I'll be there for you ♠ Sasha

Est-ce que j’avais voulu ça ? Je n’en sais rien, mais je l’avais provoqué. Mes pas pressés, m’avaient menés jusqu’à devant chez mon amie d’enfance, ma presque sœur, mon tout, la seule qui pouvait me comprendre, la seule qui savait me parler, la seule qui savait m’écouter. Dehors, la pluie s’était abattue sur moi, et le vent avait claqué la peau de mon visage comme un couteau, semblant presque me punir de ce qui venait de se produire entre ma femme et moi. Lorsque je fermais les yeux, je revoyais encore la scène en boucle, et j’avais mal. Ça me tordait le ventre, ça me nouait la gorge, et ça me faisait mourir le cœur doucement. Ma tête semblait prête à exploser, rafraichie par la douceur de la pluie torrentielle. Trempé, je restais devant la porte, fixant la sonnette, épuisé, plein de remords et de larmes qui ne sortaient pas du plus fond de moi. C’était le genre d’émotion, que je me refusais à exhiber, le genre de sentiments, dont je ne voulais pas m’embarrasser. Avec ma femme, nous nous étions disputés, encore des banalités. Pourquoi, comment, maintenant je ne m’en souvenais même plus. Ma journée, avait été pareille à toutes les autres, cloué dans le fauteuil de mon bureau, scrutant ma secrétaire, qui avait encore répondu à mes pulsions physiques incontestées. Ça aussi, je me le reprochais bien souvent, mais c’était plus fort que moi. Depuis toujours, depuis mon enfance, Sasha était là pour moi, et connaissait tout de moi, même les parties les plus sombres. Aujourd’hui, j’avais encore besoin de son aide, de sa voix, de son sourire. Elle savait plus que n’importe qui, que Jesabel était depuis toujours la seule femme de ma vie. La seule qui avait capturé mon cœur, même si j’allais parfois voir ailleurs. Les os trempés, les vêtements mouillés, j’avais fini par appuyer sur la sonnette de son entrée, choisissant de venir la déranger, elle et son mari que je ne supportais pas, que je n’ai jamais aimé. J’espérais qu’il ne soit pas là, de mémoire, il avait quelque chose de prévu un soir de la semaine. Mais je ne savais pas quel jour, et ce n’est pas comme si je pouvais prévoir mes disputes avec ma femme. Quand je regardais mes doigts, quand je posais le regard sur ma main, j’avais des remontées de mémoires, des remontées acides en moi. Je me voyais encore, lever la main sur elle, l’abattre sur son corps que j’aimais tant et que j’avais si souvent embrassé. Je mordais ma lèvre, attendant que la porte s’ouvre, pour pouvoir enfin voir apparaître mon amie, qui me manquait toujours, quand je passais une journée sans la voir ou lui téléphoner. Ces temps-ci, je n’avais pas eu beaucoup de temps pour venir lui rendre visite, et je m’en voulais terriblement. Le travail, ça demande toujours du temps, surtout pour quelqu’un comme moi, PDG et connu des médias. Quand enfin j’avais vu la porte s’ouvrir, j’avais eu le regard fatigué, et soulagé en même temps. Je savais que je pourrais enfin vider mon cœur et parler sans me sentir juger, elle savait tout ce que je faisais endurer à ma femme, et tous mes doutes, toutes mes peurs. Je pouvais lui dire ce que je voulais, elle m’écoutait toujours avec amour. C’était pareil dans l’autre sens, j’étais là pour elle en toute circonstance, et elle le savait très bien aussi. Quand je l’avais aperçu derrière la porte, j’avais levé les yeux vers elle, soupirant doucement, les mains dans les poches, un peu tremblant, sous cette pluie qui semblait ne plus vouloir en finir. Le ciel était gris, et je crois bien qu’un orage allait se préparait à éclater au-dessus de ma tête. « Sasha… » Je sentais ma voix qui tremblait, et j’étais allé la prendre dans mes bras doucement, posant ma tête contre son épaules. Comme un enfant qui avait besoin d’attention. « J’ai tellement besoin de te voir. » C’était chose fait alors.

Depuis ma séparation avec Zachary, je n’ai pas remis un pied dans notre maison. Je n’avais pas vraiment le courage de revenir dans cet endroit mais surtout, je n’avais aucune envie de tomber sur lui, sur sa sœur ou encore pire… Sur Roxane. Toutefois, j’ai tout de même quelques affaires à récupérer. Des choses qui appartiennent à Liam, le fils d’Aaron et aussi des choses qui sont à moi et que je n’ai pas envie de laissé à cet homme qui m’a humilié. Enfin bref, revenir dans cette maison me donne plus l’envie de ne pas m’éternisé plutôt qu’autre chose… D’ailleurs cela me fait aussi pensé que je ne dois pas non plus rester une éternité chez Aaron, bien que je n’aie pas envie de partir de chez lui. J’y suis bien là-haut. Pour la première fois depuis très longtemps, je me sens en sécurité et dans une ambiance familiale. En même temps, le petit Liam m’appelle toujours maman et je crois qu’il est tout à fait heureux de me voir chez eux. Après, je crois qu’il va falloir que j’en discute un peu avec Aaron, pour savoir s’il veut que je reste ou que je me trouve un appartement. Enfin je verrais bien après tout… Je finis de sortir de ma voiture après mettre assuré que personne n’était à l’intérieur. Je prends le double de la clé qu’on avait pour habitude de cacher dans un pot de terre par très loin de la porte. Je viens à rentrer doucement. J’allume la lumière et je me dirige vers la chambre pour récupérer le reste de mes vêtements avant de passer dans la chambre que l’on avait aménagée pour Liam pendant qu’Aaron était parti en guerre. Je prends les quelques affaires et jouet qui lui reste dans la chambre. Une grande partie était déjà partie chez Aaron après le retour de celui-ci à Washington mais, nous avons tout de même laissé quelques trucs au cas où Liam vienne à nouveau dormir chez moi. Finalement, il n’aura pu vraiment besoin de tout cela ici… Lorsque je viens à aller récupérer mes dossiers dans le petit bureau dans le salon, je retrouve cette première échographie… Je me sentis très mal… Personne n’était au courant de la perte de cet enfant. Aaron lui n’avait même pas été mis au courant de ma grossesse, pourquoi ? Tout simplement car je n’avais pas envie de lui dire dès son retour à Washington… Je ferme les yeux un moment essayant de calmer les larmes qui commencèrent à venir au rebord de mes yeux. Cette souffrance qu’est la perte d’une enfant, je l’affronte toute seule depuis le jour où j’ai dû avorter d’urgence… Qui fut aussi le jour où j’ai retrouvé mon mari dans les bras de ma meilleure amie… Finalement, je sortis de mes pensées j’entendis une personne frappée à la porte. Je viens à déposer les documents que j’avais en main sur la table à manger, laissant l’échographie comme ça sur la pile. Puis je viens ouvrir la porte, la pluie tombée et lorsque mon regard se pose sur la personne en face de moi… j’eus un pincement au cœur de voir Isaac dans un état dont je n’ai pas souvent l’habitude de le voir… « Isaac... » Dis-je doucement en me pinçant la lèvre inférieure. Lorsqu’il vient me prendre dans ses bras, je viens le serrai contre moi. Je sais qu’un truc ne va pas pour lui : « Tu as bien fait de venir… » Mais encore plus il ne m’aurait pas trouvé ici… Faut dire que je suis sur une autre planète depuis quelques semaines à présent. Je viens poser mes mains sur son visage, pour le faire me regarder un moment. « Allez… Rentre… » Je viens me détacher de lui, le laissant ainsi rentré dans la maison. J’espère que les Walker ne vont pas venir ce soir... Enfin cela m’étonnerait mais bon.

Sasha, est l’unique personne au monde qui avait le droit de voir mes larmes, qui a le droit de voir mon visage abattu par la tristesse et le remord. Elle connaissait tout de moi, depuis toujours, depuis que je la connaissais, depuis qu’elle était comme une sœur à mes yeux. Lorsque j’avais commencé à avoir des excès de colère, elle s’en était rendu compte, elle savait à quel point je me sentais torturé, à quel point j’étais mal et perturbé d’avoir tellement changé au fil des années. Je lui parlais de tout, elle savait ce que je faisais subir à ma femme, et pourtant, elle ne m’avait jamais jugé, et encore moins abandonné. Elle m’écoutait toujours, et me laissait venir sur son épaule, où je pouvais redevenir l’espace d’un instant, un enfant. Nous avions toujours eu un relation spéciale, unique, un lien fusionnel, que personne ne pouvait comprendre ou seulement deviner, presque comme des jumeaux. Nous faisions tout ensembles, nous n’avions aucun secret l’un pour l’autre. J’étais là pour elle, et elle était là pour moi, c’est aussi simple que ça. C’est la seule femme pour qui, je n’avais pas d’attirance, pas parce que je ne la trouve pas belle au contraire, Sasha est tout à fait magnifique, mais parce que justement, nous avons ce lien trop fraternel, trop unique, qui nous abritait du reste du monde, et que je n’aurai voulu perdre pour rien au monde, ni échangé. Ce soir-là, comme tous les soirs où tout allait de travers, et que j’avais envie de m’enfuir loin de cette ville, j’avais décidé de retrouver Sasha. Et d’ailleurs, je me demande bien comment j’aurai fait si elle n’avait pas été là. Quand la porte d’entrée fut ouverte, ce fut un soulagement immense, tel que je ne pouvais pas l’expliquer, ni m’exprimer clairement à ce sujet. J’avais simplement levé les yeux vers elle, et elle m’avait compris, comme elle le faisait toujours. J’avais posé mon visage sur son épaule, fermant les yeux, pendant à peine quelques secondes, laissant la pluie continuer à me tremper, mais ça m’était bien égal. Sa voix me réconfortait, et la chaleur que dégageait son corps aussi. Sa peau sentait bon. Ça me faisait du bien. « Tu es la seule que je vois voir. Tu es la seule qui comprenne… » Notre relation, avait toujours eu un aspect dramatique, et il faut avouer, que nous avions la vie qui allait avec. Entre la mienne, celle d’un jeune millionnaire suivi par la presse, qui trompait et frappait sa femme, uniquement par regret du passé, et qui l’aimait pourtant, et Sasha, trompée par son homme avec sa meilleure amie, il est certain que les producteurs de série et les magazines à scandale, avaient largement de quoi s’amuser avec nous. Alors, dans de telles conditions, difficile de ne pas faire dans le nostalgique et dans le dramatique. J’étais entré, une fois qu’elle m’y avait invité, dépassant la porte d’entrée et quittant la pluie pour la chaleur d’un foyer, qui maintenant n’en était plus tellement un. Je retirai ma veste, que j’accrochai au porte-manteau de l’entrée, passant mes bras autour de son cou pour l’attirer contre moi, en posant tendrement ma joue contre la sienne. J’y avais déposé un baiser doux, avant de fermer les yeux en soupirant doucement. J’entendais encore la pluie qui continuait de s’abattre dans la rue, et je me demandais, si ma femme allait bien, ou si elle était en train de pleurer, comme bien souvent. « J’ai recommencé… » Je baissais doucement le visage. Je préférais éviter son regard quand je lui parlais de ça, après tout, elle était une femme elle aussi, elle était sensible à ce genre de choses je pense, non, j’en suis certain. Et puis, elle avait été trompée après tout. « Je voulais pas. Elle m’a mis en colère, encore. Et, j’ai levé la main, c’est allé tellement vite… » Je me mordais doucement la lèvre. Je ne la frappais pas toujours, mais je culpabilisais après. La vérité, c’est que je ne la méritais pas, et cette idée, me faisait du mal, au point de lui en faire en retour. Pour le moment, j’avais besoin du réconfort et des mots de Sasha, de personne d’autre. Ensuite peut-être, que je pourrais retourner à la maison, sourire et faire comme si de rien n’était. Comme je le faisais souvent. Ou bien je ne rentrerai pas, laissant ma femme inquiète, seule, à faire je ne sais trop quoi. Peu importe, quand je revenais, elle était toujours à la maison, et ça me rassurait. Je regardais Sasha, les yeux remplis de remords. J’attendais un mot, un sourire, n’importe quoi de sa part.