Rendez-vous galant ou simple déjeuner ? [Kenliet#3]

Je me tortille pour entrer dans mon jean. Je sais que j’ai fais quelques excès pendant les fêtes, mais tout de même, pas à ce point, si ? Au bout de plusieurs minutes et une chute, j’y arrive enfin. Maintenant, il me faut le fermer et ce n’est pas une mince affaire. Enfin, je finis par y parvenir. J’ai l’impression d’être compresser comme si je portais un corset, c’est horrible. Je fais quelques pas, quelques mouvements de gymnastique aussi, afin de le détendre. Quand enfin je me sens plus à mon aise, j’enfile un pullover, c’est qu’il ne fait pas bien chaud dehors. Je chausse une paire de converses. Je décide de laisser mes cheveux libres, ça changera un peu. Mais, quand je regarde mon reflet dans le miroir, je grimace. Merde ! On dirais Rebelle. Clairement, ça ne vas pas le faire ! Mes cheveux ondulent et frisent naturellement mais là, je ressemble à un mérinos. Quelle horreur ! Et je n’ai pas le temps de me faire un brushing. Trop long. Et je suis déjà en retard. Je n’ai pas le choix, je dois les attacher ! J’attrape un élastique. Un autre coup d’œil au miroir. Bof. Pas brillant non plus ! J’enlève donc l’élastique, et à la place, enfile un chapeau. Voilà qui est mieux. Bon, je suis loin d’être une gravure de mode, mais ça devrait faire l’affaire ! Le tout étant que je ne porte pas ma blouse d’infirmière et une paire de crocs. Et puis, ce n’est qu’un déjeuner, pas un rendez-vous galant. Je maquille légèrement mes yeux, une touche de gloss parce qu’avec le froid, mes lèvres sont abîmées. Pas franchement satisfaite, mais prise par le temps, je n’ai pas tellement le choix. La prochaine fois, je me ferais un brushing ; quoi qu’encore faut-il que j’y arrive ! Je passe mon manteau, un cadeau de Noël de ma cousine. Il vient de chez Desigual et je l’adore ! Vite, mon sac, un au revoir à mon poisson rouge et je m’engouffre dans un bus. Je dois retrouver Kentin au Wagshal's, un restaurant que je ne connais pas du tout et qui se trouve sur Cathedral Heights. J’espère qu’il ne me tiendra pas rigueur de mon retard, mais je lui envoie quand même un sms pour lui dire que j’arrive. Saleté de cheveux !

Je savais que ce n’était pas une bonne idée. Je le trouvais gentil, là n’est pas le problème et contrairement à la plus part des hommes de notre âge, il avait les pieds sur terre. Mais, encore une fois, ce n’était pas le problème. Le problème, c’est que je n‘avais pas le temps pour être sentimentale. Le problème aussi, c’est que je me sentais seule. Maurice le poisson rouge n’était pas de la meilleure compagnie qui soit, mais mes horaires de travail ; plus le fait de vire en appartement ; je ne pouvais vraiment pas me permettre d’avoir un chien. La pauvre bête ne me verrait pas de la journée et quand enfin, je serais là, je serais trop fatiguée pour sortir le promener et jouer avec lui. Et si je n’avais pas le temps pour un animal, je n’en aurais pas pour un éventuel petit ami. Et pourtant, je lui avais téléphoner. Je lui avais proposé de nous voir, de manger un bon repas ensemble, parce que je l’aimais bien. Mais, ce n’était pas un rendez-vous ? Si ? Non ? C’est la question que je me pose et qui tourne en boucle dans ma tête alors que je me hâte de rejoindre le restaurant ou nous devons nous retrouver. Lorsque j’arrive, il est à la table que nous avons réserver. « Salut ! » lui dis-je, en lui faisant la bise. « Encore désolée pour le retard ! » m’excusais-je à nouveau. J’allais bien. Lui aussi. Je n’avais eut aucun mal à trouver. « Je vais bien et toi ? » repris-je. Comme je le disais, je n’avais eut aucune peine à trouver l’endroit. Mais, pour autant, je me voyais mal lui raconter le pourquoi de mon retard sans passer pour ce que je n’étais pas : une fille superficielle. Ça ma rappelait cette fille que j’avais croisé alors que j’avais fais un remplacement de quelques jours au service des urgences ; service que j’avais détesté soit dit en passant. La nana, une petite blonde d’un mètre cinquante avait exaspéré tout le monde à cause d’une blessure superficielle à la main. Elle craignait d’avoir une vilaine cicatrice par la suite. Voilà pourquoi, en lui disant que j’avais eu un problème avec mes cheveux, je serais passé pour un vulgaire clone de cette fille. Comment s’appelait-elle déjà ? Emma ? Luna ? Ah non, Elena. Oui, c’est ça. Elena. Avec mon problème de cheveux, je serais passé pour aussi superficielle que celle Elena.

C’est une chance que ce jour de congé ne se soit pas transformer en « reviens tout de suite à l’hôpital Vi, Zoë ou Hanna ou Mona ou Ivy manque à l’appel. » C’est vrai, il manque toujours une des filles habituellement. Alors, oui, je maintien ce que j’ai dit, c’est une chance. J’ai tout de même appeler mon service pour être certaine de leur présence et ne pas avoir de mauvaise surprise, et elles sont bel et bien là. Incroyable, non ? En tout cas, pour moi, oui, c’est incroyable. Mais qu’importe, j’ai pu me libéré, c’est tout ce qui compte. Je suis un peu en retard, mais là encore, rien de bien méchant et je préfère ne pas m’éterniser sur le sujet. Des excuses sont bien suffisantes, je pense. Je m’installe face à lui, tout sourire, avant de lui demander comment il va. Ce sont les politesses d’usages, mais tout le monde fait ça. La preuve, il en fait de même sans tarder. « Moi aussi, je suis contente ! » lui dis-je. Et c’était vrai. En dehors de l’hôpital et donc de mes patients, je ne voyais pas grand monde. J’ai toujours été du genre solitaire, et j’admets avoir du mal avec les gens. C’est étrange, car je n’ai jamais eu de problème. Enfin, en dehors de ce stupide bonhomme qui avait voulu me voler mon sac à main, bien sûr. Un vol dont Kentin fait référence en ajoutant que c’est bien mieux de se voir dans de meilleures circonstances. « Tu parles de la fois ou j’ai failli me faire voler mon sac ou du jour où j’ai débarquer dans ton magasin pour acheter un jean ? » dis-je, prenant le parti d’en rire. Rire, c’est d’ailleurs ce que j’avais fait ce jour-là, quand mes nerfs m’avaient affreusement lâchés. Je sais bien de quoi il parle, mais je préfère oublier ce jour, alors, pour se faire, le rire est encore la meilleure solution. Même si, j’ai bien peur que ma petite plaisanterie ne fasse rire que moi.

Je suis célibataire par dépit mais aussi par choix. En effet, avoir quelqu’un dans ma vie ne me déplairait pas, mais avec mon travail, je ne sais pas vraiment si c’est une bonne idée. Je ne suis pas souvent à la maison, j’enchaine les heures, j’ai à peine le temps de manger, alors c’est certain qu’avoir un homme dans ma vie, ça serait compliquer. Et d’un autre côté, je me dis que ça n’est pas obligatoire. Oui, mes parents, mon oncle et ma tante, mes grands-parents, tous, ils n’arrêtent pas de mettre en avant mon célibat, comme si c’était une maladie, une tare, alors que finalement, il n’est pas nécessaire d’être en couple pour être heureux dans la vie. Et une femme n’a pas besoin d’être mère pour se sentir accomplie. C’est comme ça que je vois les choses. Alors, bien évidemment, je ne vais pas refuser une « opportunité » quand celle-ci se présente, mais, je ne dirais pas que je force les choses. Je prends la vie comme elle vient, parce que je sais, plus que quiconque, que rien n’est jamais acquis. Et surtout, surtout, j’emmerde ceux qui me critique ! Ma vie ne regarde que moi. Mes choix ne regardent que moi. Je lance ensuite une boutade, mais je ne me fais guère d’illusion quant à la chute, car mon humour est souvent incompris. Et pourtant, il pouffe avec moi. Bon, je ne suis pas si mauvaise, tout compte fait. Certes, je ne suis certainement pas prête pour avoir un spectacle d’humour dans une grande salle de Washington, mais au moins, j’ai réussis à le faire rire. « Hum … Je dois avouer que c’est loin d’être mon univers de prédilection. Je ne suis entrée dans ce genre de boutique que deux fois et, je ne sais pas si je retenterais. C’est bien trop sophistiqué pour moi ! » pouffais-je alors. Et puis, avec mon boulot, j’aurais vite de bousiller sans le vouloir un chemisier hors de prix. Alors, un simple t-shirt de chez Primark, c’était bien suffisant ! Ça ne coutait pas cher, on en trouvait de toutes les couleurs et c’était à la mode. Je n’étais certes, pas « chic », mais au moins, mes vêtements restaient aux goûts du jour. En revanche, vous ne me ferez jamais porter, même sous la torture un jean destroy. Erk. C’était franchement moche ! Un serveur s’approche rapidement de nous et nous donne les cartes, avant de s’éloigner. « C’est possible ! Mais, j’hésite ! » répondis-je en regardant les plats. Tagliatelles aux petits légumes ou linguine aux champignons ?