Prochaine station... (pv Amaya)

J’ai pour habitude de me rendre au travail à pieds, parce que j’habite vraiment tout près de mon entreprise, et que j’apprécie de marché. De sentir le vent sur mon visage et jouer dans mes cheveux. La pluie ou encore la neige ne me dérange pas, même si, il est vrai, je préfère le beau temps. Mais, depuis l’hiver dernière et les nombreuses heures que j’ai du passé dans la bibliothèque de mon ancien lycée à cause du givre qui rendait les routes et les trottoirs impraticables, j’avoue avoir pris l’habitude de prendre le métro. On ne va pas se mentir, ce n’est pas un moyen de transport que j’apprécie. Etre sous la terre, ça me met mal à l’aise et pourtant, je ne suis pas claustrophobe. Loin de là. Je préfère simplement être dehors. De mon bureau, je n’ai aucune fenêtre, je ne peux donc pas voir au dehors et laissez-moi vous dire que ce n’est pas agréable du tout. Enfin, on fait avec, c’est comme ça. Enfin, je fais avec, c’est comme ça. Ma mère me répète toujours que mon emploi ne me convient pas ; ce que je sais déjà ; et que je ferais mieux de démissionner pour venir travailler au restaurant, car c’est là qu’est ma vraie place. Mais, je n’ai pas la vocation de mes parents, j’aime manger, j’aime faire la cuisine et recevoir des invités chez moi, mais je ne pourrais pas en faire mon métier. Jamais. Je ne pourrais pas bosser en restant debout toute la journée. Certes, je ne suis pas non plus capable de rester assise pendant des heures ; ce qui explique pourquoi c’est toujours moi qui vais chercher le courrier au rez-de-chaussée ou qui prépare le café alors que je m’en plains tout le temps. Enfin voilà, tout ça pour dire que non, je ne pourrais pas travailler dans un restaurant, même si de temps à autre, donner un coup de main ne m’ennuie pas. Ce jour-là, en quittant le travail, j’ai dû me rendre en vitesse faire quelques courses car le réfrigérateur était vide et me goinfrer de pizza n’étant pas spécialement ce que je préfère, je n’ai pas eu le choix. C’est donc avec un panier plain de provision que j’ai repris le métro. Assise à côté d’une personne avec les cheveux d’un gras répugnant, je tente de penser à autre chose, mais ce n’est pas franchement évident. C’est là qu’une voix me tire de mes pensées. Je reconnais cette voix, même si ça fait déjà pas mal de temps que je n’ai pas vu. « Bonjour Renée ! » dis-je, avec un sourire. Je connais cette femme depuis longtemps, depuis presque aussi longtemps que j’habite sur les terres de l’Oncle Sam.

Je pense que mon malaise à l’idée de prendre le métro se voyait comme mon nez au milieu de ma figure. C’est que je n’étais pas très subtile. Quand quelque chose me déplaisait, même si je ne disais rien, ça se voyait. Je ne parvenais pas à le cacher facilement, et je n’en avais pas non plus envie. Autant se montrer honnête sur ce point. L’intervention de Renée allait me faire du bien et m’éviter de penser au métro et au type gras du cheveu assit à côté de moi. « Oui, c’est ce que j’aurais dû faire ! Le métro me met mal à l’aise ! » je réponds avec un pauvre sourire. Ce n’était pas forcément utile de le dire, je l’avais forcément glissé dans une conversation à un moment ou à un autre. Cependant, le taxi ne plaisait pas d’avantage. En fait, c’est être enfermé dans un véhicule qui me déplaisait. Peu importe le type de véhicule, c’était pareil. Je n’étais pas claustrophobe pour autant, mais je n’aimais pas être enfermée. Mais la saison hivernale ne me laissait pas vraiment le choix, je n’avais pas envie de glisser sur les fesses et me casser le coccyx. Si on peut éviter les accidents de ce genre, on les évite. Puis j’ai dans l’idée, que si je m’éclatais les fesses sur le verglas, ça ferait bien rire mon patron et lui donneraient encore matière à parler. Je ne sais pas ce que j’ai pu dire ou faire pour qu’il se méprenne à ce point sur mon compte, mais c’est comme ça. Renée reprend la parole, cette fois pour me demander comment je vais car je suis plutôt pâle. Il faut dire aussi que les asiatiques n’ont pas le tempérament à bronzé, mais elle a raison, je suis plus pâlotte que d’ordinaire. « Je crois bien que je couve un rhume à cause du froid ! » je réponds alors, rassurante. « Mais en dehors de ça, je vais bien ! Et vous ? » la questionnais-je à mon tour.