"Sorry, I'm late..." [Hvitserk/Ian]

Un chat et deux chauves-souris. Juste... Ces trois putain d'animaux qui nous avaient foutu une trouille pas possible. Déjà que je n'avais pas du tout été rassuré quant au fait d'être enfermé dans le centre commercial, mais alors là... J'avais eu la deuxième peur de ma vie, la première étant de perdre mon frère. Il faisait noir, les lumières étant un allumage automatique, on ne pouvait pas les allumer, et vint une certaine heure à laquelle nos portables n'avaient plus de batterie... Alors on avait été au rayon des lampes torche pour en utiliser afin de voir quelque chose. Et puis ces bruits qui nous avaient -bon surtout moi- fait flipper, ce n'était qu'un chat et des oiseaux de nuit qui étaient eux aussi bloqués à l'intérieur. Rien d'autre. On avait donc forcément passé la nuit là-haut, les bureaux à l'étage étant fermés... Et le matin, à six heures, les portes avaient fini par être ouvertes pour les employés, alors ça nous avait réveillés et on était immédiatement allé les voir. Pour une fois dans ma vie, je n'avais pas été timide, et j'avais osé parler.

Enfin pour une fois, parler était bien faible. J'avais à moitié crié. Je ne savais pas si c'était la peur qui se calmait, ou l'énervement quant au fait qu'ils n'avaient pas été foutu de vérifier que les locaux étaient vides... Mais au moins ils avaient été étonnamment compréhensifs et ne nous avaient rien fait payer de ce qu'on avait pu manger, ou utiliser.

Ce fut donc vers sept heures et demi du matin que je passai enfin le seuil de ma porte d'entrée, arrivant finalement dans mon salon, refermant doucement au cas où mon colocataire, Hvitserk dormait... Je ne voulais pas le réveiller.

En réalité, ce n'était pas tout à fait chez moi. Enfin si, mais à la base c'était chez lui. Hvitserk, je le connaissais depuis un bon moment. En réalité, on l'avait hébergé, lorsqu'on habitait encore Edimburgh, le temps de son séjour. En fait, j'avais tout de suite été attiré par lui. Dès que je l'avais vu. Alors que les autres remarquaient en premier lieu le fauteuil roulant, j'avais adoré sa vivacité d'esprit, son intelligence... Oh et puis il était foutrement beau, il fallait l'avouer ! Il était d'ailleurs plus musclé que moi. En fait, je ne le considérais personnellement même pas comme un handicapé moteur, il se débrouillait parfaitement ainsi. Pour lui cela devait être parfaitement normal.

Enfin je ne savais même pas pourquoi je pensais à ça, il était si beau... Ah oui ! Je repensais à quand il habitait chez moi à l'époque. Je disais, déjà là j'étais follement attiré par lui. J'étais encore moins à l'aise que d'habitude, parce que j'avais peur qu'il me prenne pour un débile à rougir sans arrêt, ou de dire une bêtise... Et pourtant j'ai presque toujours su que j'étais particulièrement intelligent. J'étais un surdoué, et pourtant je ne suis jamais allé en école spécialisé. Je n'en avais pas envie, j'étais bien dans les écoles normales, même si je me faisais un peu... Persécuter, parfois. J'étudiais de toute façon de mon côté la psychologie, tout seul dans mon coin, et ça m'allait bien. Résultat en entrant à la faculté j'étais déjà en avance.

Oh et son accent, à Hvitserk... A tomber par terre ! A chaque fois que je l'entendais parler, et ce depuis que je le connaissais, mes poils se hérissaient, et c'était une sensation incroyablement agréable lorsqu'elle était causée par lui. Je sentais souvent mes joues chauffer un peu, mais je faisais passer cela sur le compte de la timidité. Puis finalement, deux ou trois semaines avant qu'il ne parte, j'avais fini par parvenir à vraiment lui parler, de façon presque aussi naturelle qu'avec mon jumeau.

Puis Hvitserk avait accepté de m'héberger, alors depuis que nous en avions l'âge, Thomas vivait avec sa meilleure amie et moi avec on colocataire actuel, duquel j'étais amoureux depuis maintenant un bon moment... Même si je n'en avais fait part à mon frère que depuis à peine... Quelques heures.

Je lâchai un léger soupir et me frottai les yeux, avant de vérifier que j'avais bien fermé à clé. Soit Hvitserk rirait de notre "chance" -ironie quand tu nous tiens, soit il allait être inquiet de ce qu'il nous était arrivé... En tout cas j'espérais juste ne pas l'avoir réveillé en rentrant.

Je ne l'avais pas vu, et d'ailleurs il me fit sursauter dès que j'entendis sa voix qui semblait énervée. Je me retournai d'un bond et posai une main sur ma poitrine en soupirant.

« Tu m'as fait peur... »

Je ne répondis pas tout de suite, attendant qu'il finisse de parler... Et je me détendus en entendant sa voix se radoucir, relevant mon regard vers lui. Puis je fis la moue en le voyant.

« Oh mon Dieu tu es crevé... Tu n'as pas dormi ? » Je m'approchai et me penchai pour le prendre dans mes bras. Je n'osais jamais le faire, mais là j'en avais besoin. Et ce que Thomas m'avait révélé me donnait un peu plus confiance. Je le serrai doucement avant de soupirer en sortant mon téléphone de ma poche, lui montrant que je n'avais plus de batterie. « On a eu quelques soucis... On est allés voir un film, et... On a été enfermés dans le centre commercial... En plus y'avait un chat et des chauve-souris qui nous ont fait super peur, on a cru au début... Enfin du moins moi j'ai cru que c'était quelqu'un d'autre, j'ai eu peur, et là-haut on a pas de réseau, du coup impossible d'appeler qui que ce soit... Je crois que si j'avais été tout seul je serais mort de trouille, sans compter ma crise d'ang... Enfin bref, c'était pas ma meilleur nuit. Je suis désolé de t'avoir fait stresser toute la nuit... Qu'est-ce que je peux faire ? »

J'avais tendance à m'en vouloir facilement, surtout quand ça concernait quelqu'un que j'aimais. Et j'aimais Hvitserk, vraiment. Je souris doucement et embrassai sa joue.

« Si tu veux je te fais un massage du dos et de la tête pour me faire pardonner de t'avoir inquiété comme ça. »

Je passai ma main dans mes cheveux et me redressai pour me rendre à la cuisine, étant donné que mon ventre se mettait à gargouiller. Puis je commençai à chercher quelque chose à manger dans le frigo et les placards, me demandant si j'allais plutôt pencher sur du sucré ou sur du salé...

« Tu as faim peut-être... ? »