Sujet: Long time no see (Arizona) Jeu 16 Fév - 22:31
Hazel & Arizona
Long time no see
Rayon de soleil qui transperçait à travers les volets, mal de crâne qui te vrillait les tempes, tu clignais des yeux plusieurs fois avant de pouvoir stabiliser le monde autour de toi, dans ton esprit, c'était le trou noir le plus total, tu ne savais ni où tu étais, ni comment tu y étais arrivé, pas plus que ce que tu avais pu fabriquer hier soir, ça faisait une éternité que tu ne t'étais pas senti comme ça, que tu ne t'étais pas retrouvé dans un tel état, pourtant, ton propre calme face à la situation te surprit toi-même, la manière avec laquelle tu te redressa, laissant tes yeux enregistrer les détails de la pièce alors que tu fouillais les poches de ta veste, de ton jean, à la recherche d'indices, tu savais que remonter le fil de ta soirée était la seule manière pour toi de retrouver la mémoire. Et au milieu des divers tickets de caisse, aux montants dignes de filer un infarctus à n'importe quel banquier, argent familial que tu dilapidais pour te défoncer, tu remarquas un morceau de papier froissé, une lettre dont la lecture te ramena rapidement dans le passé. Tu avais été viré de ton appartement, c'était pour ça que tu étais sorti, pour ça que tu avais bu jusqu'à tout oublier, parce que c'était ta seule réponse à tes problèmes, ta seule manière de les régler, boire pour oublier, frapper pour ne plus y penser, l'un ou l'autre, parfois les deux aussi mais pas cette fois, cette fois tu avais juste fini pitoyable et pathétique dans la rue, prêt à dormir dans le caniveau même s'il fallait, et puis un type t'avais ramassé et ramené chez lui, un type à qui tu avais tout raconté, ta vie, tes problèmes, tes emmerdes, un type à qui tu avais même révélé que tu étais gay. A cette pensée tu as paniqué, tu te donnais tellement de mal pour le cacher une fois sobre, c'était insupportable qu'une fois sous l'effet de l'alcool tu aies un tel besoin de le revendiquer, un tel besoin de parler, mais, comme tu ne voyais personne dans la pièce, comme tu n'entendais pas d'autres bruits que celui de ta respiration, tu t'es dit, un peu stupidement, que tu pouvais toujours t'éclipser sans te faire remarquer, tu savais que c'était déplacé, que tu aurais au moins dû laisser un mot pour remercier, mais tu n'étais même pas sûr d'arriver à tenir un stylo convenablement, déjà que ton écriture était digne de celle d'un manchot épileptique quand tu allais bien, et puis tu n'avais pas vraiment envie qu'il se rappelle de toi, qui qu'il soit.
Alors tu t'es levé, en essayant d'ignorer la douleur, en essayant d'ignorer le fait que tu avais l'impression de t'être fait piétiner, tu as attrapé ta veste, rabattu ta capuche sur ton visage et tu t'es dirigé vers la porte, mais comme tu es toi, et comme tu n'as jamais eu de chance, comme tu as toujours été doué pour te mettre dans des situations plus improbables les unes que les autres, la porte s'est ouverte, à l'exact instant où tu t'apprêtais à le faire de ton côté. Tu t'es figé la main en l'air comme pour appuyer sur la poignée, alors que tu dévisageais déjà la personne qui entrait, sentant ton sang se geler dans tes veines, tes yeux s'écarquiller alors que tes lèvres articulaient silencieusement quelques mots « Oh merde... »
« Oh merde », ça tu pouvais le dire, cinq années pouvaient changer beaucoup de choses mais cinq années n'avaient pas suffit à ce que tu ne la reconnaisses pas, Arizona, et quant à toi, peu importe le nombre d'années écoulées, elle pourrait toujours te reconnaître à cause de tes yeux, ta particularité, tu ne pouvais même pas envisager de mentir sur ton identité. Tu étais coincé. Si tu avais imaginé la revoir un jour, tu n'aurais jamais pensé la revoir en étant chez un inconnu, à qui tu avais malencontreusement fait ton coming out, avec une gueule de bois d'un autre univers et l'air complètement défoncé, pourtant, et parce que tu étais toi, tu fus absolument incapable de faire profil bas, la regardant dans les yeux, sourire aux lèvres, comme si tu étais fier de toi.
« Tiens ça faisait longtemps »
Arizona S. CampbellGrateful for the family we chose
MY BOOK COVER▹ posts : 1932 ▹ credits : Tag ▹ avatar : Claire Holt ▹ pseudo : Niagara ▹ multinicks : Crystal S. Hanson (Nina Dobrev) ✰ Erika T. Mills (Eliza Dushku) ▹ age : 29 ans depuis un an maintenant, en réalité 30 ans (14.03.89) ▹ activité rp : DISPONIBLE www. Meg & Ryan www. www. www. www. Carnet d'adresses ▹relations:
Sujet: Re: Long time no see (Arizona) Sam 25 Fév - 0:42
Long time no see
Hazel & Arizona
Arizona avait encore du mal à y croire. C'était tellement improbable… quand elle avait reçu ce SMS de Jared, elle s'attendait à une connerie, une proposition indécente ou une invitation à aller picoler pour ensuite faire des choses indécentes. Mais lorsqu'elle avait lu “Hazel Campbell” elle avait froncé les sourcils. C'était trop gros pour et être un hasard et Jared n'aurait jamais du connaitre ce nom. Le MMS qu'il lui envoyant ensuite confirma que ce fameux Hazel n'était pas un homonyme mais bien son frère… Ce frère qu'elle n'avait pas vu depuis cinq ans… non, six présent même ! Le temps passait si vite. Quoi qu'il en soit, il n'aurait jamais du être à Washington mais bel et bien en Alsaka avec le reste de la famille… enfin, Ryan avait débarqué ici il y avait quelques mois alors ils y avait désormais plus de Campbell à Washington qu’à Fairbanks. Était-ce Ryan qui avait prévu Hazel qu'il avait retrouvé Arizona ici ? Ce serait étonnant, aux dernières nouvelles, ce n'était pas l'amour fou entre ses deux frères alors la communication… Après quelques SMS avec Jared, Arizona s'empressa de s’habiller sans prendre le temps de se remaquiller et se recoiffer - chose très très exceptionnelle de sa part. Elle savait que Hazel n'allait pas disparaître, Jared saurait le retenir mais elle ne voulait pas attendre. Ne sachant pas pour combien de temps elle en avait, elle laissa un mot à Meg pour la prévenir qu'elle s'absentait et attrapa son sac à main avant de se dépêcher de conduire jusque chez Jared.
Elle descendit de sa voiture et claqua violemment la portière avant d’entrer en trombe chez Jared sans même prendre la peine de sonner ou de frapper. De toute façon, il savait qu'elle débarquait, c'était comme s'il l'invitait à entrer d'elle-même, non ? Enfin bref, même réglerai ça avec le propriétaire plus tard, pour l'instant elle dévisageait son imbécile de petit frère planté comme un piquet dans l'entrée. Merde ? Il ne croyait pas si bien dire.
« Toi ! »
Arizona fit un pas à l'intérieur et claqua la porte derrière elle en le pointant du doigt. En une fraction de seconde elle se retrouva à quelques centimètres de lui. Sans réfléchir, elle laissa sa main s’abattre droit sur la joue de son cadet.
« C'est tout ce que tu trouves à dire ? Ça faisait longtemps ? Bah oui ça faisait longtemps ! Et je peux savoir pourquoi j'te retrouve bourré sur le canapé de mon pote ? »
Il avait fallu qu'elle réfléchisse à vitesse grand V pour trouver comment qualifier Jared. Ami ? Pas vraiment… Sexfriend ? Plan cul ? Pas le genre de choses qu'elle veut dire en premier à son frère après tant d'années. Arizona secoua la tête.
« Et puis d'abord qu'est-ce que tu fous à Washington ? Depuis quand t'es là ? »
Bizarrement, elle avait posé le même genre de questions à Ryan quand il avait débarqué chez elle mais elle était beaucoup moins accusatrice et de bien meilleure humeur. Hazel n’avait pas vu Arizona depuis longtemps et elle était très loin le jeune femme douce et influençable qu'elle était autrefois. Elle s'était endurcie, elle avait gagné en fort caractère. Désormais, si elle avait envie de dire merde, elle ne prenait pas de pinceaux pour le dire. Si elle voulait quelque chose, elle le prenait. Elle avait fini de dire amen à tout et de faire confiance à tout le monde en croyant à leur bonne parole. C'était même plutôt l'inverse… Arizona avait bien changé dans sa tête et Hazel risquait d'être surpris quand il allait réaliser ce changement chez sa sœur.
Emi Burton
InvitéInvité
MY BOOK COVER
Sujet: Re: Long time no see (Arizona) Ven 3 Mar - 3:24
Hazel & Arizona
Long time no see
A l'instant même où tu avais reconnu ta sœur sur le pas de la porte tu avais su que tu aurais dû te taire, que tu aurais dû faire profil bas, ne pas faire de vagues, t'expliquer, chercher à comprendre ce qu'elle faisait là, comment elle avait pu réussir à te retrouver chez ce gars, tu le savais mais tu avais fait tout l'inverse, parce que tu étais toi, parce que tu étais incapable d'agir en adulte, incapable de te comporter convenablement, parce que tu provoquais, encore et toujours, avec ton sourire fier, ton regard arrogant, relevant une simple évidence, comme si tu ne ressentais rien au fond, comme si tu n'étais pas gêné un instant par la situation, pas en train de torturer de questions. Tu savais que tu étais insupportable quand tu agissais comme ça, complètement infernal et invivable, mais à aucun instant tu n'aurais pu imaginer la provoquer au point de te faire gifler, ce n'était pas la première fois qu'elle le faisait, probablement pas la dernière non plus lorsqu'on connaissait ta manière de te comporter, mais tu ne l'avais pas vu venir, et pendant quelques secondes tu perdis ton air si sûr de toi, remplacé par un air sincèrement surpris, un peu choqué peut être même alors que tu portais la main à ta joue silencieusement, incapable de faire autre chose que de baisser les yeux devant la tornade de reproches qui s'abattait sur toi. Pourquoi elle te retrouvait ici, bourré sur le canapé de son pote ? Tu ne le savais pas vraiment toi-même, probablement parce que tu avais trop bu, qu'un type t'avait ramassé avait eu pitié de toi, au lieu de te laisser seul dans le froid et qu'à aucun instant tu n'aurais pu deviner qu'ils se connaissaient, c'était la version la plus sincère en tout cas, et la version que tu aurais dû dire pour la calmer même si bien sûr comme toujours elle aurait désapprouvé l'usage abusif que tu faisais de l'alcool, c'était ce que tu aurais dû dire mais une fois encore tu avais préféré provoquer, tout envenimer, à croire que c'était dans ta nature, à croire que ça t'amusait.
« Ravi de te revoir aussi. Pour ton information, je suis pas bourré, plus maintenant en tout cas, par contre la gueule de bois c'est pas improbable et c'est pas ta douce et mélodieuse voix qui va arranger ça »
Douce et mélodieuse voix qui continuait de parler pourtant ou plutôt de t'agresser, de t'accuser. Toi, tout ce que tu avais fait c'était prendre le travail qu'on te proposait, tu avais renoncé dés le jour de sa fuite à la retrouver ou à la traquer et tu détestais qu'elle puisse s'imaginer que c'était ce que tu avais fait, c'est probablement pour ça que cette fois tu as dit la vérité, retournant lentement prendre place dans le canapé, remettant sur toi la couverture qu'on t'avait prêté.
« Ça fait deux semaines, je suis venu pour travailler »
A peine ces mots prononcés, tu l'as regretté pourtant, tu ne la connaissais plus vraiment mais si quelque part au fond d'elle existait encore la sœur que tu avais connu, tu avais peur qu'elle se mettre à espérer, tu avais peur de relever les yeux et de voir dans son regard l'espoir que toi aussi tu aies changé, que cette nuit n'ait jamais été qu'une erreur, une simple soirée et que tu en aies terminé avec tes délires de gamin égaré. Tu n'avais pas envie qu'elle s'imagine ça de toi, qu'elle pense que tu t'en étais sorti, tu n'avais pas envie qu'elle se fasse des illusions, des faux espoirs, pas envie de mentir sur ça, alors, sans même savoir si oui ou non, ces pensées avaient pu traverser son esprit, tu as préféré tout briser de toi-même, c'était ce que tu savais faire de mieux de toute façon, tout détruire, démolir autour de toi.
« Te fais pas d'illusion, j'ai démissionné et j'ai été viré de mon appartement. Ça en fait au moins un de nous deux qui change pas apparemment »
Tu avais voulu dire ça sur le même ton provocant que tout le reste, de cette manière de t'exprimer qui était devenue si familière pour toi, celle qui te permettait bien souvent de masquer toute trace de sentiments, d'émotions, et pourtant cette fois tu avais échoué, ta voix trahissait ce que tu ressentais le désespoir, la lassitude, et quelques reproches muets.
Arizona S. CampbellGrateful for the family we chose
MY BOOK COVER▹ posts : 1932 ▹ credits : Tag ▹ avatar : Claire Holt ▹ pseudo : Niagara ▹ multinicks : Crystal S. Hanson (Nina Dobrev) ✰ Erika T. Mills (Eliza Dushku) ▹ age : 29 ans depuis un an maintenant, en réalité 30 ans (14.03.89) ▹ activité rp : DISPONIBLE www. Meg & Ryan www. www. www. www. Carnet d'adresses ▹relations:
Sujet: Re: Long time no see (Arizona) Ven 24 Mar - 14:26
Long time no see
Hazel & Arizona
Arizona ne pensait pas revoir Hazel de sitôt. Elle avait déjà été surprise de retrouver Ryan à Washington, plus exactement, d’être retrouvée par lui. Mais voir désormais Hazel débarquer ici par le plus grand des hasard et qui plus est, tomber sur Jared… les probabilités qu'une telle chose arrive étaient vraiment très faibles. Que ce soit à l'échelle du monde, comme à l'échelle de la ville.
« Oh ben oui, c’est vrai, la gueule de bois c’est TELLEMENT mieux ! Gueule de bois ça veut dire que y’a maximum quelques heures, t’étais bourré donc t’as tort. J'espère bien que ma douce et mélodieuse voix va te donner un mal de crâne carabiné ! » lâcha-t-elle en haussa volontairement un peu plus le ton.
Il ne fallait pas la lancer là-dessus aussi s’il ne voulait pas qu’elle parle encore plus fort. Il allait la consommer à fond sa gueule de bois, parole d’Arizona Campbell ! C’était quoi son problème au juste ? Arizona n’avait pas de nouvelles de lui depuis six longues années, alors elle ne connaissait plus vraiment son frère… pourtant, elle avait l’impression d’avoir en face d’elle le même gamin de dix-neuf ans qu’elle avait laissé en Alaska. Celui qui se faisait passer un savon quand il faisait des conneries, celui qui passait des nuits dehors parfois complètement bourré qui parfois restait justement dehors ou chez des amis par "peur" de rentrer dans cet état, si on pouvait vraiment parler de peur et pas simplement une envie qu’on lui foute la paix. Il finit par lui dire qu’il était ici depuis deux semaines. C’était donc assez récent. Mais elle ne put masquer sa surprise quant à la raison de sa venue ici. Bon, bah ça confirmait que la théorie improbable selon laquelle Ryan avait pu prévenir Hazel, était bel et bien éliminée.
« T'as trouvé du travail ici ? » demanda-t-elle en haussant les sourcils.
C'était plutôt surprenant quand même. Il s'était vraiment éloigné de chez eux, se retrouver à Washington c'était ... un énorme hasard ! Sur toute la surface de la planète, il avait fallu qu'il trouve un boulot dans la ville où Arizona s'était planquée il y a six ans et où leur aîné l'avait rejointe il y a quelques mois. Le monde était drôlement petit quand même. Mais assez rapidement, Hazel lui annonça qu'il avait perdu le boulot dont il venait de parler, enfin... qu'il l'avait quitté et qu'il avait été viré de son appartement. Bien joué, p'tit frère... Arizona soupira et prit sur elle pour se calmer. Elle prit une inspiration et vint s'asseoir près de lui sur le canapé avant de prendre une voix plus douce.
« Haz’... » en fait… elle ne savait pas exactement quoi lui dire, elle ramena nerveusement une mèche blonde derrière son oreille « C'est juste que ... j'me fais du souci pour toi, je m'en suis toujours fais, tu devrais le savoir.. »
Même si cette inquiétude se cachait souvent sous un ton moralisateur. Son frère aîné avait déjà de la prison et elle ne supporterait pas d'en voir un deuxième derrière les barreaux.
Sujet: Re: Long time no see (Arizona) Mer 29 Mar - 3:25
Hazel & Arizona
Long time no see
Si tu avais eu peur instinctivement de croiser l'espoir dans son regard, de lui avoir fait croire accidentellement que toi aussi tu avais changé durant ces six dernières années, en relevant les yeux vers elle ce fut pourtant la surprise que tu déchiffras sur son visage, les sourcils légèrement relevés, l'incompréhension visible sur chacun de ses traits. Tu ne t'étais pas attendu à ça et pourtant tu t'étais senti blessé au lieu d'être soulagé, au fond de toi, malgré toi tu devais inconsciemment espérer qu'elle ait pu t'imaginer évoluer positivement, qu'elle ait pu t'imaginer grandir, mûrir, ne pas rester éternellement le même gamin de dix-neuf ans, tu étais un paradoxe vivant, à ne pas vouloir décevoir et pourtant à rechercher la déception dans les regards, à rechercher le conflit, mais à le haïr aussi...C'était probablement pour ça, parce que les émotions, les pensées se bousculaient dans ton esprit, toutes en opposition les unes avec les autres, sans jamais trouver le moindre sens, que tu n'avais pas réussi à contrôler le ton de ta voix en lui répondant ensuite, qu'au lieu de conserver les mêmes intonations distantes, provocantes que tu avais adoptées depuis des années, celles que toute ta famille détestait, tu avais laissé transparaître ce que tu ressentais vraiment, bref aperçu de ce qui se cachait derrière le voile, derrière le masque que tu t'efforçais de porter, de garder : la lassitude, le désespoir, la colère même et tous les reproches que tu leur faisais.
Pourtant à l'instant même où elle avait pris place à côté de toi, prononcé ton surnom, un surnom que tu n'avais plus entendu depuis des années, d'une voix douce, avant de te dire qu'elle s'inquiétait pour toi, qu'elle s'était toujours inquiétée pour toi, que tu le savais, tu avais compris qu'elle avait gagné. Si tu savais rester distant, provocant, blessant même ou injuste face aux reproches, tu ne savais pas l'être face au calme, tu savais répondre à la violence par la violence, mais tu n'étais pas encore tombé assez bas pour répondre au calme par la violence. Si tu t'écoutais bien sûr que tu lui aurais dit les pires horreurs possibles, que tu lui aurais signalé qu'elle n'avait pas eu l'air de vraiment s'inquiéter pour toi pendant six ans, que tu lui aurais balancé des questions plus blessantes les une que les autres en plein visage : Est-ce que tu as même pensé à moi ? Est-ce que tu rappelais mon existence avant aujourd'hui ? Est-ce que tu crois que tu peux revenir prendre ta place comme si de rien n'était ? Est-ce que tu crois même que tu mérites d'être encore appelée ma sœur après tout ça ? Mais tu n'avais rien dit, elle ne le méritait pas, tu ne le pensais même pas, c'était juste des pensées qui te frappaient de temps à autre, mais tu avais assez de recul pour comprendre que si tu étais aussi en colère dans ces quelques moments, c'était juste parce qu'elle te manquait parfois. Aujourd'hui, elle était en face de toi.
« Et toi tu devrais savoir que ça fonctionne pas de me faire la morale... »
Ton encore légèrement agacé alors que tu énonçais une vérité, qu'elle savait ou aurait dû savoir après toutes ces années.Tu avais toujours détesté les leçons de morale, les reproches ou les jugements, ce n'était pas un secret, tu les vivais comme des agressions, aussi mauvaise que puissent être tes excuses, aussi mauvaises que puissent être tes actions, tu voulais avoir ton mot à dire, une chance de t'expliquer, et pas directement te faire engueuler. Être moralisateur avec toi était au mieux inefficace, tu te braquais simplement, et la discussion devenait stérile, au pire contre productif, tu faisais encore pire la fois d'après, juste pour provoquer, pour te venger.
« Ni de me frapper »
Cette fois ce fut finalement un sourire qui se dessina sur tes lèvres, sincère et légèrement amusé, autant dire qu'elle en entendrait encore parler pendant des années, attendre d'être âgé de 25 ans pour se prendre la main de ta grande sœur en plein visage n'était pas vraiment quelque chose que tu avais envisagé.
Lentement, le silence revint dans le salon, alors que tu resserrais la couverture contre toi, massant désespérément tes tempes avec tes doigts, maintenant que la surprise, le choc étaient passés, que ton cerveau était de nouveau vaguement en état de fonctionner, quelques questions commençaient à te brûler les lèvres, tu commençais à réaliser qu'elle était vraiment là, à côté de toi, et tu espérais vraiment que cette fois elle ne reparte pas. Tu as mordu tes lèvres doucement, avant de prendre la parole, hésitant.
« Dis...je peux te poser des questions, ou c'est trop...je sais pas, indiscret ? Déplacé ? »
C'était peut être la seule chose sur laquelle ton comportement s'était légèrement modifié, si quelques années auparavant, tu aurais posé toutes les questions qui te venaient à l'esprit, sans t'inquiéter des conséquences qu'elles pourraient avoir, aujourd'hui tu étais plus prudent, plus conscient des autres et de leurs sentiments, tu expérimentais de plus en plus souvent, des émotions comme la compassion, la compréhension.