♦ Put her pride aside ♦

Je marchais sous la lumière dorée des lampadaires. La plupart des passants me regardaient de haut en bas, d'autres ne faisaient pas attention à mes habits plus que vulgaires. Des jarretelles avec une mini jupe noire, un haut dévoilant mon ventre, ça ne passait pas inaperçu. J'avais des escarpins qui était aussi sombre que ma tenue, ma seule touche de couleur n'était autre que mon verni rouge. J'avais de beaux ongles longs et pointus pour combler le tout. C'était parfait, j'étais merveilleuse ainsi. Les regards qu'on me portait étaient compliqués à supporter, j'avais pas vraiment le cœur à me faire souillée, mais je n'avais pas vraiment le choix. Il y avait des jours ça allaient, d'autres étaient plus compliqués. J'étais dans la seconde catégorie. Il ne m'était rien arrivé de spécial, mais j'étais simplement lassée et je me sentais mal au fond dans ces habits. Ce n'était pas moi !

Un homme attirai mon attention, il était assez bien fringué, avait de courts cheveux bruns et une barbe naissante. Le genre qui devait avoir un bon job et une belle vie. Il ne semblait pas m'avoir remarqué et même si ces habits en disait assez sur son statut financier, je ne voulais pas venir vers lui. J'étais bien tenté, mais j'allais dire quoi au juste ? « Hey ! Je suis une salope et vu que t'as pas l'air d'être pauvre ça te dirai de me prendre ? » Cette pensée me fit lever les yeux au ciel. C'était certain que niveau classe, c'était pathétique !

Enfin, je n'allais pas commencer à me lamenter sur mon sort. J'acceptais ce que je faisais, j'en étais bien obligée. Il fallait me faire une raison.

Je sortis un RedBull de mon sac, il était assez classe : en cuir noir ainsi qu'avec des chaînes dorées et quelques franges. J'adorais les franches ! C'était trop beau ! J'ouvris ma canette avant d'en boire une gorgée. C'était bien l'une des choses que je consommais le plus quand je faisais les trottoirs. Il fallait bien que je reste éveillée, je me voyais mal devoir lutter en plus contre le sommeil dans la rue. Me réveiller par terre dans Anacostia, je m'en passerai bien !

Il s'approcha de moi se qui me fit afficher un léger sourire, à la fois faux et satisfait. D'un côté ça me déplaisait de commencer si tôt, je n'étais dehors que depuis une dizaine de minutes maintenant. J'aimais prendre mon temps et m'acheter toujours de quoi boire, parfois manger. De l'autre côté ça me plaisait dans le sens où je n'allais pas me les geler pendant une trentaine de minutes.


Je penchais légèrement la tête sur le côté en continuant de sourire, un sourire qui ne dévoilait aucune fausseté. Il paraissait si sincère, tant sympathique alors qu'au fond je voulais juste me laisser tomber sur le sol dans un long soupir.


Mon tond de voix était chaleureux, aucune froideur ou agressivité venait brisée ma voix. J'étais une excellente actrice quand je le voulais !


Mon sourire s'effaça, premièrement par surprise. Depuis quand on s'intéressait aux raisons de ce qui poussait à la prostitutions ? C'était toujours pareil : le manque d'argent. Il y avait les cas ou des filles étaient forcées à faire cela par d'autres personnes, mais c'était assez rare. Du moins je ne connaissais personne dans cette situation.


Mon sourire s'était effacé, mais je n'étais pas pour autant devenue froide envers lui. J'étais simplement neutre. Je n'aimais pas vraiment parler de ce que je faisais, d'ailleurs aucun de mes amis le savent. Selon eux je vis grâce à mes œuvres et je ne compte pas leur dire la vérité.


J'avais baissé les yeux vers mon RedBull à mon dernier mot, je ne voulais pas qu'il prenne mal mes paroles. Je ne voulais pas le vexer. Loin de là. C'est juste que je trouvais ça étrange.

Il tenait un discours qui me donnait presque l'envie de lever les yeux au ciel comme si j'en avais l'habitude. Pourtant, c'était bien la première fois qu'on se souciait de moi. Disons que dès qu'on faisait preuve de pitié, je me désintéressais de la personne. Ça m'énervait d'être prise pour une... victime de la vie. D'ailleurs il s'imaginait beaucoup de chose sur les raisons me poussant à faire ça : enfants, remboursements. Heureusement que je n'étais pas dans ces cas cités, ça me semblait vraiment plus galère d'avoir des gueules de plus à nourrir dans les pattes que d'être seule, sans personne.  


Et là, il devait se dire que j'étais dans une sacrée merde, mais je m'étais habituée à ma vie. Je voyais bien que ça le révoltait de voir une fille aussi jeune que moi faire le trottoir, mais je n'avais connu que ça après être sortie du pensionnat. Je n'avais donc pas autant de mal à digérer le coup. Après tout ce n'était pas comme si j'avais eu un autre job avant et que j'avais finis par tomber aussi bas. Je finis par hausser les épaules.


Premièrement parce que nous n'avions pas le choix.
Deuxièmement parce que ça rapportait et je n'étais même plus sûre de souhaitée un petit job "correct". Je savais bien que ça allait beaucoup moins me rapporter et je n'avais pas envie de galérer à travailler toute mes journées pour le quart de ce que j'ai à présent. Ce serait juste complètement ridicule !