N°88 || What have we done? - Alex

Je regardais mon portable pour la énième fois, ce n’était pas possible ça de ne pas vouloir répondre à un appel ou un sms. Je râlais intérieurement et tentais de faire bonne figure devant les investisseurs qui déblatéraient leur savoir pour que je choisisse qui serait le prochain à faire partit de ma compagnie. Soupirant, je tapais dans mes mains pour faire signe que c’était terminé et jetais un regard à Casey. Ce simple regard suffisait pour qu’il reprenne la suite pendant que moi j’aille affaire ailleurs. Je remerciai les personnes qui se trouvaient en rond autour de la table avant de tourner les talons et de défaire les boutons de ma veste en quittant la salle. Je n’appréciais pas tellement le comportement de Jillian. D’accord, on avait fait un écart mais ce n’était pas pour autant qu’il fallait me mettre de côté comme ça, ça n’avait rien de sentimental. Alors bon, pourquoi se prendre la tête pour ce genre de truc débile. J’attrape mes lunettes de soleil sur mon bureau, jette un dernier œil à celui-ci puis quitte l’immeuble familial pour prendre la direction de l’appartement de ma meilleure amie. Je ne comprends vraiment pas sa réaction. D’accord, j’étais à cran à cause de cette rumeur mais j’étais certain qu’elle avait fait le nécessaire pour étouffer cette affaire et nier les faits. Je montais dans ma voiture et me rendis devant l’immeuble de la brunette. Parfois, je ne comprenais pas les femmes. Même maintenant, depuis que j’avais revu Joe, j’étais toujours aussi confus. D’ailleurs, j’étais bien pressé de dire à Jillian que j’avais retrouvé Joe et d’avoir pu lui parler. Je sais que ça n’allait pas forcément lui faire plaisir et qu’elle allait vouloir la retrouver pour lui faire payer son acte, mais bon, j’avais le sourire depuis que je l’avais revu même si la conversation avait été tendue de temps en temps. Montant marche après marche, je m’arrêtais à quelques mètres de la porte pour voir une ombre passer en dessous le petit jour qu’il y avait. Je souriais puis attendis quelques bonnes minutes avant de toquer à la porte. Je passais mes mains dans le dos, me balançant d’avant en arrière avec mes chaussures. Ne la voyant toujours pas m’ouvrir, je finis par ouvrir ma bouche et de lui avouer que j’étais planté devant sa porte, répondant à sa question. « C’est Alex, ouvre Jill. » Qui voulait-elle que ce soit, franchement ? En pleine journée pendant que tout le monde travaille ? J’attends patiemment, limite en sifflant. Je me demandais toujours comment une femme pouvait faire autant la gueule et aussi longtemps pour des broutilles. Puis quand je la vois, je tique et arque un sourcil. « Merde alors, t’as une sale tête. » Je m’avance pour déposer un baiser sur son front et souris avant de fermer la porte derrière moi. « Comment tu vas, réellement ? » Je n’aimais pas tellement la voir dans cet état et peut être que c’était pour cela qu’elle ne me répondait pas, pour ne pas que je m’inquiète de trop comme j’ai l’habitude de le faire avec elle. Je croise les bras et me tourne vers le salon avant de me tourner de nouveau vers Jill. « J’ai bien cru que tu n’allais pas m’ouvrir. » Avouais-je avec un demi-sourire sur le visage. Je m’avançais et déposais ma veste sur le dos du canapé avant de me diriger vers la cuisine pour préparer deux verres d’eau fraîche. A sa tête, elle en avait grandement besoin et avant qu’elle ne veuille m’avouer ce qui n’allait pas, j’allais devoir sortir le grand jeu. Revenant dans le salon, j’allais sur le canapé et vis un creux de former comme si c’était la place de Jillian et que ça s’était creusé avec le temps. Bizarre, car auparavant ça n’y était pas. « Bon, alors tu vas me dire pourquoi tu m’as snobé pendant deux mois ? » Je parlais d’une voix normale, égale à moi-même mais tout en ayant un ton amusant. Je ne voulais pas la brusquer, je savais bien comment elle était et je ne voulais pas jouer avec le feu, pas aujourd’hui. J’arrivais enfin à avoir de ses nouvelles, je n’allais pas gâcher mes chances de les obtenir avec mes remarques à la con.

Je me devais de venir voir comment allait ma meilleure amie. Elle avait fait tant de choses depuis ma rupture avec Joe, enfin si on peut appeler cela ainsi. Bref, c’était mon devoir d’aller la voir et prendre de ses nouvelles alors qu’elle m’écartait totalement de sa vie. Je pouvais comprendre aussi après ce qu’il s’était passé il faut du temps pour s’en remettre mais je n’étais pas non plus là pour la blâmer à vie. Donc pour moi c’était du passé et rien d’autre à présent. Mais peut être que pour les filles, ce genre de processus prend plus de temps. Alors quand je la vois, je tique sur sa tenue vestimentaire, Jillian n’est pas du genre à se laisser aller. Elle sait bien qu’elle ne peut pas se le permettre vu son métier et aussi sa catégorie sociale. Je ne comprends pas tout, si bien que je m’empresse de la serrer brièvement dans mes bras avant de rentrer dans l’appartement et voir que ce n’est pas qu’elle qui se laisse aller, mais aussi tout son confort. Bizarre. Faisant le tour en quelques minutes, je rejoins le canapé pour me poser et pouvoir discuter avec elle gentiment sans rien pousser. Après tout, si elle veut me parler, je suis là et pour un moment maintenant que j’ai mis mon boulot de côté. « Pas réveillé, c’est une euphémisme ! Tu t’es vue ces derniers jours ? » Car franchement, ce n’est pas qu’elle faisait peur à voir mais presque, ses cernes étaient trop prononcées et ses cheveux étaient si emmêlés et secs que je doutais de la dernière fois qu’elle avait pris une douche. Ce n’était pas méchant, mais je m’inquiétais vraiment de son état. Je souris avant de balayer sa phrase de la main et de lui dire d’approcher car elle me rendait nerveux à rester debout comme ça. « T’inquiète pas, princesse, je ne t’en veux pas. » Comment lui en vouloir ? Surtout avec cet air là. Je me demandais presque si ce n’était pas moi qui la rendait si triste ou autre. J’avais peut être mal réagi suite à ce qui s’était passé mais c’était pour ne pas que la rumeur grossisse, surtout une telle rumeur fausse. Lorsqu’elle s’assoit, je lui caresse doucement le bras et la serre dans mes bras pour la bercer, je sens ce besoin de réconfort dont elle a besoin. Je peux lui donner, je suis là pour ça après tout. Cependant, je me fiche quand je l’entends parler. Je m’écarte un peu et je sens mon regard se durcir quand elle parle. Je ne comprends pas du tout où elle veut en venir. « Mais quoi ? » Mon ton c’était fait dur aussi, ma colère commençait à grimper. Je ne voulais pas ressasser cette histoire, c’était une erreur et je n’avais pas besoin de l’entendre encore et encore de sa bouche. Je ne voulais pas que Joe apprenne cette histoire ni personne d’autre. Ca ruinerait ma réputation, j’en étais certain. Mais ce qu’elle venait de me dire ne me rassurait guère. Je pris une gorgée d’eau à mon tour et me passait une main sur le visage avant de me lever pour me diriger vers la fenêtre. Je pousse un soupir avant de croiser les bras et de me poser contre le mur le temps de la regarder faire les cents pas devant moi. Je vais finir par perdre patience mais je ne dis rien, je la laisse faire. Ca ne doit pas être si grave que cela, je me fais des idées voilà tout. Je crispais ma mâchoire en l’entendant encore parler sans rien me dire de plus que les premiers mots qu’elle avait prononcés. Qu’est-ce qui était si dur à entendre ? Qu’est-ce qui était si dur à franchir ses lèvres ? Franchement ? Alors que j’allais l’arrêter de faire les cents pas pour qu’elle me dise ce qu’elle voulait, je pris une douche froide en entendant ses derniers mots. Je m’arrêtais net dans ma marche, ouvrant la bouche en grand et secouant la tête pour ne pas entendre ce que je venais d’entendre. Je rigole, nerveusement avant de pointer un doigt sur elle et de prendre la parole, froidement. « Tu te fous de ma gueule, c’est ça ? » Je n’arrivais pas à le croire, elle le faisait exprès juste pour me rendre dingue ou bien c’était autre chose ? Je m’avance vers elle et plante mon regard dans le sien, prenant ses épaules entre mes mains pour ne pas qu’elle dérobe. « Dis-moi que tu n’es pas vraiment enceinte ? Dis-moi que cette rumeur que j’ai entendu l’autre soir à la soirée était vraie ? » Je savais que ça ne servait à rien de demander ce genre de choses mais c’était plus fort que moi, je voulais me rassurer mais en même temps l’entendre de sa voix, l’entendre réellement. Je la lâchais avant de frapper la table du poing. « Merde ! Mais merde, Jillian, qu’est-ce que t’as foutu ? » Je la regardais, un regard noir sans pitié ni rien. Je ne voulais pas avoir de compassion, elle venait de mettre en périple mon potentiel retour avec Joe. Bref, elle venait de tout faire foirer, elle, ma meilleure amie, la brunette sur qui je peux compter à toutes épreuves. Je me savais dur mais je ne pouvais l’être autrement. Ses larmes me touchaient mais j’étais tellement en colère que pour l’instant je ne me rendais pas compte de sa détresse également.