Première rencontre ▬ Prunille

Une soirée de cours comme il n’y a rien de plus banale. Du moins pour Val en tout cas puisqu’il a une journée complète. Pourtant, cet après-midi il n’est pas allé à son cours d’algèbre. Outre le fait qu’il ait déjà fait le programme puisque c’est la deuxième année qu’il fait en ayant redoublé, il n’en a strictement rien à faire des cours de math. Il a des facilités dans cette matière, c’est bien la seule mais ce n’est pas pour autant que ça lui plait. Non lui ce qu’il lui plait, c’est le dessin, surtout depuis qu’il a repris le gout et l’inspiration pour dessiner n’importe où depuis quelques mois. Pendant un moment il avait été en panne sèche, accusant son père d’être la faute de tout cela puisqu’il n’avait plus le gout pour dessiner lorsque ce dernier s’est fait mettre en prison à cause de ses conneries. Enfin, pour le coup Val est assez fort pour lui mettre la faute dessus. Mais là, le fait qu’il sèche et qu’il va surement se faire engueuler par sa mère si elle l’apprend, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Même s’il n’a plus cours après celui-ci et qu’il aurait pu en profiter pour rentrer chez lui puisque sa père ne bosse pas et que sa sœur est sans doute encore en cours ou entrain de trainer avec ses copines, mais non, il traine dans les gradins de la patinoire. C’est presque devenu un rituel pour lui surtout qu’avec la chance qu’il a sur ce coup-là, il tombe toujours pendant les répétitions d’une jeune femme dont il connait son nom mais à qui il n’a pourtant jamais parlé. C’est grâce à elle qu’il arrive de nouveau à dessiner. A cette époque c’était à New York donc il a l’impression que le monde est vraiment petit puisqu’ils se retrouvent dans le même lycée. D’ordinaire il serait directement allé lui parler mais non, il faut croire qu’il fait son timide alors que non, ce n’est pas dans son tempérament. Sans doute est-ce parce que c’est grâce à elle qu’il dessine de nouveau alors c’est compliqué, ou alors parce qu’il a des nombreux dessins d’elle sur son calepin ou encore dans ses vieux cahiers qui trainent dans un tiroir de sa chambre alors ça lui semble bizarre. Enfin qu’importe, il était là, à la regarder avant de finalement se mettre à dessiner comme il en a l’habitude. Il dessine des tas de choses c’est vrai, mais il est aussi vrai qu’il aime bien la dessiner. C’est d’ailleurs elle le premier portrait qu’il a fait même si elle ne le sait pas et qu’elle n’a pas posé pour ses beaux yeux. Enfin qu’importe, il était totalement concentré sur son dessin qui ressemble à beaucoup d’autres qu’il a fait d’elle, lorsqu’il leva les yeux elle n’était plus sur la glace. Tant pis, il pourra finir son dessin de mémoire ou bien une prochaine fois. Fermant le carnet, il le remit dans son sac avec la ferme intention de s’en aller puisqu’il n’y a rien à voir ici et qu’il y a peut-être un cours de patin qui va commencer et qu’il ne veut pas se retrouver là à ce moment-là. Il était en train de partir de la patinoire quand il tomba nez à nez avec la jeune femme du nom de Prunille. « Euh… bonjour ! » Dit-il assez déstabilisé de se retrouver face à elle après l’avoir observé pendant un moment, il espère juste qu’elle ne l’a pas remarqué, alors il continua sa route, faisant style qu’il ne la connait pas, espérant pouvoir rentrer chez lui tout simplement…

Je loupais les cours de l’après-midi, mais j’avais besoin de me retrouver, le seul moyen que je connaissais pour le faire était sur la glace.  Les cours m’énervaient mon père sans arrêt sur mon dos aussi, j’avais besoin de respirer et vu que les fêtes n’étaient généralement à cette heure-là, j’avais préféré m’entraîner sans personne pour me dire à quelle hauteur sauter et de ne surtout pas trop me fatiguer. J’avais besoin d’être avec moi-même, malgré que parfois cela ne soit pas une réelle bonne idée. Laissant mes lames glisser sur la glace, j’entendais ces dernières imposer leurs marques sur cette eau gelée. Je me laissais aller au rythme de la musique que j’avais pris soin de lancer avant de m’élancer sur la glace. Vider mon esprit pour laisser des questions revenir m’agresser, c’était toujours ainsi, c’était surtout des souvenirs et autant dire que cela me laissait un peu de marbre, sauf quand ça commençait à me laisser à mes premiers cours de patin. L’esprit tellement enveloppé de penser et souvenir, que je n’avais pas remarqué à nouveau ce gars qui était dans les gradins, ce mec je l’avais déjà vu à plusieurs reprises et je me rappelais de mon ami qui m’avait dit qu’il était en train de me dessiner. Autant dire que cela me mettait mal à l’aise. Il prenait en mémoire le corps imparfait que je possédais ? Finissant par filer de la glace pour enfiler mes baskets dans une seule idée, le confronter. Je me hâtais donc évitant de m’arrêter de parler avec les personnes que je croisais dans les vestiaires, prétextant être en retard alors que je voulais juste allait voir cette personne souvent tapis dans l’ombre sur les gradins, tentant souvent d’être discret ou alors je ne prêtais vraiment aucune intention à ce qui s’y passait quand je patinais. Je ne serais dire quelle était la bonne solution, mais peu importe. Emmitouflé dans mon écharpe je faisais le tour de la patinoire pour rejoindre les gradins au niveau de la porte où il se trouvait pour pouvoir lui parler. Et ne m’attendant pas non plus à me retrouver avant même d’être dans les gradins de le voir, je me retrouvais pourtant nez à nez face à lui.  Passe par quatre chemin, rappelle-toi, soit cool.  Je tentais vraiment de ne pas lui sauter dessus pour avoir une explication, le laissant même me saluer, mais rien qu’à l’idée que son calepin était tapissé de mon corps difforme ne me donnait la nausée.   «  C’est ça salut … » Que je disais d’un ton plus que mauvais. Je me sentais pas en confiance et quand c’était le cas, j’agressais facilement les autres personnes une façon de se défendre, même quand le danger ne courait pas les rues autour de moi. Vaut mieux être prévoyante après tout. «  Tu faisais quoi dans les gradins tout à l’heure ? » Que je demandais tout en tentant d’avoir une voix plus posée et on dira douce, même si ça restait assez piquant dans le fond. C’était affolant à quel point les regards des autres patineuses m’avaient complétement détruite et surtout à quel point j’étais parvenu à faire croire à tous que j’aimais mon corps à tel point que j’étais capable de le montrer à tous … alors que j’étais loin d’en être là, j’étais même à la limite de vouloir découper des morceaux de graisse de mon être pour me sentir mieux, même si j’avais plutôt l’impression que ce n’était pas ça qui allait m’aider.

Depuis le temps qu’il l’observe, il aurait pu être remarqué depuis un tas de fois mais non, il faut que ça arrive aujourd’hui. Enfin l’autre jour Val a cru voir un mec parler de lui à la blonde en le pointant du doigt mais il ne savait pas exactement s’il ne se faisait pas des films. Pourtant là, en ayant croisé son regard et en la voyant quitter la glace, il sentait fort s’être fait griller même s’il ne sait pas si l’acticité qu’il faisait en l’observant était discrète ou non. Val a conscience du fait qu’il peut aisément passer pour un psychopathe. En même temps s’il apprenant qu’un gars dessinait sa petite sœur, il sortirait les poings et lui dirait de foutre le camp mais pour lui ce n’est pas en mal qu’il la décide. Elle semble juste être sa muse sans qu’elle en ait conscience. Personne n’avait réussi à lui faire reprendre gout au dessin, jusqu’à ce que ses yeux se posent sur elle. C’est fou comme la vie, les choses et les motivations sont faites. En tout cas il n’est pas temps de rêvasser en repensant à la première fois où il l’avait vu patiner avec une telle grâce qu’il n’avait pas pu détacher son regard d’elle pendant un moment. Il faut qu’il sorte de cet endroit. Faire face aux autres, il n’a pas le moindre souci avec ça. Le faire face à cette jeune femme qu’il ne connait pas bien malgré le nombre important de ses portraits chez lui, c’en est une autre. Seulement, le fait de partir aurait sans doute été trop facile, il fallait bien qu’il tombe sur des obstacles et là pour le coup il s’agit de la jeune femme répondant au doux nom de Prunille. Il a beau faire le mec qui la connait pas, qu’il ne l’a pas regardé sur la glace pendant un moment et surtout, qui n’a pas un portrait d’elle qu’il vient à peine de commencer. Mais bon, avec le ton qu’elle emploi, il n’est pas compliqué de comprendre qu’elle a bien vu son petit manège. Il l’a assez observé pour savoir qu’elle n’est pas du genre à agresser les inconnus verbalement sans raison. « Je ne savais pas que les tribunes étaient privatisées ! » Dit-il sur le ton du second degré, comme si ça allait l’aider à se sortir de cette situation où il s’est fourré tout seul. « J’ai vu quelqu’un patiner, je me suis dit que j’allai observer, c’est tout ! » Non ce n’est pas tout mais si le fait d’observer quelqu’un qui s’entraine sur des patins peut passer sans qu’on le prenne pour un pervers, la vérité par contre, on peut aisément pas l’interpréter. Val essaye de rester calme alors que le fait qu’on l’ait cramé l’effraie même si ce n’est pas le tempérament qu’il a l’habitude d’avoir avec quiconque. « On est dans le même lycée non ? » Vas-y Val, changes de sujet et fais style de ne pas être certain de la connaitre. Ce n’est pas comme s’il savait son nom à force d’entendre les gens lui parler puisqu’elle est populaire, ni même qu’il a bien remarqué qu’ils ne vivent pas très loin l’un de l’autre. Ca non plus vaut mieux pas qu’elle le sache sinon elle va finir par demander un éloignement à des avocat si elle le prend pour un psychopathe. Ce qu’il n’est pas, il est juste observateur.

J ’avais cessé de virevolter sur la glace pour finalement changer mes patins contre des baskets, j’avais besoin de savoir ce que me voulait ce roux. Je n’avais rien contre les roux, mais ce n’était pas la première fois que je le remarquais m’observé que ce soit ici ou bien à New-York. J’étais à fleur de peau et forcément, j’avais bien du mal à ne pas sauter sur quiconque tenter de me chercher quoi que ce soit. J’avais déjà trop de chose à gérer pour être honnête. Que ce soit ces personnes continuant de me pousser, les compétitions qui m’appelaient,  mon père toujours présent à tenter de savoir comme j’allais, alors que je ne voulais pas parler, et encore moins avec lui. Enfin, je m’étais habillée et évitant toutes les personnes tentant de me parler, j’avais filé dans l’optique seule de parler avec ce mec. Je ne le connaissais pas, mais je n’avais pas besoin de quelqu’un pour m’épier ou encore pour me dessiner, rien que d’y penser, j’en tremblais, j’avais bien du mal à me regarder dans une glace, alors l’imaginer lui me contempler et me dessiner, était l’horreur. J’abusais peut être, oui sans doute, mais je m’en fichais. Arrivant au niveau de la porte, je ne m’attendais donc pas à le croiser en quelques secondes. Je me tenais donc face à lui, le regard assez noir et inquiet des réponses que je pourrais obtenir de sa part.  Mon ton se voulait assez méchant, mon regard s’ancrant dans le sien, je lui demandais donc une explication, je levais les yeux au ciel à sa réponse. Lâchant un petit sourire, je finissais par souffler.   «  Oh non, elles sont libre d’accès … mais étrange que quelqu’un puisse venir m’observer aujourd’hui … mais aussi dans le passé non ?»  Je lui offrais un petit sourire, finissant par croiser mes bras sous ma poitrine. «  Alors, tu m’expliques aussi pour les autres fois ici et aussi à New-York ? Oui, je t’ai vu !» Que je lâchais, comme s’il n’avait pas compris, mais autant tout lui expliquer au vu de sa première réponse qui m’avait plutôt foutu les nerfs, alors que ces derniers étaient déjà à fleur de peau.   «  Tu mens souvent comme ça ?» Lâchais-je en soufflant un peu. Puis il finissait par me parler du lycée. Je l’avais vu ? Je n’en étais pas sûre, mais pour le moment, je ne comprenais pas forcément le jeune homme et encore moins ce qu’il attendait de moi.   «  Peut-être, mais ça va pas me faire oublier le reste.» Je le regardais attendant toujours une suite à ses dires et des réponses.   «  Tu fais quoi sur ces tribunes … montre-moi !» Autant dire que je n’allais pas lâcher l’affaire.

Val n’a pas honte de ce qu’il dessine, sachant pertinemment qu’il a un certain don pour cela. Alors, lorsqu’on lui demande de montrer ses créations, c’est toujours avec une certaine fierté qu’il le fait. Seulement, là c’est différent. Il ne faut pas que la blonde découvre ses dessins. Elle ne va pas le prendre pour un artiste dans l’âme, juste pour un psychopathe et prévenir la police. S’il ne le fait pas avec de mauvaises intentions, il ne veut pas non plus s’attirer des ennuis. Il faut croire qu’elle l’a repéré mais il ne doit pas prendre cela pour acquis. Ça ne veut rien dire. Elle l’a déjà vu c’est tout, ça ne veut pas dire qu’elle a fait attention à lui, ça reste différent. « Une patinoire reste une patinoire, si j’aime trainer dans ce genre d’endroit, que ce soit New York ou ici ça ne change pas ! » Bon, il traine par ici encore plus depuis qu’il l’a vu mais ça ne reste qu’un détail. « Et puis c’est toi qui sait que je viens de New York, c’est moi qui devrait me poser des questions ! » Il essaye de tourner ça à son avantage mais il va finir par se griller tout seul s’il fait trop le malin. Si elle veut la faire passer elle pour une psychopathe, il risque d’avoir du boulot parce que c’est pas simple. En tout cas oui il ment, mais vaut mieux mentir dans ces cas-là. « Pourquoi je mentirai ? » Il ment parce qu’il n’a pas d’autre solution, c’est tout. Il ne va pas avouer cela comme ça. Mais bon, il n’a jamais été un excellent menteur c’est bien connu. Il a essayé de faire dévier le sujet de conversation en parlant du lycée mais autant dire que ça a été un énorme échec. « Rien, je regarde les gens s’entrainer tout en fumant ! » Là pour le coup il préfère passer pour un junky que de lui laisser découvrir la vérité. Il le sent, il peut se griller en deux petites minutes alors il faut qu’il tienne le coup. Il peut le faire. « Et puis je peux savoir ce que ça peut te faire ? On ne se connait pas ! » Lui qui l’a tellement observé, il imaginait bien qu’un jour ils viendraient à se parler mais ça ne devait pas se passer comme ça. Il l’admire beaucoup donc les choses devraient bien se passer mais là c’est l’inverse. Il se montre tel un côté de lui qu’il n’est jamais, celui d’un connard mais bon, vaut mieux mettre sa carapace parfois et c’est le cas aujourd’hui. Sacrifier son image de lui plutôt qu’elle découvre pourquoi elle l’observe et prenne peur. « Maintenant je peux partir ? » Demande-t-il d’un air insolent alors que ça ne sera surement pas aussi simple que ça.

Dans mon idée de confronté le roux, je n’avais pas imaginé aussi vite me retrouver nez à nez avec lui. Enfin, je n’allais pas me démonter, m’observer à ce point en devenait écœurant pour moi, surtout que je n’arrivais déjà pas à oublier mon image, alors savoir qu’une autre personne observer mes courbes disgracieuses, autant dire que je n’arrivais pas à le supporter. Mes yeux ne mirent pas longtemps à finir par fixer le ciel, non mais il était en train de tenter de me la faire à l’envers ? Secouant la tête et soufflant par la suite, je déposais mon regard noir et empli de colère dans le sien. « Tu te fiches de moi, c’est ça ? » Je demandais pas vraiment et donc je n’attendais pas de réponse c’était bien pour ça que je reprenais presque aussitôt. « La blague … moi je suis sur la glace en rien en train d’observer les dingues qui se tiennent dans les gradins … mais mes amis le font … tu te souviens de celui qui a regardé ce que tu faisais … alors maintenant répond moi, au lieu de tenter de retourner mes accusations contre moi ! » JE parlais vite et fort, peut-être que les passant pourraient nous entendre, mais peu importe, moi je n’avais rien à me reprocher. Mes nerfs allaient lâcher, obligé que ces derniers m’abandonnent, pourquoi ne le feraient-ils pas ? J’étais toujours en état de crise, en état de peur qu’on observe mon corps et mes gestes. J’étais déstabilisée alors le savoir à m’observer comme un pervers me foutait les nerfs. « Je veux bien que deux fois voire trois fois ce soit une vulgaire coïncidence, mais au vu des nombres de fois où je t’ai vu m’épier …oui m’épier, je ne pense pas que ça en soit une … c’est limite une obsession là ! » Que je lâchais. Je levais à nouveau les yeux en l’air, il se foutait vraiment de moi pour le coup fumer dans les gradins ? Il aurait été viré plus d’une fois. « Oui, bien sûr fumer à l’intérieur ? Tu devrais le dire aux autorités de l’endroit au moins je serais sûre de ne plus te revoir dans les parages … » Histoire de bien lui faire comprendre que je ne le croyais pas. « Ouai on se connait pas alors pourquoi tu es toujours à tous mes entraînements pratiquement … c’est quoi le problème ? » Je haussais les épaules mon regard croissant le sien. « Non … je veux une explication et maintenant … » J’avais presque l’impression d’être une dingue … Finissant par voir son cahier sortir de son sac, je le choppais et avant de l’ouvrir je lui adressais … « Toujours rien à me dire avant que je regarde ? » Mon regard se plongeant dans le sien, j’étais sûre de moi, j’espérais ne pas tomber sur des leçons …sinon j’aurais l’air juste conne … un peu plus que d’habitude.

Val pourrait lui dire toute la vérité, mais non, il refuse de le faire. Après tout, elle risque de mal le prendre. Ce qui peut paraitre logique. Si Val adore dessiner pour le coup il n’assume pas. Il sait qu’ils sont très bien ses portraits, il représente parfaitement la vision qu’il se fait de la jolie blonde mais ce n’est pas tant le coté ressemblant qui pourrait effrayer la blonde mais bien le nombre de portrait qu’il a d’elle-même s’il ne lui veut pas de mal. Au contraire puisque c’est grâce à elle qu’il a repris le gout aux dessins et vu cette passion débordante qu’il a, ce n’est pas rien. Il a essayé de tirer la situation à son avantage mais c’est compliqué, étant totalement en tort dans cette histoire. « Je ne vois pas de quoi tu parles ! » dit-il en faisant référence à ses amis même s’il le sait très bien et il aurait écouté son instinct d’arrêter de venir la dessiner mais la dessiner, la montrer à son avantage et montrer à ses feuilles à quel point il la trouve gracieuse et sublime. Est-elle devenue une obsession ? Il ne sait pas mais il aurait dû arrêter, au moins pour un temps car là il est grillé. Pas sûr que ses explications à la con changent quoi que ce soit, pire, elles l’enfoncent. « Une obsession tu y vas un peu fort ! » Ce n’est pas en devenant insolent qu’il va arranger son cas. « Jusqu’à maintenant ça ne leur a jamais posé de problème ! » Bah oui puisqu’il n’a jamais fumé, du moins pas ici. Alors forcément… « Je viens et je te regarde parce que tu fais très bien du patin, la meilleure que j’ai vu jusqu’à maintenant et… C’est un crime maintenant d’admirer quelqu’un ? » Oui, il l’admire beaucoup mais ce n’est pas la seule chose qu’il fait et si Prunille regarde ses dessins alors il est cuit. Il n’osera plus se montrer en public surtout qu’elle a une certaine réputation par ici alors forcément, si elle le souhaite elle peut ternir la sienne de réputation. Il la regarde alors, serrant la mâchoire, paniqué à l’idée qu’elle ouvre le cahier qu’elle détient entre ses mains. « C’est bon, je suis venu te regarder patiner, désolé ça ne se reproduira plus ! » Il fixe le cahier entre ses mains, priant pour qu’aucune feuille non attachée ne sorte malencontreusement, surtout qu’avec sa poisse ça serait fort probable que ce soit le seul dessin accablant. En tout cas, ne plus venir le fera chier très clairement, il avait quand même cette habitude là mais bon, ce n’est pas comme s’il avait le choix dans cette histoire. Il ne l’a clairement pas. « Maintenant je vais récupérer mes affaires et tu n’auras plus à faire à moi ! » Il essaye de ne pas trop insister sur son cahier sinon elle va clairement se poser des questions car aucun jeune de leur âge râlerait pour un pauvre bouquin d’algèbre.

J’aurais presque envie de m’arracher les cheveux, mais l’étriper serait sans doute la meilleure chose à faire. J’ai horreur des mensonges et compagnie, pourtant, ce dernier ment. Je le sais à moins que je sois complétement en train de devenir dingue. Je peux être énormément de chose, mais clairement pas ça. Je pinçais mes lèvres et autant dire que j’avais presque envie de mordre l’intérieur de mes joues pour tenter de me calmer, mais je n’y parvenais pas. « Bien sûr prend moi pour une conne… » Je levais les yeux au ciel, finissant par grimacer. « J’y vais un peu fort … » Je secouais la tête. « Non c’est toi qui y va fort …plutôt. » J’ai vraiment à cet instant précis l’impression de parler sans raison, de parler pour dire des choses qui n’aideront pas, car j’avais bel et bien l’impression que le gars n’allait en rien m’aider pour le coup. Il tentait juste de me perturber ? En tout cas c’était chose faite. « Y a bien meilleur que moi, mais je ne vais pas épiloguer avec toi j’ai l’impression de parler à un mur et encore je crois que le mur est plus ou moins plus accueillant que toi ! » Mauvaise ? Sans doute, vu qu’après tout, je lui avais sauté dessus en le cherchant et tentant de comprendre ou plutôt à connaître la vérité, bref. Je respirais un grand coup, car apparemment, il n’avait pas l’air de vouloir avouer, je perdais mon temps à ce moment précis avec lui, ce qui avait le don de me rendre énervée. Enfin, à présent j’avais ce cahier de dessin dans mes mains et je pourrais y jeter un œil, mais autant dire que je me sentais très mal à l’idée de violer son intimité, même si c’était ce qu’il faisait dans le fond. Il finissait par m’avouer quelque chose, mais je ne savais pas comment, mais je sentais dans sa voix qu’il n’était pas totalement honnête avec moi pour le coup. Je levais les yeux, alors avant même de m’avancer pour répondre. « 0uai, on va dire que je te crois ! » Dans ma tête y a autre chose et cela me gonfle un peu d finalement ne pas avoir de réponse, car ça commençait à me turlupiner à force ses interrogations en pagaille dans ma tête. Il était peut-être temps que je retourne à mes patins et que lui s’en aille pour de bon, je n’allais pas encore et toujours tenter d’obtenir la vérité, mais la prochaine fois que je le croiserais par ici, je crois que je lui sauterais à la gorge directement. Histoire de dire qu’il ne faut pas me prendre pour une conne. « Tu peux y aller, le bouquin tu le récupéreras plus tard … » En vrai, il tenta de me convaincre de me faire lâcher l’affaire, mais hors de question. « Tu l’auras demain dans ton casier … » Un clin d’œil. Je pouvais parfois être espiègle, mais pour le coup j’avais l’intention d’inspecter le cahier. Il partit finalement et étrangement je ne le sentais pas trop rassurer par le fait que j’avais encore ce maudit cahier avec moi. Ça lui apprendra à ne pas directement dire les choses.

FIN