Choisir le doute comme philosophie de vie c’est comme choisir l’immobilité comme mode de transport. (ft. Elena)

Lorsque j’étais enfant, je détestais le sport. Les sports d’équipes surtout. Parce que j’étais nulle et toujours choisie la dernière, ce qui n’aide vraiment pas à apprécier une discipline quelle qu’elle soit, nous sommes d’accord ! Il faut dire aussi que j’avais peur du ballon. Oui, oui, vous avez bien lu ! Et ça, ça n’encourageait pas les autres enfants à me choisir et je finissais, bien souvent, avec le sifflet à la main. Oh, ça ne me dérangeais pas. A la limite, c’était même préférable, parce que j détestais transpiré. Ce n'était pas bon pour mes cheveux. En revanche, lorsque nous faisions athlétisme, là, je me lâchais, parce que ça me plaisait et généralement, je surpassais tout le monde. Mais, ça, c’était avant. Car, en choisissant de faire des tutoriels de remise en forme pour mon blog, il a bien fallu que je me mette à aimer le sport. Et puis, je crois que Yohann adorait ça, lui aussi. Tout ça pour dire qu’avec mon métier, je n’avais pas le choix ! Mais, malheureusement, il y a quelques jours, je me suis fait une entorse au poignet. Je suis tombée du tabouret en mettant en haut de mon dressing, le reste de mes vêtements d’hiver. Rien de bien grave, mais j’en ai pour quelques jours avec une attelle. Et par cette chaleur, ce n’est pas très agréable. Néanmoins, ça ne m’empêche pas de prendre un peu l’air, c’est pourquoi, j’ai décidé de me rendre sur le terrain de sport pour aller encourager nos champions. Je sais que Summer doit s’y rendre, elle aussi. Et justement, alors que je la cherche parmi la foule, elle me voit et me fait signe de la rejoindre. « Salut ! » dis-je, en m’installant à ses côtés.

Mon poignet me faisait souffrir, mais je me devait de faire avec. Il y a un an encore, j'en aurais sans doute fait toute une montagne, en chipotant que la couleur de l’attelle jurait avec le reste de ma tenue ; comme la prétentieuse narcissique que j'étais ; mais ça, c'était avant. Car, au fil du temps et sans doute grâce à Yohann ; mais sans doute qu'il ne s'en rendait pas compte ; j'avais appris à regarder plus loin que le bout de mon nez et surtout, j'avais appris à regarder autre chose que mon nombril. Je faisais d'avantages attention aux gens qui m'entouraient et donc, aujourd'hui, la couleur de mon attelle ne m'offusquait plus. Et surtout, si ça me faisait mal, je ne m'en plaignais pas parce que je savais que bien des gens souffraient de bien pire qu'une vulgaire entorse du poignet. C'était le cas de cette fille, Summer. Je savais ce qu'elle avait, une leucémie. C'est de cette terrible maladie que ma mère était morte lorsque j'avais six ans. Lorsque Summer l'avait évoquer, je m'étais sentie mal, avec une furieuse envie de m’enfuir en courant. Mais, je ne l'avais pas fait. Je l'avais rencontré par hasard dans l'hôpital lorsque j'étais venue faire la visite de contrôle après ma brûlure à la main. A l'époque, j'étais encore superficielle et stupide, mais cette rencontre m'avait ouvert les yeux sur autre chose que ma petite personne. J'évitais le sujet avec, parce que je me doutais bien qu'elle voulait parler autre chose que de sa maladie et d'une certaine façon, comme c'était un sujet très douloureux pour moi, ça m'arrangeais bien. J'étais venue sans me douter qu'elle serait là ; ou alors elle me l'avais dit et ça m'étais sortie de la tête. Quoiqu'il en soit, j'étais là. "Je vais bien. Et toi ? pas trop fatiguée par cette chaleur ?" lui demandais-je, gentiment. Malade ou bien portant, nous étions tous victime de la canicule. Elle me parla de Yohann, semblant s'étonner que je ne sois pas avec lui. Mais, nous n'étions pas ensembles. A part au concert, ou nous avions été ensembles, chaque fois que l'on se voyait, c'était par hasard. C'était une situation peu ordinaire que la notre, car je ne savais pas du tout ce qu'il pensais de moi. "Non, non. Il a pris quelques jours de vacances bien méritées !" avouais-je. En réalité, je n'en savais rien. "Tu es venue voir le match ?" la questionnais-je, quoique je ne savais pas s'il y en avais un ou pas.

A peine arrivée et après les salutations d'usages, je demandais à la jeune femme si elle ne souffrait pas trop de la chaleur. La canicule, ce n'était facile pour personne et cette année, nous étions bien gâtés. C'était partout pareil de par le monde. Chaleur et orage. Je ne crois pas me souvenir d'avoir eut aussi chaud de toute ma vie. Bon, après, je suis jeune donc, j'ai encore le temps de découvrir des choses que je ne connaissais pas. Mais avoir autant chaud, je n'aime vraiment pas ça. Je n'aime pas l'hiver, parce qu'être engoncer dans une doudoune, ça n'a rien de bien joli, joli. Mais, quand il fait une telle chaleur, mes cheveux sont tout raplapla et ça non plus, ça n'est pas très joli. Pour le coup, oui, on peut le dire, je redeviens la Elena prétentieuse et narcissique que tout le monde méprise, moi la première. "Comme tout le monde j'imagine, difficilement !" répondis-je avec un pauvre sourire. Oui, j'étais fatiguée, je dormais avec le ventilateur à fond au dessus de la tête, à poil sur le lit, mais, même ça, ça n'était pas suffisant. Il faut faire, je suppose. Je secouais positivement la tête à sa réponse, puis, je lui demandais si elle était venue voir le match, bien que je ne sache pas s'il y en avais un ou pas. A l'évidence, elle était dans le même cas que moi. "C'est possible, en effet. Je n'y connais pas grand chose au sport !" pouffais-je. A part les sports de remise en forme que le pilate ou la zumba, ou encore le yoga, je n'en pratiquais pas.

Mon amie ne réponds pas et je comprends qu'elle préfère changer de sujet. De toute façon, à quoi bond débattre pendant des heures et des heures de la chaleur ? On sait qu'il fait chaud, que c'est la canicule, que cette année est bien pire que les précédentes, mais en parler encore et encore, ce n'est certainement pas ce qui fera baisser la température. Autant donc parler de ce qui fait notre présence ici, à savoir l'entrainement d'une petite équipe de basket-ball. Ou de volley-ball ? Merde, j'en ai pas la moindre idée. Mais il y a des paniers et des pompons-girls, donc je suppose qu'il s'agit de basket. Je préfère ne pas emmètre cette hypothèse à voix haute, je n'ai pas envie de passer pour plus stupide que je ne le suis déjà. Enfin, aux yeux des gens, hein, pas des miens ! Je ne suis peut-être pas très intelligente, je ne suis pas non plus une idiote. Disons plutôt que je n'ai pas les mêmes priorités que la plus part des mortels. "Oui, en effet !" dis-je, rêveuse, en lorgnant du côté des sportifs. Elle a parfaitement raison, inutile de connaitre quoique ce soit en sport, il suffit de regardé. Et puis, si ouverture, il y a, il y a fort à parier qu'ils se feront une joie de tout expliquer en détails. Je n'y comprendrais rien, évidement, mais je peux faire semblant de comprendre. C'est à la portée du premier venu que de hocher la tête d'un air entendu, tout en souriant d'un air béat en buvant les paroles de son interlocuteur. Je reviens toute fois sur terre lorsque Summer évoque également les pompons-girls. Je hausse les épaules en plissant le nez. "Mouais. Enfin, moi, les filles ça n'a jamais été mon truc !" avouais-je. J'ai toujours été attirée par les hommes et il n'y a aucune raison pour que ça change.

Depuis que Yohann est de retour dans mon paysage, j'avoue ne plus regardé les garçons de la même façon. Avant, tout ce qui m'intéressait, c'était d'avoir un petit copain à chaque bras. Parfois, j'avais tellement de flirts que je ne savais plus sur quel pied danser. Je m'y perdais. Comme le dit si bien mon frère, j'en ai brisé des cœurs ! Et puis, Yohann est arrivé. On était déjà sortis ensembles, il avait même fait partis de mes "victimes", mais il faut dire qu'à l'époque, j'étais une véritable pétasse, je ne m'intéressais à rien d'autre qu'à ma petite personne, à ma popularité. Je marchais sur les autres et Yohann, au même titre que bien d'autres personnes, en avait fait les frais. Quand on s'était revu, il me l'avais d'ailleurs bien fait comprendre et puis, je crois que le temps à passé. Il a compris que je n'étais qu'une gamine irréfléchie et que j'avais changé, grandit, muri. Je n'étais plus la même personne. Désormais, je faisais attention aux autres. Alors certes, parfois, il pouvait arrivé que l'ancienne Elena refasse surface, mais ça ne durait jamais bien longtemps et c'était surtout pour pousser une bonne gueulante, pas pour marché sur les autres. Cette époque était révolue. Ceci dit, même si je ne regardais plus les garçons de la même façon depuis des lustres, j'avais des yeux et je savais m'en servir. Alors, quand un beau garçon se trouvait dans mon champs de vision, normal, que j'en profite ! Mais, ça n'allait jamais plus loin qu'un simple regard parce que ça ne m'intéressais plus. Il n'y avait plus que Yohann, mais il n'avait pas l'air de s'en rendre compte. "Les règles ? Quelles règles ?" demandais-je, soudain. Je n'avais rien compris à ce qu'elle avait dit, trop occupée que j'étais à penser à lui. "Désolée, j'étais un peu ailleurs !" continuais-je. Puis, elle me demanda comment était mon type d'hommes. Je haussais les épaules. A dire vrai, je n'en savais rien. "Au lycée, je t'aurais répondu les sportifs, les mecs populaires. Aujourd'hui, je t'avoue que je ne sais plus !" avouais-je. "Et toi ?" lui demandais-je, finalement. J'étais sortie avec des bruns, des blonds, des petits, des grands et j'en passe. Je n'avais pas de physique types, je crois que c'était surtout une question de feeling. "Yohann ? Oui, peut-être !" dis-je, en détournant les yeux.