Une rencontre arrosée ! Luis

Ce n’est pas parce que je suis pompier que je dois être sociable pour autant. Je ne le suis pas. Les gens sont pour moi assez décevant. Puis je n’ai pas pour habitude d’avoir des contacts avec les autres autrement que pour le strict minimum. Surtout car j’ai le même secret depuis des années. Je me dis que si je me rapproche d’une personne, elle me posera certainement des questions, surtout qu’en été, je me comporte vraiment bizarrement par rapport au reste du monde puisque je reste enfermé plutôt que d’aller me foutre à poil sur une plage. J’ai mes raisons bien à moi. Je n’ai pas envie de partagés celles-ci. Alors non, avoir des amis, c’est beaucoup trop compliqué à mes yeux. Autant être désagréable avec les autres et les tenir le plus éloignés de moi. Cependant, j’ai sans doute été un peu difficile avec cette jeune femme. Elle n’a pas fait exprès, elle doit juste être maladroite. C’est surtout pour ça que je me suis excusé, elle n’a rien fait de mal. « - Mh mh. » Je n’avais pas spécialement besoin d’explication sur ce qui vient de se passer, je l’ai vu de mes propres yeux. Mais bon, si elle y tient ça n’est pas la mort non plus. Je soupire doucement, en essayant d’être calme. Ca va vraiment être compliqué de faire comme s’il n’y avait personne dans la salle maintenant. Puis cette sensation de froid sur ma peau ne part pas. Il faut plus de temps c’est certain. « - Ah oui. Merci. » Je prends un mouchoir hors du paquet qu’elle me donne. Puis j’estompe un petit peu. Puis surtout j’essuie ma peau. J’en profite qu’il fasse sombre pour le faire, sinon, je ne l’aurai jamais fait. Je respire doucement en haussant les épaules. C’est bon ainsi à mes yeux. Je regarde dans la poche de ma veste, prenant la petite fiole qui contient de l’alcool. Je bois une ou deux gorgées avant de la remettre calmement. Je réfléchis un peu avant de poser les yeux sur la demoiselle. « - Du coup, c’est con, vous n’avez presque plus rien à boire. » Enfin, il doit lui en rester un peu mais plus tellement non plus. « - Vous voulez que j’aille vous en reprendre ? » Il pense ne pas y être non plus pour rien dans l’histoire. Il a de grandes jambes et c’est parfois compliqué de passer dans ce genre de salle. Puis il a quand même un instinct de protection et de survie. Il n’est pas pompier pour rien. C’est juste qu’il n’aime pas spécialement être vu ainsi. Il essaie d’être correct, sans trop l’être à le fois. Inutile qu’on s’attache à lui ainsi.

Parfois, je suis désagréable. Enfin souvent je le suis, sans même que je m’en rends compte, mais je peux également être sympathique et proposer mon aide quand il le faut. Je ne suis pas contre rendre des services. Tant que je reste le plus éloigné possible de la personne, ça me convient parfaitement de toute façon. C’est pour ça que je lui ai proposé d’aller reprendre une boisson, pour qu’elle puisse avoir de quoi faire durant la séance. Mais elle refuse. C’est comme elle le souhaite, je ne lui forcerai pas la main non plus. Je ne suis pas tant ridicule. Et puis ça m’évite de bouger de mon siège pour aller retrouver le monde qu’il y a un peu partout dans ce bâtiment. A sa seconde remarque, je ne peux empêcher un fou rire. Je me mets à rire assez longuement. Ca ne m’arrive pas souvent, mais c’est plus fort que moi pour le coup. Il me fait quelques instants pour me reprendre. « - Désolée. J’ai pas pu me retenir. » Je ne me moque pas d’elle. Mais peut-être qu’elle est susceptible de le croire. Ce qui serait dommage. C’est pourquoi je reprends peu de temps après. « - C’est juste que votre phrase est un peu tendancieuse quoi. » Enfin, c’est peut-être mon esprit qui est tendancieux et tordus. Mais c’est un peu le second sens de sa réponse qui m’a fait rire. Mademoiselle aime bien avoir les mains occupées. Je racle la gorge doucement, essayant d’être un peu moins bête. « - Enfin, si jamais j’ai à boire également. Mais c’est de l’alcool par contre. » Autant prévenir. Je n’ai rien d’autre avoir moi. C’est d’ailleurs idiot, mais c’est ainsi. Puis je ne vais pas lui mentir. Ca n’est pas comme si elle était ma patronne, je n’ai pas besoin de lui cacher le détail de l’alcool. Le film commence finalement, ce qui me réjouit d’ailleurs. Je pose les yeux vers l’écran, suivant les premiers instants avec attention, ne voulant pas rater une miette de ce qui s’y passe puisque je suis ici pour voir ce film au final.