like a love song on the radio / zara

Noah, j’ai soirée film avec une amie. Je ne rentre pas tard. x

Un pieux mensonge qu’elle avait retourné mille et une fois dans sa tête avant de l’envoyer pour s’assurer qu’il ne trahissait rien de ses cavales secrètes. C’est parfaitement innocent, se convainc-t-elle finalement en glissant le téléphone dans sa poche après s’être assurée que le message s’était bien envoyé – la réception n’était pas toujours parfaite entre les murs de béton de la base militaire où elle travaillait. Chloe prend une douche rapide et troque son uniforme d’officier contre un jean et un pull qui lui ressemblent bien plus. Elle regrettait toujours autant d’avoir été, en quelque sorte, forcée d’abandonner son uniforme de terrain pour un costume guindé et relativement inconfortable. Elle tresse ses cheveux sur le côté devant le miroir alors qu’une collègue rentre dans les vestiaires, lui adressant un sourire dans le reflet de la glace. « Wow, Abernathy! T’as un rencard ou quoi? » plaisante la jeune femme, avec qui Chloe avait fait une partie de son entraînement de pilote. Elle doit se faire violence pour ne pas laisser voir son malaise. « Tu sais parfaitement que je suis fiancée, en plus. Quelle blague de merde », ricane finalement la blonde, s’attirant un regard gentiment moqueur.

La pilote balance ses vêtements dans le fond de son casier sans cérémonie. « Peut-être, mais on dirait que tu fais plus d’efforts que d’habitude. Je sais pas, j’dis ça comme ça », se défend la jeune femme alors qu’elle se dirige vers les douches. Le bruit de ses sandales s’éteint et le son de la pluie d’eau commence. Chloe ne peut faire autrement que d’observer momentanément son propre reflet, un peu gênée par le commentaire autrement innocent de sa collègue. C’est vrai qu’elle faisait un effort spécial; et, en quelque sorte, c’est vrai qu’elle avait un rencard. Ça la mettait simplement mal à l’aise de constater qu’elle n’était pas aussi discrète qu’elle croyait l’être. Si une simple collègue avait su voir que son comportement était atypique, comment Noah envisageait-il la distance qu’elle avait mise entre eux, espérant trouver le courage de mettre de l’ordre dans ses idées? La blonde hoche la tête, attrapant son sac avant de sortir précipitamment. Il ne servait à rien de s’en faire avec ce genre de pensées pour l’instant.

Elle se gare, quelques dizaines de minutes plus tard, devant l’immeuble où crèche Zara. Elle peine à faire taire son cœur qui s’emballe alors qu’elle monte les quelques marches, au sommet desquelles elle appuie sur le bouton d’interphone. Puis elle entre, faisant claquer les talons de ses bottines sur le parquet alors qu’elle grimpe quatre à quatre les escaliers. Prendre l’ascenseur n’avait jamais fait partie de sa philosophie, ni de ses envies. Chloe était trop une boule d’énergie pour choisir un léger confort comme celui-là. Elle s’apprête à frapper à la porte, mais voit qu’elle est entrouverte, alors elle la pousse doucement, passant sa tête blonde dans l’embrasure. « Hey », interpelle-t-elle avant de voir la silhouette de Zara. Un sourire vient instantanément illuminer son visage, bien que timidement. Chloe referme la porte derrière elle et pose doucement les bières qu’elle avait apportées au sol. « Comment tu vas? » Elle s’approche, familière, avant de déposer un baiser timide au coin des lèvres de la rouquine.

Elle échappe aussitôt un petit rire. « Oh, Seigneur. Désolée, je t’ai mis du rouge à lèvres partout », s’excuse-t-elle en retenant son rire. Chloe retire ses chaussures et s’avance dans l’appartement, observant l’endroit avec un certain intérêt. « T’as changé quelque chose? Ça paraît plus dégagé, on dirait. » La militaire n’était pas spécialement observatrice dans la vie de tous les jours; les choses étaient différentes lorsqu’elle était dans son avion, à l’époque.

« Miss Daugherty ? Miss ? » C’est la main de son psychologue sur son épaule qui la fit sortir de ses songes dans un sursaut. Reprenant sa respiration, Zara regarda autour d’elle comme si elle avait vu un fantôme. « Vous me parliez de Miranda… » La photographe se leva vivement : « Je vous parlais de rien du tout. » Elle se dirigea vers la porte une fois son sac à dos sur son épaule : « A la semaine prochaine Miss Daugherty. » Dit le docteur avant que sa patiente ne claqua la porte mettant fin à la séance par la même occasion.

Ces séances ne se terminaient jamais très bien de toute façon. Zara n’avait pas besoin d’un soutien psychologique, mais elle était ‘forcée’ par ses parents d’aller au moins une fois par semaine voir cette bonne femme qui passait l’heure entière, les mains croisés à faire un crescendo de son divers et variés pour appuyer les paroles de sa patiente et l’encourager à continuer. Pathétique. À peine sortit qu’elle mit ses écouteurs et Spotify sur la playlist de ‘This is Elvis Presley’ pour se diriger vers la piscine municipale. Elle avait besoin de se nager, de se retrouver dans ce qui était depuis des années maintenant son élément. Les lieux, elle les connaissait par cœur et les employés la reconnaissaient. Elle troqua ses écouteurs pour son MP3 aquatique et la voilà à faire des longueurs. Des kilomètres en longueur pour calmer ses nerfs, pour enlever de sa tête ces terribles images qui l’assaillaient. Que cela soit le visage de Miranda ou bien ceux qu’elle avait vu en parcourant les villages en ruines quand elle était en Irak : Zara était clairement hantée par des fantômes. Elle s’arrêta quand la douleur à son abdomen fut insupportable. Alors, elle s’accrocha au bord de la piscine et profita que son visage ruisselait encore d’eau pour verser quelques larmes avant de s’extirper de la piscine.
Heureusement, une bonne nouvelle l’attendait sur son portable. Chloe avait accepté de passer la soirée chez elle. Zara sentit soudainement son cœur battre à tout rompre. Chaque moment passer avec elle confirmait ce qu’elle commençait à comprendre. Elle s’entichait de la militaire. Le tout maintenant était de ne pas faire de plan sur la comète car après tout la jeune femme était fiancée… A un homme. Elle répondit par un sourire et referma le casier pour aller se laver et rapidement s’habiller. Son appartement était un peu en désordre et elle ne supportait pas le cafarnaum quel qu’il soit de toute manière.

L’appartement est rangé, les livres et les DVDs étaient maintenant soigneusement rangés par ordre alphabétique mais aussi par taille. L’ordre lui permettait de contrôler ses émotions en un sens. Elle canalisait ses pensées et les désastres de sa vie en les rangeant dans des boîtes. Au même titre que les vêtements d’été qui avaient rejoint le haut de son armoire. Une organisation minutieusement planifiée. Ses tournes disques aussi avaient eu le droit à un classement alphabétique. Zara finissait à peine de rembourrer les coussins du canapé quand on sonna à l’interphone. Elle accourut pour appuyer sur le bouton et ouvrir la porte de l’immeuble avant de laisser entrouverte celle de son appartement. S’empressant d’aller dans la cuisine ouverte sur le salon et seulement séparer par un bar Américain : elle mit le four en route pour les pizzas.

« Hey… Vas-y, vas-y rentre. » S’empressa-t-elle de dire en s’approchant de Chloe qui était radieuse. « Fatiguée, j’ai fait trois kilomètres aujourd’hui à la piscine. » Ne sachant pas comment lui dire bonjour, elle la laissa déposer ses lèvres aux commissures des siennes : étirant un sourire niais sur son visage avant de rire : « Ce n’est pas grave va. Worth it ! Dis-moi plutôt comment tu vas ? »

Zara alla baisser le son du tourne disque qui crachait "In the Ghetto" d'Elvis Presley ; puis prit les bières pour les mettre au réfrigérateur. Elle en sortit deux de la dernière fois qui étaient fraîches et les ouvrit.

« J’ai rangé les livres et les DVDs pour que ça ressemble à quelque chose. J’ai changé aussi la place du canapé et de la télé. » Elle tendit une bouteille à Chloe avant de trinquer : « A cette soirée bien méritée. »

Un clin d’œil malicieux ponctua sa phrase et elle prit plusieurs gorgées avant de s’approcher de la partie de sa bibliothèque avec les DVDs :

« Tu as une idée de ce que tu veux regarder ce soir ? »

« Je ne t’embêterai pas longtemps, alors », fait aussitôt la blonde invitée, petit sourire aux lèvres. Elle savait pertinemment que la fatigue de Zara ne les empêcherait pas de passer une sympathique soirée, du moins le temps du film. Quoiqu’à bien y penser, que la rouquine s’endorme pendant le visionnement ne la dérangeait pas non plus. Alors qu’elle retire ses bottines, Chloe hoche la tête, comme si elle réfléchissait à la réponse à donner à la jeune femme. « Pas trop mal. Je suis plutôt occupée au travail, mais j’essaie de prendre du temps pour moi. » Par ça, elle voulait dire sortir dehors, courir, aller à la salle de sport – et passer de temps en temps voir Zara, dont la compagnie lui plaisait de plus en plus. Elle n’y pouvait rien. Elle n’était pas sans savoir que c’était mal que de jouer dans le dos de ceux qu’elle aime, mais il n’y avait pas de chemin facile à emprunter pour vivre sa vie comme elle l’entendait.

La blonde attrapa la bière fraîche avec gratitude. Après une longue journée de travail, elle adorait se rafraîchir, même si elle évitait l’alcool en règle générale; simple question de mœurs. Toutefois, en bonne compagnie, elle ne pouvait pas refuser une ou deux bouteilles. « Ah, ça doit être ça. Je me disais bien, aussi. » Comme quoi elle n’avait pas encore tout perdu de ses qualités d’investigation, même si le simple fait qu’elle ne soit pas parvenue à déterminer quels avaient été les changements témoignait de l’émoussement de ses capacités. Chloe porte la bouteille à ses lèvres et avale quelques gorgées en entrant dans le salon. Sur les étagères, une quantité impressionnante de disques, de livres et de films qui conférait une certaine chaleur à l’endroit – comme s’il était fait pour être occupé entre amis. L’appartement de Chloe était militaire, aucun doute là-dessus. On y trouvait le strict minimum et peu de couleurs vives, et certainement pas autant de livres et d’objets qu’elle qualifiait souvent de ramasse-poussière. Elle se garderait bien de le mentionner, toutefois, afin de ne pas démarrer la soirée du mauvais pied.

Chloe passe ses doigts sur les tranches, détaillant les jaquettes avec un certain intérêt. Elle n’était pas une grande cinéphile, mais savait s’amuser avec ce qu’on lui mettait sous les yeux. La seule chose qu’elle ne supportait pas était les films de guerre, à l’exception de certains classiques. Il y avait trop de choses qui la faisaient tiquer dans certains titres modernes, au point où elle trouvait parfois que c’était manquer de respect pour les militaires qui dévouaient leur vie pour les États-Unis. « Hmm… je sais pas », admet-elle finalement, le regard toujours rivé sur les rangées quasi infinies de DVDs. « Une comédie? Je t’avoue que quelque chose de léger me ferait du bien. Et pis, si on veut discuter en même temps, autant qu’ça soit pas trop complexe. » Après tout, Chloe n’était pas venue pour s’enfermer dans un silence complet pendant deux heures. Non seulement ça, elle était tout simplement incapable de se tenir assise pendant si longtemps sans rien dire ni rien faire; elle avait eu plus de problèmes que ce qu’elle voulait bien admettre pour ça lorsqu’elle était au primaire et au lycée.

Finalement, elle se laisse tomber dans le canapé, prenant par la même occasion une autre gorgée de bière. « Je te laisse choisir. Tu connais ça mieux que moi. » Elle adresse un petit sourire à la rouquine, observant vers quoi elle se dirigerait. Quoiqu’elle choisisse, Chloe ne comptait pas faire la difficile.

Chloe était parfois un poids pour elle, certes, mais pas quand elle était là physiquement. Cela était plus psychologique. D’une nature pourtant pas jalouse, quand il était question de la blonde : Zara faisait, pensait des choses stupides. Ce que faisait le commun des mortels quand ils sont attachés à quelqu’un probablement.

« Tss tu veux bien arrêter de dire des bêtises, tu ne m’embêteras jamais. Sauf si tu fais craquer tes os. Là on risque de ne pas être copine. »

Utilisant le ton de la boutade, il n’empêchait pas à la vérité de ce caché dans cette phrase. Elle ne supportait pas quand les gens s’amusaient à faire exploser les bulles qui protègent leurs ligaments. Elle écouta la réponse de la jeune femme tout en s’afférant à être un hôte exemplaire : non-contente de voir que Chloe prenait ses aises comme si elle était chez elle. Enfin… C’est ce qu’elle pensait. Zara faisait souvent des plans sur la comète. Cela venait de son côté rêveur et fleur bleu. Elle n’avait pas beaucoup de défauts : il fallait bien qu’elle ne soit pas parfaite.

« C’est important, tu as raison. Je ne pense plus être en mesure de rester toute une journée enfermée à l’intérieur. » Non pas comme lorsqu’elle était chirurgienne et qu’elle pouvait passer des heures au bloc voir des jours à l’hôpital sans sortir.

Une bière dans la main, Chloe devant elle : Zara ne pouvait réellement pas demander mieux. Après avoir trinqué, elle répondit à la question sur ce qui avait changé. Elle en profita pour jeter un coup d’œil aussi, remarquer le moindre détail qui clocheraient mais non : tout était bien rangé et à sa place. Elle avait mis du temps à faire son cocon mais elle avait finalement réussis à faire un petit coin de paradis bien à elle. Les goûts de Chloe, elle ne les connaissait pas encore par cœur mais elle s’était rendue compte que les films de guerre ne lui plaisaient pas. Zara s’en moquait. Certes, cela lui rappelait l’Irak, mais elle faisait la part des choses et acceptait le fait que cela soit un divertissement pour ceux qui n’ont pas le courage ou la volonté de signer dans l’armée. Elle prit plusieurs gorgées de sa bière et se mit à réfléchir.

« Mariage d’une Princesse ? » Non, il n’y avait pas d’âge pour regarder ce film. Penser le contraire serait se fourvoyer. Elle regardait souvent ce film quand elle avait le moral dans les chaussettes. « Blue Brothers ? » Pour partir sur un autre registre. Elle sortit les deux DVD une fois sa bière posée sur la table basse. « On peut même se faire les deux si t’es partante. »

Avait-elle une heure pour rentrer ? Zara n’osait jamais lui demander parce que cela lui faisait toujours prendre conscience qu’elle ne devrait probablement pas être là. Chloe avait un fiancé, une personne qui l’attendait. La nature de ses sentiments envers lui était inconnue à la photographe : mais elle devait être attachée à lui. Elle choisit finalement les Blue Brothers, éteignit le tourne-disque et le mis dans le lecteur avant de rejoindre Chloe en attrapant sa bière au passage.

« Eh beh… Elle n’est pas belle la vie ? » Souffle-t-elle en souriant avant de la regarder : « Je t’ai pris une pizza quatre fromages, j’espère que ça te va. J’ai une royale sinon dans le congèle ou une épinard, ricotta. Tu me diras ce que tu préfères. » Elle ne mangeait pas de viande, mais elle avait toujours de quoi satisfaire ses amis qui ne partageaient pas ses habitudes culinaires.

Elle pince les lèvres à la menace bon enfant de la rouquine. Chloe faisait souvent craquer ses doigts lorsqu’elle s’ennuyait – à une époque, elle faisait même craquer son cou, jusqu’à ce que son ostéopathe lui dise que c’était une très, très mauvaise idée. « Je ferai attention, alors », qu’elle promet dans un petit rire amusé. C’était tellement un automatisme qu’elle aurait sûrement du mal à s’en empêcher, mais pour Zara, elle ferait un effort. En d’autres circonstances, elle enverrait promener ceux qui lui disaient d’arrêter. La rouquine aurait pu se considérer comme chanceuse, si elle avait su. Or, Chloe n’était pas prête de lui admettre ce détail pourtant anodin. Au commentaire de Zara, elle étouffe un petit rire. « Pour que je passe une seule journée sans sortir dehors, ne serait-ce que pour aller me chercher un thé ou une brioche, faudra vraiment que je sois malade. Ou séquestrée par un maniaque. » La pensée l’amuse. Elle voudrait bien voir quelqu’un tenter de la retenir contre son gré. La pauvre personne regretterait sans doute assez rapidement sa décision.

Chloe acquiesce à tous les choix que lui propose la rouquine. Elle n’est pas difficile et plutôt indécise dans ce genre de situation; aussi, elle ne sait pas ce qui tente Zara. Lui imposer un divertissement n’était pas du tout dans ses plans, alors autant la laisser choisir. Elle se satisferait de n’importe quel DVD qui serait glissé dans le lecteur. Son visage se déconfit légèrement lorsque Zara émet la possibilité de regarder deux films à la suite. Chloe jette un coup d’œil à sa montre. Il était encore tôt, et sans doute qu’en regarder deux ne serait pas un souci. Toutefois, il fallait qu’elle garde en tête qu’elle avait un fiancé et un chien à la maison qui n’attendaient que son retour. Dilemmes. « On verra bien l’heure qu’il est », concède-t-elle enfin, sans trop s’engager. Elle a très envie de faire durer la soirée, mais il lui faut être réaliste – et raisonnable.

Alors que Zara vient s’asseoir près d’elle, elle sourit. Le moment lui plaît, indubitablement, comme en témoigne le sourire timide qui pointe sur ses lèvres. En effet, elle était belle, la vie. Elle serait encore plus belle si Chloe arrivait à faire taire les doutes qui la taraudaient. Si elle pouvait prendre des décisions, confronter son entourage et ses propres démons. Pour l’heure, ça n’était pas gagné. « Si tu veux te débarrasser de celle à la viande, surtout, ne te gêne pas », fait-elle, espiègle, sachant pertinemment que ça n’était pas Zara qui la mangerait. Sans doute avait-elle d’autres amis, ou de la famille, qui se feraient un plaisir de la manger à un autre moment. Chloe se surprend à se demander si Zara a parlé d’elle à son entourage, mais chasse rapidement cette pensée de son esprit. Elle n’avait pas besoin de se noyer sous davantage de questions. Elle préfère prendre une nouvelle gorgée de bière, observant les débuts du film. « Tu penses repartir bientôt pour un photoreportage? » demande finalement Chloe, sincèrement intéressée par la carrière de Zara. Malgré tout, elle-même serait prête à retourner au Moyen-Orient n’importe quand, même si l’armée ne lui laissait guère le choix de rester en raison de son récent handicap. En tant que touriste, peut-être, même si ça n’était pas vraiment conseillé.

L'air faussement offencé de Chloe la fit rire aux éclats. Non, elle n'était pas crédible. Zara avait appris, compris surtout, que certaines personnes ne pouvaient pas s'en empêcher. Alors elle avait arrêté depuis quelques années de faire la guerre à ceux qui faisaient craqué leurs os. Le fait est qu'elle avait vu qu'il y avait plus important dans la vie et que cette dernière était bien trop courte pour s'emporter de la sorte sur ces petits détails. Au final les gens faisaient bien comme il le souhaitait. Cependant, son invité promis de faire un effort ce qu'elle remercia d'un petit hochement de tête.
A chaque rencontre, Zara découvrait un nouveau point commun avec Chloe. Aujourd'hui, bien qu'elle se doutait de ce détail : elle découvrait qu'elles n'aimaient pas resté enfermer. Enfin... Cela est maintenant vrai mais avant cela ne la dérangeait pas plus que cela. Bien au contraire : elle savait que si elle ne sortait pas de l'hôpital c'est qu'elle sauvait des vies ; elle faisait ce qu'elle aimait et ce pourquoi elle avait travaillé si dur.

"Si tel est le cas, je le plaindrais lui et non toi. Je suis certaine que quand tu veux : tu peux être le suppôt de satan." Elle était après tout un petit bout de femmes qui avait survécu à bien des choses.

Zara ne connaissait pas encore totalement les goûts et les couleurs de son invité. Elle proposa donc deux films : complètement différents. Un des deux la tenterait bien. En émettant l'idée de regarder les deux : elle remarqua immédiatement la réaction de Chloe et son coeur se serra. Elle baissa la tête puis se tourna pour cacher son désarroi. Bien sûr que non elle ne pouvait pas rester. Elle, au moins, elle avait quelqu'un qui l'attendait. Un souffle à peine inaudible sortit de ses lèvres alors qu'elle mettait le DVD en marche sans répondre à la belle derrière elle.
Prenant place à ses côtés, elle reprit sa bière et en prit une nouvelle gorgée pour avaler la boule qui enserrait ses cordes vocales. Elle devait réfréner l'envie de mettre fin à tout cela. Rien de bons ne pourrait en ressortir. Chloe ne quitterait jamais son fiancé et Zara n'était qu'une sotte de s'accrocher au fol espoir de la voir rester un jour ici. Pour toujours. Habilemment, elle changea de sujet en demandant qu'elle pizza elle voulait. Hochant la tête, elle sourit en révulsant sa tête contre le canapé en regardant d'un oeil distrait le film. La vérité était que son coeur battait à tout à allure.
Le silence fut bientôt brisé par la militaire qui lui demanda si elle repartirait en photoreportage. Zara resta plusieurs secondes à regarder l'écran, sans parler. Elle prit plusieurs gorgées de sa bière avant de finalement répondre :

"Peut-être... Je n'ai rien ici qui me retient." Elle passa sa main dans ses longs cheveux roux : "Pour l'instant, je me satisfais de ma situation : je ne ressens pas encore le besoin de repartir à l'aventure mais il y a encore tellement de pays que j'ai envie de découvrir qu'un jour je repartirais. Pourquoi pas pour ne jamais revenir." Elle portait de plus en plus en horreur son pays depuis que le président était Donald Trump. "On verra ce que la vie me réserve, pour l'instant les mariages me satisfont et payent le loyer."

Zara tourna finalement la tête vers Chloe : ce sont ces yeux qui la ferait rester.

"Et toi ? Ils t'ont dit si tu pourrais repartir ?" Après tout, elle était encore blessée contrairement à sa blessure qui s'était refermée il y a longtemps même si la douleur était encore là.