[N°118] baby + evening between girls to talk man?.

Deux semaines, deux semaines tout au plus et j’aurais fini de me sentir aussi lourde, aussi fatiguée, et surtout, énorme comme une baleine. Bon d’accord, j’étais consciente que je n’allais pas perdre tous mes kilos de grossesse le jour de mon accouchement et que je n’avais pas fini d’avoir des courtes nuits de sommeil une fois que le bébé serait là, mais au moins, je pourrais me déplacer normalement et je pourrais certainement me sentir beaucoup moins limitée que présentement. Là, ces derniers jours, tout ce que je faisais, c’était que je peinais à me déplacer dans la maison, tout en tentant d’être prête, et pas juste un peu. En effet, je sentais que je me devais d’être plus que prête, prête à devoir m’occuper de cet enfant toute seule les premiers temps, puisque je ne savais toujours pas à quel moment Andy pourrait sortir du centre de désintoxication. Aurait-il un congé, le temps que nous puissions installer le bébé à la maison ? Ou bien pourrait-il sortir définitivement ? Si oui, quand ? Je n’allais pas le nier, rester dans le flou de la sorte me rendait quelque peu nerveux, mais je ne m’osais pas à dire quoi que ce soit, sachant très bien que mon fiancé était dans une situation beaucoup plus difficile et que de ce fait, ce n’était pas le temps de l’embêter avec mes problèmes et tourments. Plus encore, ce n’était pas comme si je pouvais le forcer à sortir pour me filer un coup de main avec toute la préparation. De ce fait, je passais bien souvent mon temps à tout préparer, faisant en sorte que je ne me reposais pas tant. Aujourd’hui ne fit pas exception à la règle; je m’étais donné comme objectif, alors que Wesley était parti pour l’école, de complètement terminer la chambre pour le bébé. La décoration et l’installation des meubles, c’était pas mal tout fait. Ce qu’il me resta à faire, ce fut de trier les différents vêtements et accessoires nécessaires et les ranger dans les meubles prévus à cet effet, si je ne me décidais pas à les ajouter dans le sac que j’avais déjà préparé pour la maternité. Je ne pensais pas avoir oublié quoi que ce soit, mais je préférais ne pas prendre de chance non plus. Cela me prit un petit moment, mais au bout du compte, j’arrivai à bout des sacs achetés pour l’occasion et le tout était rangé correctement, à sa place, bien à mon goût. Satisfaite, je fus déterminée à aller prendre une pause, pause bien méritée à mon avis. En effet, tout cela m’avait épuisé pas mal plus que je ne l’aurais cru, et je m’en rendis compte lorsque je m’affalai dans le canapé, et que soudainement, je ressentis une douleur au niveau du ventre, similaire à une contraction. Enfin, ce fut ce que je crus, selon mes souvenirs de ma dernière grossesse. Ça finit par se calmer, pour finalement reprendre une nouvelle fois, une dizaine de minutes plus tard. Encore une fois, ça se calma, mais ce fut suffisant pour me faire comprendre que je me devais de me tenir calme. Heureusement, je n’avais rien de prévu, pas selon mes plans en tout cas. Et ce fut ce que je pensai jusqu’à ce que soudainement, j’entende frapper à la porte. N’attendant pas qui que ce soit, je grimaçai quelque peu, mais je me levai - avec difficulté - pour aller ouvrir la porte sur Azura, mon amie d’enfance. Malgré la douleur qui venait de me traverser, je m’efforçai de lui sourire, tentant de me ressaisir au moment de lui répondre:  « Hey, ça va et toi ? » Après lui avoir rendu sa bise, je pris la bouteille de champomy qu’elle me tendit en riant doucement, ne manquant pas de lâcher:  « Oh, tu n’aurais pas dû, merci ! » avant de la laisser entrer tout en lui répondant:  « Hum oui, on peut dire ça, et toi ? » Par ces mots, je ne cherchais pas à l’inquiéter, mais plutôt lui montrer que ce n’était pas tant une journée magnifique. Productive, quand même un peu, mais après, disons que je n’étais pas du genre à aimer rôder dans la maison avec tant de doutes en tête. Mais à quoi bon me plaindre de cela, alors que c’était un détail ? Voilà pourquoi je tus ce fait, préférant de loin refermer la porte derrière nous, et dire:  « Installe-toi, fais comme chez toi ! Tu veux que je nous serve des verres ? » Bien sûr, je parlais d’un verre de Champomy. Après tout, ce serait nul de ma part de ne pas partager alors que c’était elle qui me l’avait offert, n’est-ce pas ?

J’étais si habituée à être entièrement honnête avec Azura, lui dire ce qui me passait par la tête, sans filtre, comme rarement je le faisais avec les gens, que je n’avais pas songé un seul instant au fait que si je lui lançais qu’un simple « ça pouvait aller », cela vienne éveiller ses soupçons. Enfin, je le savais en quelques sortes, mais je ne pensais plus au fait que ça pourrait être si immédiat, à un tel point que je n’avais même pas eu l’occasion de songer à comment je pourrais lui présenter la chose. Parce que si encore une fois, je lui disais que j’avais quelques contractions et que ça me fatiguait, même si ce n’était pas suffisant pour m’envoyer à l’hôpital, je craignais qu’elle prenne pour acquis que sa visite improvisée ne soit pas la bienvenue et qu’elle était en train de me déranger alors que ce n’était pas le cas. Bon d’accord, j’aurais certainement préféré qu’elle vienne à un autre moment, un moment plus approprié, mais il n’en demeurait pas moins que j’étais contente de la voir et que sa compagnie était plus que bienvenue. Mais comment étais-je supposée lui présenter le tout et ne pas la vexer ? Je tentai de mélanger la carte de l’honnêteté et celle de la personne rassurante, ce qui donna:  « Oh, rien de bien grave, c’est surtout de la fatigue… Mais c’est tout à fait normal à ce stade, hein ! » Histoire de montrer de quoi je parlais quand je disais « ce stade », même si c’était plutôt évident, je désignai mon ventre bien rond, puis je continuai de me justifier en ajoutant:  « J’ai aussi rangé tous les vêtements de la petite aujourd’hui… Je te jure, elle aura une garde-robe plus élaborée que la mienne ! » Évidemment, je plaisantais et j’exagérais aussi, un peu, beaucoup. Mais il n’en demeurait pas moins que j’avais le sentiment que j’avais un paquet de vêtements, d’abord que j’avais acheté, parce que bon, j’avais craqué, mais aussi issus des cadeaux que j’avais pu recevoir pendant ma grossesse. Le dernier en lice, c’était un petit pyjama rose, venu dans un paquet signé de ma mère, comme lorsque j’avais donné naissance à Wesley, sauf que là, c’était la bonne couleur. Je me doutais bien que c’était le centre qui avais pris cette initiative quand ils avaient vu la lettre que j’avais envoyé à ma mère pour le lui dire, mais quand même, cela m’était allé droit au coeur, et avec les hormones à fond, j’en avais même versé quelques larmes. Pire encore, j’en avais versé quand je l’avais vu pour une seconde fois aujourd’hui, allant même, dans un élan du coeur, jusqu’à prendre la décision de le mettre dans mon sac pour la maternité, afin que le bébé le porte dans les premiers jours de sa vie. Évidemment, je n’avais pas mis que celui-là, ayant fait une sélection de quelques pyjamas pour pouvoir tenir pendant tout le séjour à la maternité. Mine de rien, faire tout ça avait été long, mais au moins, c’était chose faite, et désormais, je pouvais me poser. Enfin, si mon amie me laissait bien faire, mais heureusement pour moi, elle ne tarda pas à m’inviter à me poser dans le canapé. Avait-elle vu la nouvelle grimace que j’avais faite, suite à une nouvelle douleur, plus légère cette fois-ci ? Je ne savais pas trop, mais une chose était certaine, c’était que cette invitation était plus que bienvenue. Normalement, je n’étais pas celle qui aimait laisser ses invités en plan, mais je connaissais Azura depuis longtemps, et je n’allais pas le nier, c’était nécessaire. Sans broncher, je me posai dans le sofa, mais pour ne pas ne rien faire non plus, je me permis quand même de lui mentionner, en répondant à sa question:  « Moi je n’ai pas faim, mais si tu veux, il y a des croustilles et autres dans le garde-manger, fais-toi plaisir ! » Je savais que c’était bien vague comme suggestion, mais j’étais une personne visuelle, il m’aurait donc fallu voir ce qui s’y trouvait. Mais faisant confiance à Azura, je crus que ce n’était pas nécessaire d’aller plus loin sur le sujet. À la place, je préférai plutôt lui mentionner:  « Mais après, tu viens t’asseoir avec moi au salon ! Il n’est pas question que tu joues les servantes ! » Après tout, elle n’était pas venue pour ça, loin de là, et je refusais qu’elle prenne ce rôle, qu’importe si l’aide était appréciée ou pas. Et puis, ce serait quand même moche, devoir faire la conversation alors qu’elle, elle était dans la cuisine et moi au salon, n’est-ce pas ?

Un hochement de tête positif pour faire savoir à Azura que tout allait bien, une secousse de gauche à droite pour lui signifier que non, elle ne me dérangeait pas, parce que je n’étais pas en train de dormir ou quoi que ce soit du genre. Voici comment je m’affairai à rassurer mon amie comme quoi sa présence n’était pas indésirable. Inattendue, peut-être pas au moment idéal au vu de ma forme physique, mais pas désagréable ou pas appréciée pour autant. Comme pour lui prouver le tout, je vins à justifier mon état par le fait que j’avais rangé les vêtements, ce qui était on ne peut plus vrai. Heureusement, cela sembla suffisant pour que mon amie ne s’en fasse plus trop, en venant à parler des tenues pour bébé, sujet de conversation au sujet duquel je ne pouvais qu’acquiescer avec elle, m’étant rendu compte plus concrètement que jamais à quel point cet enfant à naître avait une garde-robe bien fournie et ce, même avant son arrivée en ce monde. Heureusement, je n’avais pas eu la mauvaise idée d’acheter que de petites tailles, même si j’étais d’accord sur le fait que certains de ses vêtements ne tiendraient pas le coup bien longtemps. De ce fait, je ne vis pas la nécessité d’argumenter à ce propos, me contentant de dire:  « C’est vrai. Mais avec ce que j’ai, je devrais tenir au moins quelques mois… » Je n’irais pas jusqu’à dire que j’en avais pour une année de vie complète, sachant très bien que ce n’était pas possible de planifier pour aussi loin. Non pas qu’il m’était interdit d’acheter des tailles plus grandes, mais bien parce que je ne savais pas quel poids la petite aurait à la naissance, à quelle vitesse elle allait grandir, se développer. Et puis, rien ne m’empêcherait d’en racheter plus tard, mais certainement en plus petite quantité à chaque fois, estimant que c’était normal d’en prendre davantage les premières fois, en prévision pour la suite. Au moins, ici et maintenant, c’était chose faite, chose rangée, faisant en sorte qu’il me resterait plus qu’à choisir dans la multitude une fois qu’elle serait à la maison avec nous. Maintenant, je pouvais être tranquille à cette idée, ne plus m’en faire, et par la même occasion, profiter de ce moment avec mon amie, même si celui-ci ne consistait qu’à discuter ensemble au salon. Apparemment, Azura avait une autre idée de ce côté, au vu de ce qu’elle ramena de la cuisine quand je lui proposai d’aller se servir. Quand je disais que je n’avais pas faim, je le pensais vraiment, sauf que là, en la voyant revenir avec les douceurs que je préférais, je ne sus faire mieux que de grimacer, puis dire, comme un enfant gêné:  « Tu me prends par les sentiments… » Et enceinte, quand on me prenait par les sentiments, il m’était difficile, voire impossible de résister. Cette fois-ci ne fit pas exception à la règle, faisant en sorte que je ne tardai pas à me redresser, prenant une petite poignée de bonbons pour ne pas y revenir maintes fois, devoir me redresser tout le temps, en mangeant un et posant le reste sur mon ventre bien arrondi, me surprenant de plus en plus souvent à l’utiliser comme plateau-télé ces derniers temps. Pourtant, ce n’était pas une habitude que j’avais prise quand j’étais enceinte de Wesley. Peut-être cela m’était venu parce que j’avais pris pas mal plus de volume que lors de ma première grossesse, je ne saurais le dire. Cependant, cela ne m’empêcha pas de tenir la conversation avec Azura, venant à répondre à sa question:  « Oh, pas grand-chose tu sais… Ces derniers temps j’ai trop mal au dos ou aux pieds pour faire quoi que ce soit. Du coup, sauf pour aller faire les courses ou voir Andy, je ne sors pas tant… » Je n’étais pas celle qui sortait le plus souvent, mais je n’étais pas casanière non plus, ou du moins, pas à ce point en temps normal. Au moins, je pouvais me réconforter dans l’espoir que le tout changerait bientôt, dès que ce bout-de-chou serait sorti de là et me permettrait de me déplacer plus aisément, ou du moins, sans avoir l’impression d’avoir quatre-vingts ans à chaque fois. Prenant donc mon mal en patience, même si cela faisait en sorte que je n’avais pas tant à raconter à mon amie du coup, je crus bon de ne pas m’éterniser là où ce n’était pas nécessaire, préférant lui demander:  « Et toi alors ? », espérant sincèrement qu’elle aurait quelque chose à me raconter, ne serait-ce que pour me donner l’impression de ne pas avoir une vie centrée sur la baleine échouée que j’étais devenue, mais aussi pour sincèrement prendre des nouvelles d’elle, savoir comment elle allait, estimant qu’il ne devait pas y en avoir que pour moi.

Je reçus le commentaire admiratif de mon amie concernant ma grossesse avec une certaine humilité, estimant que je ne le méritais pas tant, ou du moins, pas autant qu’elle semblait le déclamer. Gérer une grossesse, en vérité, je ne savais même pas comment faire cela, dans le sens où il n’y avait pas tant à gérer. Ce que je faisais plutôt, c’était endurer ma grossesse, et encore là, j’étais peu certaine qu’il y avait une bonne ou mauvaise façon de le faire. J’avais des nausées, puis je prenais du poids, puis je ne me supportais plus à certains endroits. Que pouvais-je y faire ? Sauf changer de vêtements, me reposer, céder à la tentation quand j’avais faim, ou quand une envie me faisait quelque peu rager. Même que là, céder, je le faisais peut-être un peu trop rapidement. À peine mon amie m’avait-elle pris par les sentiments que je craquai, prenant pour acquis que la seule personne qui pouvait me voir faire en ce moment n’allait pas me juger du coup. Malgré tout, ce fut rassurant de l’entendre me dire qu’elle me comprenait, ce qui eut même pour effet de m’arracher un sourire. Hélas, ce sourire resta trop peu longtemps sur mon visage, transformé par un air un peu plus renfrogné, accentué par un froncement de sourcils qui n’était pas tant bienvenu. Soupirant, je répondis à la question d’Azura d’un air un peu plus lamentant que je l’aurais voulu, disant:  « Je ne sais pas… Je suppose que ça va dépendre d’Andy… » Enfin, ç’allait dépendre d’abord et avant tout de ses permissions et de sa potentielle sortie. S’il sortait bientôt, ou s’il avait des permissions prolongées, ce serait certainement plus simple que si j’étais seule et que je me devais d’aller le visiter. Une clinique de désintoxication, c’était loin d’être idéal pour un nouveau-né, et jamais je ne saurais priver notre enfant de voir son père, complexifiant encore plus la situation, la rendant limite paradoxale. Et encore là, qui disait que ce serait simple, s’il sortait ? J’ignorais à quel point il était prêt à assumer sa nouvelle paternité. Mais au moins, je pouvais me conforter un peu, comme quoi je ne serais pas isolée du reste du monde non plus, puisqu’il me resterait toujours au moins une personne, à savoir mon fils. Encore là, ce n’était pas idéal, que je prétende le contraire ou pas. Ne pouvant cacher quoi que ce soit à Azura, je me retrouvai à faire preuve de sincérité quand je lui dis:  « Il ne le prend pas si mal. Enfin, il semble pas… C’est une période compliquée pour lui… » Après tout, il venait d’apprendre que celui qu’il pensait être son père ne l’était pas, que c’était un autre individu, que je faisais entrer dans sa vie de façon impromptue, avec une soeur par-dessus le marché. Je ne le niais pas, je lui en demandais énormément, et je ne pouvais pas lui en vouloir de ne pas être aussi enjoué qu’avant. Misérablement, je me confortais dans le côté plus positif des choses, disant plutôt:  « Au moins il ne me fait plus la tête, c’est déjà ça. », laissant échapper un rire nerveux après-coup, bien malgré moi, bien tristement. Comprenant que c’était tout ce que je pouvais supporter de ce côté, j’arrêtai de parler de moi et de mes doléances, reportant mon attention sur mon amie qui, aussi, semblait en avoir lourd sur le coeur. Peu de temps après que je lui en aie donné l’occasion, elle vint à m’en parler, tandis que moi, je l’écoutais, d’un air un peu triste, n’aimant naturellement pas la voir un peu démolie pour le coup. Mais peu certaine d’être de bon conseil, ce fut qu’un maigre:  « Je ne sais pas… Je suppose… » que je pus lui servir, mal placée pour lui en dire plus. En fait, aussi étrange cela puisse être, c’était à Andy qu’elle devrait en parler, puisque c’était lui qui avait souffert, en quelques sortes, d’une situation similaire, compte tenu que j’étais la personne mariée. Mais encore là, mon exemple n’était pas tant convenable, puisque la situation avec mon ex-mari était loin d’être optimale, et le laisser avait été, à mon avis, la meilleure chose que je pouvais faire, même si j’en payais encore le prix, surtout avec mon fils. Mais j’avais encore espoir qu’à un moment ou un autre, tout irait pour le mieux, et ce fut cet espoir qui me poussa à dire à mon amie:  « Mais…Ce n’est pas parce que ça n’a pas marché que tout est fichu, hein ? » Ma maladresse se fit sentir, c’était inévitable. Il fallait dire que je n’avais pas tant mis le tout en ordre dans ma tête avant de commencer à parler. Tentant de me rattraper par la suite, j’ajoutai:  « Tu as droit à ta fin heureuse aussi, tu sais ? » Un sourire timide se forma sur mon visage, tandis que j’haussais les épaules, ou je tentais d’y cacher mon cou, je ne savais pas trop. C’était délicat, ce n’était pas tant dans mon champ d’expertise, mais je voulais aider, vraiment, ne serait-ce que pour être une oreille attentive pour la laisser vider son sac sur le sujet. Ce serait certainement mieux que rien.