Entre nous c'est.... [ Carson]

L’arrivée du temps froid avait-elle une incidence sur la hausse de la criminalité ? Jamais je n’aurais pensé que non, mais depuis quelques temps, j’étais presque portée à y croire. En effet, les dossiers s’empilaient plus souvent que jamais sur mon bureau, les jours, les soirs étaient constamment remplis, si bien que je ne me souvenais pas de la dernière fois où j’avais pu prendre un temps pour moi avant ce soir. Ce soir, rien ne m’attendait. Et ce qui aurait pu être fait, mais qui pouvait attendre, allait effectivement attendre. Ce soir, je m’accordais un temps pour moi, seule. Peut-être en cherchant de la compagnie via quelques messages, mais il était hors de question de sortir, de quelconque façon. Décision prise, fermement prise même, je me rendis à mon appartement, ouvrant la porte, pour y trouver mon ami Jayden. Il était certainement parvenu à entrer avec la clé de secours dont je lui avais indiqué l’emplacement, juste au cas où il avait besoin de moi, que ce soit pour parler, ou dans le cadre de ses fonctions, nouvelles fonctions devrais-je dire. Mais là, ce n’était pour rien de tout ça. Apparemment, il avait lu dans mes pensées, comme quoi je voulais prendre ça tranquille, et avait préparé un truc pour nous deux. Enfin, ce n’était pas ce que j’avais en tête, mais clairement, je ne pouvais pas m’en plaindre. Je l’avais remercié pour l’intention, puis en sa compagnie, j’avais profité d’un repas agréable, qui avait été accompagné de vin, beaucoup de vin… Peut-être un peu trop ? Je ne m’en rendis pas compte dans un premier temps, l’esprit trop embué, fatigué pour réfléchir, pour raisonner de quelconque façon. Ce fut à un tel point que le reste de la soirée fut bien amusant, mais ce que nous avions fait en détails ? Ça, je ne m’en souvenais pas. Les choses devinrent un peu plus clair que le lendemain matin, d’abord en raison de la lueur du jour qui apparut dans ma chambre, puis le fait que j’étais réveillée, bien que j’avais un mal de tête considérable. Pas de quoi ne pas survivre à la journée à venir, mais de quoi avoir besoin de prendre quelque chose pour calmer l’étau qui se resserrait sur ma tête, c’était certain. Histoire de régler la chose le plus rapidement possible, j’eus l’intention de me lever - parce que mine de rien, j’avais bien dormi, aussi bien qu’après une partie de jambes en l’air - mais je me retrouvai freinée dans mon geste quand je me rendis compte que je n’étais pas seule dans mon lit. Grognant légèrement, parce que je ne comprenais pas pourquoi, je regardai mon téléphone et ses derniers messages. Rien, aucun indice. Trouvant le courage, je tournai la tête, apercevant avec surprise Jayden. Yeux écarquillés, je m’exclamai:  « Mais qu’est-ce que tu fais ici !? » Je ne lui disais pas sur un ton de reproche, mais bien parce que j’étais surprise, choquée… Je savais bien que je n’avais pas vraiment de complexe ou de retenue quand il était question de coucher mais là… Jayden était mon ami… L’avions-nous vraiment fait et je ne m’en souvenais pas ? Et moi qui pensait que je pourrais avoir des idées claires ce matin…

Ce n’était pas la première fois que je me réveillais avec une surprise dans mon lit, dû au fait que j’avais trop bu la veille ou bien que, endormie, j’étais persuadée que ma conquête de la soirée avait décidé de prendre la poudre d’escampette pendant que je dormais - ce qui était une histoire vécue, inutile de dire que ça m’avait marquée. Mais bien souvent, je me réveillais avec un inconnu, limite une connaissance, avec qui le fait de me retrouver sans autre chose que mon drap pour me couvrir n’était pas tabou, n’était pas gênant. Mais avec Jayden, c’était bien différent, d’où le fait que je me sentais encore plus troublé que je ne l’aurais cru, et ce fut pire lorsque Jayden me dit qu’il ne portait absolument rien. Par conséquent, cela voulait dire que je l’avais vu complètement nu et… que l’inverse était aussi vrai. Non pas que j’étais pudique, mais bon… Nos rapports n’avaient jamais été comme ça précédemment. Et si lui, il pouvait prendre son sous-vêtement et l’enfiler, pour moi, c’était une autre histoire, puisque qu’importe ce que je faisais, j’allais me retrouver, en quelques sortes, à découvert. Décidant de rester dans le lit, le drap au-dessus de moi, je m’allongeai sur le dos, me contentant de lui adresser un grognement d’approbation quand il supposa que nous avions bu considérablement. C’était pour moi la seule explication, à moins qu’il ait mis quelque chose dans un de mes verres de vin, mais ce serait trop surprenant, peu caractéristique venant de lui. À la demande de mon ami, je le regardai, voyant que dans l’ensemble, il semblait plutôt… serein au vu du portrait qui était en train de se dresser devant nous, par rapport à ce que nous avions fait la veille. Était-ce rassurant de le voir comme ça ? Je ne saurais pas vraiment le dire. C’était certainement plus rassurant que si je l’avais vu partir en courant et prendre la fuite de mon appartement, mais il n’en demeurait pas moins qu’il y avait maintenant tellement de questions qui me tournaient dans la tête que ça ne faisait qu’aggraver ce mal que j’avais déjà, et c’était bien loin d’être agréable. Essayant de me calmer aussi un minimum pendant qu’il était visiblement sous la douche, au vu du son - bien que je n’étais pas encore au stade de la panique, loin de là - je me permis même d’avoir un petit sourire amusé à son commentaire, même si bien rapidement, je renchéris:  « Non, je ne vais pas te frapper. Si tu avais fait quelque chose de mal, je m’en souviendrais, crois-moi. » Parce que moi j’étais comme ça. Quand j’avais droit à un bon coup, c’était apaisant, et je n’en faisais pas tout un cas, mais quand ce n’était pas ça… Alors là, je m’en souvenais pour ne pas faire la même erreur. Trêve de plaisanterie, aussi sincère mon précédent propos fut-il été, je repris mon sérieux, puis je dis:  « Mais… Ça… Ça fera quoi ? Entre… nous ? » Allions-nous faire comme si de rien n’était ? Prenait-on le risque de potentiellement recommencer ? Et notre amitié, allait-elle en pâtir ? Bien sûr que je m’en inquiétais, parce que je tenais à lui, autrement que pour une simple coucherie - même si c’était un bénéfice dont je ne me plaignais clairement pas - et je ne voulais pas que tout cela soit gâché pour une soirée un peu trop arrosée.

Ce n’était pas parce que je posais la question que ça voulait dire que je voulais que quoi que ce soit change. Des relations sans attache, des soirées sans lendemain, faites pour avoir du plaisir, faites pour se faire du bien, c’était ce qui occupait majoritairement mon quotidien. Mais normalement, soit c’était établi, soit je ne revoyais jamais la personne qui partageait mon lit l’espace d’un nuit. C’était clair dès le début, c’était simple, c’était agréable comme ça. Mais là, Jayden et moi n’avions rien entendu et pire encore, je ne me souvenais pas de ce qui avait pu se passer, faisant en sorte que ça me laissait dans un flou qui ne me plaisait pas, d’où le fait que je posais la question, pas tant parce que j’avais besoin de mettre un libellé sur notre relation. Mais apparemment, Jayden ne le prit pas comme ça. Il donna un caractère un peu trop sérieux à ma question, me faisant froncer les sourcils, me demandant pourquoi je pensais ça. Un peu agacée, je répondis:  « Je n’ai pas dit que ça devait changer. Justement, je ne veux pas que ça change, sexe ou non. » Voilà, c’était dit. Je ne tournais pas en rond, je ne voulais pas épargner ses sentiments, parce que je ne voulais pas qu’il y en ait. Si on couchait ensemble, on couchait ensemble, voilà tout. Ou bien n’était-ce que pour une fois ? Justement, c’était le gros flou dans toute cette histoire, que je ne parvenais pas à déterminer, qui faisait en sorte que je ne pouvais pas dire si c’était mal ou non, à défaut d’avoir des souvenirs. Enfin, je ne me sentais pas mal, je supposais que ça s’était bien passé, mais à défaut de pouvoir complètement le confirmer, c’était… embêtant. Du coup, je ne fis qu’hausser les épaules, acquiesçant à son propos, sans toutefois pouvoir affirmer complètement ma façon de penser. Roulant les yeux au ciel à son commentaire sur un supposé grain de beauté, je n’eus finalement pas le temps d’ajouter quoi que ce soit que Jayden prenait la porte, me proposant d’aller prendre une douche en l’attendant. Pourquoi fallait-il qu’il parte ? Fuyait-il ? Avant que je lui demande, il avait pris la porte, ne me laissant même pas le temps de protester. Bon, finalement, peut-être qu’un peu de temps ne serait pas trop mal. Je ne savais pas, je ne l’avais pas déterminé, je n’avais pas prévu ça. Soupirant fortement quand j’entendis la porte se fermer, je me levai, allant prendre une douche, au final. Ça ne fit pas de mal, pour me changer les idées - enfin, essayer - et aussi faire disparaître le reste de ce mal de tête. Je tentai de ne pas trop me poser de questions, sauf quand je sortis de la douche, quand vint le temps de choisir quoi porter. Le plus normal aurait été d’enfiler un jean et un t-shirt, ou quelque chose comme ça, mais au bout du compte, je décidai de tenter quelque chose, une expérience à caractère… psychologique, si je pouvais le dire comme ça. J’enfilai une culotte, sans soutien-gorge par contre, puis j’enfilai simplement un t-shirt blanc, plus ample, le genre de t-shirt que je portais que pour dormir, mais qui ne couvrait pas tant, au vu de son col en forme de V et plutôt court dans le bas. Satisfaite, et curieuse de voir ce que ça donnerait, je me rendis ensuite à la cuisine, lançant la machine à café en attendant que Jayden revienne… à condition qu’il n’ait pas pris la fuite au passage, évidemment.

Jayden revint quelques minutes après, enthousiaste à l’idée d’être allé acheter un petit déjeuner, revenant en le déclarant fièrement, comme s’il n’avait pas remarqué. Ce n’était pas étonnant, ce n’était pas anormal, du coup, je ne lui en voulus pas. J’attendis, puis je me retournai, juste à temps pour voir son visage surpris, qui avait quelque chose d’adorable, mais surtout très amusant. Continuant à le considérer sans un mot, j’eus toutefois un sourire en coin, restant immobile, le laissant s’approcher, satisfaite de mon coup. Satisfaite parce que c’était toujours drôle de voir un tel air sur un individu, encore plus quand celui-ci me considérait avec une tenue qui laissait place à l’imagination, satisfaite parce que j’avais envie de me convaincre que ce qui s’était passé la veille n’était peut-être pas une bêtise, parce qu’il n’y avait pas de malaise entre nous deux en ce moment. Est-ce que cela voulait dire que ça mènerait à autre chose ? Je n’irais pas jusque là. Pas pour le moment en tout cas. Mais si le tout prenait une tournure favorable, je n’allais pas m’en plaindre. Et apparemment, cela ne prit pas de temps. Jayden vint toucher mes cheveux d’une façon qui n’était pas vraiment amicale, retirant son haut également, comme si c’était nécessaire. Allais-je m’en plaindre ? Il était bien dessiné, donc certainement pas. Plus encore, je ne m’en cachai pas vraiment, me mordillant la lèvre avec un petit air d’envie. Et mon envie, lentement, mais sûrement, n’avait aucun lien avec les victuailles apportées. Du coup, l’idée d’aller me servir ne me plaisait plus autant qu’avant, la faim n’étant pas si présente que ça. Mais refusant de vexer Jayden, surtout en ces circonstances, je jouai un peu, lâchant un petit:  « Hum… » Estimant qu’il n’y avait pas que lui qui avait droit de faire des avances, je fis les quelques pas qui nous séparait encore, passant mes bras autour de ses épaules, ma main glissant dans son dos, avant de lui demander:  « Tu es sûr que tu n’as pas faim d’autre chose ? » Un air faussement innocent au visage, je penchai la tête sur le côté, ne quittant pas son regard, attendant de voir ce qu’il allait dire.

En des circonstances très différentes, une réponse comme celle que Jayden me fit m’aurait particulièrement vexée. Le genre de situation où l’individu était sérieux, où il n’était pas certain, où il se questionnait sur si oui ou non il me trouvait attirant. Mais là, ce n’était rien de tout ça. Au vu de la réaction qu’il eut quand il vit que j’étais que trop peu vêtue, de comment ses mains se promenaient sur mon corps, il ne pouvait pas être sérieux, et franchement, c’était tant mieux. Du coup, je pus lui offrir, pour toute réponse, un petit sourire en coin, attendant qu’il réagisse. Se faisant homme d’action, il ne se fit pas prier, m’arrachant même une petite exclamation de surprise lorsque je sentis mes pieds quitter le sol. Voyant que ce n’était rien de grave, je rigolai légèrement par la suite, étant clairement tout sauf sérieuse. Mais cela ne dura pas; bien rapidement, Jayden se fit un peu plus entreprenant, posant ses lèvres sur les miennes, ou plutôt, venant s’imposer. Ce n’était clairement pas pour me déplaire, et je le lui prouvai en lui rendant son baiser dans un petit soupir, ne tentant pas de le retenir lorsque je sentis ses mains se balader sous mon t-shirt. Les miennes se trouvaient toujours sur ses épaules, et je choisis de ne pas les bouger de là, comme si je ne voulais pas qu’elles viennent nuire à ce qui se passait. Par contre, je ne me gênai pas pour les glisser sous le t-shirt de mon ami - si je pouvais encore l’appeler ainsi - commençant à doucement griffer son dos, mais pas trop méchamment, pas de quoi laisser une marque. Une fois que le baiser prit fin, je le regardai un instant, réalisant à cet instant à quel point, au final, cela ne me gênait pas. La surprise du matin étant passée, j’avais simplement envie d’en profiter désormais. J’enserrai mes jambes autour de sa taille, puisque j’étais à la hauteur parfaite pour ça - c’était bien sa faute - puis je penchai ma tête sur le côté, venant déposer quelques baisers dans son cou, lentement, mais de façon pas trop insistante, histoire de l’embêter un peu plus, voir comment il allait réagir. Il n’y avait pas que lui qui avait le droit de faire dans les taquineries, n’est-ce pas ?