Lost | Lorexie

Je fermais les yeux me crispant quand une nouvelle fois il montait le ton trop haut. Je savais que ça finirait comme ça. Après tout ça finissait toujours comme ça. Mes relations n'étaient pas vouées à durer éternellement et la je le sentais depuis un moment la fin arrivait. Ça faisait longtemps que Jan avait compris pourquoi j'étais avec lui, il était pas con, mais jusqu'à maintenant ça semblait lui convenir. C'était un peu comme un deal entre nous, il m'entretenait et en échange il avait une belle femme à afficher à son bras, la cuisine de faîtes, de l'affection quand il rentrait du boulot et quelqu'un de toujours disponible sexuellement. Sauf que même si d'un point de vue extérieure, pour beaucoup de personne, c'est la facilité, je mène la belle vie, ben ça avait fini par devenir pesant. Et ces derniers temps ma libido avait pas mal baissé. Jan n'était pas désagréable à regarder ça n'était pas ça le problème. De toute façon ça m'était arrivé tellement de fois de coucher avec des mecs qui ne me plaisaient pas que j'étais blindé de ce côté la. C'était peut-être triste à dire mais c'était le cas. Ça faisait quelques temps que Liam n'allait pas bien et ça se répercutait sur moi, mon frère c'était tout pour moi. Et en osant exprimer mon manque d'enthousiasme à faire l'amour ça n'avait pas fonctionné très longtemps. "Ça va tu crois que je sais pas que tu vas fricoter ailleurs ? Tu crois vraiment que je suis aveugle ?! J'ai rien dit, j'ai fait avec, et la tu veux rester sous mon toit à jouer les princesses sans qu'il ne se passe plus rien entre nous ?! Et ne me parle pas de sentiments hein, ne me prend pas pour un con !" Qu'est ce qu'il voulait que je lui dise ? Il avait raison, il avait totalement raison et c'était bien ça le problème. Je n'aurais pas penser que ça puisse me toucher autant mais au fond je savais pourquoi j'avais de la peine. J'aurais voulu dire que c'était parce que je serais triste de ne plus le voir et c'est vrai qu'il allait peut-être me manquer après plusieurs années de couple mais au fond c'était la peur et le désespoir de devoir tout recommencer, encore, une fois de plus. Une larme m'échappait et ma gorge de serrait "S'il te plait... me fou pas dehors" oui je le suppliais, en quelques sortes. J'étais au bout du rouleau, c'était pas le moment, j'avais pas la force de faire la pute en ce moment. "Je me fais pas de soucis pour toi tu trouveras bien un nouveau pigeon à plumer. Va-t-en maintenant" Et j'étais partis. Oui j'étais partis, dévastée de me retrouver encore dans cette situation.

Être une femme forte, ne montrer aucune fragilité, renvoyer une image sûre de sois au quotidien c'était épuisant. Mais personne n'avait envie de voir ce qu'il se trouvait derrière le rideau non ? Qui aurait envie de voir à quel point je pouvais être abîmée au fond ? Ça détruirait l'image qu'on se faisait de moi et la magie par la même occasion, hors si je voulais séduire il fallait vendre du rêves, pas de la déprime. Personne n'avait envie de ça. Je me retrouvais à la rue, rue que j'avais presque pu oublier, dans une robes à un prix à trois chiffres et pourtant je n'avais plus rien. Juste un sac dans lequel se trouvait l'essentiels, papiers d'identités etc. Je prenais sur moi, pour l'instant. Je n'avais pas le choix de toute façon, pas le temps de glander, pas de pause, il fallait que je trouve quelqu'un chez qui dormir cette nuit, qui me sauterait pour la peine. Si je pouvais directement trouver un mec riche ça serait l'idéal c'était sûr. Je passais dans un magasin de parfum histoire de me regarder dans un miroir pour voir de quoi j'avais l'air. Je passais mon pouce sous mes yeux pour effacer le noir qui avait coulé de mes cils. Je prenais un parfum testeur pour me parfumer légèrement le cou puis je ressortais. Me donnant contenance comme je pouvais je partis à pieds dans un restaurant/bar super chic que je connaissais. Je savais qu'il y aurait des personnes de la haute là-bas. J'entrais et repérais un mec seul et bien habillé au bar. J'affichais un sourire et partait l'aborder. Ce ne fut pas trop dur d'éveiller son intérêt. Je finis par m'excuser auprès de lui pour m'échapper aux toilettes. Je m'asseyais juste dans une des cabines sans rien faire, juste pour me laisser du répit. Je n'y arrivais pas, je le sentais, c'était encore pire que d'habitude. Je détachais mes cheveux et me massais rapidement le crane avant de finalement sortir des toilettes et du restau. Belle surprise en remarquant qu'il pleuvait. La poisse... J'avais presque l'impression d'être dans un film, vous savez cette nana triste qui se retrouve dehors toute seule sous la pluie ? Ben c'était moi ce soir. Je soupirais et comme je manquais de me tordre la cheville au premier pas avec mon talon qui glissait je les retirais. Accentuant le cliché jusqu'au bout mais qu'est ce que je m'en fichais la tout de suite, de toute façon avec la pluie qui me dégoulinait dessus c'était fichu j'étais plus présentable du tout. Je marchais, pieds nus, mon sac sur une épaule et mes chaussures dans une main. En passant devant un immeuble j'envisageais un instant d'aller frapper chez une fille qui y vivait. Sauf que cette fille était une nana que j'avais rencontré via Jan. Je soupirais et resserrais un peu plus mes bras sur moi pour essayer de me réchauffer. Enzo. Pourquoi je pensais à lui ? Parce que je l'avais croisé dans cet immeuble une fois en allant voir la nana en question. Je savais où habitait le policier. Ça faisait des mois que je ne l'avais pas vu. La dernière fois on avait couché ensemble et je ne m'étais clairement pas présenté sous le même jour. Enfin j'avais toujours été la même face à lui en fait. Si je frappais à sa porte ça risquait de lui faire bizarre, voir pire que ça, mais il était la meilleure option qui s'offrait à moi ce soir. Alors je rentrais dans l'immeuble et me rendais jusqu'à sa porte pour y sonner, priant pour qu'il soit chez lui. Je patientais mais pour mon plus grand soulagement il fini par ouvrir la porte. "J..J'ai froid... Je peux rester chez toi ce soir s'il te plait ?" le regard suppliant je ne jouais pas, ça n'était pas du chiqué j'avais réellement besoin de lui et de son aide. C'était jamais évident d'admettre qu'on avait besoin d'aide mais à un moment il ne fallait pas être débile non plus.

La journée avait été épuisante. Ereintante. Crevante. Oui, je pouvais énumérer tout un tas d’adjectifs de ce genre pour la définir. Déjà, je n’avais pas très bien dormi à cause d’une migraine foudroyante. Le genre de migraine qui vous donne envie de vous claquer la tête contre un mur. J’avais pris des médocs mais ça n’avait eu aucun effet. Je n’avais pas fermé l’œil de la nuit, la journée s’annonçait déjà difficile. Heureusement pour moi, ma migraine avait fini par passer dans la matinée. Pourtant, au boulot, on n’avait cessé de courir partout avec Gabriel. On était sur le point de résoudre une enquête mais pour ça, on avait dû se démener. Bref, il est inutile de préciser à quel point j’étais content de rentrer chez moi après le travail. Ce soir, je n’avais pas le courage de sortir, j’étais mort. En rentrant, je rejoignis directement ma salle de bain pour prendre une bonne douche rafraichissante. Je m’étais même éternisé un peu pour profiter de cette sensation d’apaisement et de bien-être qu’elle me procurait. Comme je savais que je n’allais pas sortir et que personne, techniquement, n’était censé venir me voir, j’enfilais juste un boxer pour me sentir libre de mes mouvements.

Je me rendis finalement dans ma cuisine pour préparer à manger parce que j’aimais cuisiner et que ça me détendait. Après quelques minutes de réflexion, j’optais pour des spaghettis bolognaise. L’une des spécialités de ma mère qu’elle m’avait transmise dans ma jeunesse. Je tenais mon amour de la cuisine d’elle, elle m’avait tout appris. Evidemment, quand je cuisinais, je voyais toujours trop gros. Résultat, il allait encore m’en rester pour plusieurs jours. Au pire, je pouvais toujours en garder pour Erika ou même Gabriel s’il se pointait chez moi pour fouiller dans mon frigo comme il avait l’habitude de faire. Au moins, il savait qu’il ne mourrait pas de faim en venant chez moi. Je me préparais une assiette et j’allais m’installer dans mon canapé devant Netflix. Bien sûr, il me fallut de longues minutes pour me décider du programme. Il y avait tellement de choix que c’était difficile de n’en sélectionner qu’un. Et si je me lançais dans une série ? Il y avait l’embarras du choix. Je décidais de lancer Lucifer et je commençais mon repas.

Des bruits répétés me firent sursauter. Je clignais des yeux en me demandant l’espace d’un instant où je me trouvais et surtout quelle heure il était. En me redressant, je vis la télé toujours allumée et mon assiette vide posée sur la table. Visiblement, je m’étais endormi devant la télé. Est-ce qu’on venait de frapper à ma porte ? Passant une main sur mon visage et fronçant les sourcils, je me levais pour me diriger vers ma porte d’entrée. Avais-je rêvé ? Lorsque j’ouvris la porte, je fus surpris de découvrir Lexie. Trempée jusqu’aux os. Me suppliant presque de la laisser rentrer chez moi. Mon temps de réaction fut plutôt rapide alors que j’étais en train d’émerger. « Euh… » Ouais enfin pour dire ça, il aurait peut-être fallu que je réagisse moins vite, mais pour aligner deux mots cohérents, non ? Je secouais la tête. « Je veux dire, oui entre, je t’en prie ! » J’ouvris un peu plus la porte pour la laisser entrer en lui faisant signe de le faire. « Pardon, je m’étais endormi alors j’émerge encore. » Je refermais la porte derrière elle. « Attends, je vais te chercher une serviette. » La pauvre, elle était dans un sale état ! Je la laissais quelques secondes le temps d’aller chercher une serviette dans la salle de bain. A mon retour près d’elle, je la dépliais pour la poser autour de ses épaules et frotter ses bras pour tenter de la réchauffer un peu. « Ça va ? Qu’est-ce qui se passe ? » Lui était-il arrivé quelque chose ? L’avait-on agressé ? Qu’est-ce qu’elle faisait dehors sous la pluie ? J'avais trop de questions en tête mais je ne voulais pas la brusquer.

Je me sentais incroyablement pathétique la devant la porte de Lorenzo, à attendre qu'il m'ouvre pour quémander son aide. J'étais tombé bien bas mais ça n'était pas la première fois, j'avais même déjà été plus bas que ça. En fait m'a vie n'était qu'une succession de haut et de bas si on y réfléchissait. Je tentais juste de faire en sorte que les hauts soient plus longs que les bas. Ça avait été le cas avec Jan mais c'était fini à présent. Je redevenais la jeune femme vénale qui se cherchait un homme riche pour l'entretenir. Oh je ne me faisais pas d'illusion, je savais que c'était ce que tout le monde se disais. Que c'était le premier jugement qu'on me portais dès qu'on me voyait au bras d'un homme plus vieux et plein aux as. C'était une image que j'avais forgée de toute façon, c'était parfaitement normal que les gens pensent ça. Après tout on pouvait même dire qu'il y avait du vrai la dedans. Même si pour moi j'avais toujours vu ça comme de l'intelligence, un moyen de vivre correctement sans avoir à faire le moindre effort. Ou presque... Les efforts ils se faisaient du côté du sexe. Et bien trop souvent j'avais fait semblant, joué les excitée alors que je ne l'étais pas, ou simplement laissé faire, sans en avoir réellement envie. Tout ça pour ne pas être foutu dehors et me retrouver sans rien. C'était aussi pour ça que je n'étais pas fidèle, parce que j'avais besoin de prendre du plaisir avec des personnes qui m'attiraient vraiment. Sans quoi je finirais totalement dégoûtée du sexe.

Enzo fini par ouvrir la porte, en boxer. Il m'offrait une belle vue c'était le moins qu'on puisse dire, mais la tout de suite je n'avais pas la tête à ça. « Euh… » ouais je me doutais bien que ça devait le surprendre de me voir comme ça et en plus de m'entendre lui demander de l'aide. J'espérais du plus profond de moi qu'il ne refuse pas de m'accueillir. Même s'il le faisait par pitié pour moi je m'en contenterais, je ne voulais pas retourner dans la rue si peu habillée alors qu'il pleuvait, sans savoir où aller. J'étais prête à le supplier. Contrairement à ce qu'on pourrait croire la dignité ne passait pas toujours en premier plan. « Je veux dire, oui entre, je t’en prie ! » Un soupire de réel soulagement s'échappa de mes lèvres et j'entrais dans son appartement, n'avançant que de quelques pas. « Pardon, je m’étais endormi alors j’émerge encore. » j'hochais doucement la tête "Oh.. Désolée de te réveiller" c'est vrai, déjà que je le dérangeais pour squatter j'aurais préféré éviter de le réveiller tout de même. « Attends, je vais te chercher une serviette. » un petit sourire reconnaissant étirait mes lèvres et je le laissais partir dans la salle de bain. Je restais plantée la, me contentant de poser mon sac et mes chaussures contre le mur. Il revint avec une serviette qu'il me posait sur les épaules avant de me frotter les bras provoquant une sensation de chaleur agréable. Je resserrais la serviette par le devant et tournais la tête vers lui "Merci.." vraiment. « Ça va ? Qu’est-ce qui se passe ? » c'était normal qu'il me questionne. Je veux dire, même si ça n'avait pas été une habitude de flic il l'aurait fait, n'importe qui se demanderait bien ce qu'il s'est passé pour que je débarque dans un tel état. Je baissais les yeux "C'est fini avec Jan..." par sûr qu'il me plaignent vu qu'il était très bien placé pour savoir que je ne lui avais pas été fidèle. Je soupirais légèrement. Il m'accueillait chez lui alors la moindre des choses serait que je lui dise la vérité tout de même "I..Il savait que je le trompais mais ça ne me gênait pas jusqu'à la. Jusqu'à ce que je commence à refuser de coucher avec lui.." je soupirais "Ça fait déjà plusieurs semaines que j'arrêté de dire oui du coup il s'est dit que y'avait pas de raison que les efforts n'aillent que dans un seul sens et il m'a mis à la porte" je déglutissais et mes yeux rougissaient alors que je les relevais sur lui "J'ai plus rien, rien d'autre que ce que je porte sur moi, ce sac et ces chaussures, c'est tout ce qu'il me reste, encore.." Je collais ma main à ma bouche en tournant la tête sur le côté, me retenant de craquer. Ce fait de me retrouver à nouveau sans rien était ce qui me mettait réellement dans cet état, bien plus que le séparation.