Baby & Jade ▬ En route vers la victoire

La fin de la saison de baseball pour les enfants approchait à grands pas et pourtant, c’était comme si cela ne faisait que quelques jours que je m’étais rendue au centre où se déroulaient les inscriptions pour y remplir celle de Wesley pour la première fois, puisque c’était cette année qu’il avait choisi de se mettre au baseball. Clairement, je ne m’y étais pas opposée, me disant que c’était à lui de faire ses choix et voir si cela lui plaisait ou non par la suite. Par contre, ce fut avec bonheur que je me rendis compte que même s’il n’allait pas faire les ligues majeures ou quoi que ce soit du genre, il prenait plaisir à faire cette activité. Plus encore, moi-même, je me faisais un grand plaisir d’assister à ses matchs, apprenant à connaître le sport lentement, mais sûrement, en me liant d’amitié même avec d’autres parents qui venaient voir leur enfant jouer également. Bref, à présent, dans la maison, ce n’était jamais une corvée, se préparer à se rendre à un match de baseball. La seule personne qui semblait particulièrement embêtée par ce fait, c’était Sydney qui, contrairement à une grande majorité de gens, n’appréciait pas ce sport. Son truc ? Le golf, et le hockey. Wesley, pour faire plaisir à son père, avait tenté les deux, mais chaque fois, cela ne lui avait pas plu. Et maintenant, mon mari boudait pour cela. Au début, j’avais essayé de le convaincre que ce n’était pas l’attitude à avoir, mais maintenant, j’avais décidé de m’en moquer, tout simplement. Je n’avais pas de temps à perdre avec cela, à mon avis, et je ne voulais pas que les plaintes de son paternel viennent affecter le plaisir qu’il éprouvait à pratiquer ce sport. En ne m’occupant que trop peu de l’emploi du temps de Sydney donc, je m’étais préparée en prévision du match, tout comme Wesley, d’ailleurs. Enfin, cela ne demandait pas une grande préparation pour Wesley, soit le fait d’avaler un repas convenable - lui, c’était des spaghettis - et enfiler son uniforme. De mon côté, je me contentai de simplement enfiler un jean et un t-shirt rouge, venant ainsi rejoindre les couleurs de l’équipe. Un peu cliché ? Oui, c’était possible, mais ça demeurait discret et puis au fond, je m’en moquais bien. Sitôt que nous fûmes prêts, soit environ quarante-cinq minutes avant le début du match, nous prîmes la route vers le parc de baseball où nous arrivâmes peu de temps après. Comme à son habitude, Wesley prit ses affaire et partit faire des étirements pour ne pas se blesser pendant le match avec ses coéquipiers. Pour ma part, je décidai de me tenir non loin des gradins, guettant des visages familiers. Je vis d’abord quelques parents de joueurs, que je saluai, bien évidemment, mais cette fois-ci, exceptionnellement, je guettai quelqu’un d’autre, à savoir Jade, une de mes amies, qui avait décidé de venir assister au match aujourd’hui. Il ne fallut que quelques minutes pour que soudainement, je voie une tête rousse apparaître, accompagnée d’un petit garçon que je reconnus rapidement; son petit frère. Un large sourire apparut sur mes lèvres lorsqu’ils arrivèrent à ma hauteur. Ensuite, j’eus tout juste le temps de lâcher un  « Salut ! » avant de faire la bise à Jade. Une fois que ce fut fait, j’ajoutai:  « Je vais bien, et toi alors ? Je suis contente que vous soyez venus ! » Sur ces mots, je portai mon attention en direction d’Edan, puis je lui demandai, avec le même enthousiasme:  « Ça va, mon grand ? » Relevant les yeux à la question de Jade, je ne mis pas trop de temps à lui répondre:  « Pas vraiment, je t’avoue ! Ils jouent pour le plaisir surtout, et puis, c’est sa première année, donc je ne veux pas lui mettre de la pression ! S’ils gagnent, tant mieux, sinon, ce n’est pas plus grave ! » Après, si jamais cela avait été une compétition ou quelque chose du genre, pour sûr, je serais plus nerveuse, mais là, je me contentais d’être simplement tendue quand venait au tour de Wesley d’aller au bâton, ou bien lorsqu’une balle venait en sa direction, mais autrement, je n’en faisais pas tout un cas. Enfin, certains pouvaient trouver que j’étais un peu hystérique lorsque mon fils faisait un bon coup, mais ça, je m’en moquais bien. Jamais rien ni personne ne m’empêcherait de venir voir mon petit garçon jouer. Suite à ce propos, je considérai pendant un bref instant les gradins qui, lentement mais sûrement, commençaient à se remplir, puis je me retournai vers mon amie pour lui dire:  « Le match va commencer dans environ dix minutes. Vous voulez vous asseoir maintenant ou bien attendre encore un peu ? »

« Il est déjà sur le terrain. » fut ce que je répondis à Edan pour qu’il ne cherche pas Wesley trop longtemps et qu’au bout du compte, ses recherches soient vaines. Bien que c’était ce que je pensais être une réponse tout à fait normale, je n’étais pas certaine que je devais vraiment m’en montrer tout à faire enthousiaste. Parce que si d’un côté, il était normal qu’il soit sur le terrain, cela ne me faisait pas plaisir d’en quelques sortes, voir Edan être privé de son ami qui, un peu trop loin sur le terrain avec les autres joueurs, ne pourrait pas m’entendre si jamais je venais à l’interpeller, ne serait-ce que pour qu’il envoie la main à nos invités. Au bout du compte, même si c’était quand même dommage, vu l’enthousiasme de Jade et Edan pour le coup, je ne m’en fis pas trop, parce que non seulement, j’étais persuadée qu’ils comprendraient que c’était chose normale et de plus, ils ne m’en tinrent pas vraiment rigueur. Plus encore, la jeune femme ne tarda pas à passer un commentaire m’arrachant un petit sourire, avant de finir de me rassurer, probablement sans le vouloir, lorsqu’elle affirma à l’adresse de son petit frère ce que je pensais déjà, à savoir qu’ils pourraient toujours se parler plus tard. En fait, pour cela, j’avais même une petite idée derrière la tête, à savoir de leur proposer de venir manger un morceau en notre compagnie après le match, chose que Wesley et moi avions pris l’habitude de faire quand l’heure du match nous le permettait. Plus encore, il me ferait même plaisir d’inviter tout le monde, histoire de les remercier de venir passer du temps en ces lieux pour encourager mon fils. Mais ça, je ne le proposai pas tout de suite, bien que je sois plus poussée à le faire maintenant que j’avais assisté à cette scène. Je ne m’en faisais pas par contre, je savais que j’avais encore un peu de temps. Et puis, j’étais d’avis que cela aurait été quelque peu étrange dans la discussion, considérant que Jade ne tarda pas à renchérir, venant répondre à ce que j’avais dit précédemment concernant le fait que je voulais que mon fils prenne du plaisir à pratiquer son sport, sans se mettre la pression. Contente de voir que celle-ci semblait approuver mon propos, je souris de plus belle, et je lui répondis: « Oui, il semble vraiment heureux, et ça me va parfaitement. », assez enthousiaste de voir mon amie et son frère pour oublier pendant un instant que malheureusement, cela ne plaisait pas à tout le monde. De ce fait, plutôt que de râler ou quelque chose du genre - surtout que ce n’était pas mon truc, exposer mes problèmes de couple ou du moins, pas comme ça, sans que ce soit directement abordé - je proposai à Jade et Edan d’aller s’installer, ce à quoi ils acquiescèrent rapidement. Sans me poser de questions, je choisis donc de prendre la tête du petit groupe que nous formions, non pas parce que je voulais m’isoler d’eux, mais plutôt parce que sans vouloir me vanter, je connaissais ces gradins par coeur, vu le nombre de matchs que j’avais pu y passer depuis le début de l’été. Je savais donc quelles places permettaient de tout voir, voire même quels sièges grinçaient et étaient plus inconfortables que d’autres. Enfin, à la base, des gradins de parc de baseball, ce n’était pas la chose la plus agréable qui soit, mais il y avait quand même moyen d’avoir quelque chose de plus acceptable. Sitôt que je trouvai trois places l’une à côté de l’autre qui me semblaient plus que convenables, je me positionnai à côté, affirmant: « Ici nous devrions être bien installés. » avant de laisser Jade et Edan prendre place avant moi. Une fois qu’ils furent assis, je me positionnai dans mon siège à mon tour, ne pouvant m’empêcher de rire doucement à leur commentaire par rapport à la vue que nous pouvions avoir. Plus encore, je me permis même de leur dire: « Vous avez raison. » avant de me pencher pour déposer mon sac à main au sol, entre mes deux pieds, pour avoir à la fois les mains libres et l’assurance comme quoi je l’avais toujours avec moi. Puis, au moment où je me redressai, ce fait que j’avais oublié plus tôt me revint à l’esprit lorsque mon amie souleva le point comme quoi Sydney n’était pas là pour voir le match. Sitôt touchée par ce propos - mais ce n’était évidemment en rien la faute de la jeune femme - je baissai la tête un bref instant, me retrouvant involontairement à faire tourner ma bague entre mon pouce et mon index. Non pas mon alliance, comme on pourrait le croire, mais cette bague que je portais à l’annulaire droit, celle avec laquelle Andy m’avait demandée en mariage lorsque nous avions dix-huit ans, celle que j’avais décidé de porter de nouveau et que je n’avais jamais enlevée depuis que mon ex-fiancé n’avait pas voulu la reprendre. Est-ce que c’était mal ? Étrange ? Révélateur ? Je n’en savais trop rien, je devais admettre que je n’avais pas trop envie de songer à cela. Les problèmes avec Sydney, c’était bien suffisant, et c’est d’ailleurs à cela que je choisis de m’en tenir lorsque j’affirmai, avec un sourire gêné: « Ça, je lui ai dit, plus d’une fois. Il s’entête à bouder et à rire qu’il n’aime pas le baseball. J’ai décidé de ne plus me prendre la tête avec ça. » Puis, alors que pour bien des gens, mes mots pouvaient être bien simples, normaux, je les trouvai limite durs à l’égard de mon mari. Perdue comme j’étais, c’était souvent une chose qui m’arrivait; j’essayais de me montrer forte et rester assise sur mes positions, pour finalement les regretter. Soupirant doucement, je grimaçai quelque peu, puis sur un ton un peu moins confiant, j’ajoutai: « Mais… Jamais je ne pourrais forcer Wesley à faire quelque chose qui ne lui plait pas… C’est normal il me semble… Non ? » Je savais bien que ma question pouvait sembler contradictoire soudainement, mais malheureusement, j’en étais à un stade où d’une certaine façon, j’avais besoin d’être rassurée sur ce fait. Parce que bien souvent, quand il était question de mon mari, je me sentais la méchante dans l’histoire. Évidemment, je ne niais pas que parfois, surtout ces derniers mois, j’avais mes torts sur bien des choses, mais en ce qui concernait Wesley et son amour pour le baseball, il me semblait que c’était la normale des choses, le laisser faire ce qu’il aimait. Et pourtant, j’avais besoin, en quelques sortes, d’une confirmation de ce fait, que je venais chercher auprès de mon amie, ici et maintenant.

Même si j’étais persuadée que j’avais raison de laisser faire mon fils le sport qu’il voulait sans que rien ne lui soit imposé, par exemple les goûts de son père, je trouvai cela rassurant d’entendre Jade me dire qu’elle était d’accord avec ma vision des choses. C’est ce qui expliqua pourquoi je lui souris doucement, histoire de lui signifier que j’étais contente qu’elle m’ait donné ce qui semblait être son avis plutôt franc. Par contre, je préférai ne pas répondre, raison étant que je ne voyais pas commencer à dire qu’à ce point, le fait que Sydney choisisse de s’intéresser aux activités de son fils ou non me passait carrément par-dessus la tête. En effet, j’étais particulièrement blasée de son comportement, si bien qu’à la lumière de ce qui se passait ces derniers temps, je décidais de le laisser faire. Si jamais il voulait participer à la vie de son fils, tant mieux, mais sinon, je n’allais pas le forcer, parce que je ne voulais pas perdre temps ou énergie. Mais ça, bien que ce soit clair dans ma tête, je n’étais pas prête à l’admettre à voix haute, parce que je craignais qu’une fois prononcée, ma ligne de pensée sonne tout simplement horrible. De plus, il y avait tellement de choses qui étaient peu claires dans ma vie en ce moment avec le retour d’Andy que je ressentais le besoin de garder ça pour moi, histoire de mettre tout cela au clair. Par conséquent, je préférais ne rien dire, me disant que lorsque je serais prête, si je trouvais la volonté de le faire, parce que ce n’était pas dans mes habitudes de me confier, j’allais en parler à mon amie. Après tout, je lui faisais confiance, et puis, elle était assez adorable pour venir voir jouer Wesley. Décidée à me concentrer sur cette idée pour ne pas sombrer dans des réflexions qui n’avaient pas lieu d’être à ce moment précis, je repris un sourire plus évident lorsque Jade me le rappela, à présent déterminée à ne pas laisser mes problèmes faire interférence à cette journée. Jugeant que c’était là un moment appropriée pour signifier à mon amie encore une fois que j’étais contente qu’elle soit ici avec son petit frère, je lui dis:  « Je n’en doute pas. Il va même être très content de voir que vous êtes venus. » Enfin, peut-être que pour connaître sa réaction, il faudrait attendre encore un peu, voire même jusqu’à la fin du match, mais je n’étais pas inquiète de ce côté. Wesley adorait Jade et Edan, pour sûr il serait ravi, je n’en doutais même pas. Et même si le plus jeune du petit groupe ne regardait pas tout le match, pour sûr qu’il ne lui en voudrait pas, et moi non plus, d’où le fait que je ne lui aurais pas demandé de regarder le match. Évidemment, je ne pus vraiment contredire Jade de ce côté, parce qu’il était vrai que certaines gens pourraient vouloir passer, mais mon amusement fut surtout due au fait que la grande soeur lui demandait de soutenir Wesley. Je ne passai aucun commentaire de ce côté, me disant que ce ne serait pas le genre de mon amie de limite l’attacher pour qu’il regarde le match s’ll n’en avait pas envie. Enfin, nous verrions bien comment il allait réagir au bout du compte, c’était sûr et certain. Pour le moment, je me concentrai sur les propos de mon amie qui m’arrachèrent un franc rire, puis à cela, je répondis:  « Ça marche ! » Puis, sur ce sujet, je décidai d’ajouter:  « Je t’avoue que je ne comprenais pas tout non plus au début de la saison, mais maintenant, je crois que j’ai saisi le principe en gros. Après, j’aurais peut-être un peu de mal à t’expliquer les règlements plus précis. » En fait, c’était surtout parce que ceux-ci étaient trop peu rarement soulevés, et je me doutais bien que je n’avais pas besoin de tout connaître, juste le nécessaire pour que je sache quand encourager mon fils et son équipe et quand ce n’était pas le temps de le faire. Et ce que je savais, bien sûr, je n’avais pas l’intention de tout déblatérer à Jade, histoire de ne pas l’ennuyer avec ça pour un match seulement, mais je crus quand même bon, une fois que les joueurs de l’équipe de Wesley s’installèrent sur le terrain, de pointer mon fils, non seulement pour mon amie, mais aussi pour son frère, et je dis:  « Vous voyez ? Il est là, entre la seconde et la troisième base ! » Apparemment, c’était la position sur le terrain qu’il avait adopté, parce qu’il n’était pas rare qu’il joue à cet endroit. Évidemment il avait essayé d’autres endroits, mais cette fois-ci était sa favorite, ou plutôt, celle à laquelle son coach préférait qu’il joue, pour son potentiel sûrement. Après cela toutefois, je décidai de ne rien dire, attendant de voir si jamais Jade avait des questions, ou même Edan, en espérant que bien sûr, je serais capable d’y répondre aussi bien que possible.

Je n’étais pas convaincue que je serais effectivement la personne la mieux placée pour tout expliquer à mon amie et son petit frère, mais pour sûr, j’allais faire mon possible pour que Jade soit en mesure de comprendre assez pour profiter de la partie, et non pas qu’elle soit simplement assise là, à ne pas trop savoir quoi faire, outre encourager l’équipe de Wesley quand je le faisais. Après, si c’était ce qui lui convenait le mieux, qu’il en soit ainsi, mais je voulais quand même tenter de lui expliquer un peu dans un premier temps, puis voir quels ajustements apporter à mes explications par la suite. Déjà, repérer Wesley sur le terrain, en mon sens, c’était un bon début. Jade ne tarda pas à le faire, suivi d’Edan par les indications de sa soeur, m’arrachant un petit sourire tandis que je regardais le bambin soudainement sortir ses voitures pour jouer avec celles-ci sur le banc. Au commentaire de mon amie, je ne pus m’empêcher de rire doucement, répondant par un simple haussement d’épaules signifiant que clairement, je ne m’en faisais pas. Après tout, c’était totalement de son âge, et Wesley avait la même habitude quand il était plus jeune. C’était un enfant, on ne pouvait pas exiger de lui d’être constamment attentif, et sa réaction était, en mon sens, parfaitement normale. Et puis, un match de baseball, ce n’était pas chose brève non plus, et ça ne bougeait pas autant qu’un match de football ou un truc du genre. Clairement, c’était mieux qu’il ait de quoi se distraire plutôt que de commencer à s’ennuyer. De plus, cela me permit de reporter mon attention sur mon amie qui, visiblement, avait maintenant plusieurs questions en ce qui concernait le sport, encore plus que je n’aurais pu l’imaginer dans un premier temps quand elle avait dit qu’elle ne ferait que suivre mes réactions. La laissant arriver au bout de sa question, je m’octroyai un petit moment pour mettre le tout en ordre dans ma tête, puis je vins à lui dire:  « En fait, le but du batteur, c’est de frapper la balle assez loin pour pouvoir se rendre à la première base avant la balle. Si jamais ils y parviennent, ils sont effectivement dans la course, sinon, c’est un retrait. Au bout de trois retraits, les équipes changent de place; ceux qui étaient à la batte vont sur le terrain, en défensive, et inversement. Il faut que le joueur fasse le tour des bases pour faire un point.» Sur ces mots, je reportai mon attention sur la partie, remarquant qu’au final, le petit n’était pas parvenu à toucher la balle après trois essais, d’où le fait que j’ajoutai:  « Ou bien, s’il ne réussit pas à frapper au bout de trois essais, ça fait également un retrait. » Et cela expliqua le fait que quelques applaudissements surgirent, discrètement, de notre côté des gradins, applaudissements dont je fis brièvement partie. Puis, je conclus mon propos en ajoutant:  « Donc là, c’est une bonne chose pour nous, en ce moment. » avec un petit sourire. Puis, ce sourire se transforma en rire au moment où, tandis que le second batteur se mettait en position, Jade en vint à passer un commentaire que je trouvai sommes toutes très amusant. Puis, une fois que mon rire se fut quelque peu calmé, je lui répondis:  « Ça ne semble pas très léger, en effet, mais je crois que ça doit être adapté à leur âge. » En tout cas, j’espérais que ces battes étaient adaptées, mais en général, puisque les joueurs les soulevaient et frappaient avec celles-ci, je me doutais bien que c’était le cas, autrement ce serait que trop triste à regarder. Mais après, j’avais aussi appris qu’il était possible de ne pas frapper très fort pour être capable de faire des points. Et ça, je crus bon de le dire à mon amie en affirmant:  « Mais Wesley n’est pas un grand batteur, c’est plutôt un coureur. » En effet, il ne faisait jamais des coups lui faisant faire le tour des bases, mais suffisamment pour se rendre à la première et courir stratégiquement les suivantes, ce qui n’était pas plus mal, m’avait-on appris. Clairement, je ne m’en plaignais pas, parce que je prenais un plaisir fou à voir Wesley s’épanouir, même si évidemment, cela avait laissé place à quelques surprises, comme je décidai de le partager avec Jade en ajoutant:  « Il adore bouger et être dans le feu de l’action. Je te jure, je ne l’ai jamais vu aussi dégourdi que sur un terrain de baseball ! » Et ça, clairement, il ne tenait pas ça de Sydney. Peut-être était-ce un peu de moi ? À cela, j’avais une autre réponse, pour tout dire, mais ça, je ne savais pas si je me sentais prête à le partager.

Au commentaire de mon amie quant au fait que Wesley était doté d’un bon atout en étant considéré comme un bon coureur, j’eus un petit sourire, ne pouvant qu’approuver son propos. Mais à cela, je n’ajoutai pas quoique ce soit, puisque cela reviendrait, en mon sens, à exposer un point de vue pas mal trop développé pour la question, et surtout plutôt personnel, donc qui me rendait peut-être un peu plus inconfortable de présenter, même si au fond, ce n’était pas grand-chose quand on y réfléchissait. La vérité était que limite, cela me rassurait que Wesley ait rapidement trouvé quelles étaient ses forces au baseball. Évidemment, je n’aurais pas cessé d’être fière de lui s’il avait passé plus de temps à chercher ce qu’il préférait et ce avec quoi il était à l’aise sur un terrain, mais j’avais l’impression que par cette découverte, il avait réussi à se tailler une place au sein de son équipe, et de loin, j’avais le sentiment que cela le rendait plus heureux, plus intégré. Après, peut-être que je me trompais, ce qui expliquerait aussi pourquoi je ne me permettais pas de dire tout cela, mais qu’importe la raison, Wesley semblait heureux, et c’était tout ce qui comptait à mes yeux. De toute façon, que ce soit au niveau des sports ou ailleurs, le bonheur de mon fils allait toujours passer en premier, et jamais je ne serais capable de faire exception à cette règle. Et ça, je n’eus aucun mal à le prouver à mon amie au moment où elle en vint à me demander ce que Wesley voudrait faire plus tard, s’il en avait parlé ou quelque chose du genre. Enfin, je ne lui dis pas clairement que qu’importe ce qu’il allait choisir, j’allais le soutenir, mais je ne me montrai pas exaspérée, surexcitée ou quoi que ce soit lorsque je lui dis:  « La dernière fois que je lui ai posé la question, il voulait devenir infirmier ou médecin, pour aider les gens à se sentir mieux. » Bon, au final, même si ce n’était pas garanti que c’était ce qu’il ferait plus tard, je ne pus m’empêcher d’avoir un petit sourire, parce que clairement, si c’était cette voie qu’il voulait emprunter, je ne pourrais certainement pas m’y opposer, bien au contraire. Enfin, il avait encore du temps pour choisir, et comme je l’avais vécu moi-même lorsque j’étais sur le point de commencer mes études post-lycée, les choses pouvaient changer bien rapidement, sans qu’on s’y en attende. Clairement, je ne souhaitais pas à Wesley un revirement de situation comme le mien, bien que celui-ci, au bout du compte, m’avait apporté quelque chose qui faisait maintenant tout mon bonheur, à savoir mon petit garçon, ce petit homme à la fois généreux et adorable, mais qui savait également être bien drôle quand il avait des idées sortant de l’ordinaire, bien souvent en raison de son imagination qui s’avérait parfois sans bornes. Ne pouvant faire autrement que me remémorer ce qu’il m’avait dit la dernière fois, je pouffai discrètement, et j’ajoutai à l’adresse de mon amie, une fois que j’eus repris mon sérieux:  « Par contre il m’a aussi dit que s’il recevait une lettre pour aller à Poudlard, il allait sérieusement considérer la question. » J’avais insisté sur la dernière partie de mon propos pour signifier à mon amie que c’était là ses mots. Quand je repensais à ce moment où il m’avait fait part de cela, je me demandais encore comment j’avais fait pour garder un certain sérieux, parce que clairement, je n’avais pas voulu le vexer à ce moment-là. Et puis, je ne pouvais pas nier que moi aussi, j’avais voulu y croire pendant un moment à l’époque. Andy et moi, à la blague, nous avions même déterminé dans quelle maison nous pourrions être, et le fait que jamais une différence de ce côté ne pourrait nous séparer. Malheureusement, la réalité en avait décidé autrement, laissant ces idées au stade de songes d’adolescents. Quand j’y repensais, cela me semblait paraître depuis une éternité tellement les choses avaient changé depuis. Notre vie était loin d’être ce que nous planifions, bien loin de là. Moi-même, j’avais changé, plusieurs faits le prouvait, à commencer par celui dont je fis part à Jade lorsqu’elle me le demanda en affirmant:  « Ma grand-mère m’a inscrite à des cours de ballet quand j’étais plus jeune, mais j’ai arrêté après le collège. » Parce que si cela n’avait été que de mes parents, je n’aurais pas fait grand-chose. Enfin, une fois au lycée, je n’avais pas fait grand-chose non plus, ayant renoué avec le sport pour des raisons plus psychologiques que pour le fait de faire partie d’une équipe. Puis, curieuse de voir si ce fut la même chose avec Jade, je décidai de lui demander:  « Et toi, tu as pratiqué un sport plus jeune ? »