Retrouvaille inatendue ==> Elena Braxton

bien réfléchir, je ne pense pas être quelqu’un d’aussi désagréable. C’est simplement un air que je me donne, parce que de nos jours, j’ai conscience que se montrer gentil, c’est être faible. Et je ne vois pas que l’on me voit comme quelqu’un de faible. Néanmoins, je me voyais mal agir comme si je n’avais rien vu. Yohann ne semblait pas du tout en forme et si je ne disais rien, il est probablement que personne ne s’en soucie. Voilà pourquoi j’étais revenue en arrière, allant jusqu’à m’assoir à côté de lui, sur le banc ou il était allé se réfugier. Je commençais par ailleurs à avoir froid et je passais mes mains sur mes bras pour me réchauffée. L’automne serait là dans très peu de temps. Les mauvais jours seraient bientôt de retour, je n’aimais vraiment pas ça, mais pour l’heure, je voulais m’assurer qu’il allait bien, aussi, je le lui demandais. Il était très pâle, trop blanc pour que ça soit naturel et je me demandais ce qu’il avait. Il m’assura que c’était passé, qu’il allait déjà mieux, que s’était passé. Je fronçais les sourcils, essayant de savoir s’il ne disait pas ça juste pour que je lui fiche la paix. Mais il ajouta en disant qu’il avait fait une garde de 48 heures, d’où son air blafard. Je comprenais mieux. Oui, je ne suis pas aussi bête que je le laisse paraitre, je sais très bien ce qu’il a voulu dire et qu’il fait des études de médecine. J’avoue en être impressionnée, moi qui croyait qu’il avait continué dans le milieu du sport. Mais il est vrai que nous ne sommes jamais restés en contact, donc c’est normal. « Oui, en effet, je comprends mieux ! » dis-je, alors. Il m’indiqua ensuite que je pouvais y aller, j’imagine qu’il croyait que je restais là par obligation. « Comme tu voudras ! » répondis-je en me levant. « Ça m'a fait plaisir de te revoir ! » ajoutais-je. Bizarrement, c’était la vérité, j’avais été contente de le revoir, mais je commençais à geler sur place, je ferais mieux de rentrer. « Bon, je vais te laisser, je suis morte de froid ! » dis-je, finalement.

e n’avais pas menti et malgré la première réaction que j’avais eu, j’avais été contente de le revoir. Pourquoi, je l’ignore, sans doute parce qu’il n’avait pas chercher à cacher son manque d’entrain face à nos retrouvailles. Il est vrai que la probabilité que l’on avait à se croiser dans une ville telle que Washington restait mince, mais c’était pourtant arriver. Enfin voilà. Il commençait à faire froid et comme je n’avais pas vraiment de raison de rester davantage ; sauf si je voulais attraper un vilain rhume ; j’allais devoir rentrer chez moi. Enfin, chez mon père. La journée touchait à sa fin, il ferait bientôt nuit. Çà et là, on voyait les gens se presser pour rentrer chez eux. Le glacier serait bientôt remplacé par les marchands ambulants de marrons chauds. J’automne avait poser ses valises en villes et les arbres changeaient de couleurs, bientôt, leurs feuilles tomberaient pour laisser place au paysage d’hiver. Il m’expliquera qu’il penserait à manger davantage lors de sa prochaine garde. « D’accord ! Bon courage surtout, ça ne doit pas être évident au début ! », répondis-je, de plus en plus surprise par mon comportement. Rassurée, je lui indiquais que j’allais rentrer et il me fit savoir que lui aussi, avant de lever du banc, quelque peu hésitant. Je craignais encore qu’il ne tombe dans les pommes, mais il semblait avoir repris des couleurs et un peu de force. J’aurais pu lui proposer de monter chez moi grignoter un truc, car c’était juste en face du parc, donc à moins de cinq minutes, mais j’avais le sentiment qu’il refuserait aussi, je ne préférais pas tenter le diable. Encore un truc de moi dont je ne soupçonnais pas d’existence. D’habitude, je ne cours pas, je fonce … dans le mur ! Yohann me souhaita une bonne soirée et un bon jogging ; bien que j’eusse terminé. « Merci, bonne soirée à toi aussi, et … euh … à un de ces quatre ! » fis-je, maladroitement. Après tout, si on c’était croisé précisément ce soir, il n’était pas exclu que l’on retombe l’un sur l’autre un jour, même si bon, la probabilité était faible. Je lui fis un petit signe de la main, avant de trottiner jusqu’à la sortie du parc.