Les petits secrets d'Amaya

J’avais à peine dix ans lorsque mes parents ont décidé de quitter le Japon ou je suis née, pour venir s’installer aux Etats-Unis et vivre leur rêve américain. Depuis toujours, ils avaient le projet d’ouvrir leur restaurant, mais leur maigre salaire ne leur permettait pas de le faire au Japon. Ils sont donc décidés de tout plaquer et tant pis pour leur fille unique, elle finira par s’y habituer. C’est vrai, j’ai finis par me faire une raison, je n’avais pas le choix, mais j’ai eu beaucoup de mal à m’y faire. Les premières semaines ont été très difficiles, d’ailleurs, dans la cours de l’école, j’étais constamment seule. D’un naturel timide, je ne vais pas facilement vers les autres. Ce n’est donc pas parce que j’étais une étrangère que j’avais du mal à rentrer dans un groupe. Washington est une ville cosmopolite, je n’étais donc pas la seule élève de type asiatique à déambuler dans la cours. Ce n’est pas non plus la barrière de la langue qui me posait problème. Ma mère, avant de rencontrer mon père, avait passer plusieurs mois an Californie, dans le cadre de ses études, elle était donc parfaitement bilingue et m’a enseigné l’anglais dès lors que je commençais à parler. Je savais donc m’exprimer correctement lorsque j’ai posé les pieds pour la première fois sur le sol de l’Oncle Sam. Non, c’est bel et bien à cause de ma réserve naturelle, que j’ai eu du mal à m’adapter à la vie en Amérique. Ce n’est que l’année suivante, alors que j’entrais au collège, que j’ai réussis à me faire une amie. Hanna était nouvelle. Américaine, elle venait de la campagne du Tennessee et n’avait jamais mis les pieds dans une grande ville. Elle se sentait au moins aussi perdue que moi et nous nous sommes rapidement liées d’amitié. Enfin, rapidement. C’est vite dit, car au départ, par timidité, je rasais les murs et parait presque en courant lorsqu’elle s’approchait de moi. Elle a du beaucoup rusé pour pouvoir réussir à me parler et elle ne l’a pas fait de la façon la plus généreuse. Un jour, elle a volontairement fait sonner son téléphone portable en cours, juste au moment où j’avais le nez dans mon sac. J’ai donc été accusée, injustement, par mon professeur de mathématique, j’avais beau lui dire que je n’y étais pour rien, j’avais beau lui avoir vider l’intégralité du contenu de mon sac pour qu’il vérifie par lui-même que je ne mentais pas, rien n’y fit, il ne me croyait pas. Hanna a alors pris ma défense de façon tellement véhémente, qu’on a toutes les deux, été mises en retenue pour insolence. Elle a toutefois attendue que l’on soit amies, pour m’avouer la vérité sur cette matinée, mais je ne lui en ai jamais voulu. A partir de là, nous étions vites devenues inséparables, nous avions pourtant un caractère complètement opposés. Elle était et est toujours, extravagante, excessive, parfois vulgaire, avec elle, tout est dans la démesure, elle ne prend pas de gants et tant pis ça fâche. Alors que moi, j’ai toujours été discrète, effacée, presque transparente. Elle sait aussi compenser mon côté maladroit. Quand nous avons grandi, quand nous sommes rentrés au lycée, elle a commencé à essayer de me décoincer, sans succès. Pour autant, elle ne s’avouait pas vaincue, et même à notre entrée dans la vie active, elle a continué à essayer de me décoincer. Aujourd’hui, nous vivons en collocation toutes les deux. Enfin nous deux et les mecs qu’elle ramène régulièrement à l’appartement. Nous travaillons également dans la même entreprise. Une grosse boîte américaine, connue dans le monde entier, et qui fabrique et vends, des voitures. Mes études de marketing, m’ont permis d’intégrer le service publicités et communications, mais je ne suis qu’une vulgaire assistante. La nana qui sert à rien, tout juste bonne à classe les dossiers et à apporter les cafés. Mon poste ne m’emballe pas, je donne toujours l’impression de monter sur l’échafaud le lundi matin. Je rêve de plus grand, je veux être Chef de Projet. Je veux être celle qui fabrique les publicités de A à Z. Autant le dire, vu que je suis au bas de l’échelle, j’ai encore un long chemin à parcourir. Mais je ne m’avoue pas vaincue. La semaine prochaine, je dois me rendre au Japon dans le cadre de mon travail, pour représenter le service communication de ma boîte dans le cadre d’un grand meeting. Meeting auquel, mon patron, que je ne connais pas, devait participer. Sauf que pour une raison que j’ignore, il ne viendra pas et c’est à moi qu’on à confier la tâche de le représenter. Bien sûr, je ne cache pas que je suis nerveuse à l’idée de parler en publique, mais aussi, j’ai hâte d’en découdre et de prouver ce que j’ai dans le ventre.