Urgence vétérinaire ~ Avec Amalia

Les vacances étaient finalement arrivées. Enfin, elles l’étaient depuis un moment, et depuis ce moment, j’aurais pu être repartie en Autriche pour aller voir ma famille, mais au bout du compte, c’était eux qui avaient choisi de me payer une visite, à défaut d’être venus depuis que j’avais emménagé aux États-Unis. N’ayant donc pas vu l’intérêt de faire le voyage pour deux semaines, surtout qu’il se pouvait que je m’y rende plus tard, avant le retour en classe, j’étais restée ainsi, et j’en avais profité pour sortir, découvrir, profiter de ce temps. Aujourd’hui, je n’avais pas tant à faire au programme, sauf quelques courses que je fis en fin d’après-midi, peu de temps avant de planifier mon repas du soir. Ce que je n’avais pas prévu toutefois, c’était, à mon retour, mon sac à la main, un sac de courses dans l’autre, de trouver un chiot, sur le pas de l’immeuble, visiblement blessé, à pleurer tristement. Troublée, mais les mains remplies, je ne pus faire grand-chose. À la hâte, j’allai poser mon sac avec mes courses à l’appartement, et je reviens, pour voir qu’il était toujours là. Personne n’avait pensé à prendre soin de lui ? Doucement, je m’approchai avec un petit:  « Qu’est-ce qui ne va pas… » Avant de me pencher en sa direction, je regardai autour. Aucun chien, aucun propriétaire, rien du tout. Il ne portait même pas de collier ou de tatouage. Lentement, je levai la main, tentant de l’approcher. Il parut méfiant, mais au final, il se laissa faire, l’air blasé, comme s’il savait qu’il ne pouvait plus rien faire. Doucement, en hésitant par moments, je le soulevai dans mes bras, et comme pour m’en convaincre moi-même plus que l’animal, je dis:  « On va te trouver de l’aide, d’accord… ? » Regardant les environs, ce fut avec soulagement que je me rendis compte que j’avais vu précédemment une clinique vétérinaire non loin de mon immeuble. Je m’y rendis prestement, soupirai quand je vis qu’elle était ouverte, et j’entrai. D’abord seule à l’entrée, je n’attendis pas plus longtemps pour intervenir quand je vis une personne venir à ma rencontre, sans animal, avec une blouse de travail. D’un ton plus précipité que je ne l’aurais voulu, je m’approchai, le chiot toujours dans mes bras, et je dis:  « Bonjour… Je suis désolée… Pouvez-vous m’aider ? J’ai trouvé ce chien près de mon immeuble… » et il ne semblait pas aller bien, être blessé. J’aurais pu l’ajouter, cette partie, mais je ne le fis pas. En vérité, je n’osais pas. Et si cette personne ne pouvait pas m’aider ? J’espérais pas essuyer un refus, mais quand même, je voulais faire preuve d’un minimum de politesse.

Au vu de la réaction de la dame, je compris rapidement qu’elle pouvait m’aider, et je n’aurais pas su en être plus soulagée. Sans poser de questions dans un premier temps, je la suivis dans une pièce adjacente, une salle d’examen, sans trop de surprise, donc sans dire quoi que ce soit. J’aurais peut-être pu dire que j’étais d’accord sur le fait que les gens ayant laissé le petit dans la rue étaient irresponsables, mais par politesse, et aussi parce que peut-être j’étais encore un brin stressée, je ne le fis pas. Comme dans un état un peu de transe, suivant juste la vague de l’urgence, je m’agitai après avoir déposé le chiot sur la table d’examen. Ce qui me sortit de ça, ce fut la demande de la vétérinaire, quand elle me demanda de le caresser. Je ne m’en montrai pas scandalisée, mais je doutai quand même de moi un instant, parce qu’après tout, cette petite bête ne me connaissait pas. Malgré tout, je tentai le coup, et heureusement pour moi, pour nous, le chiot n’y répondit pas mal, fermant même les yeux quand je passai mes doigts derrière ses oreilles. En d’autres circonstances, je me serais peut-être permise de sourire doucement, parce que c’était mignon de le voir ainsi, mais ce n’était pas le temps, et le fait me fut prouvé peu de temps après, lorsque le verdict tomba, comme quoi ce chien était loin d’être en bon état. Mon coeur se brisa un peu à cette idée, si bien que d’une petite voix aiguë, je demandai:  « Vous… Vous allez pouvoir l’aider, n’est-ce pas ? » C’était un peu idiot de venir demander une chose pareille dans un cabinet vétérinaire, mais ç’avait été plus fort que moi. Après, peut-être que sa patte aurait pu être si amochée que c’était pas possible, mais apparemment, ce n’était pas le cas, au vu de comment elle s’y attela tout de suite. Me reculant un peu de la table d’examen pour la laisser faire, je croisai les bras, regardant de nouveau l’animal, réfléchissant, puis me surprenant à demander, sans trop réfléchir:  « Et si personne ne le réclame… Il se passera quoi avec lui… ? » Je ne voulais pas dire que j’étais prête à le jeter, mais la réalité était que je n’étais prête à avoir un chien, je n’avais aucun accessoire pour ça, je n’y avais même jamais songé. Mais je m’inquiétais quand même, parce que je ne voulais pas qu’il lui en arrive plus que ça. Ce pauvre chou ne le méritait juste pas.