LOTERIE DE LA SAINT-VALENTIN ✻ loser at the bar /w Avri & Josh

Avri n’avait pas ce qu’on appelle une « fibre romantique », alors la Saint-Valentin, ça ne la préoccupait pas plus que ça. Lorsqu’il lui été arrivé d’être en couple lors de ce fameux jour, elle n’avait jamais souhaité des cadeaux, une sortie au restaurant, ou tout autre petit geste qui pouvait très bien être fait le reste de l’année. Ça la mettait mal à l’aise de toute manière, les grands élans affectifs et les déclarations intenses qu’elle fuyait comme la peste. Peut-être n’avait-elle juste jamais trouvé la bonne personne. Etait-elle déjà tombée amoureuse ? Elle n’en était pas certaine. Elle n’avait jamais dit ces mots-là à personne du moins. De toute manière, cette année-ci, la question ne se posait pas. Avri n’entretenait rien d’autres que des relations légères et décomplexées. Alors, sans déroger à ses habitudes, elle décida d'aller en boîte, prête à passer un bon moment en compagnie d'autres personnes peu préoccupées par la fête des amoureux. L'ambiance du lieu était d'ailleurs inchangée: pas de ballons, de cœurs ou de chansons niaises. Elle approchait du bar, prête à commander un verre, lorsqu’elle aperçut quelqu’un lui faire un signe. Elle se retourna un instant, persuadée qu’il devait s’adresser à quelqu’un derrière elle, mais il n’y avait personne. Ok. Possédant une bonne mémoire, elle pouvait dire avec certitude qu’elle ne le connaissait pas le moins du monde. Sa dernière cuite remontait à avant son arrivée à Washington, donc il ne pouvait pas non plus s’agir d’un beau visage oublié au détour d’une vodka. Intriguée malgré elle, elle s’approcha de lui et comprit bien vite la manœuvre. Un sourire amusé étira ses lèvres. C’était tellement rare, un homme cherchant à échapper à l’attention d’une belle femme. Peut-être était-il en couple ; mais dans ce cas, que faisait-il seul, accoudé au bar d’une boîte de nuit ? L’un dans l’autre, ça ne posait aucun problème à Avri de jouer le jeu. Ce n’est pas comme si elle avait mieux à faire. « Désolé du retard » dit-elle en posant une main sur son bras. « Merci de lui avoir tenu compagnie » ajouta-t-elle à l’attention de l’autre femme, ce qui eu pour effet de la faire déguerpir, vexée. Avri en s'en formalisa pas, satisfaite d'avoir été convaincante. « Avri » se présenta-t-elle à son tour. « Un grand garçon comme toi ne devrait pas avoir peur de dire non à une fille » continua-t-elle, nonchalante, avant d’attirer l’attention du barman. « Une vie sauvée, ça vaut bien un verre nan ? ».

Avri pris place aux côté du jeune homme, juste assez curieuse pour continuer à discuter avec lui. Ce n’est pas comme si elle attendait quelqu’un de toute manière, ou qu’elle cherchait absolument de la compagnie, mais la situation avait été assez insolite pour piquer son intérêt et son amusement. Comme elle lui avait fait remarquer, il était assez rare de voir un homme dans cette situation. C’était d’ordinaire les femmes qui avaient du mal à se défaire d’un prétendant trop collant ou invasif. Parfois, même un non ne suffisait pas à faire céder les avances, alors s’il y avait un homme charmant pour les aider à sortir de ce pétrin, c’était mieux. Les lèvres d’Avri s’étirèrent en un sourire. C’était presque mignon, un mec comme lui ayant des difficultés à dire non, que ce soit par politesse, timidité ou maladresse. « Vaut mieux ça que d’être désagréable ou agressif » dit-elle. Certains hommes ne se gênaient pas pour repousser des femmes avec une nonchalance qui s’approchait du mépris. « Oh je ne sais pas » continua-t-elle en haussant un sourcil. « Qui te dis que je ne suis pas moi-même horriblement ennuyeuse et que je ne vais pas te lâcher de la soirée ? ». Elle plaisantait, bien évidemment. Premièrement, elle ne s’était jamais pliée en quatre pour capter l’attention d’un homme et n’allait pas commencer aujourd’hui. Imposer sa compagnie à quelqu’un ne l’avait jamais intéressé. Elle n’avait pas la patience pour le flirt, et encore moins l’intérêt pour la chasse. Elle n’avait pas été entièrement sérieuse – bien qu’elle s’attendait tout de même à ce qu’il lui paye un verre – et fut donc agréablement surprise de le voir répondre à sa demande discrète. « Je te remercie » lui dit-elle avant de commander auprès du barman. La question sur la St-Valentin, Avri s’était attendu à l’entendre au moins une fois ce soir. Elle haussa une épaule. « Je ne suis pas en couple » dit-elle sur un ton léger. « Et je suis nouvelle en ville, donc mon cercle social n’est pas au mieux » continua-t-elle en prenant une première gorgée de sa boisson. « Mais je comptais bien m’amuser ce soir tout de même ! ». Comme n’importe quel autre soir. « Et toi, quelle est ton excuse ? ». Il n’y avait pas de raison qu’elle ne lui retourne pas la question ! « Merci, mes parents seront ravis de l’apprendre » le taquina-t-elle lorsqu’il complimenta son prénom.