Lennon & Aaron ▬ Peu importe la douleur, dire les choses aide plus que se taire

Comment reprendre une vie normale après avoir passé autant d’années dans les forces de l’ordre ? Une arme à la main, presque toute la journée, des heures fixes, des bruits de bombes sans cesse dans les oreilles. C’est tellement difficile pour moi. Je pense à mes amis qui sont toujours là, je revois les images de ce que j’ai vécu chaque nuit. Je dors peu, c’est impossible pour moi, et puis je n’ai plus l’habitude de dormir autant qu’un homme le doit. Certes, je suis heureux de voir chaque jour mon fils, de pouvoir le serrer dans mes bras et prendre soin de lui comme j’aurais dû le faire durant le début de sa vie. Mais c’est difficile. Les choses sont inchangées et pourtant mes repères sont difficiles à reprendre. Je retrouve ma maison, avec les mêmes meubles, les mêmes pièces… Ca me lasse, j’ai envie que ça change, ça me rappel la mère de Liam, partie sans même me donner une explication. Le petit a passé trois ans de sa vie sans ses parents. Certes, Sasha a été là pour lui, mais ça doit l’avoir perturbé. Enfin non ça l’a perturbé puisqu’il en est au point de l’appeler maman. Je dois vivre avec, que puis-je faire d’autre. Je ne veux plus y retourner, même si j’aime mon pays et que le défendre m’a rendu plus que fier. Les choses changent maintenant. Je viens de finir ma journée de boulot. Les clients viennent de plus en plus au garage, ce qui me fait plaisir. La pub faite par mes employés est efficace en tout cas. Nous travaillons autant l’un que l’autre. Bien que j’ai aussi du temps pour remettre en ordre les papiers et faire en sorte de ne pas avoir de problème. Je me dirige vers la sortie, refermant les portes correctement. Je regagne ma voiture, roulant en direction du centre-ville. Ce soir, je retrouve Lennon, un jeune homme rencontrer lors de mon service. Sans lui, beaucoup de personne aurait perdu la vie. Les infirmiers sont importants pour nous. Il est devenu un ami et je lui suis reconnaissant pour toutes les choses qu’il a faites. Et sans doute qu’il fait encore. Il a perdu quelqu’un lui aussi, son meilleur ami. Cet avions s’est écrasé sans que personne ne puisse y faire quelque chose. Un bordel pas possible. Un homme est mort. Et la mort d’une personne est toujours difficile à vivre, peu importe comment ça se passe. Lennon était aussi dans cet avion. Mais il ne parle pas de cet évènement. Il ne dit rien. Ce n’est pas bon de garder des choses difficiles pour soit. J’ai envie de l’aider, comme il m’a déjà aidé et comme il l’a déjà fait pour beaucoup de mes amis. Et puis, je suis heureux de pouvoir le revoir. Le chemin n’est pas long. Je me gare une rue plus loin, par manque de place devant. J’avance d’un pas décidé vers l’entrée du bar. Celui dans lequel je me rends habituellement. Je préfère les endroits que je connais malgré tout. Je pousse la porte, saluant les personnes que je connais. Je ne suis pas là pour eux ce soir, je n’ai pas envie de m’en préoccuper plus que ça. Je m’installe au bar en attendant. Refusant un verre, j’attends mon ami, c’est mieux comme ça. J’ai patienté jusqu’à voir son visage. J’essaie de sourire, ça n’est pas si habituelle sur mon visage, surtout maintenant, mais ça fait moins peur quand même. Je me suis levé, pour aller à sa rencontre et lui tendre la main. « - Content que tu sois venu. » Lui dis-je sans attendre en lui serrant la main. Je parcours la pièce des yeux. « - Tu préfères le bar où une table ? Enfin comme tu veux, je nous commande un verre. » Lui dis-je en me tournant vers le barman pour lui demander deux verres comme prévus. Maintenant, je veux bien quelque chose. J’attends la décision de mon ami, je le suivais quoi qu’elle soit.

Ce n’était pas mon genre de sortir comme ça, sans invitation, simplement parce que j’en avais envie, ou bien parce que je ne voulais pas rester chez moi sans rien faire. À choisir au quotidien, je préférais de loin être seul chez moi avec mon chien plutôt que de me perdre dans un endroit où je ne connaissais personne, dans ces lieux publics où il y avait trop de gens que je ne connaissais pas. Mais là, ce soir, il était prévu que je me rende dans un bar. Pourquoi ? Parce qu’on m’avait invité, et parce que l’invitation venait de quelqu’un qui, je le savais n’allait pas tourner ce bar en une boîte de nuit où tous allaient se joindre à nous, ce qui aurait tôt fait de me rendre particulièrement inconfortable, c’était sûr et certain. Puisque nous avions passé beaucoup de temps ensemble dans des moments plus difficiles et qu’on s’entendait bien, je lui faisais confiance, alors je n’avais eu aucune raison de ne pas accepter son invitation. De ce fait, peu de temps avant l’heure prévue pour notre rencontre, compte tenu que j’étais déjà chez moi, je n’eus aucun problème à me rendre dans la salle de bains pour aller à la douche. Compte tenu que j’avais travaillé la nuit précédente, puis dormi une bonne partie de la journée, un rafraichissement ne ferait certainement pas de mal, surtout si je devais m’attarder au bar avec mon ami. Ce coup de frais me fit effectivement le plus grand bien, et sitôt, je fus davantage d’attaque pour me préparer afin d’être vêtu convenablement pour cette soirée. Enfin, il me fallut réfléchir momentanément à ce que j’allais porter, parce que je n’avais pas vraiment l’habitude de choisir des vêtements pour ce genre de soirée, mais au bout du compte, je fus relativement satisfait de mon apparence quand je quittai la demeure, en ne manquant pas de laisser suffisamment de nourriture et d’eau à Nalà avant de prendre la route. Compte tenu du fait que je n’étais pas nécessairement un fan du fait de devoir trouver une place pour garer ma voiture en plein centre-ville, je décidai de prendre le métro, me soulageant d’être dans le sens inverse de la majorité des gens, puisque je me retrouvai dans un métro qui n’était pas nécessairement des plus bondés, ce qui n’était certainement pas un mal, pas pour moi en tout cas. Une fois arrivé à la station, j’en descendis, puis je cherchai le bar dont Aaron m’avait parlé. Heureusement, je n’eus pas trop de mal à le trouver, mais je mis suffisamment de temps pour que mon ami soit arrivé avant moi. Avec un sourire timide, je me rendis à sa rencontre, puis je tentai de faire preuve de plus d’enthousiasme lorsque je lui répondis:  « Je suis content de te voir aussi. J’espère que je ne t’ai pas trop fait attendre. » En effet, je n’aimais pas nécessairement être en retard, et je n’aimais pas attendre les autres, donc le plus logique, en mon sens, était de ne pas faire attendre les autres. Une fois la question réglée, Aaron en vint à m’en poser une autre qui, pour certains, aurait pu présenter un dilemme, mais qui, pour moi, n’était pas très difficile. Pour moi, le bar, c’était synonyme de bruit, de gens qui venaient s’agglutiner, parfois en bien trop grande quantité. Donc rapidement, sans hésitation - ce que je faisais rarement d’ailleurs - je dis:  « Une table, si ça ne te gêne pas. » Puis, compte tenu que j’avais bien remarqué qu’il s’était proposé pour payer les premières consommations, j’ajoutai:  « Tu… tu veux que j’aille trouver une table en attendant ? » Peut-être que j’aurais pu prendre l’initiative de le faire par moi-même, sans poser de questions, mais je ne m’osais pas trop. Après tout, peut-être qu’Aaron voudrait me proposer quelque chose, savoir ce que je buvais - bien que je n’en avais aucune idée pour le moment - ou bien me demander de l’attendre. Bref, pour le moment, je ne dérangeais personne, debout comme ça, alors pourquoi n’attendrais-je pas, même si ce n’était que pour quelques secondes ?