On ne se serait pas déjà croisé ? ♠ Ezra

J’étais posé là depuis presque une heure au moins. A vrai dire, lorsque je me retrouvais dans cet endroit, devant un bon café chaud et avec une pointe de mousse au lait, je ne pensais jamais à regarder l’heure, j’étais juste bien, profitant d’un peu de calme, c’est tout ce que je demandais. Je n’avais pas cours aujourd’hui. J’étais loin de mes problèmes habituels, loin des cris des élèves et de la sonnerie de l’établissement qui avait toujours eu le don de me faire un mal fou aux oreilles. J’avais devant moi, étalé les copies de mes élèves, je n’en avais plus qu’une dizaine à corriger, mais rien que ça, allait certainement gâcher mon moment de tranquillité. Je n’avais pas encore eu le temps de déboucher mon célèbre stylo rouge vif, que poser les yeux sur leur écriture me faisait déjà aussi mal aux yeux qu’à l’âme. Je voyais déjà tellement de fautes que ça suffisait à me décourager pour la journée. Alors j’avais reposé mon instrument à torture sur la table, pris une gorgée de cappuccino dont le gobelet portait encore mon nom et je m’étais perdu sur la couverture du livre que j’avais posé devant moi. J’avais demandé à ma classe de première de rédiger un commentaire de texte sur L’Attrape-Cœur, et j’imaginais déjà le massacre dont j’avais hérité. Je ne pense pas être un professeur particulièrement sévère, mais j’aimais les livres, alors quand on ne savait même pas écrire le nom de l’auteur sans erreur, je devenais terrible. Et puis, alors que je me préparais psychologiquement à vivre une épreuve terrible, une douce voix me sortir de mes pensées.

Elle s’était installée sans vergogne, et moi je n’avais pas tout de suite compris ce qui venait d’arriver. Je l’avais fixé un peu plus tôt quand elle commandait, et peut-être que ça l’avait gêné, et qu’elle venait me réprimander. J’avais poussé un peu mes affaires pour lui laisser de la place, je me devais d’être galant en toutes circonstances, c’était bien normal, surtout quand j’avais en face de moi une si belle femme. « Excusez-moi… je suis certaine de vous connaître, mais je suis incapable de pouvoir retrouver votre prénom… » Elle m’avait sorti ça comme ça, et moi, j’essayais de rester le plus naturel possible, car en fait, non, elle ne me disait rien du tout. Je regardai son visage, de mes yeux perçants et  profonds, comme ces hommes dans les films romantiques qui font craquer les jeunes filles. Elle n’était sans doute pas tombé au meilleur endroit, car moi, j’aimais beaucoup ce genre de situations quelque peu étranges, ça me permettait de passer le temps et de m’amuser un peu de temps en temps. En fait, je n’avais même pas eu le temps de lui répondre, qu’elle avait changé à nouveau de place sur un joli petit laissez tomber, comme si finalement, mon avis n’avait aucune importance sur la question. Mais dommage, je ne comptais pas laisser filer une si jolie dame. J’avais bien envie de comprendre où et comment elle aurait m’avoir déjà croisé. Son visage ne me faisait penser à rien, mais si c’était lors d’une soirée trop arrosée, c’était normal, j’aurai très bien l’avoir oublié moi aussi. Et comme je suis plutôt curieux de nature, je m’étais résolu à résoudre le mystère de cette femme, qui était désormais tout aussi perdue et intriguée que moi. Elle avait bien malgré, elle, attirée mon instinct curieux. Alors rangeant mes affaires dans ma sacoche, très rapidement, prenant mon café, en main, je m’étais levé de ma chaise.

Aussitôt pensé, aussitôt fait. J’étais allé la rejoindre à sa place, près de la vitre. J’avais posé mon sac à terre, et mon café sur la table, avec un sourire charmant, dont j’avais le secret. Décidément, cette scène était digne d’un film romantique, lorsque le héros croise sa dame par hasard, et qu’ils plongent tous deux dans le regard de l’autre. Cette belle créature allait me permettre de passer un moment agréable, ça me permettrait de tuer un peu l’ennui. Et surtout d’échapper à l’horreur de mes copies. « C’est amusant, mais avant que vous ne me fuyez, j’allais vous dire que moi aussi, j’ai l’impression de vous avoir déjà vu quelque part. » D’une phrase, le petit jeu était lancé. J’étais calme, l’air sûr de moi, et un peu séducteur aussi, mais ça, c’était dans ma nature, aussi, il ne fallait pas m’en tenir rigueur. J’avais pris une gorgée de café, baissant les yeux vers les siens, peut-être que j’y trouverai un indice si son nom était inscrit là, tout comme le mien, mais je ne voyais pas bien, il était tourné dans l’autre direction. Tant pis, je devrais improviser, ce serait sûrement plus intéressant. « En règle général, je n’oublie jamais une belle femme. Donc je peux dire sans me tromper que je vous ai déjà croisé, mais où ? » Je lui avais souris, puis tendu la main, en prévision de serrer la sienne, comme le veut la politesse lorsqu’on rencontre quelqu’un. Elle avait sûrement la peau douce, et son élégance me rappelait un peu ma mère lorsqu’elle était jeune. C’était un compliment venant de ma part, il est important de le savoir. « Peut-être que mon nom vous aidera. Je me prénomme Ezra. » Oui, le vieux français, souvent, avec les dames, ça a du succès.  

Le café était particulièrement calme aujourd’hui, et ça lui donnait plus des allures de petite pâtisserie mondaine que de grande firme typiquement Américaine, mais ça me convenait d’autant plus que ça nous permettait de créer une ambiance plus intimiste. Ce n’est pas que le but était de passer pour deux parfaits amoureux ou de deux personnes en train de flirter, mais ça restait agréable de profiter d’un décor et d’une harmonie un peu plus feutrée que d’habitude. Et puis, l’idée de séduire cette jeune femme ne m’aurait pas dérangé, je ne peux pas le cacher, elle était particulièrement élégante. Je détaillai, avec la plus grande discrétion bien sûr, la manière dont elle s’était vêtue, maquillée, coiffée. En somme, j’étais en train de m’attarder sur sa mise en beauté, pour enfin essayer d’en connaître plus sur elle de par son attitude. C’est vrai que je venais de lui mentir, après tout. Je ne l’avais tout simplement jamais croisée, et je n’avais aucun souvenir de son visage, mais peu importe, sa beauté m’inspirai, et je comptai bien profiter de son moment d’absence pour m’incruster dans sa vie et dans son cœur. On ne sait jamais, peut-être que ça donnera quelque chose d’intéressant. J’avais cette manie de chercher quelqu’un à mettre entre mes griffes lorsque je m’ennuyais, et bien désormais c’était chose faite, j’avais trouvé de quoi m’occuper. Oh, bien évidemment, j’avais très vite compris que lui faire avaler mes mensonges ne serait pas de tout repos mais qu’importe, ce qui était amusant quand on pratiquait un jeu, c’était d’avoir un défi à la hauteur. Je crois bien que, je venais d’en trouver un, alors autant se lancer à corps perdu dans l’arène. Elle était sûrement très bonne gladiatrice, mais j’essayerai de me montrer plus fort en lion. Et je remporterai le combat.

« Et bien j’aurai de la chance si je croisais au moins une fois un de vos sosies dans la semaine, ça me ravirait les yeux pour quelques minutes. » J’avais pris une gorgée de café. Ma voix était posée, suave, j’étais particulièrement calme, je n’avais aucune pression, et je me souviens avoir toujours été un menteur spécialement doué. Je ne sais pas comment m’est venu ce don, mais je l’avais. J’étais capable de dire tout et n’importe quoi de la façon la plus naturelle possible. J’avais ce charme naturel, qui m’aidait à faire et dire beaucoup de choses, sans qu’on se méfie de moi. On m’a toujours trouvé bel homme, et je dois dire, que dans la vie, mine de rien, ça aidait pas mal. « Sheri vous dites ? Dans ce cas je vous retourne le compliment, très beau prénom. Il me fait penser à ce petit surnom que se donnent les français, ça vous va très bien. C’est élégant. » Je lui avais souri, ni trop, ni trop peu. Juste un fin sourire du bout des lèvres, de circonstance. Le secret c’était de ne pas montrer son intérêt. Mais plus j’avançais, plus j’avais quelques informations à mon actif. Son caractère me plaisait bien, elle n’allait sûrement pas se laisser marcher sur les pieds. Tant mieux, un peu de piment pour illuminer ma journée. Et si la partie devant mal se terminer, au moins, j’aurai joué. « Oh, voyons, je vous en prie, c’est moi qui vous offre quelque chose. Pour vous remercie de m’avoir laissé vous importuner. » Reprenant une gorgée de café, j’avais pris ma sacoche pour sortir mon portefeuille, laissant sûrement apparaître deux ou trois copies, que j’avais mal rangées. Il faut dire qu’elles ne méritaient pas meilleur traitement vu les notes que j’avais déjà distribuées pour le moment.

« Eh bien je vois que j’ai en face de moi la version féminine de Holmes ? Cependant, laissez-moi vous corriger sur un détail. J’enseigne au lycée. » J’avais reposé ma sacoche au sol, soigneusement. J’ai toujours tenu à mes affaires, devant une dame ou non, j’étais un peu maniaque je l’avoue. Et puis, j’avais pris un air interrogateur, faisant mine de réfléchir, reposant la tasse de café que j’avais presque portée à mes lèvres. Je n’ai jamais pris de cours de théâtre, mais j’étais bon comédien. «Attendez…Je crois que je me souviens. Je passe tous les jours par le quartier des affaires. Il me semble que c’est là-bas que je vous croise de temps en temps. » Alors. Pas besoin d’être très doué pour faire le rapprochement entre sa tenue et l’endroit de la ville où elle pouvait aller ainsi vêtue. J’aurai pu me mouiller un peu plus, et pari tenu, j’avais décidé de pousser la réflexion, tant pis si ça casse, j’aurai eu le plaisir de boire mon café en bonne compagnie. « Près du palais de justice il me semble bien. » Tentons l’aventure.
 

Le café n’était pas vraiment victime de son succès, peu de monde étaient installés, peut-être à cause du temps, qui n’était pas particulièrement beau. Sans doute que les habitants étaient chez eux, préférant le confort de leur canapé et la vision d’un épisode de leur série, plutôt que payer pour du café qui n’avait rien de particulier. Moi, je ne regrettais pas d’être venu aujourd’hui, j’avais eu la chance de trouver une bonne compagnie. D’habitude, lorsque je me plonge dans une correction de copies, j’aime avoir ma tranquillité pour réfléchir et me plonger dans le sujet, mais cette fois, c’était différent, être dérangé par une belle jeune femme ne me posait pas de problèmes. Elle était certainement moins âgée que moi, mais elle n’en restait pas moins très élégante. Je l’aurai bien vu, marchant dans les rues de Londres, ma ville natale. Elle avait cette délicatesse et ce regard brillant qui convenait bien aux allures modernes et chic de la ville. « Je ne savais pas que vous appréciez les flatteries, mais je vous remercie de m’en informer, je n’aurai pas besoin de me retenir dans ce cas. » J’avais souri, c’est vrai que, il y avait bon nombres de compliments à faire sur sa personne. Je n’étais pas très porté sur les femmes, rares étaient celles qui trouvaient grâce à mes yeux, mais elle avait un petit quelque chose d’agréable et d’intéressant, que je ne saurai décrire. Son caractère, son répondant, sa voix certainement aussi, c’était un tout qui me plaisait bien. J’avais pu apprendre plus sur elle, également qu’elle avait un petit ami. Je n’étais pas réellement surpris. En fait, ça m’aurait plutôt étonné qu’elle ne soit pas avec quelqu’un, les jeunes femmes comme ça, ne restaient pas seules très longtemps dans une grande ville comme celle-ci. Je lui avais souri. « Déstabilisant vraiment ? Pour ma part je trouve ça plutôt charmant, ça vous va bien, si je peux permettre. » C’est vrai que, c’était particulièrement mignon à prononcer, et son nom, elle le portait à merveille.

J’avais ma tasse devant moi, que le serveur était venue remplir sans attendre lorsque je lui avais fait un geste sympathique. Je le connaissais bien, il était déjà passé par chez moi le temps d’une nuit. Ça me faisait plaisir d’inviter Sheri, j’avais toujours eu un esprit plutôt galant envers les femmes que je rencontrais, surtout quand elles étaient à mon goût. Je dois bien avouer, que ma mère, m’avait toujours appris à respecter la gent féminine, et j’avais attendu d’atteindre la trentaine pour le faire. J’avais bu une gorgée, il était chaud et serré, comme je les aime. Je l’avais laissé prendre ce qu’elle voulait, et ici, autant dire qu’il y avait de quoi faire. J’avais eu l’agréable surprise de me rendre compte que j’avais visé juste en invoquant le quartier des affaires, mais à sa tenue, ce n’était pas très compliqué, enfin, pour moi en tout cas. Si elle parlait ainsi du palais de justice, et de son intérieur, elle exerçait forcément là-bas. Une jeune femme, vêtue de façon très professionnelle, propre sur elle, jeune, dynamique. J’avais eu un petit sourire. Ah, c’était sans doute ça. « Je ne pense pas me tromper en affirmant que vous êtes avocate non ? » Ah, ça m’amusait assez, j’essayais de semer le doute, car elle n’avait pas l’air totalement certaine de ne pas m’avoir croisé, d’ailleurs, maintenant que j’y pense, c’est assez étrange, elle avait toujours l’air d’hésiter sur des détails. « Ah, si vous parler de séduction, vous me connaissez finalement mieux que vous ne le pensez, cependant, ce ne serait pas avec mes élèves, mais pourquoi pas avec les charmantes avocates, que j’ai pu croiser. » Je laissais doucement planer le doute, est-ce que j’avais effectivement déjà mis les pieds au palais de justice, oui. Est-ce que je l’avais déjà aperçue ? Non, mais ça, elle ne le savait toujours pas, et ça m’amusait de laisser un petit doute sur le fait que. Et puis, j’aurai très bien pu la confondre avec quelqu’un d’autre, du moment que ça me permettait de garder le dialogue. « Disons que je vous connais de vue. Mais ça s’arrête là et c’est bien dommage, car vous êtes une jeune femme très intéressante. » Je lui avais adressé un sourire charmeur, sans en faire trop. « J’ai effectivement déjà été au tribunal, mais je vous rassure, je n’étais pas à la barre, je venais chercher un ami. » La carte de l’ami était d’autant plus efficace, qu’elle était vraie. Je connaissais quelqu’un, et il me servait bien. « Cependant si j’avais eu la mauvaise idée d’être impliqué dans un procès, j’aurais été ravi que vous preniez ma défense. » Petit rire.

Je n'avais eu, au cours de ma vie, que très rarement, des relations avec des femmes. Trois copines au lycée, quelques relations pour s'amuser à la faculté, et puis ça s'était rapidement arrêté là. J'avais toujours été plus attiré par les hommes jusqu'à maintenant. Le problème avec les femmes, c'est qu'elles étaient toujours plus compliquées, plus indécises, plus chiantes, n'ayant pas peur des mots. Je n'avais jamais rencontré une femme qui avait éveillé mon intérêt plus qu'une autre. Je n'avais jamais encore eu d'attirance autre que physique pour l'une d'entre elles. Aucune que j'avais croisé, ne m'avait vraiment passionné. Ni par sa conversation, ni par son comportement. Je ne me voyais pas en couple avec, mais par contre, j'étais toujours d'accord pour m'amuser un peu. La jeune femme qui se tenait devant moi, n'était pas, comme toutes celles que j'avais rencontré jusqu'à maintenant. Elle n'était pas, aussi commune et banale qu'on aurait pu le croire. J'avais senti, dès le début de notre conversation, que quelque chose était confus en elle. Que quelque chose de particulier la rendait spéciale. Mais je ne savais simplement pas quoi. Quand elle s'était assise à ma table, en se trompant en pensant me connaître déjà, j'était tout de suite entré dans son jeu. Elle m'avait paru un peu perdue, sincère, un peu paumée finalement. Son attitude m'avait touché malgré moi, mais ce n'était pas par pitié que j'étais allé la rejoindre. Au contraire. Son comportement curieux et sa façon de se tenir m'avait tout de suite marqué. Elle avait l'air tellement lisse, tellement polie et parfaite. Je ne la connaissais pas, et elle n'était peut-être pas réellement comme ça, mais c'est l'impression qu'elle m'avait donné vue de l'extérieur. Quand je l'avais rejoint, je savais très bien, que c'était, mon genre de femme. Physiquement d'abord, elle était belle, élégante. Elle avait cette beauté fatale qui était capable de me faire succomber rapidement, d'un simple battement de cil, elle avait le pouvoir de me donner l'envie de la mettre dans mon lit. La distance qu'elle imposait entre nous, dans son regard, dans nos discussions, ne faisait qu'attiser ma curiosité et mon envie d'en savoir plus sur elle. J'étais très intéressé, je ne pouvais plus le nier. Elle avait de la répartie et du charme. Elle avait de la discussion, et un bon poste. Que demander de plus. Je n'attendais rien d'autre d'un petit flirt de la journée. En réalité, je n'en espérais pas autant. C'était comme sortir de chez soi pour aller acheter un livre en brocante et tomber sur une édition limitée signée. « Je ne m'étonne pas que vous soyez prise, charmante comme vous êtes. » C'était sincère. Et puis, ce n'était pas comme si le fait qu'elle soit en couple me dérange de toute façon. Je n'avais pas pour intention de me comporter en moine bien sage et pieux. Moi, quand j'étais intéressé par quelqu'un, peu importe la situation, je me servais si j'en avais envie. On n'appartient qu'à soi-même de toute façon, le reste, n'est qu'obligation sociale. La seule chose qui m'arrêtait, de temps à autre, ça pouvait être un lien de mariage, et encore, ça dépendait des cas. Je ne perdais pas mon ton enjôleur. J'étais de toute façon comme ça de nature, et puis, je ne comptais pas m'arrêter en si bon chemin. Je me souvenais de mon histoire avec la justice. J'avais pris l'avocat fraîchement débarqué sans aucun procès à son actif. Il était mignon, c'était le seul argument que j'avais pour le choisir, mais comme quoi, j'avais bien fait, puisque j'avais gagné mon procès. Cependant, elle n'avait pas besoin de savoir que j'étais déjà passé au tribunal et encore moins pourquoi, alors je laissais l'idée d'un ami avocat germer dans son esprit. « Mais brillante comme vous devez être, je ne doute pas que j'aurai gagné à vos côtés, si toutefois j'aurai dû me retrouver à la barre un jour. » Vu la conversation qu'elle avait, et la manière dont elle contournait mes galanteries, elle n'était pas la dernière des connes. Et puis, vu son niveau d'études, je n'aurai pas pu me permettre de seulement avoir un doute là-dessus. Plus je parlais avec elle, plus elle m'intéressait. Je prenais vraiment plaisir à jouer avec elle, à dialoguer, à lui faire un peu de charme aussi, je ne pouvais pas m'en cacher. C'était presque naturel chez moi. Elle avait cette façon de me regarder et de sourire, qui me faisait bien craquer. Je voulais continuer à jouer encore un peu avec elle, à pousser la discussion toujours plus loin dans son sens.

« Oh vraiment ? Et vous m'auriez refusé même avec un beau sourire ? » J'avais joint l'idée à l'image, lui souriant simplement, sans en faire trop ou pas assez. Reprenant une gorgée de café chaud, je m'assurai que je ne perdais pas son intention. Je devais continuer à lui parler, à la charmer de façon intelligente, car ce n'était pas le genre de femmes à se laisser avoir par de belles paroles qu'on pouvait dire à n'importe quelle jeune fille trouvée dans la rue, et ça se voyait. « J'ai eu bien de la chance que vous vous trompiez de table. Cela faisait longtemps que je n'avais pas de discussion aussi intéressante. Et par intéressante, j'entends que cela fait du bien de parler à des jeunes femmes aussi souriantes et captivantes que vous. » Le mot captivante laissant sous-entendre beaucoup de choses quand on ne précisait rien. Je laissais alors planer le doute, c'était un compliment, c'est tout ce qu'elle avait besoin de savoir après tout. Je ne détachais pas mon regard d'elle. Le but n'était pas de la mettre mal à l'aise, j'aimais la regarder, c'est tout. « Comme ça quoi ? » J'avais eu un petit rire. Tout dépendait de comment elle me voyait, mais quoi que ce serait, je ne me vexerai pas. On m'avait déjà reproché tellement de choses. « Si par là vous entendez poli et charmeur, alors oui, je ne m'en cache pas. Mais seulement avec les jeunes femmes qui le mérite. » Bien sûr que oui, elle méritait d'être charmée, une jolie femme comme elle.