Rencontre entre deux mères [Feat. Baby Coleman]

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La jeune femme avait côtoyer Wesley quelques temps, mais peut être pas assez pour pouvoir le cerner correctement. En tout cas, ce qu'elle en avait vu avait suffit pour pouvoir le décrire comme un petit garçon épanouit et déjà bien en avance pour son âge. Rapidement, elle s'était attaché à lui, peut-être parce qu'il lui rappelait son enfant, mais peut-être aussi parce qu'elle aimait les enfants. Le tout était que désormais, Wesley avait réussi à réunir les deux femmes afin qu'elles puissent apprendre à se connaître et peut-être, Joyce l'espérait, devenir amies avec le temps.

L'objectif de Joyce était de se faire accepter de la maman du garçon, et pour le moment, cela semblait se faire naturellement. C'était compliqué pour la blonde d'avoir confiance, elle avait été tellement déçue des précédentes relations amicales qu'elle avait eu, que finalement, elle doutait sincèrement de pouvoir être une amie fiable. Hormis avec Micah, elle n'avait pas vraiment d'amis. Elle ne s'en plaignait pas, parce qu'elle était heureuse de cette manière : avec son petit ami et son meilleur ami. Les deux hommes de sa vie en somme.

Finalement, les deux femmes finirent par se tutoyer, enfin Baby oui, Joyce avait toujours un peu de mal, question d'habitude, il allait sans doute lui falloir un peu de temps. Si elle se sentait à l'aise, le tutoiement viendra naturellement c'était certain, mais pour le moment, elle était encore un peu stressée par cette rencontre avec cette magnifique blonde.

" - Te remercier de ne pas m'avoir jugé sur une simple apparence, de prendre le temps d'apprendre à me connaître et de me laisser continuer à voir Wesley, il est tellement adorable qu'il me rappelle mon fils. Je suis sûre qu'ils auraient pu être amis tous les deux.."

En vérité, Baby n'avait pas dit qu'elle autorisait Joyce à continuer de fréquenter le petit garçon, mais si elle voulait l'en empêcher, elle l'aurait sans doute déjà fait.

" - Et sinon, vous.. enfin tu fais quoi dans la vie ?"

Wesley était au centre de leur discussion depuis le début, elles avaient désormais tout le loisir d'aborder un autre sujet non ? Et notamment apprendre à se connaître mutuellement.

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Joyce & Baby

Rencontre entre deux mères

Même si j’avais jugé préférable de demander à Joyce pourquoi elle tenait à me remercier, il n’en demeurait pas moins que je pensais avoir une petite idée de cette fameuse raison. Et même si dans ma tête, je ne l’avais pas formulé de cette façon, que je n’étais pas allée aussi loin dans mes idées, il n’en demeurait pas moins que la base restait plutôt similaire, et franchement, cela me convenait très bien ainsi. Non pas parce que je pensais que je méritais ce remerciement, parce que je pensais qu’elle me le devait d’une certaine façon, parce que j’avais accepté de faire sa rencontre, parce que maintenant, je décidais de la laisser faire partie de l’entourage de mon fils, mais parce que je préférais que ce soit ça plutôt que tout autre chose possiblement hors-sujet qui aurait peut-être tôt fait de me rendre inconfortable. Après, ça ne voulait pas dire que j’étais complètement à l’aise ici et maintenant. Quand il était question d’accepter des remerciements ou des trucs du genre, je n’étais clairement pas la plus douée pour ça et je le prouvai une nouvelle fois dans ma vie lorsque je sentis mes joues rosir un tantinet, puis que je ne sus faire mieux que de sourire timidement, hausser les épaules et dire, d’un ton trop peu convaincu et convaincant: « C’est… C’est normal… » Normal comment ? Normal parce que Joyce ne me semblait pas du tout méchante, elle semblait rendre mon fils heureux, d’une certaine façon. Et de ce fait, elle semblait ne rien lui faire de mal. Évidemment, si jamais elle commençait à avoir des idées un peu plus effrayantes liées à ce que je pensais être son défunt fils, et le mien, pour sûr je l’aurais à l’oeil, mais la blonde à côté de moi ne semblait pas être ainsi. J’espérais juste, pour le coup, que je ne me trompais pas, bien évidemment, mais ça, seulement le temps pourrait me le dire. Parce que bien sûr, je ne m’attendais pas à complètement fixer mon idée comme ça, ici et maintenant. Je voyais cela comme étant une progression à faire dans le temps. De ce fait, je ne vis aucun souci à continuer la discussion, et donc répondre à la question de Joyce tout simplement, soit en lui disant: « Je suis enseignante de littérature, niveau lycée. » J’avais beau être en train d’apprendre à la connaître, il n’en demeurait pas moins que je n’allais pas me lancer dans tout un récit concernant le fait que ce n’était pas mon premier choix, que j’avais dû changer de plan quand j’avais appris que j’étais enceinte de Wesley. Je ne le racontais même pas aux gens que je connaissais le mieux, sans quand ils connaissaient mes ambitions premières, alors ce n’était pas du tout contre la jeune femme. Et puis, je me dis qu’il était plus approprié de simplement lui demander par la suite, par simple curiosité, afin de la connaître davantage moi aussi: « Et toi ? »

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La jeune femme n'était pas des plus à l'aise avec Baby, non pas qu'elle agissait de telle sorte à ce qu'elle le soit, simplement elle savait que pour continuer à voir Wesley, c'était auprès de Baby qu'elle devait faire bonne impression. Il est vrai que Joyce voyait en lui son fils défunt, ils étaient semblables, mais ce n'est pas pour autant qu'elle le prenait comme tel. Malgré son déni d'accepter le départ de la chair de sa chair, elle n'était pas dérangée au point de prendre Wesley pour son fils, de l'enlever ou de faire des choses louches avec lui. Même si la peine fait souvent faire n'importe quoi, de ce côté, Joyce est totalement nette.

Elle passe pas mal de temps dans les parcs avec les enfants, ce n'est pas pour élaborer des plans diaboliques, simplement déjà parce qu'elle aime la nature, et puis elle adore les enfants, les voir jouer, courir, rigoler. C'est tout le cycle d'une vie qui se déroule devant elle. Elle est spectatrice de son propre malheur, de ce qu'elle a loupé et de ce qu'elle aurait pu vivre si Isaak avait été auprès d'elle.

Ceci étant, elle n'était pas là pour sombrer dans ses pensées moroses mais plutôt pour apprendre à connaître la maman du garçon. Finalement il était plutôt doué pour mettre les deux femmes face à face et les faire se connaitre. Il lui avait dit qu'il était persuadé que Baby l'apprécierai, en tout cas pour le moment, ça semblait être le cas, mais ne citons pas victoire trop vite.

" - Transmettre son savoir à des enfants, les voir évoluer et s'épanouir, j'ai toujours trouvé ce métier formidable. Tu es en quelque sorte une héroïne des temps modernes." fit-elle avec un léger rire.

C'est vrai après tout, c'est elle qui apprenait aux enfants, peut-être allaient-ils se découvrir une passion naissante pour l'art, l'histoire ou même les mathématiques. Et tout ça, ce sera grâce à elle, en grande partie en tout cas.

" - Je suis secrétaire dans une entreprise d'hôtels de luxe. Enfin en ce moment je suis une formation à distance pour devenir décoratrice d'intérieur, du coup, je dois gérer sur les deux fronts." dit-elle souriante.

Au fond, ça ne la gênait absolument pas, Tommy était assez compréhensif pour lui permettre d'être sa secrétaire tout en suivant cette formation le soir venu, il ne lui demandait pas des miracles non plus, c'est ce qui fait qu'elle arrivait à gérer les deux en même temps.

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Joyce & Baby

Rencontre entre deux mères

Héroïne des temps modernes, moi ? Je n’allais clairement pas refuser le commentaire, mais je ne pensais pas que je méritais quelque chose d’aussi fort. Je ne savais pas si c’était parce que cela faisait plusieurs années que je travaillais au même niveau, mais j’en étais venu à la conclusion, il y a un moment, que la matière que j’enseignait était rarement la préférée des élèves. En fait, c’était surtout à leurs yeux une matière obligatoire, dans laquelle ils devaient faire un effort, histoire d’obtenir leur diplôme. Bien sûr, mon intérêt pour la littérature ne changeait pas pour autant, mais je ne pouvais nier que j’étais consciente de ce que cela représentait pour mes étudiants. Et bien sûr, jamais je ne saurais me lasser de l’idée d’en voir un avec les yeux brillants de passion, qui montrait un véritable intérêt pour ce qui était proposé, mais c’était des exceptions plus que la majorité. Heureusement qu’ils existaient toutefois, et qui donnaient une véritable raison, motivation à mon métier. Et pour cette raison, parce que j’étais partagée entre les deux points de vue, je décidai de ne pas me prononcer, souriant doucement à Joyce pour lui montrer que j’accusais et que j’acceptais ses propos. Histoire de ne pas mettre de malaise dans la conversation par mon silence, je ne tardai toutefois pas à lui poser la question en retour et elle, de son côté, ne tarda pas à me répondre, en venant à me parler de comment elle se partageait entre son métier et sa formation. Et là, les mots ne me manquèrent pas; rapidement, j’en vins à lui dire: « Wow… Ça doit te prendre un temps de fou… » En effet, je supposais que ce n’était pas possible qu’elle s’y adonne pendant qu’elle était au boulot, à moins que son patron soit plus que clément ou un truc du genre. De ce fait, elle devait certainement s’occuper de sa formation le soir, ou pendant les week-ends. Je ne m’osai pas à lui demander comment elle s’y prenait exactement, me contentant de simplement ajouter, en toute sincérité: « Je te lève mon chapeau en tout cas. Personnellement je ne serais pas capable de faire une telle chose. » Déjà, il m’arrivait de devoir ramener de la correction ou des choses à faire à la maison et cela ne me plaisait pas, puisque je préférais prendre ce temps pour prendre soin de moi et passer du temps avec mon fils. Après, il fallait dire que nous n’avions pas le même mode de vie, mais mon admiration ne disparaissait pas pour autant, d’où le fait que je ne cherchai pas à révoquer mes propos de quelconque façon par la suite, attendant simplement de voir comment elle allait réagir.

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Cela faisait désormais pas mal de mois que Joyce travaillait pour Tommy, au début, elle avait juste vu cette opportunité pour lui permettre de se remettre dans le bain après sa longue période de chômage et de dépression par la même occasion. Aujourd'hui elle était guérie, enfin pas totalement étant donnée qu'elle souffre encore énormément dès qu'elle voit une mère avec son enfant, elle se revoit en elle. Cependant, elle essaye d'y faire abstraction pour se concentrer sur son travail uniquement, mais elle ne peut pas nier que voir la mère de Wesley devant elle lui fait tout drôle et elle se sent un peu décontenancé par la situation.

Joyce avait bien conscience que le métier qu'exerçait Baby n'était pas simple, elle devait en voir de toutes les couleurs avec ses élèves, heureusement pour elle elle devait tout de même avoir des exceptions qui lui permettait d'apprécier son métier. Mais elle devait aussi avoir des élèves qui n'en font qu'à leur tête et c'est certainement bien plus compliqué que de gérer des dossiers tout comme elle le fait.

" - Et bien je dois avouer que ce n'est pas facile tous les jours.. Quand je termine ma journée de travail, je rentre et me replonge dans ma formation, ça me prend beaucoup de temps, pour ne pas dire tout mon temps, mais bon, je me dis que ça vaut le coup pour faire quelque chose qui me plaît vraiment."

Et c'est sans doute pour cette raison que la blonde trouvait la motivation pour se plonger dans sa formation à distance, pour faire ce qu'elle aime, la décoration. En revanche, elle ignore si ça allait fonctionner, mais pour le moment elle préférait ne pas se poser de telles questions.

" - Je pense que si tu faisais quelque chose qui te plait, ça ne te gênerait pas de faire une seconde journée après celle passée avec tes élèves, mais bon, après tout le monde n'a pas la capacité ni même l'envie de le faire.."

Ce n'est pas pour autant que Joyce se sentait supérieure à qui que ce soit, simplement elle avait l'envie de progresser, de vivre par ses propres moyens et de faire quelque chose qui lui plaît réellement. Heureusement pour elle, Tommy l'avait laissé suivre cette branche qui semblait lui correspondre, il aurait aussi pu s'y opposer pour la garder auprès de lui, mais il n'en avait rien fait.

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Joyce & Baby

Rencontre entre deux mères

Joyce avait totalement raison; qu’importe ce qu’on faisait et le temps qu’il nous fallait pour accomplir une tâche ou une autre, si la motivation et le dévouement étaient là, alors aucun effort, aucun délai du monde n’était de trop. Et si jamais elle ressentait ça dans sa formation à distance, c’était tant mieux pour elle. Après, je devais avouer que je ne pouvais pas tant comparer ma situation actuelle à la sienne, même si je pouvais quand même la comprendre un peu, puisque je l’avais à peu près vécue il y avait bientôt douze ans de cela. Étudiante en littérature, un enfant à la charge, j’avais dû, même si mon mari travaillait déjà à l’époque, trouver de quoi apporter un peu d’argent à la maison. J’avais donc enchaîné les petits boulots sans vraiment accrocher à quelconque d’entre eux. Par contre, je m’y étais tenue, puisque je savais qu’à un moment ou un autre, ça finirait par payer, parce qu’une fois ma formation terminée, je pourrais pratiquer un métier que j’aimais. Enfin, pas exactement le métier de mes rêves, mais j’avais appris à m’y faire, à l’apprécier et surtout, apprécier la stabilité que celui-ci m’offrait. Maintenant, je ne changerais pas, encore moins en ce moment, sachant que j’allais avoir un second enfant bientôt. Par contre, cela ne voulait pas dire que je n’acceptais pas le point de vue de mon interlocutrice, comme je lui prouvai en hochant d’abord la tête pour accuser réception de ses propos, puis en ajoutant: « Non, je te comprends parfaitement. Je crois surtout que je ne peux comparer ma situation à la tienne, même s’il n’en demeure pas moins que je trouve ça admirable. J’ai toujours aimé voir des gens qui suivent leurs ambitions et veulent faire ce qu’ils aiment. » Et non pas simplement pour se conformer à la société ou bien à la volonté d’une tierce personne. Je savais que ce n’était pas toujours simple, mais à mon avis, ça ne donnait jamais de bons résultats. Il suffisait de voir mon ex-mari; son boulot l’avait complètement grugé, faisant en sorte qu’il n’arrivait plus à faire quoi que ce soit d’autre, ou plutôt, il ne faisait plus d’effort pour faire quoi que ce soit d’autre, ne serait-ce que simplement aimer sa famille. J’avais bien voulu accepter sa situation, sauf que là ç’en était trop, et je me sentais libérée depuis que je n’avais plus ce fardeau. Non seulement, je pouvais vivre plus librement, et surtout, me concentrer sur ce que j’aimais le plus faire, comme j’en donnai un aperçu à Joyce en ajoutant: « Je crois qu’en fait, quand je rentre chez moi, mon boulot devient celui d’être maman, et ça me va comme ça… » Inévitablement, mon regard se porta vers Wesley un bref instant, puis je souris doucement, oubliant pendant un instant que Joyce avait parlé plus d’une fois avant de son fils qui ne semblait plus là, et moi je lui parlais du bonheur que je vivais avec le mieux. Quelque peu honteuse, je baissai la tête, puis je dis, d’une voix basse: « Je suis désolée, je n’aurais pas dû dire ça… », pinçant ensuite les lèvres pour regarder de nouveau mon interlocutrice, espérant qu’elle ne m’en voudrait pas trop pour le coup.

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Joyce est une jeune femme compréhensive, elle avait appris à écouter les autres et à toujours s'en occuper, tandis qu'elle s'oubliait souvent avec tout cela. La preuve puisque durant des années, elle s'était contentée de simplement faire un travail sans jamais réellement y trouver son compte. Pire, elle avait été utilisée et manipulée comme une marionnette. Et pourtant, avec Tommy, elle n'avait plus cette impression d'être un jouet, il la considérait vraiment comme une femme à part entière, et c'est sans doute ça qui faisait qu'elle avait trouvé la force de lui dire qu'elle aspirait à une autre carrière.

Dans un premier temps, bien évidemment elle avait pensé qu'il ne serait pas d'accord. C'est vrai qu'elle n'a quasiment pas de diplôme en dehors de celui de langues qu'elle a obtenu il y a quelques temps, mais en dehors de cela, elle ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait faire, comme un enfant qui sort de ses études sans avoir d'idées de travail précis en tête.

Joyce avait vingt six ans et elle devait bien voler de ses propres ailes. Travailler avec Tommy avait été une expérience formidable puisque désormais elle pouvait compter sur lui au quotidien, mais elle ne voulait pas vivre dans son ombre, voilà pourquoi elle avait opté pour ce changement de carrière.

Joyce n'avait pas de famille donc la question ne se posait pas, mais dans le cas contraire elle ne pouvait s'empêcher de penser ce qui dirait ses proches de son changement de vie radical. Est-ce qu'elle n'avait pas pris une décision trop rapide ? Est-ce qu'elle n'allait pas le regretter ? À vrai dire, seul le temps lui donnera les réponses dont elle a besoin.

Tout en écoutant de nouveau Baby, elle suivit le regard de la blonde et le posa sur son fils. Joyce voyait dans les yeux de sa nouvelle amie qu'il n'y avait que de l'amour pour cet enfant, elle se reconnaissait quelques années plus tôt, mais tout avait fini par basculer. Est-ce qu'un jour elle aurait la chance d'être à nouveau maman ? Peut-être, l'avenir lui dira.

" - Ne t'excuse pas, j'avais le même regard lorsque je regardais mon fils. Des etoiles plein les yeux et un sourire idiot au coin des lèvres. Je ne peux pas t'en vouloir, tu l'aimes et tu le protège c'est normal, c'est le rôle de toute maman, seulement certaines le font mieux que d'autres.."

Bien sûr qu'elle se sentait concernée, Joyce ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle avait été une mauvaise mère pour Isaak. Sans revenus, elle avait essayé de lui offrir le maximum de choses, mais elle n'avait pas été là au moment crucial. Une minute, et le drame était survenu. La culpabilité la rongeait depuis tout ce temps et elle surgissait parfois plus forte qu'à d'autres moments.

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Joyce & Baby

Rencontre entre deux mères

Un petit sourire apparut sur mes lèvres au moment où Joyce en vint à me pardonner de parler de Wesley de la sorte, alors que de son côté, la jeune femme blonde semblait vivre un drame personnel lié à un enfant qui l’affectait encore aujourd’hui. Je ne savais pas depuis combien de temps, je ne savais pas ce qui s’était passé, mais je me doutais bien que tout ce qui était lié à sa chair et son sang devait être fort douloureux. Me concernant, je n’avais pas eu à vivre ce déchirement quelconque, même si j’en avais eu un aperçu quand il avait appris qui était son véritable père, un aperçu qui m’avait fait terriblement mal au coeur et qui m’avait comprend que jamais je ne voulais voir mon fils s’éloigner de moi. Bien sûr, je ne ferais pas exprès de devenir une mère étouffante ou un truc du genre, mais voir son visage se décomposer en haine en me regardant m’avait carrément brisée, m’avait fait peur comme jamais je n’avais eu peur avant aujourd’hui, et ce n’était pas quelque chose que je voulais revivre, jamais. Et encore, mon fils m’était revenu, les choses allaient un peu mieux désormais, alors une perte permanente, si pour Joyce, ç’en était une, je ne voulais même pas imaginer. Mais ne sachant pas à quoi m’en tenir, encore moins quand elle vint à parler à nouveau de son fils en utilisant le temps passé, j’eus un moment d’hésitation. Rester dans le flou comme ça, c’était quelque peu difficile, mais pouvais-je vraiment lui permettre de lui en demander davantage ? Trop peu certaine, je n’osai pas le faire dans un premier temps, mais quand je me rendis compte que j’étais susceptible de laisser un vide dans la conversation, un vide qui ne serait certainement pas le bienvenu, je pris mon courage à deux mains, puis je lui demandai: « Écoute… Je me demande… Tu n’es pas obligée de me répondre si ça te met mal à l’aise, ou si tu ne veux pas mais… » Je marquai une pause, que pour constater que limite, ça me rendait nerveuse de lui poser la question. C’était idiot limite, je le savais, mais j’étais faite comme ça. Et puis, je n’étais pas celle qui aimait tant se faire poser des questions indiscrètes, alors le faire aux autres, ce n’était pas ce avec quoi j’étais la plus à l’aise. Malgré tout, puisque je m’étais lancée, je finis par dire, dans un souffle: « Tu… Tu peux me parler de… Ton fils ? » Volontairement, j’avais laissé la question vague, ne me voyant pas lui demander ce qui s’était passé, carrément. Ainsi, elle pourrait me dire ce qu’elle voulait, si elle le souhaitait, bien évidemment, puisqu’encore une fois, je ne me voyais pas la forcer à quoi que ce soit.

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Joyce est quelqu'un de sensible et d'émotif, bien qu'elle essaye de ne trop le montrer, il n'en demeure pas moins que certains sujets la touche plus que d'autres. Comme par exemple la mort de son fils. Trois ans. Cela faisait trois ans qu'il était décédé et qu'elle n'avait toujours pas réussi à faire le deuil de ce dernier.

Au début, ça a été relativement dur de voir des femmes accompagnées de leur mari ainsi que de leurs enfants. Il y a quelques temps de ça, rester dans un parc entourée de mamans elle n'aurait pas pu. Aujourd'hui, c'était difficile mais elle arrivait à peu près à surmonter ça, peut-être aussi que c'était grâce à Wesley. De son jeune âge, il comprenait beaucoup de choses, et malgré que ses propos soient parfois maladroits, il avait touché Joyce en plein coeur.

Avant leur rencontre, elle n'avait jamais évoqué son fils avec qui que ce soit, et finalement, il avait fallu quelques minutes de discution et elle s'était mise à parler de son fils. Elle l'avait même comparé à Wesley. Au fond, elle aurait aimé les voir jouer ensemble.

Joyce fut sortie de ses pensées par la voix de la blonde se trouvant à ses côtés, son regard se déposa sur elle au moment où elle semblait hésiter à prononcer certains mots. Elle la laissa finir pour au final, entendre sa question. Elle voulait qu'elle lui parle d'Isaak. Un fin sourire se dessina sur les lèvres de la suédoise avant de chercher ses mots pour parler de son défunt fils.

" - Il s'appelait Isaak, je lui avais donné ce prénom par rapport à mes origines suédoises. C'était un petit garçon malin, un peu comme Wesley. Je suis sûre d'ailleurs qu'ils auraient pu devenir amis.." avoua-t-elle la moue triste.

Jouant nerveusement avec ses doigts, elle poursuivit finalement son discours.

" - Je l'ai élevé seule, en fait il est issu de la relation que j'ai eu avec mon patron quand j'étais secrétaire de cet avocat, il y a un peu plus de trois ans. J'ai cru que quelque chose était possible avant que je n'apprenne qu'il était marié et qu'il m'avait menti durant plusieurs mois avec de belles paroles. J'ai tout quitté du jour au lendemain pour m'occuper de mon fils, ça n'a pas été tous les jours facile puisque je n'avais pas de revenus. Mais j'ai réussi à m'en sortir. Du moins pendant deux ans.. Isaak a été renversé par une voiture alors que j'ai retourné le regard quelques secondes.."

Sa voix se fit plus basse et tremblante. Elle s'en voulait toujours autant de ne pas avoir été une bonne mère. Est-ce que ça allait changer maintenant qu'elle avait un petit être qui lui poussait dans le ventre ? Elle était terrorisée à l'idée de faire les mêmes erreurs.

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Joyce & Baby

Rencontre entre deux mères

Même si j’avais la vague impression qu’il était arrivé au fils de Joyce quelque chose qui ne la laissait pas en paix avec elle-même, quelque chose qui la rendait constamment triste, encore plus quand elle voyait les enfants des autres, je voulus croire pendant un bref instant que ce n’était pas si grave, que peut-être elle arrivait à vivre avec, au moment où elle vint à parler de son fils en bien, me mentionnant son prénom, le fait qu’il aurait pu bien s’entendre avec Wesley, surtout si, comme elle le disait, ils avaient le même caractère. Cependant, je ne m’osai pas à sourire en accusant réception de ses propos, refusant d’avoir une réaction qui était au final inappropriée. Puis, au bout du compte, je me congratulai de ne pas avoir réagi comme tel, puisque rapidement, Joyce vint à m’expliquer qu’elle avait élevé son fils seule, ce qui était loin d’être aussi joyeux. Finalement, elle en vint à m’avouer ce qui la rendait si triste, venant par la même occasion briser mon coeur de mère, parce que je ne savais pas comment j’aurais pu vivre après une telle chose, si jamais j’étais venue à perdre Wesley, ou même, plus tard, cet enfant que je portais. Troublée, je ne savais pas comment réagir, et quand je ne savais que faire, bien souvent, je perdais mes mots. Obligée de compenser par des gestes, je pris timidement la main de Joyce, sans insister, simplement pour tenter de lui montrer un certain soutien. Puis, quand j’en trouvai le courage, je lui dis: « Je suis… désolée… » Désolée de ce qui était arrivée à son fils, bien sûr, mais aussi désolée d’avoir paru insister pour le coup pour en savoir plus, alors que ça devait être l’horreur de devoir raconter cette histoire. Je n’allais pas le nier, je me sentais mal, et je ne cherchais pas tant à le cacher, d’où le fait que j’ajoutai: « Avoir su… Je n’aurais pas demandé… Je ne voulais pas te rendre mal… » Mais après, à quoi m’attendais-je ? Je le savais depuis le début que ça ne pouvait pas être quelque chose de simple et je l’avais fait quand même. Décidément, je n’avais pas été très brillante et surtout, j’avais grandement manqué de tact, et je craignais sincèrement, pour vrai cette fois-ci, d’avoir jeté un froid.

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