[Brulec#1] La vie est faite de choix.

J’inspirais profondément une fois au calme dans les vestiaires. Il n’était que midi mais ma journée de travail était déjà bien entamé. Rien de bien extraordinaire ce matin, des post-op’ et une planification de cholécystectomie pour l’après-midi. Ce matin, j’avais été assigné au service de chirurgie général pour la semaine au plus grand regret du docteur Mackenzie qui avait décidé de me prendre comme disciple afin de me transmettre son art et son gout de la pédiatrie. Je devais bien avouer que lorsque j’avais décidé de devenir chirurgien, j’avais rêvé de neurochirurgie ou de chirurgie cardio-thoracique mais finalement après mon internat et être passé dans un peu chaque service, je me rendais compte qu’en plus d’avoir un public plus simple et à mes yeux plus motivant, la pédiatrie me permettrait de voir un peu de tout. J’étais fait pour être chirurgien pédiatrique mais je n’étais que résident et j’allais là où l’on m’envoyait. Je ne me plaignais pas et je travaillais, j’étais le plus prometteur de ma promotion. Je ne me vantais pas, c’était la réalité et ce n’était pas sans sacrifice pour y arriver. D’innombrables sacrifices que je regrettais encore parfois aujourd’hui. J’étais maintenant à presque quatre ans d’en finir avec mes études et d’être chirurgien titulaire, de pouvoir avoir des horaires plus allégés et enfin avoir une vie, ma vie même si je parvenais déjà à la construire. Au moins j’en avais fini avec ce statut d’interne et mes semaines de 8O heures minimums. Mon savoir augmentaient, mes connaissances aussi mais je savais que j’avais encore tellement à apprendre et à comprendre. Mais pour le moment, j’étais en pause et j’avais le temps de prendre un repas à la cafétéria. Je devais y rejoindre un ami, enfin une connaissance que j’appréciais forcément. Ce n’était pas désintéressé mais je n’attendais rien de lui, je devais simplement lui parler. Bruno. Il était le fils de mon mentor et contrairement à ses espérances bien qu’il ait décidé de s’orienter dans la branche ùédicale, celui-ci avait choisi de devenir infirmier plutôt que de suivre les traces de ses parents en devenant un brillant chirurgien. Je pouvais le comprendre, soit on l’était, soit on ne l’était pas. Soit ça faisait rêvé soit pas du tout. Mais il avait du potentiel d’après sa mère et ce n’était qu’un caprice de sa part de choisir d’être un vulgaire infirmier d’après ses termes employés. Je n’étais pas forcément d’accord, d’après moi les infirmiers ont une grande importance dans le fonctionnement de l’hôpital et nous serions bien embêtés sans eux. Une fois ma blouse mise au vestiaire et simplement dans ma tenue bleu, je me rend les mains dans les poches jusqu’à la cafétéria dans laquelle j’aperçois immédiatement Bruno. Je l’aime bien Bruno, il veut juste vivre sa vie et même s’il est en réalité plus âgé que moi, j’ai l’impression de pouvoir l’aider à se trouver. Je suis généralement plus jeune que les autres, je suis un peu un prodige, j’ai fini le lycée plus tôt et je n’ai pas eu besoin d’effectuer toutes mes années. J’arrive vers lui sourire aux lèvres avant de l’étreindre amicalement en le prenant dans mes bras. Je ne suis pas quelqu’un de formel à serrer la main de ceux que j’apprécie, je suis plutôt tactile et avenant. Mon entourage s’y habitué généralement. «Tu vas bien ? » Je le libérais pour porter mon regard sur lui et son visage incroyablement juvénile pour son âge. « On va prendre nos plateaux et on s’installe ? » Non pas que je ne veuille pas parler avec lui mais j’avais fin aussi. Il ne faut pas croire, courir à travers les couloirs immenses de cet hôpital creuse énormément l’appétit. « Alors comment ça se passe les études ? » Je me rappelle de l’époque où j’étais encore assis sur les banc de l’écoles, normalement je devrais encore y être, heureusement que j’en avais fini avec tout ça. Je m’avançais dans la file avec un plateau prenant ce qui m’intéresse.