Le monde est petit ▬ Nikita, Prunille & Val

Que ce soit à New York ou à Washington, les professeurs ont vraiment tendance à saouler Val. C’est vraiment pas son délire de les écouter pendant des heures, à rester droit sur sa chaises et ne rien faire d’autres que de copier bêtement le cours qu’ils projettent à l’écran. Mais bon, il a promis à sa mère qu’il aurait son diplôme et c’est pour cette raison qu’il retape son année. Génial… Alors, quand il peut sortir, il n’hésite pas. Les cours ce n’est pas ce qu’il préfère, non lui son truc c’est le dessin ou encore les graphs dans les rues même s’il préfère quand même la première option. Val passe parfois pour le mec super chelou qui peut passer des heures à écouter sa musique et dessiner en restant seul mais les on-dit, il n’en a rien à faire. Seulement, passer du temps avec des personnes qui peuvent comprendre ce qu’il ressent quand il dessine, la satisfaction quand on lui dit qu’il a du talent ou même, qui peut avoir le même état d’esprit, c’est vachement cool. Alors aujourd’hui, après la sortie des cours, il a prévu de voir son nouvel ami Nikita, qui le comprend sur pas mal de choses en fin de compte. Ils ne se connaissent pas depuis longtemps mais ils partagent une certaine connexion sur l’art. Au moins, ils ont toujours de quoi parler quand ils se voient. Alors en sortant de cours, il est allé poser ses affaires chez lui, histoire de ne pas se coltiner tous ses bouquins pour rien alors qu’ils vont aller trainer il ne sait où. Heureusement, il n’hésite pas très loin donc il n’a pas perdu beaucoup de temps au final car sinon le temps est compté puisqu’il sait que son ami travaille ce soir mais bon, ils ont quand même du temps devant eux c’est déjà ça. Posant ses affaires rapidement dans sa chambre alors que personne de sa famille est encore rentré, il profita de passer par la cuisine pour piquer des gâteaux puis sorti, son sac sur l’épaule contenant uniquement certains de ses dessins et de quoi en faire des nouveaux. Il les a de toute façon la plupart du temps avec lui, ne sortant jamais sans de quoi dessiner car c’est pratiquement toute sa vie sa passion. Sortant donc de chez lui, il prit le chemin pour aller vers le parc où Nikita doit le rejoindre quand il aura le temps, pas loin de la patinoire où il essaye de ne pas y retourner depuis un moment. Longue histoire. S’asseyant donc sur un banc en attendant, il sorti son dernier dessin afin d’y rajouter des détails et ainsi le perfectionner. Concentré sur son dessin, se fut une ombre s’arrêtant devant lui qui attira son attention. Pensant qu’il s’agissait de son pote, il leva la tête, ne pensant pas se retrouver en tête à tête avec… Prunille ? Avalant difficilement sa salive, mal à l’aise depuis la dernière fois qu’ils se sont vus. Les bras croisées contre sa poitrine, au vu de son regard elle n’a pas l’air d’être contente de le voir. Regardant aux alentours, espérant que son pote lui vienne à la rescousse malgré lui, il resta silencieux.

Ce matin, j’avais été renvoyé du cours pour avoir dit ma façon de penser à l’une de ses filles que j’avais déjà croisé dans les toilettes, des filles se permettant de juger. Ô je n’avais pas râlé pour tenter de leur faire comprendre que c’était juste des gamineries que de juger, car même les vieux le faisaient. Quand j’entendais mon père dire : mon dieu mais je me demande ce qu’il fait de sa vie celui-là en parlant du voisin. Je me dis forcément que les adultes sont tout aussi coupables que nous les adolescents. Bon, je n’étais plus trop dans l’adolescence, je nageais en direction du monde des adultes, qui parfois se révèlent être de parfait enfants. Bref, j’avais continué à répandre la rumeur qu’elle tentait de faire gober à un nouveau, plutôt pas mal, mais peu importe.  Oui, j’avais eu un enfant durant mon absence et je l’ai mangé … ah oui le fait de le manger c’était moi, autant agrandir cette rumeur et la faisant devenir n’importe quoi, car de toute façon avec le bouche à oreille et les bruits de couloirs elle allait forcément devenir plus grosse et encore plus à l’opposé du vrai. Dans le fond ça m’arrangeait, comme ça personne ne cherchait à savoir pourquoi j’étais absente autre que l’excuse donné au lycée et aux autres : blessure et rétablissement. C’était vrai et faux dans le fond. Enfin. J’avais donc été collé pour le samedi arrivant, je n’allais pas mentir à mon père et cela allait le foutre dans une colère noir, mais j’aimais le fait d’être collé, ça m’empêchait de pouvoir participer à la prochaine compétition. Je n’étais pas prête à recroiser toutes ses filles, je n’y parvenais pas, je n’arrivais pas à prendre sur moi. Je ne me trouvais pas assez convaincante pour retourner au charbon pour patiner et les mettre à l’amende comme je savais le faire .j’avais sans doute perdu le feu sacré qu’il fallait pour patiner et briller sur la glace. Je prenais pourtant plaisir à glisser sur cette dernière, à enchaîner les pas et les figures sans aucun problème. J’aurais dû me trouver à la patinoire cet après-midi, mais j’avais décidé de prendre barbak avec moi mon terre-neuve pour aller me promener  au par où les chiens étaient acceptés.  J’avais fait plusieurs  fois le tour du parc, laissant le chien se jeter comme un dingue dans le lac parfois, alors que finalement j’avais trouvé un endroit contre un arbre pour m’installer, ne voulant pas bloquer un banc à moi toute seule avec le chien. Je  traînais sur la toile tout en regardant un peu les dernières tendances sur la mode, j’adorais la mode tout comme les nouveautés dans les vies des stars, pourtant je ne le devrais pas, au vu de ce que j’avais subit au niveau des rumeurs, les stars le vivaient en puissance milles sans doute. Enfin, ayant passé pas mal de temps à surfer mon écran me rappela à l’ordre en me faisant savoir que le niveau de batterie était vide, je relevais la tête de ce dernier découvrant les nouveaux visages des personnes étant arrivés durant mon dur boulot d’enquêtrice dans le monde de la mode et des peoples. D’un coup, je vis rouge. Me levant et prenant la laisse de barbak avec moi je me plantais devant un banc occupé par un jeune d’à peu près de mon âge. Un inconnu qui ne l’était plus et que je pensais ne plus revoir m’épier. «   Encore toi ! »  J’étais énervée. Je le regardais. «   Encore en train de me suivre ou que sais-je … t’es complétement taré non ? »  Je criais et je n’en avais pas forcément conscience quand j’entendis une voix que je connaissais et ce n’était pas celle de ce Val, mais celle de Nikita.

La photographie comme une partie intégrante de ta vie, tu ne pouvais pas faire autrement, tu étais là, tout le temps, ce besoin de prendre la vie en photo, le besoin de transmettre une émotion, une idée, de transmettre une histoire derrière ces images, de transmettre des idées, de donner de l’inspiration. Artiste dans l’âme qui se découvre des passions, écrivain, photographe, serveur aussi à ses heures perdues, c’est faux, c’était le job que personne ne voulait avoir, travailler trop, voire toujours des gens, parfois même être traité comme une sorte de sous-humain juste parce que tu as un uniforme qui ne convient pas à la couleur de ton teint, que des crétins. En plus de ça tu t’étais perdu dans un idéal que tu n’aurais jamais, toujours Hazel quand tu rentrais à la maison, vos conversations, vos mots, vos idées et toi qui t’endormais, toujours la même histoire, le sofa, les nuits plus courtes, la sensation de douceur sur ta peau quand une couverture y atterrissait, tes grognements quand tu avais l’impression de devoir te réveiller. Gamin qui se perd, dérive, dans ses songes et dans la réalité », les deux pieds dans le tome parce qu’il veut échapper à une certaine continuité. Alors la photographie c’était ce qu’il fallait, centième photo que tu prenais, Prunille, gamine que tu aimais avec un problème de confiance en elle, et pourtant elle était adorable cette fille, elle te redonnais le sourire, elle était un soleil sur une terre de glace et elle était dans son élément, et puis il y avait eu Val, gosse qui dessinais aussi bien que tu photographiais, des formes que tu devinais, une âme qu’il transmettait, comme un sculpteur de papier, prodige du crayon, tous des enfants des muses d’une certaine façon. Tu étais perdu dans l’immensité de la vie quand tu t’es souvenu, un rendez-vous avec Val pour que vous puissiez laisser émerger votre talent, le sortir encore un peu de sa torpeur, admirer les gens, les arbres et les animaux, prendre dans un moment la vie et ensuite la laisser partir comme une feuille poussée par le vent, comme une vague qui s’échoue sur un banc de sable, moment fugace mais précieux, bonheur à tes yeux, et magnifique dessin qui pourrait être créé, tu n’oses pas lui demander, s’il a déjà pensé à te dessiner autant que toi tu l’as déjà pris en photo, parce que l’air concentré et l’un des plus beaux de l’espère humaines, mais ce n’est pas le visage que tu préfères, il y a un autre aux yeux dépareillés et aux cheveux beaucoup plus clairs qui sont un modèle que tu aimerais exploser, mais tu ne peux pas, tu n’oses pas, il refusera, tu ne demanderas pas. Tes pas qui te guides, t’emmène, coin que tu apprécies vraiment pour la diversité des gens, parce que les mots viennent à ta tête, que les images que tu veux capturer ne font que se montrer de plus en plus et ne résiste même plus à ton air de voyageuse venue d’un autre temps. Et tu observes, prennent en photo la blonde et le roux, elle l’engueule visiblement, et tu mets quelques instants à comprendre que ce sont tes deux amis, et tes pas se font plus pressants, tu voudrais comprendre, savoir, avoir une idée, alors ta voix perce, contre celle de Prunille, plus grave et plus cassée.

« Hey, ça va vous deux ? »

Tu demandes, sourcils froncés, parce que tu aimerais vraiment savoir le contexte dans lequel cette scène surement tout droit sortie d’une pièce de théâtre se trouve.

« Il se passe quoi ici ? »

Que de questions pour un si petit homme, pourtant elles te démangent.

Pour une fois, Val n’a rien demandé à personne. Il est tranquille dans son coin en train de dessiner tout en attendant son pote et il faut qu’on vienne lui chercher les problèmes. Val a souvent été un mec à problème, il tient sans doute ça de son père qui est encore dans le milieu carcéral même s’il n’a jamais été une mauvaise personne malgré ses mauvais choix. Alors maintenant, les problèmes viennent à lui sans qu’il ne demande rien du tout. Bon après, il peut comprendre facilement pourquoi là à l’occurrence, on vient le voir car ce n’était pas correct de la dessiner, de lui mentir mais pour une fois, non il ne fait rien. Il dessine mais pas de portrait de la blonde. Il n’est pas loin de la patinoire mais n’y a pas mis un seul pied depuis la confrontation avec la patineuse. Non là il attend juste un pote, qu’est-ce qu’il y a bien de mal à ça ? Rien justement. Il aurait pu gentiment lui dire qu’il n’est pas en train de l’espionner, qu’il ne l’a pas suivi et que c’est plutôt elle pour le coup qui a fait interruption mais en entendant ses mots, il eut un rire jaune. Elle se fout de qui là ? Sérieusement ? Elle lui fait une crise pour rien du tout. « Genre je suis en train de te suivre là ? » Il demande cela sérieusement, il aimerait bien comprendre son principe. « La vie ne tourne pas autour de toi je te signale. Je peux très bien me balader dans le coin sans que ça soit un rapport avec toi ! » Elle lui donnait envie de la connaitre, d’être pote pourquoi pas avec elle, peut-être même plus mais autant dire que l’entente entre les deux lycéens n’est pas idéal, loin de là. Faut dire en même temps que les choses n’ont pas très bien commencés. Les choses auraient pu être différentes dans d’autres contextes mais avec des si on refait le monde. Val aurait très bien pu dire qu’il est ici pour attendre un ami à lui et non pas pour elle mais bon, il ne lui doit aucune excuse ni de raconter sa vie. Il n’est pas le genre de mec à exposer sa vie à qui que ce soit, même si certains disent que les artistes le font en dessinant, ils se mettent à nus mais Val est très pudique sur sa vie en dehors de son art. En parlant de son ami, il le vit arriver peu de temps après, leur demandant comment ils vont. Val a toujours vu Nikita comme étant quelqu’un de très sociable alors ça ne l’étonne pas qu’il lui parle en arrivant, c’est la politesse qui veut ça mais il est loin de s’imaginer qu’ils se connaissent réellement sinon il n’aurait pas ajouté « Rien laisses tomber, elle est complètement tarée ! » Pourtant à l’observer et à la dessiner, il sait qu’elle n’est pas comme ça. On apprend beaucoup des gens en les observant alors qu’elle soit comme ça avec lui l’étonne il doit l’avouer mais il ne risque pas de le dire à voix haute étant donné qu’elle va encore plus le prendre pour un psychopathe. De toute façon il ne veut pas se prendre la tête, juste passer un instant entre potes, c’est tout. « Toi ça va ? » Demande-t-il finalement à son ami qui n’a rien demandé à personne quant à cette dispute et qui est arrivé au mauvais moment.

Mon programme de la journée fut différent de celui que j’aurais pu avoir, cours et patinage. J’avais été renvoyé des cours et j’avais donc décidé qu’aller me promener avec mon chien était bien mieux que d’aller m’entraîner. J’avais besoin d’un peu de recul, et autant dire que ce recul j’allais le prendre en allant me balader dans le parc. Me poser était plutôt sympa, jusqu’à voir ce mec, encore, le crayon en main et ce dernier déposant sa couleur grise sur le papier blanc à dessin. Trop, c’était trop cette fois. Je n’avais donc pas tardé à aller déverser ma colère contre lui, peu importe, la journée m’avait fatigué et énervé, ce mec prenait pour tous les malheurs de cette dernière. Puis de toute façon il le méritait largement à mon humble avis, m’épier, il n’avait pas mieux à faire dans sa vie ? Personne ne pouvait avoir une vie aussi pathétique qui le forçait d’aller suivre la première blonde croisé au détour d’une rue ! Merde, ça fait quand même depuis New-York qu’il me suit et pour lui ça à l’air complétement normal. Bien sûr. « Ouai … tu me suis … du moins comment je suis censée imaginer autre chose ? Explique-moi ! » Je suis toute ouïe, s’il parvient à me faire comprendre que je me plante sur toute la ligne, autant dire qu’il aura un prix pour être le meilleur menteur. Oui, clairement, il n’a aucune chance de me convaincre du contraire. Impossible. « Te balader je veux bien … mais étrangement à New-York, puis dans cette ville, ensuite à la patinoire … merde alors on dirait que ton monde tourne malheureusement autour de moi ! » Si là il ne comprend pas qu’il n’a aucune chance, je ne comprends clairement pas ce qui se passe dans sa tête. J’ai envie de lui hurler dessus, ce que je me prive pas de faire en réalité, sauf qu’une voix que je connaissais venait de croiser la mienne, plutôt de la faire disparaître par son timbre de voix qui était bien plus rauque que la mienne, même quand j’avais beau hurler, ma voix restait assez discrète. Je regarde Nikita qui se tient face à nous deux, alors que j’entends ce putain de roux parler et lui répondre … me traitant de tarée. Vraiment. Mais ce n’est même pas ça qui me choque dans le fond, mais bel et bien le fait que Nikita à l’air de le connaître. « Moi tarée ? » Que demandait de ta voix normale. « Je dirais que normal …n’importe qui qui est suivit par un débile profond, limite harceleur réagisse de ma façon … » Je secouais la tête. « Nikita dis-moi que tu le connais pas … ? » Je plante mon regard dans le sien, alors que j’espère vraiment une réponse négative à ma question, mais autant directement me mettre le doigt dans l’œil, histoire de ne pas me fourvoyer sur de faux espoir.