. Lorsque je vais enfin pouvoir rentrer chez moi et profiter de mon jour de congé, je sais que je ne verrais pas le jour ! Je vais m’étaler sur mon lit tout habillé et je ne rouvrirais les yeux que le lendemain, à la bourre pour le travail ! Et ça recommencera. Une autre journée de vingt heures de service m’attendra. Non, vraiment, je sais qu’il faut que je face une pause, mais je n’y arrive pas. Dès que le besoin se fait sentir, je suis là. Je ne peux pas m’en empêché, je sais que ma présence est indispensable, car, si je me met en arrêt maladie pour état de fatigue, qui me remplacera ? Je suis l’une des rares infirmières de cet hôpital à ne jamais manquer le travail. Même malade, je viens. Je ne quitte pas mon masque, je le change plusieurs fois par jour, je porte des gants, que je change également plusieurs fois par jour. Je ne peux tout simplement pas me permettre de manquer. Parce que je pense à mes patients avant tout. « Je n’en ai pas l’air. Je le suis ! Mais, ça vas. Je t’assure ! » lui dis-je.