L'innocence de l'enfant [Feat. Wesley Mccoy-Coleman]

La jolie blonde ne savait pas vraiment comment elle se comporterait si elle venait à avoir de nouveau un enfant. Peut-être qu'elle serait plus préparée que la première fois, qu'elle essayerai de ne pas reproduire les mêmes erreurs. Mais tout cela relevait uniquement de la spéculation puisque de toute manière, pour le moment, elle était loin de redevenir maman.

Elle écoutait avec attention les paroles du garçon, et malgré son jeune âge, il semblait particulièrement perspicace pour un enfant de cet âge là. D'ailleurs, quel âge avait-il ? Une dizaine d'années sans doute. Elle aurait aimée pouvoir dire la même chose que Wesley, qu'elle aimait sa mère qu'elle ne voulait pas partir loin d'elle, sauf que c'est elle qui avait quitté sa vie du jour au lendemain en la rayant comme si elle n'avait jamais existé. C'était vraiment blessant de se dire que les propres personnes nous ayant mis au monde peuvent nous renier de cette façon. Heureusement, elle avait eu un modèle masculin, son père, qui ne l'avait jamais lâché.

" - C'est normal, tu es encore petit, tu as besoin de l'amour de ta maman, mais tu verras qu'avec le temps, même si tu ne cesses de l'aimer, tu pourras alors t'eloigner d'elle sans pour autant la délaisser. Tu apprends tout cela bien assez tôt de toute manière, tu as encore le temps, profite de ton enfance pendant que tu le peux, pour ne rien regretter quand tu seras plus grand.."

Dans sa voix, on pouvait entendre tous les remords qui animaient la suédoise, mais, elle n'allait pas se plaindre, et encore moins à un petit garçon qui croque la vie à pleines dents. Ses problèmes sont les siens, et elle ne doit pas mêler les autres à ses soucis, elle doit se débrouiller seule comme l'a toujours fait.

Soudain Wesley lui demanda si elle était maman elle aussi, un sourire forcé apparut sur ses lèvres, et l'image d'Isaak revient la frapper en pleine face. Ses yeux se mirent à briller et elle se força à reprendre ses forces pour ne pas craquer devant ce bonhomme.

" - Je.. Je l'ai été oui.."

Elle ignorait si de son jeune âge il pourrait comprendre tout cela, mais c'est dans ces moments là qu'elle admirait l'ignorance de l'enfance.

La réaction de Wesley concernant sa mère était vraiment adorable, elle aurait pouvoir cultiver ce même amour pour la sienne, malheureusement, la vie n'est pas toujours toute rose, et c'est loin d'être un long fleuve tranquille. Ce qui est réellement injuste, c'est que certains sont mis à l'épreuve très tôt, pendant que d'autres connaissent le véritable bonheur et n'ont aucune idée que pendant ce temps, d'autres sont en train de se battre pour leur vie. C'est la dure réalité de la vie.

Il était tout à fait compréhensible que le petit garçon ne comprenne pas encore tout ce que la vie lui réserve. Il va souffrir, c'est presque certain, si ce n'est pas déjà fait. Mais, la seule façon d'en sortir plus fort, c'est de se battre contre ces obstacles que la vie nous met sur notre chemin, et c'est seulement après cela qu'il pourra sans doute se rendre compte de l'envers du décor que l'innocence de l'enfant cache.

Ce garçon était tellement adorable, tellement enfantin, que Joyce avait tout simplement envie de le prendre dans ses bras, mais ce serait totalement déplacé. Après tout, ce n'est qu'un enfant, et si sa mère sortait de la banque à ce même moment, elle aurait sans doute couru vers la blonde pour l'éloigner de son fils, comme la suédoise l'aurait fait avec le sien. On est jamais trop prudent, même avec les inconnus qui paraissent inoffensifs.

Alors que Joyce essayait d'expliquer à Wesley qu'elle avait été maman pendant un temps, elle espérait qu'elle n'est pas à développer encore plus, mais malheureusement si. Le petit garçon était trop jeune pour comprendre les sous-entendus d'adultes. Il la regarda intensément tout en saisissant sa main. Elle lui adressa un sourire triste en réfléchissant de la manière la plus douce d'aborder ce sujet si sensible pour elle. Personne n'était au courant de sa grossesse, et désormais, elle s'apprêtait à se confier à un enfant. Quelle ironie. Elle serra un peu plus la main du petit garçon, retient ses larmes autant qu'elle le pouvait et se lança aussi simplement que possible dans son explication.

" - J'ai eu un enfant, je me suis occupée pendant deux ans jusqu'à.. Jusqu'à ce qu'on est un accident de voiture, et il est décédé sur le coup.. Il n'avait que deux ans.." avoua-t-elle en sentant son coeur se serrer.

C'en était trop pour elle, ses larmes se mirent alors à couler sur ses jours. Ces mêmes images repassaient en boucle dans son esprit depuis deux ans, elle n'arrivait pas à se défaire de cette image du corps du bébé inanimé.

" - Quand je te regarde, tu me rappelles Isaak. J'aurai aimé qu'il soit comme toi.."

Le petit garçon n'avait certes aucune idée de l'impact de ses mots, mais Joyce ne lui en voulait pas pour deux raisons. Parce que c'était un enfant et qu'il ne mesurait pas forcément ce qu'il disait, comme tous les enfants, et surtout, parce qu'elle pardonne toujours aux autres, peu importe ce qu'on lui a fait endurer. Même si parfois elle ne devrait pas, elle était bien trop gentille et elle ne méritait pas toujours ce qui lui arrivait. Mais elle prenait ça comme une épreuve que la vie lui lançait, bien qu'elle lui ai assez lancé depuis sa naissance,elle continue d'avancer sans jamais se plaindre. Joyce savait que quelque part sur cette terre, une personne vivait bien pire qu'elle, alors elle gardait tout cela à l'intérieur essayant de se débrouiller seule comme elle l'avait toujours fait.

Après s'être rendu compte de son erreur, Wesley se sentit soudain mal à l'aise en entendant la réponse de Joyce. Elle l'avait remarqué regarder autour de lui, comme pour le trouver. S'il avait été, il aurait sans doute eu des copains dans tous les enfants présents. Mais le fait de se projeter comme ça faisait plis de mal à la blonde qu'autre chose. Il fallait qu'elle arrête de ressasser le passé mais, c'était plus fort qu'elle, elle ne pouvait cesser de s'imaginer Isaak où qu'elle aille, en se demandant ce qu'il en penserait.

" - Ne t'en fait pas, ce sont malheureusement des choses qui arrivent dans le long fleuve qu'est la vie, ça fait mal mais, on doit continuer d'avancer sans se retourner. Certains y arrivent, d'autres non. Pour certains, en quelques mois ils ont remontés la pente, pour d'autres, ça prend des années."

Elle sentit alors le petit garçon se rapprocher d'elle, et elle n'avait qu'une envie au fond, c'était de le prendre dans ses bras, mais, elle ne le fit pas parce que si sa mère arrivait elle le prendrait sans doute très mal.

La suédoise lui adressa un sourire lorsqu'il prit sa main dans la sienne, déposant par la suite un baiser sur sa joue. Il est tellement adorable cet enfant que Joyce revoit Isaak en lui. Il était pareil, aussi affectueux que Wesley. Alors lorsqu'il lui annonce qu'il se serait sans doute bien entendu avec son fils, elle redouble son sourire.

" - Je le pense aussi. Il te ressemble sur beaucoup de points, quand je te regarde, je le vois. Je suis sûre qu'il t'aurait aussi apprécié."

Oui c'était douloureux de parler de lui, de tirer des plans sur la comète en imaginant le futur qu'il n'a pas pu avoir, mais avec Wesley tout semblait si léger, presque facile. Même si parler de ce sujet, dont elle ne parle avec aucun adulte la détruisait un peu plus, avec le peti garçon rien ne semblait insurmontable.

C'est alors que le petit garçon lui proposa d'être sa deuxième maman, l'idée était vraiment excellente, mais incroyablement irréalisable. Mais elle était prête à venir ici simplement pour parler avec Wesley, et puis pourquoi pas rencontrer sa maman. Qui sait, peut-être qu'elles pourraient devenir amies.

" - Je pourrais venir ici te voir si tu veux quand je ne travaille pas, personne ne m'attend à la maison alors j'ai tout le temps que je veux devant moi."

Enfin tout le temps, elle n'en avait pas énormément non plus. Elle travaillait beaucoup pour se montrer à la hauteur de ce qu'on attendait d'elle dans son nouveau travail.

Bien sûr que Joyce était triste d'avoir évoqué une tel souvenir, mais ce n'est aucunement à cause du petit garçon, c'est simplement qu'elle n'avait pas fait son deuil, et tant qu'elle ne serait pas passé par cette étape, il lui serait alors impossible d'évoquer ce souvenir sans avoir le coeur qui se sert, ou les yeux rougis par la tristesse. C'était ainsi et elle devait l'accepter. Elle devait aussi travailler sur la culpabilité qui la rongeait, sans quoi, il lui serait impossible de franchir cet obstacle.

Elle voit alors Wesley retirer sa main de la sienne et la lettre avec l'autre sur son visage. Joyce n'avait peut-être été maman que deux ans, mais elle savait décrypter les gestes d'un enfant, surtout quand il était triste. Elle se mit accroupie devant lui, puis retira ses mains de son visage pour passa le revers de son pouce sur ses joues.

" - Hey bonhomme, arrête de te prendre la tête avec ça, tu as posé une question, oui ça m'a rendu triste, mais c'est normal, c'est la réaction que tout le monde a en repensant à un être cher parti trop tôt. Tu n'y pour rien."

Déjà que le simple fait de voir des enfants lui suffisait à se remémorer son fils. Tout autour d'elle le lui rappelait, notamment les nombreuses photos présentes chez elle, elle ne les avaient pas retirés alors qu'elle savait pertinnement qu'elles lui faisaient plus de mal que de bien. Isaak était un souvenir encore trop douloureux chez la suédoise pour faire quoique ce soit.

" - Arrête de t'en vouloir Wesley, crois-moi la culpabilité n'est vraiment pas un sentiment que tu devrais éprouver à ton âge. Tu as toute la vie devant toi, alors ne te sens pas responsable de quelque chose que tu n'as pas fait, c'est vraiment nocif après.."

Et elle pouvait en témoigner. La perte de son fils lui faisait mal certes, mais la culpabilité qu'elle ressentait depuis l'accident ne l'avait pas aidé à tourner la page.

" - Et il était moins bête parce qu'il ne savait pas parler, alors il ne risquait pas de dire quoique ce soit." fit-elle en émettant un petit rire.

Elle espérait que ça aiderait le petit garçon à se détendre et arrêter de se sentir coupable des émotions de Joyce. Puis soudain, il se rapprocha d'elle en lui tendant les bras. Elle le prit sous les aisselles et le plaça sur ses genoux en perpendiculaire par rapport à elle, un bras le maintenant derrière son dos pour ne pas qu'il tombe.

" - Je viendrais quand même jouer parce que t'es un sacré petit gars et que je t'aime bien !"

C'était bizarre cette sensation qu'avait Joyce, elle n'avait pas parlé du drame à qui que ce soit, et avec Wesley c'était venu naturellement. Ça lui avait presque fait du bien d'en parler à quelqu'un, mais ce n'était qu'un détail comparé à la douleur intérieure qu'elle ressentait.

Joyce était heureuse d'avoir un petit homme comme Wesley auprès d'elle. Elle se prenait à imaginer son fils s'il avait pu vivre jusqu'à aujourd'hui. Elle était persuadée qu'il serait aussi bien éduqué que lui, mais surtout qu'ils auraient pu devenir deux amis. Mais tout cela n'arrivera jamais et il faut bien que la jeune blonde se mette ça en tête. Qu'elle arrive à faire le deuil de son fils, pour peut-être un jour reconstruire une autre famille, même si le fantôme de son fils ne cessera de la hanter jusqu'à la fin de ses jours.

En vouloir à Wesley serait vraiment la chose la plus stupide qu'elle aurait pu faire. Pourquoi en vouloir à un enfant qui ne connaît pas encore un quart de ce que la vie lui réserve ? Non, elle ne lui en voulait pas. Et au fond même, elle le remercia pour avoir évoqué Isaak. Ça lui avait fait du bien, même si ses émotions étaient contradictoires et que l'absence de son petit garçon la faisait souffrir. Il fallait seulement qu'elle trouve le moyen d'en parler, de se faire aider et qu'elle réussisse à tourner la page. Mais ce n'est pas chose aisée puisqu'elle n'ai pas du genre à crier à l'aide, même si elle est au bord du gouffre.

Joyce avait été maman une fois, alors elle connaissait bien les gestes des enfants, et même si Wesley voulait lui cacher son malaise, elle n'était pas dupe. Les mamans ont toujours un sixième sens, c'est l'instinct maternel, et ça, personne ne pourra jamais enlever. Elle essaya alors de lui remonter le moral comme elle le pouvait, mais le garçon se sentait vraiment coupable de ce qui venait de se passer. Avec les années, la suédoise avait appris à cacher ses émotions, à sourire pour faire croire que tout va bien, alors qu'elle est parfois à deux doigts de commettre l'irréparable.

Joyce lui fit un large sourire quand il lui fit part de ses impressions sur ses compétences de maman. Elle avait espéré l'être, mais au fond, elle avait toujours douté d'elle, et la perte de son fils n'avait fait qu'aggraver ce sentiment. Elle aurait aimé pouvoir prouver qu'elle était une bonne mère, mais elle n'en avait pas l'occasion, sauf avec les enfants des autres qui lui arrivait de garder pour se faire un peu d'argent. Elle serra alors la main du petit garçon dans la sienne. Puis quand il ouvrit les bras, sans hésiter, la blonde le prit contre elle en déposant un baiser affectif sur son front.

" - Ta maman ne devrait plus tarder à revenir je pense. Ton genou te fait moins mal ? " demanda-t-elle au petit bouclé.