Une première discussion en face à face (Lilith)

Tu dois bien l'avouer, la vie d'héritière te plaît bien plus que ton ancienne vie de gamine pauvre et abandonnée des siens. Enfin, tu as ton lot de soucis avec la fortune que tu viens d'acquérir, mais rien qui puisse t'alarmer trop longtemps. Tu as une philosophie de vie, qui très simple. Si quelque chose doit se passer, c'est que tu en était destinée. On s'attriste bien trop souvent lors d'événements catastrophiques. Combien de fois, tu avais entendue cette foutue phrase. Tu t'imagines, j'étais à deux pas de la fusillade, j'aurais pu mourir ! Mais, tu n'étais pas sur le lieu. Tu n'as pas à ressentir la peur et cette étrange sensation, non, tu n'as pas étais sauvé. Tu n'étais simplement pas destiné. Hors de cette philosophie, tu es une gamine comme une autre. Un peu différente, avec ta chevelure flamboyante et tes idées bien définies. Si l'on t'observe, on peut remarquer que tes journées se ressemblent énormément. Tu aimes sortir tôt le matin, prendre un bon chocolat chaud à la petite terrasse, presque cachée dans une ruelle sombre. Peu de monde y va, parce-qu'elle n'est pas ensoleillée. Mais toi, tu y vas, parce-que les viennoiseries sont bonnes et les personnes sont gentilles. Tu n'as rien à foutre d'avoir un bout de terrasse au soleil, la plupart sont d'ailleurs proche des grandes artères de la ville. Bouffer les gazs des pots d'échappement, c'est clairement pas ton truc. Tu admires cependant les gens qui s'affichent fièrement, presque de manière hautaine, en disant le style de phrase qui donnent envie de rire. Aaaaah, ça fait un bien fou d'être au bon air ! Oui, tu les admires. La suite de ta journée, c'est souvent lecture dans un parc, jusqu'à midi moins le quart, tu cherches un petit snack ou restaurant qui paie pas de mine, tu manges souvent sur le pouce et tu pars de suite continuer tes fabuleuses aventures. L'après-midi, tu rentres souvent chez-toi, pour faire ton sport, regarder tes séries, te reposer. Tu ne t'ennuies jamais, tu aimes cette petite vie banale. Mais tu aimerais reprendre tes études ou trouver un travail qui te plaise réellement. Ce sera très certainement pour plus tard.

Aujourd'hui, en prime, alors que tu n'es pas du genre à relancer les conversations, tu te permets d'envoyer un message à ta correspondante. Parce-que tu ne lui as pas répondu il y a trois jours, et qu'elle pourrait s'en inquiéter. Elle vit dans la même ville que toi, tu ne sais pas depuis combien de temps. Tu ne lui as jamais posé la question. Vos discussions ne gravitent jamais autour de votre vie, votre passé. Et ce que tu apprécies, étant très frileuse, lorsqu'il s'agit de parler de cette foutue enfance. Tu sautes dans ton canapé, cherchant tes mots. Pour une fois, tu vas faire le premier pas, tu en as peur, mais tu en as surtout très envie.

Coucou Jen ! Désolé de ne pas t'avoir répondu. J'étais pas mal occupée. J'aimerai me faire pardonner, si ça te dis... on pourrait se rencontrer ? Depuis le temps qu'on en parle, sans jamais le faire. Tu souffles un coup, et tu envoies directement le sms, sans te poser mille questions. Sinon, si tu revenais dessus, tu aurais très certainement enlevé une grosse partie du message pour juste t'excuser.

Je devais avoir huit ou neuf ans, je ne sais plus exactement. Tout ce que je sais, c’était que j’étais à l’école primaire à ce moment-là, lorsque mon institutrice à parler de la possibilité de correspondre avec un autre élève. Un élève étranger. J’ai tout de suite eut envie de le faire. Je voulais une camarade qui vivait en France ou en Espagne. Plutôt en Espagne, parce que c’était le pays de naissance de ma mère. Mais, il y a du avoir un couac dans l’administration au moment de l’attribution des correspondants, car la fille qui m’a écrit ne vivait pas en Espagne. Mais qu’importe puisque je me suis très vite bien entendue avec elle. D’ailleurs, au bout de quelques mois, tout mes camarades avaient arrêté leur correspondance et pas moi, c’est bien un signe qui prouve que l’on s’entendait très bien. Au départ, nous nous écrivions des lettres, toutes les semaines. Puis, nous avons grandis, nous avons le droit d’utiliser internet de nous créer une adresse email, alors on s’écrivait plus souvent. Plusieurs fois par semaines. Et puis, il y a les portables. J’ai eu mon premier au Noël de mes quainze ans. Cette fois, on s’échangeait des messages des messages tous les jours. A chaque fois qu’on avait quelque chose à se raconter, vite, un sms ! C’est elle la première qui a su pour la rupture de mes fiançailles, elle craignait que je le vive mal, mais ce n’était pas le cas. Quand on prends la décision à deux, c’est que c’est murement réfléchie. Mais, en revanche, je ne lui ai jamais dis qu’avec du recule et une vie loin de lui, Lester me manquait horriblement. Ça, je ne l’ai dis à personne, même pas à ma meilleure amie et encore moins à mon père. Quand au principal concerné, ce n’est même pas envisageable ! Enfin voilà, je pense à Lilith alors que je prends le soleil sur un banc en attendant que ma voiture soit prête, car elle vient justement de m’envoyer un message. A dire vrai, je lui ai écrit il y a quelques jours après avoir quitter le travail, mais elle n’avait pas répondu. C’est maintenant chose fait et me voilà rassurée. Non pas que je craignais qu’elle m’est oublié, mais parce que c’est très rare qu’elle mette trois jours à répondre. Mais, je ne suis pas du genre à harceler les gens pour avoir une réponse alors je me suis dit qu’elle devait être très occupée et en effet, c’était le cas. Absalom miaule en entendant la sonnerie de mon téléphone pendant que je tape ma réponse. « Salut ! Je ne t’en veux pas, rassure-toi. Et bien oui, pourquoi pas ! Si tu veux, je suis au parc, sur Cathedral Heights ! » lui écrivis-je, avant d’envoyer le message. C’est vrai, depuis le temps que nous correspondons, nous ne nous sommes jamais vus. Je sais à quoi elle ressemble et vice versa, mais l’occasion ne s’est jamais présenter.

Tu crains sa réponse, comme une personne pourrait craindre une mort ou une maladie. Tu crains sa réponse, parce-que si elle refusait, ça viendrait à réduire quelques années de discussions enflammées, de secrets dévoilés, ça pourrait même anéantir ta confiance en toi. Tu as tellement changé en quelques années, tu as peur de la décevoir, tu es toujours en transition entre ta vie de petite enfant, pauvre et recherché par l'orphelinat italien, et ta nouvelle vie qui s'offre à toi comme une seconde chance, une vie que tu vas devoir gérer seule. Tu as peur de rater, tout ce que tu entreprends. Mais bien vite, une réponse arrive sur ton téléphone pour soulager tes maux de coeur. Tu serres d'ailleurs ton smartphone contre ta poitrine après avoir visionné le message. Elle est pas loin de toi. Tu sautes de ton canapé, visiblement avec une pêche d'enfer. Tu atteint ta chambre à une vitesse folle, cherchant une tenue à mettre très trèèèès rapidement. Comme tu ne trouves pas de suite d'idée, tu choppes ton téléphone portable pour lui répondre. Tu aurais dû faire ça en premier, d'ailleurs. Tu tapes alors quelques mots, rapidement. Génial ! Je me prépare et je sors de chez-moi. Rejoignons-nous à côté du parc, au café, si ça te va ? Tu te dis qu'avec un peu de chance, l'ambiance sera bonne, pour votre première rencontre physique. Tu tombes nez à nez sur un jean, même s'il commence à faire chaud, tu n'as pas envie d'afficher encore tes jambes. Tu t'accordes par contre, un haut plus court, noir. Tu accordes la chose avec des petites bottines à talons. Tu prends une petite sacoche rapidement, pour y fourrer ton essentiel. Avec ton smartphone, tu commandes un uber. Ce n'est pas loin, mais il y a tout de même de la route à pieds, que tu veux éviter. Elle est déjà au parc, le temps de marcher, elle risque de perdre patience. Tu vérifies une dernière fois, avant de sortir de chez-toi et à attendre quelques petites minutes le véhicule, qui se gare au bord du trottoir, pour enfin te prendre pour la petite course. Tu souffles tu n'as pas mis trop de temps ; tu sors de nouveau ton smartphone pour lui envoyer de nouveau un sms. Sur la route, je suis là dans une douzaine de minutes. Tu l'agrémentes d'une petite photo pris de l'intérieur de la voiture, simplement l'extérieur, les habitations qui surplomblent la si belle allée fleurie.  

Washington est une belle ville. Je ne regrette pas d’avoir fait ce choix en prenant la décision de tout plaquer, il y a de ça, presque un an. Certes, il m’a fallut faire de nouvelles rencontres et pour ça, je ne pouvais compter que sur moi-même, parce que ce n’est pas mon abruti de colocataire qui allait me présenter des amis. Oh, j’ai bien du en voir quelques-uns, mais franchement, je ne pourrais jamais devenir leur amie ! On dit que l’homme descend du singe et bien, dans leur cas, ils en sont resté à ce stade ! Des primates, des bonobos. Voilà ce qu’ils sont ! Ils sont répugnant de saleté et de sottise. Je crois que depuis un an que je vie avec ce type, la seule bonne soirée que j’ai passé c’était au tout début, lorsque je lui ai mis une raclée sur son jeu vidéo préféré. Il pensait me rendre service en m’apprenant les bases, mais je connaissais déjà ce jeun par cœur puisque Lester y jouait. Laissez-moi vous dire qu’il n’a pas apprécier et pendant plusieurs jours, il m’a clairement fait la gueule. Depuis, on se croise à peine dans l’appartement, chacun mange dans son coin. C’est d’un triste. Heureusement, il n’a rien contre Absalom. C’est même tout le contraire, car il y deux ou trois semaines, je suis sortie de ma chambre pour aller boire un verre d’eau et je l’ai trouvé assis dans le canapé ; toujours à regarder une émission de téléréalité complétement débile ; avec mon chat dans les bras. Il lui parlait d’un air totalement idiot en lui caressant la tête. J’ai du me retenir de me foutre de sa gueule, mais ça me démangeais ! Enfin, tout ça pour dire que ce n’est pas grâce à lui que j’ai pu me faire des amis et visiter la ville. J’ai dû me bouger l’arrière-train, comme on dit ! Heureusement, j’avais Lilith et les messages que l’on s’échangeait régulièrement. Elle m’indique être tout près du par cet me propose de nous donner rendez-vous dans un petit café, juste en face. J’accepte bien vite, ça fera descendre la glace que je viens de manger, puis, alors que je m’étire, elle me renvoie un message pour me dire qu’elle sera là d’ici une douzaine de minutes. « Super ! Je nous réserve une table ! » envoyais-je, rapidement, avant de partir en direction du dit café, mon sac dans une main, le panier de mon chat dans l’autre. Absalom donne une nouvelle fois de la voix, il n’aime vraiment pas être dans ce truc, mais je ne peux pas faire autrement.