Oh là ! Qui va là ? ♠ Eleonore

Le parc d’attraction. Voilà un lieu où je n’allais jamais. J’étais censée retrouver quelques amis pour fêter Halloween mais une fois de plus j’étais en retard. J’avais dû céder et laisser Haley aller chez Rose pour la nuit, enfin après ça ne me dérangeait pas car il y avait Jules qui les surveillait. Je ne supportais pas de voir Haley sans surveillance et la savoir loin de moi, je ressentais toujours ce vide en moi et je ne savais jamais comment agir quand je la laissais chez quelqu’un d’autre que chez des personnes en qui j’avais entièrement confiance. Heureusement, Jules était l’une des personnes en qui j’avais une confiance pleine. Bref, du coup j’avais revêtu mon costume de catwoman. Ouais, un peu de cuir et des jolies moustaches dessinées sur le visage et me voilà en une vraie justicière ! Enfin je ne suis pas tellement à l’aise dans ce genre de vêtement mais je ne peux pas nier que ça me va plutôt pas mal. Le fait est que je rencontre plusieurs personnes sur la route, des costumes différents et tout aussi beaux les uns que les autres. Souriante, je marche avec détermination pour rejoindre le plus vite possible mes amis pour passer une bonne soirée. Sauf que quand je passe les portes de ce vieux parc d’attraction, un frisson me parcourt l’échine et je frotte mes bras pour me réchauffer. Je finis par avancer avant de me faire rentrer dedans par la foule. Voilà pourquoi je n’aime pas être en retard, je me retrouve coincée entre plusieurs personnes et rien que ça, je ne le supporte pas ! D’ailleurs, je finis par me faire entrainer par cette foule, et me voilà dans une attraction, super… Je sors mon portable mais bien sûr aucun réseau. Sinon ce n’est pas drôle. J’entends des sons et tout de suite, je sens une sueur froide me tomber dans la nuque. Pourquoi maintenant. Je respire un grand coup et fais demi-tour pour regagner la sortie, mais je rencontre un mur. La panique augmente, je me retrouve dans un labyrinthe et je déteste me sentir enfermée et de savoir que les murs sont trop proches de moi. Serrant les poings, je ferme les yeux et essaie de me détendre, mais c’est peine perdue. J’avance, à l’aveuglette jusqu’à voir de la lumière, je me mets presque à courir et avant même de comprendre que je suis rendue dans la galerie des glaces, que je m’en prends une en pleine figure. Je me regarde, ahurie par ce regard. Le mien. Je place mes mains sur la glace et je me laisse tomber au sol, les larmes aux yeux. « Ca ne peut pas recommencer, non ça ne peut pas. » Je lève les yeux et je vois son regard, à elle, ma mère. Je mets mes mains sur mes oreilles et je secoue la tête, comme une enfant pour m’enlever cette image de ma tête. Non ! Pas elle. Je grince des dents et rouvre les yeux avant de parler d’une voix qui ne me ressemble pas habituellement. « Plus jamais tu me toucheras, je te l’interdis et plus jamais tu m’enfermeras ! » Je me relève et je suis prête à lui sauter dessus, prête à lui refaire le portrait de mes ongles devenus un peu trop longs. Parfait. Mais un bruit me distrait et je comprends vite que j’ai tout halluciné… Je suis toujours enfermée dans cette salle, je suis toujours seule et je sens les murs se rétrécirent autour de moi. Ma mère, elle, est partie. Je frappe les glaces une à une pour que je puisse sortir de là, je ne vais pas y arriver sinon, je vais craquer et je ne veux pas craquer… « Laissez-moi sortir !!! » Je crie, désespérément pour que quelqu’un m’entende.

Je ne me pensais pas capable de faire une crise de panique en ce moment même, ça m’arrivait si peu souvent maintenant que je ne l’avais pas prévu. Cet endroit confiné m’oppressait la poitrine et je ne savais plus où était la sortie ! J’avais beau regardé autour de moi c’était le flou total et je commençais à délirer, la voyant apparaître, elle, cette mère qui m’a bousillé ma jeunesse. Le bruit et les cris des autres allaient me rendre dingue et j’allais prochainement craquer, je le sentais. Je respirai fort, trop fort, ça m’empêchais de me concentrer et voir tous ces visages me rendaient tout aussi folle. Mon premier réflexe fut de lui taper dessus, à elle, sur son visage qui me regardait avec un sourire de sorcière comme celle de Blanche Neige. Je me pris la tête entre les mains et me laissais tomber au sol, incapable de faire quoi que ce soit, mes mains étaient si tremblantes que je n’arrivais pas à les faire arrêter, mes jambes aussi étaient frêles et toutes molles. Qu’est-ce que j’allais bien pouvoir faire. Je regardais autour de moi, les larmes coulant sur mon visage, je ne savais même pas par où sortir et qui allais pouvoir m’aider. Je plongeais mon regard dans celui de ma mère et faillis la repousser quand elle approcha mais quand sa vision se troubla pour laisser place à une jolie brune, je laissais mon bras retomber au sol, démunie de force. Mon sauveur, du moins, ma sauveuse était là et je me sentis tout de suite mieux même si tout mon corps me disait le contraire à vouloir exploser, ma poitrine surtout par le manque d’air. Mais il ne fallait pas qu’elle me touche, les contacts étaient trop durs pour moi, je n’arrivais pas à accepter que quelqu’un me touche après ce genre de crise, tout le monde savait ça même Derrick. Mais là, la pauvre, non, je me reculais, ramenant les jambes contre moi pour me calmer et essayer de faire descendre le taux d’adrénaline qui était dans mon corps. Je fermais les yeux, me balançant d’avant en arrière. « Personne. Enfin si, mais elle est partie. » C’était incompréhensible comme phrase mais comment expliquer à une inconnue que j’ai eu l’impression que ma mère était là à me vouloir du mal alors que je la savais très bien à l’autre bout du monde. J’ouvris de nouveau les yeux pour planter mon regard dans le sien, la priant presque du regard. « Ne dites rien, à personne. » Il ne fallait pas que quiconque soit au courant que j’avais dérapé, pas que j’ai peur d’aller me faire soigner, au contraire, mais les hôpitaux n’étaient pas mon fort. « Je n’ai rien, quelques coupures… » J’inspectais mes bras et soupirais en voyant quelques minimes coupures. La montée d’adrénaline ne me faisait pas penser à la douleur physique, ma douleur était mentale et j’étais bonne pour refaire un traitement. « Je… je dois sortir de là. Je suis claustrophobe. » Rien que le fait de le dire et de regarder les murs autour de moi avec ces miroirs me firent tourner la tête et me firent me sentir mal. Mon estomac se retourna et je sentis la panique monter, avec des sueurs dans le dos et dans le cou. J’attrapais son bras, l’empoignant assez fort pour ne pas qu’elle me laisse seule ici. « S’il vous plaît. » C’était horrible de me sentir ainsi et de demander de l’aide, d’habitude je ne demande rien à personne et m’occupe moi-même de moi mais là je ne peux pas, c’est impossible. Il me fallait l’aide de cette fille.