Austin&Levi ▬ More Human Now

D’une certaine façon, ce fut rassurant d’entendre Austin en venir à dire que je paraissais motivé par cette cure de désintoxication, puisque oui, je l’étais, probablement plus que jamais. Maintes fois par le passé, surtout quand je m’efforçais d’être clean pour le week-end que je pouvais passer avec Haley, je tentais de me dire que peut-être je pourrais être dans cette condition de façon permanente, que ce serait mieux pour moi, que peut-être cela viendrait prouver à Savannah que je pouvais être responsable. Mais chaque fois, je flanchais, j’avais trop mal pour ne pas trouver quelque chose pour atténuer la douleur. En ces circonstances, c’était différent. Je n’étais pas seul, j’avais le soutien de tous ces professionnels au centre et surtout, je savais que j’avais le soutien de Savannah, ce que je n’avais jamais eu précédemment. Pour moi, c’était énorme, ça venait changer bien des choses, et même si je ne pensais pas lui avoir dit avant maintenant, pour sûr, je lui en serais éternellement reconnaissant. Sauf que tout ça, je ne le dis pas au jeune homme, me contentant de simplement sourire timidement à ses propos, ajoutant un banal:  « Je t’avoue que je ne saurais pas tant te le décrire non plus… », prenant ensuite un air désolé. Désolé pourquoi ? Parce que comme à mon habitude, cette habitude que la cure n’avait pas su changer, je n’étais clairement pas des plus loquaces, même si je tentais tant bien que mal de faire des efforts. La capacité, l’agilité des mots me manquait grandement, et ce n’était pas près de s’améliorer. Mais là, dans la situation présente, ce fut encore plus gênant et handicapant, compte tenu du fait que cela laissa à Austin le temps de poser une question à laquelle j’avais la réponse, mais qui ne se trouvait pas à être une réponse que je pouvais lui dire. Enfin, j’aurais pu, si j’avais voulu foutre la merde, mais je ne le souhaitais pas, pas alors que c’était ma première sortie. Mais est-ce que ce serait suffisant pour qu’il me croie et que nous n’avions pas à en parler plus longuement ? Au bout du compte - et quelque peu à mon étonnement - oui, c’était le cas. Ou bien était-ce parce que ça l’arrangeait que je ne vienne pas à lui dire ce que j’avais cru voir ? Je ne savais pas trop, et je ne me vis clairement pas le lui demander. De toute façon, je n’en aurais pas eu l’occasion, puisque le jeune homme me fit savoir que nous serions obligés de couper court à notre conversation, puisque je me devais de bientôt passer commande. Secouant la tête, comme si je revenais à la réalité, je considérai le commerçant, puis je marmonnai:  « Ah… Ouais… » Mais après, allait-il m’attendre, sachant que j’étais attendu autre part ? Me doutant bien que non, j’ajoutai un banal:  « Ça… Ça m’a fait plaisir de te revoir. » Et ce fut avec un sourire un peu inconfortable que la conversation prit fin, me permettant, de mon côté, de passer cette fameuse commande, me rendant compte que malgré tout ça, je ne savais toujours pas comment j’aurais pu réagir. Pourrais-je lui en reparler un jour ? Allais-je le revoir, au vu de comment ma vie allait changer ? Malheureusement, je me devais de rester dans ce flou, pour une durée totalement indéterminée.