T'es qui toi ? (Daryl) -hot-

Une soirée était organisée au casino de la ville. Pourquoi ? En quel honneur ? Pour qui ? Je ne savais pas et je ne voulais pas vraiment le savoir. Tout ce que je savais, c’était qu’on m’avait demandé de faire acte de présence et que je n’avais pas le choix d’être là. Je pouvais supposer que cet évènement avait donc son importance, même si cela ne voulait pas dire que j’étais intéressé pour autant. Me résignant quand même à m’y rendre, je m’habillai dans la tenue qu’on avait choisi pour moi - parce que pour ça, je ne choisissais plus - et je me rendis à l’endroit désigné, à l’heure désigné, comme un bon petit soldat. Sur place, on m’approcha rapidement, me proposant une coupe de champagne, que je refusai, demandant rapidement quelque chose de plus fort. Du courage liquide, il m’en faudrait pour passer au travers de cette soirée qui me semblait juste hautaine, où les bonnes apparences étaient de mise et le plaisir, mal vu par tous ces gens de la haute dont je ne prétendais pas faire partie. Prenant une première gorgée de ma boisson dès qu’elle me fut servie, je sentis au passage un regard un peu plus insistant sur ma personne, un regard… familier au final. Un peu soulagé, j’eus un sourire en coin, mais pas trop grand, parce que ce n’était pas le bonheur absolu non plus. M’approchant, tentant de faire fi de comment la demoiselle m’avait ignorée la dernière fois que nous nous étions croisés, je profitai du fait qu’elle n’était pas occupée et approchée par qui que ce soit pour passer ma main à la chute de ses reins, et lui dire à l’oreille:  « J’espère que tu n’avais pas l’intention de m’ignorer encore une fois… », le disant surtout à la blague, espérant que malgré tout ce qui s’était passé dans sa vie ces derniers temps, elle ne m’avait pas rayé de son existence pour autant.

Lamentable échec. Athena se recula brutalement, comme si j’étais un inconnu. Ce fut si violent que limite je me demandai si je ne m’étais pas trompé de personne, alors que non… Ce n’était pas le cas. Je l’avais vue bien souvent - et surtout moins habillée - pour me rappeler à qui je parlais. Et au final, tout devint un peu plus clair avec ses propos; elle pensait me connaître, mais ne se souvenait pas et tout ça à cause de ce stupide accident. Comment je me sentais par rapport à ça ? Je ne saurais pas le dire, pour être honnête. J’étais un peu rassuré qu’elle ne m’avait pas complètement oublié, mais en même temps, je ne savais pas comment faire pour faire en sorte que ce soit plus clair pour elle… Et l’idée d’attendre pendant une heure, très certainement, ne me plut pas tant que ça. Ne parvenant pas à cacher mon désagrément, je grimaçai, et je dis, après avoir regardé les environs:  « Il n’y a personne qui réclame quoi que ce soit, pourquoi ne pas aller dans un coin et parler maintenant ? » Et espérant que peut-être, ça vienne raviver chez elle des souvenirs un peu plus… intenses et agréables, j’eus un sourire un peu plus narquois, et j’ajouter:  « Ou… Je peux toujours te montrer… » J’aurais pu aller plus loin, en d’autres circonstances, public ou pas, je ne me serais pas gêné pour jouer de mes mains sur son corps, mais je ne voulais pas la faire complètement fuir ou me prendre une gifle alors que des gens de ma connaissance étaient là. J’étais peu gêné, je n’aimais pas nécessairement ces gens, mais j’avais un peu d’orgueil, quand même.

« Non, je n’ai pas l’habitude que toi, tu me dises non. » Voici ce que j’aurais dû lui répondre. Je l’avais sur le bout de la langue, ç’aurait pu sortir sans aucune difficulté, mais refusant de me prendre une gifle, envenimer la situation et faire en sorte que je serais tout sauf avancé avec elle, je pinçai les lèvres et je gardai mon commentaire pour moi, ne répondant pas, surtout que peu de temps après, j’obtins directement ce que je voulais. Satisfait, j’attendis, patient, terminant mon verre au passage d’un trait. Ce fut une longue gorgée, qui me brûla la gorge, qui vint même m’étourdir pendant un bref instant, mais clairement pas de quoi me perturber. J’avais déjà été pas mal plus ivre que ça par le passé et surtout, j’avais déjà ingurgité de l’alcool pas mal plus rapidement que ça, et en plus grande quantité. Considérant Athena dès qu’elle revint à ma rencontre, amusé de voir qu’elle aussi, elle semblait avoir besoin de courage liquide, j’hochai la tête pour lui dire que oui, on pouvait y aller. Où ? Je ne savais pas. Mon esprit pervers avait évidemment envie que ce soit dans un endroit clos, mais je ne pouvais pas en demander trop. Finalement, nous aboutîmes dans un endroit calme, privé, mais où toute personne pouvait venir à tout moment. Excitant mais bon… Il allait que je garde une contenance, même si d’emblée, elle ne vint pas m’aider à le faire par son propos. Alors que plus tôt, je m’étais retenue, là, ce fut plus fort que moi, je dis:  « Dommage… » Et peut-être ce serait suffisant pour que ses souvenirs remontent à la surface ? Ce serait un choc, ce serait violent, peut-être assez pour provoquer quoi que ce soit chez elle. Prenant sur moi, même si là, ça devenait de plus en plus difficile, je finis par dire:  « Parce que je suis certain que si je te la montrais tu te souviendrais de moi. » Étais-je en train de prendre pour acquis que j’étais mémorable à ce point ? Oui, c’était ce que j’étais en train de dire. Et je m’assumais parfaitement, ce n’était pas nouveau, ce n’était pas un problème. Mais ne pouvant pas opter pour ça, je décidai d’y aller plus doucement, m’approchant, tout de même prudent, seulement pour lui susurrer à l’oreille:  « Parce qu’elle te plait beaucoup… » Et pour compléter mon propos, je ne fis que poser un baiser dans son cou, à la naissance de sa mâchoire, m’éloignant prestement, pour éviter la gifle si elle venait, espérant que je ferais ne serait-ce que commencer à montrer mon point, et que je ne serais pas juste en train d’empirer les choses.

Évidemment que je n’avais pas une attitude exemplaire. C’était moi, c’était ainsi que j’étais et Athena n’avait jamais eu de problème avec mon attitude. En fait, parfois, c’était même elle qui était plus perverse que moi et là, elle était froide, cette attitude, elle ne l’aimait pas. Et même si je m’attendais à un potentiel choc, je ne pensais pas qu’il serait aussi… considérable. C’était à un point qu’il fallut que je me fasse violence pour ne pas être vexé, qu’il fallut que je me rappelle qu’elle ne se rappelait pas de moi, qu’on partait de zéro. Inspirant, je la laissai poser ses questions, me grattant la nuque, ne sachant plus comment commencer désormais. Mon plan était tombé à l’eau, et au final, je le trouvais complètement ridicule. Je devais trouver une autre façon d’agir et vite. Répondre à ses questions ? C’était peut-être le plus logique à faire. Et qui sait, peut-être que je serais récompensé ? Ç’avait été plus fort que moi, j’avais vu un sous-entendu dans la dernière phrase d’Athena. Mais je ne pouvais pas laisser mon esprit tordu prendre le dessus, ce n’était pas possible. Restant encore un peu en silence pour réfléchir comme il faut, oublier l’attitude de « gros con » pour quelques minutes, je pris mon téléphone, l’allumai, et je cherchai une photo d’Athena et moi, probablement la seule que j’avais. Lui montrant, je dis:  « Je m’appelle Daryl, je suis pilote de course. On s’est rencontrés sur ton ancien lieu de travail et nous sommes… amis. » Je me sentais terriblement ridicule de lui dire un truc pareil, de me présenter de la sorte. Mais avais-je le choix ? Pas vraiment. Soupirant, je tentai de retrouver un peu plus de moi-même dans le processus, ajoutant:  « On a pris l’habitude de baiser de temps en temps parce que ça nous plait à tous les deux. On prend notre pied à chaque fois. » Sur ces mots, je repris mon téléphone, le rangeai, et je gardai mes mains dans les poches de mon pantalon, la regardant, la fixant, tentant de ne pas penser à cette envie brûlante que j’avais, encore et toujours, de lui montrer que je ne plaisantais pas, que je serais encore capable de trouver ses points faibles, la faire gémir et crier au point que tout le monde allait l’entendre. Et je sentais une tension terrible, qui me donnait encore plus envie de céder à ces terribles pulsions, mais je ne pouvais pas, je ne devais pas, pas pour le moment.

Je n’utilisais presque jamais le mot « ami » pour désigner ma relation avec quelqu’un. J’avais toujours eu du mal à me faire une définition de l’amitié pour moi-même, et pourtant, j’avais utilisé le terme pour décrire notre relation, ce que je n’avais jamais fait précédemment. Pourquoi ? Parce que je n’avais jamais été obligé de le faire. Parce qu’entre Athena et moi, ç’avait toujours été simple. Nul besoin de se poser des questions, nul besoin de faire quoi que ce soit parce que justement, c’était facile. Et voilà que ce simple terme, ces trois mots, venaient tout changer, d’une façon que je considérai… excessive. Enfin, ça me parut excessif dans un premier temps, sachant que je ne lui avais pas dit que j’étais amoureux d’elle ou quelque chose du genre. Mais quand j’y réfléchissais… Je n’étais pas certain qu’à sa place, j’aurais aimé qu’on qualifie une relation comme tel… Ce fut la seule pensée le moindrement altruiste que j’eus, parce qu’après, Athena vint me piquer de nouveau, d’un propos qui vint me dégoûter. Grimaçant, je ne parvins pas à lui dire que oui, j’étais passé la voir, entre deux voyages, que j’avais pris du temps pour passer, alors qu’elle était dans le coma, endormie. Je n’avais pas fait grand-chose, mais j’avais été là, et bien souvent, je n’étais pas parvenu à m’expliquer pourquoi j’avais fait une chose pareille - bon, j’étais aussi là pour un examen médical mais ça, c’était un détail, j’aurais quand même pu partir directement après. Personne ne l’avait su, même pas elle. J’avais gardé ça pour moi, mais dans l’accès de colère qui était en train de monter, j’avais envie de lui dire, sans aucune délicatesse. Aucune délicatesse parce qu’elle, elle avait décidé que j’étais que son plan cul et voilà. De toute façon, je n’aurais pas eu le temps de dire quoi que ce soit qu’elle prit la porte, me laissant dans cette salle, complètement seul, seul en constatant que cette soirée qui aurait pu être un peu plus prometteuse était en train de devenir un vrai désastre. Je n’avais désormais qu’une envie; partir et ne pas revenir. Tant pis si on se demandait où j’étais, j’allais me faire porter pâle, ou… dire que j’avais eu une meilleure soirée avec une serveuse. Ce serait peut-être un peu plus crédible. Quoiqu’il en soit, je pris quelques secondes pour essayer de me calmer, puis je sortis du salon, me disant que peut-être je pourrais attraper un dernier verre - ou une bouteille - avant de quitter. Mais alors que je me dirigeais vers la salle principale, je vis un corps allongé dans le couloir: Athena. Roulant les yeux, je marmonnai pour moi-même:  « C’est pas sérieux… » Je n’avais absolument aucune idée de comment me comporter avec une personne malade… ou blessée… ou endormie… Mais quoiqu’il en soit, je supposais qu’elle ne pouvait pas rester là… N’est-ce pas ? Mais devais-je appeler les urgences ? Non, pas comme ça. Histoire de ne pas alerter qui que ce soit tout de suite, je la pris dans mes bras, la soulevai dans un grognement - elle ne s’aidait pas après tout ! - pour la ramener dans le dit salon, l’installant sur un fauteuil, essayant de lui dire, à sa hauteur:  « Hey, réveille-toi… », me retenant de lui mette une petite tape sur la joue… Fallait pas pousser quand même.