Il est vraiment infect ce café ! (Tommy)

Je n’étais pas curieuse, mais la curiosité fut plus forte que tout lorsqu’il m’indiqua que son patron se prenait pour quelqu’un. Ce fut plus fort moi, je fis un commentaire. Et si je n‘avais pas su qu’il travaillait dans l’immobilier, j’aurais sans doute cru que son patron et le mien étaient une seule et même personne. Bon, d’un côté, je me doutais bien que ça ne pouvait pas être la même chose dans mon cas. Son patron n’était sans doute pas un pervers qui ne pensait qu’avec ce qu’il avait dans le pantalon. Il devait sans doute s’agir de tout autre chose. Et j’étais vraiment curieuse de le savoir. D’autant plus que je ne connaissais pas du tout cette entreprise. En même temps, j’étais plutôt casanière et solitaire et en dehors de mon lieu de travail, du club de lecture, du parc en bas de mon immeuble et du restaurant de mes parents, je ne connaissais pas grand-chose de Washington. Et pourtant, je vivais dans la capitale américaine depuis mes huit ans, ça faisait donc déjà pas mal d’années. Depuis tout ce temps, on pourrait penser que je connais bien la ville, mais c’est loin d’être le cas. Il faut dire aussi que je suis le genre de personne, pas franchement douée, qui trouverait le moyen de se perdre à l’intérieur de son propre logement en voulant chercher les toilettes. Il y a de quoi en rire, c’est moi qui vous le dit ! Une chance, je ne le prends pas mal. Je sais que je suis une catastrophe ambulante et je l’assume à cent pour cent et même à mille pour cent, c’est dire ! Enfin, revenons-en à nos moutons, vous voulez bien ? Le jeune homme m’explique que son patron se laisse vivre et reste les bras croisés pendant que les autres font le boulot à sa place. Du moins, c’est ce que je comprends lorsqu’il achève ses paroles. Malheureusement, il y a beaucoup de gens comme ça. Je me souviens d’une jeune étudiante que mon père avait embaucher pour le vendredi soir et le samedi midi. La fille ; sous prétexte qu’elle venait de se faire les ongles ; ne voulait pas apporter plus d’une assiette à la fois. D’ici à ce qu’elle se pète un ongle … Mon père l’avait alors mise en cuisine et là, elle avait refusé de porter la tenue règlementaire parce que ce n’était pas « stylé ». Là, il avait perdu patience et lui avait gentiment demandé d’aller faire perdre le temps à quelqu’un d’autre. Je ne suis pas certaine qu’elle est compris le message, puisqu’elle a débarqué le lendemain comme une fleur. J’ai cru que mon pauvre père allait s’arraché les quelques poils qui lui restent sur le caillou. « Au moins, le vôtre n’est pas un pervers ! » lâchais-je, en guise de réponse. Peut-être n’aurais pas du dire ça, mais c’était trop tard pour revenir en arrière, donc tant pis. Le jeune homme reprend la parole, cette fois pour me dire qu’il est son propre patron. « Oh ! » fais-je, surprise. Surprise, c’est bien le mot, car je ne me serais jamais douter qu’il puisse parler de lui en ces termes. Il devait me trouver bien naïve, d’avoir gober son histoire à ce point-là. Et moi qui en rajoute une couche en lui parlant de la perversité de mon propre patron. Décidément, en ce qui concerne Jacob Simmons, je m’enfonce de plus en plus.