L'homme de la situation ♠ Peter & Amaya

Il est tôt quand je grimpe dans le métro ce matin-là. Plus tôt que d’habitude. Depuis que je connais l’identité de mon patron, j’arrive toujours beaucoup plus tôt que d’habitude, de peur de le croiser dans les couloirs ou à la machine à café, bien que je ne boive pas de café. Oh, il ne me fait pas peur, mais il me met mal à l’aise, parce que, ce qu’il a dernière la tête, ça se voit à des milliers de kilomètres. Or, je ne suis pas ce genre de fille. Voilà pourquoi, je préfère partir de bonne heure de chez moi, pour éviter de le croiser. Jusque-là, j’ai eu la main heureuse, je ne l’ai pas croisé et il ne m’a pas non plus reconvoqué dans son bureau. Peut-être a-t-il fini par comprendre que je ne suis pas la personne la mieux placée pour être sa secrétaire personnelle. Enfin bref, comme d’habitude, nous ne sommes pas nombreux dans la rame, mais c’est très bien comme ça, car je déteste lorsqu’il y a trop de monde. Nous devons bien être une dizaine de personne a peut-près et pratiquement que des femmes ! Etrangement, ça me fait rire, mais je ne montre rien. Mais mon hilarité intérieure se calme bien vite lorsque la rame s’arrête brutalement. Une femme pousse un cri strident, suivis d’une autre et je m’y mets aussi. Il faut le savoir, je suis une grande trouillarde, la moindre petite chose qui sort de l’ordinaire peut me faire totalement perdre mes moyens. Si j’ai quelqu’un à qui parlé, cette personne aura droit à tout un tas d’anecdotes plutôt personnelles me concernant, je vais tout lui déballer, de la couleur de ma petite culotte à la cafetière que j’ai fait exprès de casser au boulot, parce que je café était dégueulasse. Ma panique peut aussi se manifester d’autres façons, car je n’ai aucun contrôle sur ce que je fais dans ce genre de cas. Là par exemple, tout en hurlant comme une démente, je me suis levée d’un bon et j’essaye de me faufiler à travers l’une des fenêtres. Mais j’ai beau être plate et toute petite, ce n’est pas une mince affaire.