The mind replays what the heart can't delete ◇ Libre
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Sujet: The mind replays what the heart can't delete ◇ Libre Mer 7 Fév - 7:08
??? & Christian Dawson
P
osant ma tête sur l'une des parois de la douche, je laissais l'eau chaude couler sur mon corps telle une cascade bienfaitrice emportant avec elle ma sueur et son odeur pour les remplacer par une subtile douceur de crème-douche à la cannelle. Je frémissais malgré moi chaque fois que ma main frôlait l'une de mes cicatrices: une blessure au niveau de mes côtes avait du mal à guérir mais je n'étais pas du genre à me plaindre préférant souffrir en silence. Je fermais les yeux et mon esprit se mit à divaguer vers les confins de mon imagination. Etait-ce un effet secondaire de l'alcool que j'avais ingurgité un peu plus tôt? Je n'en savais strictement rien mais peu m'importait: pour une fois que mes souvenirs les plus inavouables ne remontaient pas à la surface lorsque j'étais plongé dans mes pensées, je n'allais pas crier au scandale bien au contraire.
Toujours est-il que j'avais la sensation de rêver tout en restant éveillé. Des images défilaient dans ma tête mais ce film ne correspondait pas à une scène de mon passé: ma mémoire ne m'était d'aucun secours. En fait, j'étais devenu spectateur de ma propre âme: elle semblait me projeter dans un futur plus ou moins proche et cela me troublait au plus haut point. Dans cette vision de mon avenir, je nageais dans le bonheur suprême loin des difficultés que j'affrontais quotidiennement depuis déjà de longs mois. Tout portait à croire que je respirais la sérénité puisqu'un large sourire illuminait mon visage de mille feux. J'évoluais dans un environnement bien différent de celui de Washington et j'étais entouré par ma famille. Je m'amusais avec mon garçon et ma fille donnant ainsi l'image d'un père épanoui. Cerise sur le gâteau, je remarquais également la présence de Sasha, seule personne dans mon entourage actuel que je percevais distinctement dans ce scénario pour le moins loufoque que mon esprit avait donc fabriqué de toutes pièces. Ce flash fut aussi court qu'intense puisqu'il eut le mérite de me déboussoler totalement: je rouvrais les yeux affichant un regard pour le moins désorienté.
Je sortis de la douche une serviette autour de la taille et j'allumais la télé avant de m'asseoir sur le canapé: l'une de mes jambes gigotait frénétiquement signe de l'agitation qui me gagnait soudainement. Se prendre la tête pour un détail si insignifiant était sans aucun doute ridicule mais j'adhérais au concept selon lequel notre destinée était déjà toute tracée. Alors forcément, une telle vision occasionnait quelques interrogations légitimes et de nombreuses questions accompagnaient ma réflexion. Était-il possible que mon futur se dessine ailleurs qu'à Washington, ville de mon cœur? Avais-je l'intime conviction de vouloir vivre au calme loin de cette effervescence qui rendait parfois mon existence si trépidante? Éprouvais-je l'envie de me fixer pour construire une famille? Étais-je capable d'être un bon père? En d'autres termes, était-il vraisemblable que je puisse étaler un bonheur sans faille en menant une vie normale? Rien n'était moins sûr...
L'action, l'aventure, l'imprévu et le danger étaient autant d'éléments qui avaient agrémenté mon passé. Certes, cela ne m'avait pas toujours été profitable mais je n'aurais pas souhaité qu'on me prive de cette drogue car en toute sincérité, je savais qu'elle était nécessaire à mon bien-être. Aujourd'hui encore, je m'en nourrissais par crainte d'éprouver un manque: l'ennui était ma hantise. Quoi qu'il en soit, j'imaginais mal mon futur telle que ma vision me l'avait montré: l'avenir allait peut-être me donner tort.
Alors que j'étais sur le point de me servir un whisky, un bruit à peine audible brisa le silence ambiant: une marche des escaliers venait de grincer. Mis en alerte, j'éteignis les lumières et je décidais de me placer derrière la porte d'entrée: dès qu'elle s'ouvrirait, j'étais prêt à sauter sur ce visiteur pour le mettre hors d'état de nuire. Me déplaçant tel un félin, je ne bougeais pas d'un cil une fois en position: seul mon cœur palpitait à une vitesse folle. A l'instant précis où l'inconnu pénétra dans la pièce, je me jetai sur lui de la même manière qu'un lion affamé s'élance sur sa proie. Je décidais de l'étrangler pour calmer ses ardeurs et ma surprise fut de taille lorsque je compris que l'individu en question n'était autre qu'une jeune femme: son parfum trahissait son identité. La résistance qu'elle m'opposa me sidéra d'autant plus et malheureusement pour moi, elle trouva la parade idéale pour reprendre sa liberté. Elle utilisa le seul procédé capable de terrasser tous les hommes et donc redouter par toute la gente masculine: un bon coup de pied dans les bijoux de famille. Ainsi, je me retrouvais à terre en une fraction de seconde et je priais simplement pour que cette douleur effroyable parte le plus rapidement possible. Gisant sur le sol à moitié nu, je crus halluciner lorsque mon regard croisa celui de mon assaillante...
Sheepirl
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