Les petits mots de l'hiver (Gareth)

Elena et Gareth
Mais j'te connais !

« ATCHOUM ! » J'éternue tout en entrant dans la pharmacie adjacente à l'hôpital. Il y a un proverbe qui dit, en avril ne te découvre pas d'un fil, sauf que nous ne sommes pas en avril, bref ... Est-il besoin de préciser que je ne l'ai pas pris au pied de la lettre ? Chaque fois c'est la même chose ! Dès qu'il y a un rayon de soleil, je m'empresse de me découvrir. Adieu doudoune et gros chandails à col roulé et bonjour t-shirt et petite vestes. Le problème, c'est que s'il fait beau le matin quand je quitte mon appartement. Quand je rentre, le soir ou en fin d’après-midi, c'est tout autre. Soit le temps c'est couvert, soit la température à chuter, soit il se met tout simplement à pleuvoir ! Et hier, j'ai eu le doit à un bel orage. Je ne portais qu'une petite veste en coton, et j'ai vite été complètement trempée. Et voilà le résultat, je me suis enrhumée. Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, j'aurais dû faire attention et écouter la météo, mais ce n’est qu’un détail.

Vous pensez peut être qu’en prévision de ce fichu rhume, j’allais me couvrir pour me rendre à la pharmacie ce matin-là ? Même pas, fidèle à mon habitude, je porte une jupe très courte et des talons vertigineux. Après avoir expliqué ma situation à la jeune pharmacienne, je repars avec mon achat. Des goutes, à pulvériser dans chaque narine jusqu'à dix fois par jour et des comprimer à avaler quatre fois par jour. Je décide d'en prendre un sur le champ et je m'empresse de fouiner dans le sac en plastique que la pharmacienne m'as remis. D'une main, ce n'est guère facile, mais je tiens mon sac de l'autre, alors je ne peux pas faire autrement. Je ne regarde donc pas ou je vais, mais la route est vide de monde ce matin, il est tôt. Sauf que voilà, je percute quelqu'un de plein fouet. « Pardon ! Désolée ! » Je dis, tout en sortant fièrement un cachet de sa boite que j'avale sans eau, avant de lever le nez vers la personne que j'ai télescopé. Et là, le choc quand je le reconnais. Il s'agit de Gareth, le fameux garçon avec qui je suis sortie pendant deux mois au lycée, simplement parce que voulais avoir accès à sa popularité.

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Les petits mots de l'hiver

Gareth & Elena

Journée banale, une parmi tant d'autre, la routine qui s'installe doucement. Me voilà à vivre la parfaite vie d'un américain lambda, mon petit appartement, partir au boulot le matin et rentrer en fin de journée, accueilli sous les aboiements de Lucky, abandonné toute la journée. La réalité encore dure à accepter, réalité alternative à celle que je me dessinais lorsque j'étais plus jeune, celle d'un joueur sur le terrain, ne vivant que pour la balle et le filet, les victoires s'enchaînant sur mon palmarès. Je me retrouve finalement bloqué à Washington, avec les avantages et les inconvénients. Ne plus pouvoir jouer, voilà ma plus grosse perte, mais je suis proche de ma famille, ce qui dans le fond est le plus important, et me conforte dans tout ce que j'ai dû laisser derrière moi. Aujourd'hui, je n'ai pas grand-chose à faire au bureau, j'attends surtout le retour de certains clients pour analyser des chiffres et des informations en masse pour le compte de mon père. Je me suis donc octroyé ma matinée, les avantages de bosser dans l'entreprise familiale. J'ai opté pour un petit détour dans les rues commerçantes de Capitol Hill, sans réellement d'objectif si ce n'est celui de marcher, et de m'aérer un peu l'esprit. Simple veste en cuir sur le dos, bien assez rembourrée pour affronter le froid, et jean noir qui s'accorde avec le reste, je déambule dans les rues, arrêtant mon regard sur la plupart des façades, à réfléchir si je m'arrête pour claquer mon argent dans des achats futiles, pour tuer le temps principalement. J'adore les matinées froides de Washington, en partie pour les rues quasi-désertes qui se rempliront au fur et à mesure de la matinée, mais également pour se ressourcer, bien se réveiller avec ce vent presque glacial. J'ai toujours préféré l'hiver à l'été de toute façon, sans vraiment avoir d'explications sur ce point-là. Je me perds un peu dans mes pensées malgré moi, des pensées peu importantes, dont je ne me souviens plus la seconde d'après, mais suffisamment pour retirer toute attention autour de moi. Une attention très vite ramenée sur le devant de la scène lorsque j'entre en collision avec quelque chose, ou plutôt quelqu'un. « Ooh, désolé, c'est ma faute ! ». Politesses banales, deux inconnus qui s'excusent pour ne pas avoir regardé où ils marchaient. Inconnue, du moins je le pensais, alors que mes yeux viennent à la rencontre de la personne en question. Elena. Je la regarde prendre un cachet, encore sous le choc. Pour une rencontre inattendue, on fait fort sur ce coup-là. Jeune demoiselle qui a hanté mes esprits de longs mois durant, portée disparue depuis notre rupture et l'enchainement de mauvaises nouvelles qui ont déferlé sur moi tel une tempête. « Elena.. ». La surprise pouvant se lire bien visiblement sur mon visage, comme si je venais de tomber nez à nez avec un fantôme. « Je.. je ne m'attendais pas à te revoir un jour.. ». Première chose qui me vient à l'esprit, phrase stupide jetée en l'air. Après tout, vous vivez tous les deux à Washington, il fallait bien que cela arrive un jour, même si une partie de toi a toujours du mal à digéré le passé.

Elena et Gareth
Mais j'te connais !

Ce n’est pas très brillant de ma part de me balader dans cette tenue alors que j’ai un vilain rhume. Mais je ne vais tout de même pas m’enfermée dans une doudoune, c’est moche ! Et je ne parle même pas de l’état de mes cheveux si je venais à porter un bonnet pour me protéger du froid. Non, qu’il neige ou qu’il vente ou qu’il pleuve, je porte une mini-jupe ou ultra mini-jupe et des talons hauts. C’est ce que je suis. On me juge superficielle, mais pas du tout. Je n’ai juste aucune envie de m’enlaidir à cause du mauvais temps et peu importe si je chope la crève. La pharmacienne m’a d’ailleurs regardé d’un drôle d’air, brûlant d’envie de me dire que si je veux guérir, j’ai intérêt à me couvrir. Elle n’a rien dit, encore heureux. Enfin voilà, je me hâte de quitter la pharmacie, c’est comme pour les hôpitaux, je déteste l’odeur de médicaments qui y règne, il est encore tôt et même si je suis malade, que j’ai le nez rouge à force d’éternué, il est encore bien tôt pour que je rentre chez moi. Trop tôt me direz-vous. Alors, j’ai bien l’intention d’entrer dans une ou deux boutiques, au moins, je n’aurais pas perdu ma matinée. Et puis, peut-être aussi que j’irais faire un tour dans un café, histoire de me réchauffée avec un chocolat chaud et un muffin. Parce que oui, même si je me balade à moitié à poils, selon les dire de mon frère, et que je fais semblant que tout va bien, je suis tout de même morte de froid. Mais plutôt mourir que de mettre un pantalon et un manteau. Finalement, je décide d’aller prendre un chocolat tout de suite, mais avant, il faut que j’avale un comprimé que je viens d’acheter. Sauf que bien sûr, je ne regarde pas ou je vais et paf ! C’est la bousculade. Je m’excuse, même si je suis superficielle et prétentieuse, je ne suis pas un monstre, enfin pas complètement. Mais bien vite, je le reconnais. Gareth, mon ex petit ami. Le seul avec qui ça aurait pu marcher, si je n’avais pas eu que ma popularité en tête. Je croyais qu’il avait quitté la ville pour vivre son rêve de basket-ball, mais force est de constater que ce n’est pas le cas. Je suis tentée de faire comme si je ne le reconnaissais pas, mais je change d’avis au dernier moment, me disant que ça serait vraiment mesquin de ma part. surtout qu’il ne m’a rien fait, c’est moi, qui suit partie. Pas lui. « Gareth ! » dis-je, d’une voix enrouée. Il ne manquait plus que ça au tableau, je n’ai plus de voix. Voilà qui va bien arranger les affaires de mon frère, puisque selon lui, je parle bien que de trop. « Pour être franche, moi non plus. », fus tout ce que je trouvais à répondre quand il m’indiqua qu’il ne s’attendait pas à me revoir un jour.

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