Apprends tes leçons et tu auras un bonbon ♠ Ezys

Alys& Ezra

Le café était serré comme j’aime, et je pouvais le sentir brûler ma gorge. C’était le genre de boisson dont j’avais besoin pour me mettre d’attaque. J’observais l’état de mon appartement dans un petit soupire. Même si le peu de rangement me convenait, je voulais que mon ancienne élève ne me voie pas comme un original qui se contentait de ranger ses livres en tour de pise du sol au plafond. Bien sûr, elle n’était plus en classe et je n’aurais pas dû avoir honte de me sentir un peu bordélique, mais Alys avait toujours été mon élève favorite, même si en tant que professeur je ne devais pas faire de préférences, elle avait toujours été studieuse dans une classe d’imbéciles heureux. Et puis elle avait toujours eu une façon de me regarder quand je parlais, même quand j’étais assis à ne rien faire d’ailleurs. Certainement, que je devais l’inspirer, et c’était tant mieux. Elle avait toujours été très respectueuse envers moi, et c’est donc tout naturellement que j’avais gardé contact avec elle pour l’aider en français dans sa formation. Elle avait un peu insisté pour venir chez moi plutôt que de se retrouver dehors. Certainement qu’elle voulait découvrir la grotte de son ancien professeur, et je ne pouvais pas lui en vouloir, ça faisait partie des mystères que beaucoup d’élèves voulaient résoudre une fois dans leur vie après tout. Après avoir bu ma dernière gorgée de café, j’ai reposé ma tasse sur le comptoir, m’étirant doucement, en faisant craquer mes doigts. Il était temps de ranger un peu. J’allais ouvrir la fenêtre pour aérer un peu et comme d’habitude, le chat de mes voisins en avait profité pour aller s’installer sur le canapé. Levant les yeux au ciel, je ne m’étais pas opposé à sa visite, moi qui aimait tellement les chats comment refuser. Alors, toujours en caleçon, j’avais pris soin de faire un peu de ménage, histoire de passer la poussière, ranger mes vêtements correctement sur le porte-manteau, ranger les livres sur les étagères, bien que la plupart, par manque de place, devaient rester dans leur forme initiale c’est-à-dire, en tour. Je n’avais pas la télé, j’avais simplement un bureau avec ma machine à écrire. Elle était ancienne et j’y tenais. Au milieu du salon se tenait mon piano. Lui aussi, ancien, mais ses notes étaient toujours aussi belles. Une fois que j’avais rangé le loft, je regardais le tout d’un air satisfait. Il ne manquait plus qu’une chose, prendre une bonne douche pour me réveiller. Aussi tôt pensé, aussitôt fait, je m’engageais sous la douche, laissant couler une eau presque brûlante, mais j’adorais ça. J’aurai bien passé une heure là-dessous, mais je n’avais pas toute la journée avant la venue d’Alys. La douche fut donc rapide, et me séchant vite fait, je m’étais habillé une fois bien sec. Un simple jean et un t-shirt un peu large feront l’affaire. Moi qui ne mettais que des chemises en cours, elle trouverait sans doute ça particulier, ça me donnait l’air beaucoup plus jeune, avec les cheveux encore un peu mouillés. J’avais choisi de ne pas me raser, et je sortais enfin de la salle de bain, fermant la porte.

Sur la table, de quoi écrire et d’anciennes fiches de révisions étaient disposées à mes soins. Je ne savais pas encore sur quel chapitre elle voulait étudier, mais dans tous les cas j’étais équipé pour. J’allais refermer la fenêtre, laissant le chat dormir sur le canapé. Dehors il faisait encore bien froid, et c’était sans doute la température à venir pour les deux prochains mois au moins. Les mains dans les poches je regardais les passants qui remontaient leur écharpe. J’espérais qu’Alys n’aurait pas trop froid et que le chemin ne serait pas trop long pour elle depuis son quartier. Je serais bien venu la chercher, mais ça aurait pu être mal venu de ma part et un peu étrange pour ses parents, même si ils étaient heureux que je continue à aider leur fille. Je me suis toujours bien entendu avec eux, surtout la mère. Je faisais toujours des beaux sourires au père, mais il ne m’inspirait pas vraiment. Il avait l’air plutôt froid et sévère, c’était un peu tout ce que je n’aime pas en fin de compte. Je pris alors mon téléphone en main. Elle était encore à l’heure. Mais vu le temps qu’il faisait, en tant que professeur, je ne pouvais pas m’empêcher de m’inquiéter un peu. J’avais donc décidé de lui envoyer un SMS. « Couvre toi bien pour sortir, il ne faudrait pas que tu tombes malade. » Bon, ça faisait un peu papa, mais c’était sincère. Et puis, comme ça, elle me répondrait, ce qui m’empêcherait de m’inquiéter encore un peu plus longtemps.

Alys& Ezra

Mon Iphone avait affiché un nouveau message. J’attendais des réponses venant de plusieurs personnes différentes, mais une seule pouvait répondre aussi vite, toujours à l’heure. Alys, même si je ne suis pas censé le dire, avait toujours été mon élève favorite, en tout cas pour sa classe. Je me souviens encore de ses notes, de son comportement irréprochable. D’habitude on me donnait toujours les classes difficiles, alors quand j’avais eu le temps de découvrir cette jeune fille blonde au sourire angélique, j’avais cru à une mauvaise blague. Dans un premier temps, j’ai pensé que c’était un faux air de petite fille modèle comme beaucoup le font de nos jours pour tromper les professeurs les premiers jours après la rentrée. Et puis, les semaines passèrent, les mois, et j’avais eu la bonne surprise de constater que finalement, Alys était réellement celle que j’avais imaginé. Elle écoutait attentivement mes cours, participait timidement, faisait très bien la lecture, et terminait toujours ses devoirs pour la semaine d’après. Au bout du compte, c’était l’élève idéale, surtout pour un professeur comme moi, qui avait le don pour se retrouver avec les pires classes du lycée. Je me souviens surtout avoir été surpris quand elle avait annoncé au corps enseignant qu’elle ne souhaitait plus aller à l’école. Surtout que je connaissais son frère, et que lui avait terminé, et je n’aurai pas vraiment parié sur le frère si j’avais dû choisir à l’époque. Baby l’avait eu comme élève, ainsi que Connor il me semble bien. D’ailleurs, je n’ai jamais compris pourquoi il évitait le sujet Marius, il a certainement dû le traumatiser pendant un cours. Je soupirais doucement. Alys était désormais en formation, mais j’étais content qu’elle ait décidé de continuer les cours de Littérature, surtout avec moi, ça me rassurait dans un sens. Ça voulait dire qu’elle avait aimé mes cours, et qu’elle avait confiance en moi pour continuer son éducation littéraire. Ses parents aussi visiblement. Ça faisait toujours plaisir, de voir son travail être reconnu. Je pris alors des cahiers vides, de quoi écrire, et un livre dont un chapitre était marqué. Nous étudierons un passage et je pensais lui faire écrire un commentaire de texte, ce qui l’entraînerait très bien à l’analyse de cas et au développement des idées. Elle en aura certainement besoin un jour dans un rapport. Je souriais un peu, en jetant un regard sur le chat des voisins, qui avait décidé de rester endormi sur le canapé. Il voulait sans doute voir Alys. L’idée me fit sourire doucement, tandis que j’entendis frapper à la porte. Je m’étirais rapidement, vérifiant une dernière fois que tout était en place et que rien ne traînait. J’avais alors ouvert la porte, un vieux jean, et un t-shirt un peu col V, les cheveux un peu ébouriffés. Je savais que j’avais une allure décontractée étonnante quand on me connaissait en cours, là, j’étais plutôt sexy, et je faisais encore plus jeune. On m’a déjà donné 25 ans dans cette tenue, et ça m’amusait pas mal. « Alys, bonjour. Oui, je suis content que tu ne te sois pas transformé en glaçon. » Je souriais, la laissant entrer, refermant la porte d’entrée derrière elle. J’avais mis assez de chauffage pour qu’elle retrouve des couleurs rapidement. En tout cas je l’espère. Je lui souriais doucement. Elle était toujours aussi jeune et timide, je trouvais ça plutôt amusant, et puis très mignon, vraiment.